Descente dans la Caverne du Dragon. Sur le Chemin des Dames-3-

Parce qu’un de mes grands-pères n’en parlait jamais et qu’il s’était évadé de cet enfer où il avait été fait prisonnier et avait traversé la France à pied pour revenir dans son sud-ouest, lui le landais qui jusqu’à sa mort ressemblait encore à l’homme de pierre avec son béret basque.

Parce qu’il chantait « un pied chaussé et l’autre tout nu », et qu’il chaussait ses godillots de guerre pour les grandes occasions.

Parce que l’autre  grand-père, canonnier, en parlait volontiers mais que je n’ai pas su assez l’écouter.

Parce que tous deux étaient devenus sourds  à défaut d’avoir fini en chair de canon…

Parce qu’hier j’ai vu sur un monument aux morts le prénom et le nom du grand-père de mon mari….

Il fallait:

descendre dans les entrailles de la terre, voir les armes parfois dérisoires,insuffisantes, comprendre que les murs de calcaire transpirent de pensées, de cris, de lueurs d’espoirs et de désespoirs que nous rappellent les flambeaux de la mémoire.

Nous sommes ici dans une caverne qui fut jadis une caserne militaire.

« Qu’on dort bien dans ce taudis à dix mètres sous terre ! C’est un  vrai cachot où on descend par des galeries en zig-zag….

Cousin Pelou »


« La brave sœur qui m’a sauvé veut retourner dans les salles : un blessé est resté dans son lit et va périr écrasé sous les éboulements : les femmes et les enfants ne veulent pas la laisser sortir de la cave car c’est aller à une mort certaine et puis ils lui disent que c’est un allemand. »C’est un  homme» répond la brave sœur et elle sort, suivie du vieux jardinier…. »

« Il n’y a plus ni jour, ni nuit….

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Les balles avaient bien sifflé, mais personne n’avait été touché. La rage de tuer et poussés par l’odeur de la poudre aussi bien que par les cris ;on devient des bêtes féroces

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A chaque obus que j’entends il me semble entendre des pères, des femmes, des enfants, qui pleurent sur toute la terre »

« 16 avril 1917

J’espère que ma bonne étoile ne me quittera pas. Mais seulement voilà, l’attaque est à 8h du matin et il n’y a plus d’étoiles.

Arthur »

« La nuit s’avance, comme je souffre, je pense alors à mes parents, surtout ma mère, comme quand j’étais malade et que j’étais tout petit, et je ne suis pas seul à penser à ma mère, car j’entends les blessés et les mourants appeler leur maman.

Désiré Edmond Renault le 22 août 1914″


« Je songe aux victimes d’après guerre quand on retournera la terre pour l’ensemencement »

« Une troupe qui ne peut avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. »

Joffre

LA CONSTELLATION DE LA DOULEUR


CHRISTIAN LAPIE

« L’attaque du 9 a coûté 85000 hommes et un milliard cinq cents millions de francs en munitions. Et à ce prix on a gagné quatre kilomètres pour retrouver devant soi d’autres tranchées et d’autres redoutes. Michel Lanson

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Ils ont de la boue à moitié jambes…tous les jours il faut qu’ils prennent des vieux seaux et des casseroles  et qu’ils sortent l’eau à mesure et je me dis que c’est une véritable guerre de taupes. Edmond »

Tous les propos de soldats rapportés ici sont extraits des lettres de Poilus dans le livre PAROLES DE POILUS. LETTRES ET CARNETS DU FRONT 1914-1918 Collection LIBRIO.

Plus de 8000 personnes ont répondu à l’appel de Radio France qui ont recherché dans une malle du grenier, entre les pages jaunies des albums de famille le souvenir de la vie de leurs pères, de leurs grands-pères et de leurs aïeux.

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La Colombe poignardée- APOLLINAIRE

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Je remercie Marithé pour la photo du canon et pour celle de la lettre.

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