Mois : novembre 2012
Deux mille 6, le Port de la Lune
Deux mille 6, le Port De La Lune vu depuis la flèche Saint Michel
Dans le port de la Lune
Les eaux pleurent, gémissent, vomissent.
Elles ont le goût du café, poisseux de sueur luisante.
Noir, Nègre, Négritude,
Oubliés les cris à la dure.
Le sucre coulait de leurs veines, familles éclatées.
L’indigo colorait la marée, les jurons aussi, l’irrespect.
Un tonneau de vin valait un esclave et pas plus,
Toum tom et chaînes de fer à nègre,
Sur les quais, il n’y avait qu’à demander.
La pierre a figé l’empreinte
Des mascarons d’homme noir :
Vie écrasée, laminée, esclavagée.
Trente-six navires au meilleur des années…
Antilles, Guinée
Bordeaux, bordées, transbordées,
Corsaires transocéaniques des Droits de L’homme
La bourse pansue ou la vie :
Que vaut la vie, les blancs ont vite choisi.
Bordeaux, Amsterdam, Hambourg, Londres
Brillent les armes à feu, menaces de l’humanité
Empeste l’alcool, ravage, détruit, ensevelit
Et vogue la précieuse pacotille.
Noir, Nègre, Négritude, horreur!
Parfois le ton osait devenir marron
Dans les cales des navires partis
Du Port de la Lune.
Maité L
Femme noire
« Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle
Femme nue femme obscure!
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’est
Tam- Tam sculpté, tam-tam fendu qui grondes sous les doigts du Vainqueur
ta voix de contre-alto est le chant spirituel de l’Aimée. »
Léopold Sédar Senghor
***
Poussière de cacao,
tes étincelles de peau
Gravées dans le djembé,
tu chaloupes tes origines,
Bateau tangué à chaque pas.
Rythm and song and co,
éclairs de si claves dans le noir,
résonnent dans ta vie
des éclats de cacao
parsemés dans tes cheveux serrés,
quand deux billes incandescentes
lancent les flammes
qui accrochent le regard.
« Femme presque nue,
femme noire »
Tu dérives et tu tangues
Tu perles la sueur de la danse
Tu donnes aux échos du chant
Ton âme de cacao
de la poussière blanche
sur tes sillons de vie.
Les pieds bien à plat, paumes vers le ciel
le tissu habille le tambour
de tes jours, de tes nuits,
Tu es la savane et les flammes
tu es l’être sauvage
au cœur de l’humanité,
la fière femme noire
venue du fond des âges
frapper à la porte
de l’avenir d’un continent.
Maïté L, 2007
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Actuellement, je suis confrontée à la fermeture de MULTIPLY(1er décembre) et de mon blog VOYAGE EN POÉMIE. Aussi ai-je décidé de sauvegarder quelques traces de ce qui fut mon premier blog et une formidable aventure de communication. Je lis, je relie par le bout des mots et des images, je fais mémoire et probablement quelques textes comme celui-ci , aboutiront-ils ici; ne serait-ce que parce que j’ai aimé ces premiers pas en expression, mes premières expressions de blog.