Le pèlerin marche sur la Nationale 10: une mémoire collective européenne emblématique.

 « L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires »

                                                             Paulo Coelho/ Le chemin de Compostelle.

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Il va d’un bon pas sur cette mythique Nationale 10 que tant d’européens ont empruntée avant l’avènement de l’A 10 .

Beaucoup d’entre nous ont connu les élans grégaires,  exaspérés ou résignés, des véhicules carrosserie contre carrosserie, au moment des grandes transhumances d’été, sur la route du sud, une fois passée la ville de Bordeaux, dans la traversée des Landes girondines, juste avant la traversée des Landes, les vraies.

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Notre bonhomme, au sud de Bordeaux trône sur un rond-point de RÉJOUIT, au milieu de la Nationale 10 ; il s’inscrit dans l’iconographie bien connue du pèlerin et de ses attributs; si ses articulations métalliques sont  huilées, s’il avance d’un si bon pas avec bâton, coquille au pied du mur de garluche, nous le devons aux plasticiens Hourquet, Betton et Stenger.

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Il fait face au sud, à cette Espagne qui attire tous les regards. Il chemine sur la « Via Turonensis », un des quatre chemins de Compostelle que l’UNESCO a inscrits  au patrimoine de l’Humanité depuis 1998.

Il ne rencontrera plus maintenant que des villages, certes chargés d’Histoire, mais débarrassés des véhicules en surnombre. Il entendra parler des compagnons de Charlemagne enterrés par ici ou bien de la jeunesse d’Aliénor d’Aquitaine par-là. Il prendra un peu de repos près d’une chapelle perdue au cœur de la forêt et ne sera plus ce « peregrinus », cet étranger , au sens premier,étranger aux lieux traversés, car il est citoyen européen. D’autres bien avant lui ont tracé la route spirituelle ; d’autres la parcourront encore tant le chemin de Saint-Jacques fait rêver dans le monde entier.

Et il s’interroge… La Nationale 10 ? N’était-ce pas auparavant la route  d’Espagne classée « Voie impériale 11″ de 1811 ?

Son tracé a varié au cours des âges, allant dans les premiers temps flirter avec les bords de Garonne pour éviter la périlleuse traversée des Landes contre laquelle le Guide du Pèlerin le mettait en garde en ces termes :

« Prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là-bas et qu’on appelle guêpes ou taons ; et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t’enfonceras rapidement jusqu’au genou dans le sable marin qui là-bas est envahissant. »

Mais la Nationale 10 et le chemin de Saint-Jacques sont en ces contrées girondines, les héritiers d’une des nombreuses voies romaines construites pour déplacer les légions romaines en Gaule, dès le 1er siècle avant J-C. Une voie à l’origine de la future route d’Espagne, reliant Lutetia(Paris), Cenabum(Orléans), Caesarodunum(Tours), Limonum(Poitiers), Mediolanum Santonum(Saintes), Burdigala(Bordeaux) et Aquae Augustae(Dax).

Elle fut aussi « Voie royale » au XVIème siècle et Louis XIV l’emprunta en mai 1660 pour aller à la rencontre de l’Infante d’Espagne , Marie-Thérèse d’Autriche, future reine de France.

En 1950 la Nationale 10 prendra définitivement le tracé que nous lui connaissons, après les grands incendies de 1949.

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J’ai rencontré ce pèlerin dans son long cheminement avec une certaine émotion, persuadée qu’il ne risque pas le dépassement de vitesse autorisée… Alors qu’un autre pèlerin en « habitus peregrinorum » avait retenu mon attention quelque temps auparavant à quelques kilomètres de là…

Mais ceci est une autre histoire…

A suivre…

Deux liens en attendant:

http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/heritage/resources/Publications/Pat_PC_20_fr.pdf

et

http://nationale10.e-monsite.com/

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