Le pèlerin au repos près des ruines de Cayac

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Nous devons ce pèlerin  à DANIELLE BIGATA.

Il se trouve sur le site des ruines Cayac alors que pendant des années la Nationale 10 a coupé l’ensemble des bâtiments en deux, occasionnant des dégradations des porches romans et gothiques importantes, jusqu’en 1981 où l’axe routier a été dévié.Il s’agissait d’un hospice sur la route de Saint-Jacques- de- Compostelle.

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Vous aurez un aperçu de l’œuvre de cette artiste ici:

http://www.bigata.com/

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 Le pèlerin

 

Vêtu de sa cape alourdie par les  notes  fantasques du vent,

Portant la richesse de toutes les  bribes de ses silences,

 Il a parcouru tous les horizons  au rythme de ses rêves les plus fous.

Les fougères ont enlacé ses chevilles malmenées

Et les ruisseaux, rafraîchi  ses veines et ses paumes écorchées.

Aveuglé par les tourbillons et les  grains de poussière

Il a parfois dû momentanément renoncer.

Nourri du chant des oiseaux et du halo pur des aurores,

Ses lèvres se sont scellées aux heures écrasantes du jour à son apogée.

Il a péniblement avancé, voûté  sur son solide bourdon.

Sa main lourde s’appuyait  sur le pommeau luisant

Sur  ce bois  cueilli, comme il se doit,  à la pleine lune

En morte sève, et mis à sommeiller jusqu’à l’heure

De s’élancer dans les paysages aux brumes fantomatiques.

Il a dormi à la belle étoile, celle du berger à la houppelande,

S’est tenu pieusement et comme une ombre en haut de la dune,

Ne laissant à chaque départ qu’une  empreinte chaude au  creux du sable.

Parfois la forêt et les sentiers ont retenti de ses pleurs :

Cent fois il faillit abandonner !

Son langage s’est forgé immobile et bossué en se frottant à ses peurs,

A ses ardeurs toujours renouvelées et à la grandeur de ses doutes.

Sa peau s’est patinée à l’égal de son bourdon :

Il est devenu chêne, nervuré, à l’écorce pétrie de fatigue.

Ses pas portaient tant de plaies, tant  de crevasses, malgré cela

Il réussit à magnifier la souffrance jusqu’à s’illuminer.

Tendu comme un arc vers l’ultime but des jacquets,

Il a tant cherché la réconciliation avec cet autre lui-même,

Qu’un jour béni, aux pieds de Saint Jacques il s’est jeté.

Le voilà de  retour, le temps d’une halte,  à l’ombre du prieuré.

Au bord de l’Eau Bourde, sous les arbres, avec sa fidèle coquille.

Le voyageur sans bagages songe à tout ce qui en  lui, a changé.

Maïté L

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