«  Que faut-il donc

pour faire de l’homme

un poème ouvert à tout vent ? »

Il faut sans doute

 « D’un geste et d’un regard

Donner raison

A la beauté de l’autre

 

Affamer chaque instant

 

Voilà maçon

De la pierre à bâtir. »

Jean-Pierre Siméon

***

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Je ne m’y attendais pas ; j’ai reçu un peu de magie dans mon quotidien, quelque connivence venue illuminer la grisaille de fin d’hiver, un pont de partage .

 Tresser des liens de papier venu tout droit d’Inde, choisir du tissu de couleurs à caresser.

 En faire des rouleaux, des carnets à confidences , réaliser une carte postale, une carte postée dans un temps volé au temps, après avoir été si finement brodée, fleurie en guirlande de fleurettes si délicates.

Recevoir des airs d’ailleurs au parfum d’orange et d’anis, des perles roulant sous les doigts, un petit haïku personnel et une citation de Christian Bobin…dont le dernier livre paru et  commandé a pris, en ce qui me concerne le chemin des champs, puisqu’il se fait désirer !

Le tout, dont chaque détail avait été pensé par Anne à mon intention, fut livré dans  cette enveloppe aux couleurs anis-printemps-espoir-fraîcheur des sentiments, reçue  la veille du jour marquant la nouvelle saison.

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Merci Anne. Une veilleuse d’humanité et d’amitié  répond à ma faim d’instants de vie poétiquement vécus.Vous la retrouverez ici dans son univers de création qui m’enchante ici:

http://quilt007.free.fr/wordpress3/

***

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 http://www.sudouest.fr/2012/01/19/francoise-laly-et-les-ecrivains-latino-americains-609211-2752.php

Comme un bonheur ne vient jamais seul et que je crois aux séries, aux coïncidences, j’enchaînai  la trame poétique et littéraire avec une rencontre.

Il y eut, hier et avant-hier, dans le cadre de la Maison des Cinq sens,

http://www.maisondes5sens.fr/

 

ma deuxième maison, en quelque sorte, cette rencontre avec une voyageuse, traductrice, poète,peintre romancière ; une personnalité lumineuse qui répand la parole venue de l’Amérique du Sud : Françoise Laly.

Qu’ai-je trouvé dans cet univers si différent du mien, mais auquel je me rattache cependant par la langue espagnole ?  L’absence de frontières, une langue qui m’est chère, même si  je ne fais plus que la lire, le désir de voyage littéraire et contemporain.

Dans cette exposition  conçue par  en partenariat avec les auteurs argentins et chiliens que je ne fais qu’évoquer ici (à lire sur sur le blog de la Maison des Cinq Sens),

 j’ai mis mes pas dans les traces de la voyageuse : elle a quelque chose des pèlerins évoqués récemment dans mes billets précédents par son charisme, son amour du voyage, son énergie à faire vivre cette littérature si proche et j’ai trouvé :

des livres susurrant l’ailleurs ; des livres imprimés de pensées profondes et de trames à épouser, des haïkus sans frontière, de ceux qui ont bourlingué et voyagé au-dessus de l’océan Atlantique.

En un mot j’ai aimé cette fenêtre donnant généreusement vers l’horizon poétique.

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Pourquoi  faire un lien entre l’artis-Anne , Françoise Laly et Jean-Pierre Siméon ?

J’ai trouvé dans le recueil de poèmes de Françoise Laly intitulé DICHO LIMITADO/ PAROLE LIMITÉE

Cet extrait de poème ; Il dit Françoise mais il me parle aussi d’Anne et de son amour pour L’Inde

« Elle portait des fleurs dans sa poche

Et les corps de soie vierge

La regardaient passer.

L’arc de ses cheveux

Dessinait sa prochaine planète

Et le dernier rire ébauché

Entre ses dents.

***

Llevó flores en su bolsillo

Y los cuerpos de seda virgen

la miraban pasar.

El arco de sus cabellos

dibujó su próxomo planeta

y la última risa que esbozó

 entre sus dientes… » Françoise Laly

Quant à Jean-Pierre Siméon, il reste pour moi le poète à l’origine du Printemps des poètes et celui qui a écrit  » SANS FRONTIÈRES FIXES« .

A toutes les rencontres, à celles et ceux qui nous font citoyens des songes, citoyens du monde

Sans frontières

Merci/ Gracias.

Maïté L

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http://www.maisondes5sens.fr/article-une-exposition-ouverte-sur-le-monde-avec-fran-oise-laly-116359180.html

http://www.maisondes5sens.fr/article-un-pont-par-dessus-l-atlantique-116431824.html

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01

Il y a des petits ponts tranquilles qui prennent leurs aises sous le couvert du vent : on les franchit allègrement, sûrs de retrouver le solaire présent, le pied  foulant la chlorophylle aux senteurs diffuses. Sous le couvert du vert et du ciel, bon appétit la vie.

02

Il y a des affects dentelle, zig-zag de vie, serpents d’eaux claires migratoires, blancheur en devenir entre deux eaux : la morte et la vive ; impossible d’agripper cependant les reflets sous peine de mouiller sa chemise en vain. Tout est vibratoire et cille parme, bleutée saison où fleurissent les pervenches.

03

Il y a des châteaux sous l’orage, des ponts qui grondent, des figures hardies, des défis interdits par ciel noir zébré, l’escalade des prouesses ourdies dans le miroir de l’œil complice et l’obligation ressentie de se détourner pour ne pas pousser à la fracasse.

04

Quelque part dans le monde, il y a ce pont sur le fleuve, le plus long chemin passant par l’arche : prise de risque, échanges inaudibles mais forts avec la personne cheminant au bas du pont, côté fleuve; stupéfaction de l’œil réflexe, soulagement que le vent n’ait pas emporté le fétu de paille.

05

Il y a bien évidemment ce pont dont on parle beaucoup ces jours-ci : Le plus grand pont levant d’Europe ; Bordeaux, ville de lumières, vient d’en ajouter un pour taquiner la Garonne, jouer avec le ciel afin d’unir une fois de plus les deux rives. Pas de photo récente. Celle-ci date de janvier. Elle nous donne un aperçu. Il faudra attendre le beau temps, les effets de foule estompés et des circonstances plus favorables pour l’apprivoiser.

et pour voir de très belles photos de ce pont dans tous ses états, voici le blog d’Alain de Cal, témoin de l’évolution de la ville:

http://www.bordeauxphotopassion.fr/bx/13/index.html

 

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Au bord de L’Eau Bourde

Cheminement

Dans l’œil du vert

Sous couvert du vent.

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L’Eau Bourde est une jolie rivière de la communauté urbaine bordelaise ; 5 communes sont arrosées par cet affluent de la rive gauche de la Garonne.

Autrefois haut lieu d’activités, notamment pour moudre le grain des habitants contre redevance (droit de ban), l’Eau Bourde garde le souvenir des moulins qui appartenaient à des nobles ou des communautés ecclésiastiques. Presque tous les moulins ont disparu tout au long de ses chemins ombragés. On peut cependant encore voir un moulin restauré avec sa roue à aube et son bief.

Les moulins pratiquèrent ensuite d’autres activités : fabrique de chocolat, de pains de glace, d’engins explosifs, pulvérisation de silex, fabrique de tapis vendus sur place, tannerie au moulin de Cazaux de 1903 à 1955 (150 employés). Celui de Cayac fut le seul à rester jusqu’à la fin un moulin à farine.

Aujourd’hui, le chemin de l’Eau Bourde est un chemin très fréquenté, dès que revient le beau temps !

Qu’i passe gén coum sou camin de Sen-Jacques. (se dit d’un chemin très fréquenté)

Ou avec une autre formulation:

Tan bau lou camin de Sen-Jacques !

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A la source de L’Eau Bourde, dans le parc des Sources de Cestas, on pouvait voir avant la mémorable tempête qui eut raison de son chêne multi séculaire, un panneau indiquant que Napoléon et ses troupes avaient bivouaqué là, sur le chemin de L’Espagne.

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L’Eau Bourde serpente sur 22,5 km ; on rencontre sur ses berges une grande richesse d’arbres : chênes, châtaigniers, aulnes, frênes et saules. On peut aussi observer des érables champêtres, des charmes, des trembles, des ifs, des peupliers, de l’aubépine, des pins sylvestres. Voici quel est le royaume des poules d’eau, martins pêcheurs, (il m’a été donné d’en apercevoir un sans pouvoir le photographier) hérons, tortues de marais. La rivière est paraît-il, d’après les pêcheurs, le territoire du goujon, du chevaine et du gardon mais aussi de la loche franche, de l’anguille, du chabot, de la lamproie de planer et du vairon.

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J’aime tout particulièrement ses reflets, la multitude d’approches rendue possible grâce aux différents parcs qui la jalonnent dans une grande coulée verte, ses passerelles, ses visages si différents selon les saisons. Rendez-vous compte : elle a même son « Petit-Arcachon » et sa plage sablonneuse de poche, pour ceux qui ne peuvent (ou ne veulent) profiter du Grand.

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Je vous laisse vagabonder sur ses chuchotis, ses éclats surpris entre les arbres, sa géométrie poétique, ses souvenirs ; ses silences sur ses bancs accueillants ;

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je vous laisse imaginer ses rencontres insolites : un chat à vélo (mais oui, vous lisez bien !), ses chiens , ses marcheurs nordiques, ses enfants en vacances et centre aéré, ses heureux riverains et les habitants du coin tout étonnés de rencontrer l’intérêt de « bordelais »(ils ont tôt fait de nous qualifier, nous bordelais d’adoption !)

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Je ne sais pas si les pèlerins ont suivi les bords de l’Eau Bourde, ailleurs qu’à Cayac, Cestas… ou s’ils n’ont fait que traverser la rivière.

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 Il m’a semblé que le paysage devait être si important à leurs yeux en fonction du temps que  j’ai cherché chez

FELIX ARNAUDIN,

dans son RECUEIL DE PROVERBES DE LA GRANDE LANDE

des mots immémoriaux dans la langue gasconne, celle qui venait à l’oreille des pèlerins du Moyen-Âge.

Lou diabble que danse sous parcs.(l’ardeur du soleil est telle qu’elle fait trembler

l’air sur le toit des bergeries)

***

Lou renart que se maride.(Le renard se marie, temps de soleil et de pluie)

***

Lou téms qu’a l’amne negue.(Le ciel est noir, il médite un mauvais coup, littéralement il a l’âme noire)

***

Mourane que hey bragué.(Mourane est le nom d’une vache donné au ciel, vache qui a le pis gonflé à l’approche du vêlage , comme le ciel où les nuages s’amoncellent)

***

Héy pa sou, ni pluye, ni bén:

Semble esta les dames en un coumbén.(Il n’y a ni soleil, ni pluie ni vent, comme chez les dames du couvent…ça ne bouge pas; se dit d’un ciel couvert et temps doux)

***

en été

 ****adichats!

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Je suis retournée récemment voir le pèlerin et les ruines de Cayac et j’ai  constaté que la restauration est en cours.Ce jour-là, le pèlerin avait toujours la faveur des photographes…

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Voici les sources qui me permettent de retracer l’Histoire de Cayac:

1-Le site de la Ville de Gradignan

http://www.ville-gradignan.fr/menu-principal/tourisme-histoire/les-sites-a-decouvrir/le-prieure-et-leglise-de-cayac/

2-la plaquette « La Mémoire des Pierres » téléchargeable sur ce site.

3-Le livre : » Les chemins de Saint-Jacques en Gironde » de Francis Zapata aux Éditions Sud-Ouest.

***

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Cayac, à la sortie de la Ville de Gradignan, à 10 km de Bordeaux est la dernière étape avant la terrible traversée des Landes :

Cet hôpital est cité dans un acte de 1229 .Un inventaire des lieux cité par Henri de Montaigne, commissaire du Parlement de Bordeaux, en 1673 décrit avec minutie cet établissement. Il s’agit probablement de l’oncle de Michel de Montaigne, qui siégea lui aussi au Parlement de Bordeaux ainsi que de nombreuses personnes de la famille de sa femme).

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Le petit « château » n’existait pas au Moyen-Age. A sa place se trouvait un autre bâtiment dont nous ignorons tout, qui servait de domicile aux religieux. Par la suite, il est démoli et reconstruit au XVe siècle avec les pierres de la bâtisse primitive. Il est restauré au XVIIe siècle et occupé par les pères Chartreux (d’où le nom de la rue de Chartrèze). Les fenêtres à meneaux datent de cette époque. Vers 1850, il est transformé dans l’esprit médiéval, alors à la mode (décoration de la grande salle et, à l’extérieur, tour carrée et créneaux). Les bâtiments annexes, tant ceux accolés à l’église que ceux situés du côté du château sont plus difficiles à dater. Il devait s’agir dès l’origine de dépendances agricoles, plusieurs fois transformées.

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L’église et les trois portails sur le chemin, parties les plus anciennes, ont environ huit cents ans (fin XIIe ou début XIIIe siècle).

Après la Révolution française, l’église abrite une verrerie (1837-1860) et subit des mutilations (obturation d’ouvertures, fermeture de la nef sud, installation de fours).

En1940 : installation d’un atelier de mécanique.

Son évolution au cours de l’Histoire :

A la fin du XIIème siècle et au début du XIIIème, le lieu avait une vocation d’accueil des pèlerins. Il était tenu par des religieux : les Frères Hospitaliers.

Du XIV ème au XVIIème siècle : transformation en prieuré, c’est-à-dire couvent dont la vocation première n’est plus l’accueil des pèlerins.(1304). Le prieuré prend des allures de propriété agricole.

Du XVIIème siècle à la Révolution, l’ensemble appartient aux pères Chartreux.(1618) Les pèlerins se font moins nombreux.

En 1649, lors de la Fronde, le prieuré a subi des dégradations lors d’une révolte paysanne. Il fut assiégé par les troupes du Duc d’Épernon.

En 1688, on constate de nombreuses brèches dans les murailles.

En 1731, les lieux sont désertés car il n’y a plus aucun office religieux.

1979-1988 : sauvetage de Cayac par la commune de Gradignan qui rachète tout d’abord l’Eglise à la famille Calvet puis ensuite le Prieuré à la famille Barbet.
1981 : déviation de la RN 10.
1982-1983 : fouilles dans l’église.
1988 : début de la restauration du prieuré.

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 Certains ont pu même envisager de raser le tout pour élargir la fameuse Nationale 10 qui passait entre les ruines et le château !

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La prochaine fois je vous invite sur le Chemin de L’Eau Bourde.

En attendant…Partagez le repos du pèlerin si vous le voulez bien.

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*******Adichats!

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Nous devons ce pèlerin  à DANIELLE BIGATA.

Il se trouve sur le site des ruines Cayac alors que pendant des années la Nationale 10 a coupé l’ensemble des bâtiments en deux, occasionnant des dégradations des porches romans et gothiques importantes, jusqu’en 1981 où l’axe routier a été dévié.Il s’agissait d’un hospice sur la route de Saint-Jacques- de- Compostelle.

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Vous aurez un aperçu de l’œuvre de cette artiste ici:

http://www.bigata.com/

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 Le pèlerin

 

Vêtu de sa cape alourdie par les  notes  fantasques du vent,

Portant la richesse de toutes les  bribes de ses silences,

 Il a parcouru tous les horizons  au rythme de ses rêves les plus fous.

Les fougères ont enlacé ses chevilles malmenées

Et les ruisseaux, rafraîchi  ses veines et ses paumes écorchées.

Aveuglé par les tourbillons et les  grains de poussière

Il a parfois dû momentanément renoncer.

Nourri du chant des oiseaux et du halo pur des aurores,

Ses lèvres se sont scellées aux heures écrasantes du jour à son apogée.

Il a péniblement avancé, voûté  sur son solide bourdon.

Sa main lourde s’appuyait  sur le pommeau luisant

Sur  ce bois  cueilli, comme il se doit,  à la pleine lune

En morte sève, et mis à sommeiller jusqu’à l’heure

De s’élancer dans les paysages aux brumes fantomatiques.

Il a dormi à la belle étoile, celle du berger à la houppelande,

S’est tenu pieusement et comme une ombre en haut de la dune,

Ne laissant à chaque départ qu’une  empreinte chaude au  creux du sable.

Parfois la forêt et les sentiers ont retenti de ses pleurs :

Cent fois il faillit abandonner !

Son langage s’est forgé immobile et bossué en se frottant à ses peurs,

A ses ardeurs toujours renouvelées et à la grandeur de ses doutes.

Sa peau s’est patinée à l’égal de son bourdon :

Il est devenu chêne, nervuré, à l’écorce pétrie de fatigue.

Ses pas portaient tant de plaies, tant  de crevasses, malgré cela

Il réussit à magnifier la souffrance jusqu’à s’illuminer.

Tendu comme un arc vers l’ultime but des jacquets,

Il a tant cherché la réconciliation avec cet autre lui-même,

Qu’un jour béni, aux pieds de Saint Jacques il s’est jeté.

Le voilà de  retour, le temps d’une halte,  à l’ombre du prieuré.

Au bord de l’Eau Bourde, sous les arbres, avec sa fidèle coquille.

Le voyageur sans bagages songe à tout ce qui en  lui, a changé.

Maïté L

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 « L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires »

                                                             Paulo Coelho/ Le chemin de Compostelle.

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Il va d’un bon pas sur cette mythique Nationale 10 que tant d’européens ont empruntée avant l’avènement de l’A 10 .

Beaucoup d’entre nous ont connu les élans grégaires,  exaspérés ou résignés, des véhicules carrosserie contre carrosserie, au moment des grandes transhumances d’été, sur la route du sud, une fois passée la ville de Bordeaux, dans la traversée des Landes girondines, juste avant la traversée des Landes, les vraies.

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Notre bonhomme, au sud de Bordeaux trône sur un rond-point de RÉJOUIT, au milieu de la Nationale 10 ; il s’inscrit dans l’iconographie bien connue du pèlerin et de ses attributs; si ses articulations métalliques sont  huilées, s’il avance d’un si bon pas avec bâton, coquille au pied du mur de garluche, nous le devons aux plasticiens Hourquet, Betton et Stenger.

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Il fait face au sud, à cette Espagne qui attire tous les regards. Il chemine sur la « Via Turonensis », un des quatre chemins de Compostelle que l’UNESCO a inscrits  au patrimoine de l’Humanité depuis 1998.

Il ne rencontrera plus maintenant que des villages, certes chargés d’Histoire, mais débarrassés des véhicules en surnombre. Il entendra parler des compagnons de Charlemagne enterrés par ici ou bien de la jeunesse d’Aliénor d’Aquitaine par-là. Il prendra un peu de repos près d’une chapelle perdue au cœur de la forêt et ne sera plus ce « peregrinus », cet étranger , au sens premier,étranger aux lieux traversés, car il est citoyen européen. D’autres bien avant lui ont tracé la route spirituelle ; d’autres la parcourront encore tant le chemin de Saint-Jacques fait rêver dans le monde entier.

Et il s’interroge… La Nationale 10 ? N’était-ce pas auparavant la route  d’Espagne classée « Voie impériale 11″ de 1811 ?

Son tracé a varié au cours des âges, allant dans les premiers temps flirter avec les bords de Garonne pour éviter la périlleuse traversée des Landes contre laquelle le Guide du Pèlerin le mettait en garde en ces termes :

« Prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là-bas et qu’on appelle guêpes ou taons ; et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t’enfonceras rapidement jusqu’au genou dans le sable marin qui là-bas est envahissant. »

Mais la Nationale 10 et le chemin de Saint-Jacques sont en ces contrées girondines, les héritiers d’une des nombreuses voies romaines construites pour déplacer les légions romaines en Gaule, dès le 1er siècle avant J-C. Une voie à l’origine de la future route d’Espagne, reliant Lutetia(Paris), Cenabum(Orléans), Caesarodunum(Tours), Limonum(Poitiers), Mediolanum Santonum(Saintes), Burdigala(Bordeaux) et Aquae Augustae(Dax).

Elle fut aussi « Voie royale » au XVIème siècle et Louis XIV l’emprunta en mai 1660 pour aller à la rencontre de l’Infante d’Espagne , Marie-Thérèse d’Autriche, future reine de France.

En 1950 la Nationale 10 prendra définitivement le tracé que nous lui connaissons, après les grands incendies de 1949.

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J’ai rencontré ce pèlerin dans son long cheminement avec une certaine émotion, persuadée qu’il ne risque pas le dépassement de vitesse autorisée… Alors qu’un autre pèlerin en « habitus peregrinorum » avait retenu mon attention quelque temps auparavant à quelques kilomètres de là…

Mais ceci est une autre histoire…

A suivre…

Deux liens en attendant:

http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/heritage/resources/Publications/Pat_PC_20_fr.pdf

et

http://nationale10.e-monsite.com/

     

« Mon semblable

Mon autre

Là où tu es

Je suis »… ANDRÉE CHEDID

       

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  REFLETS      D’HIVER

 

 Dans le gris du ciel jusqu’à la pointe du soir

       Je note sur l’ombre portée à bras le corps

               Les reflets mêlés, tête à tête,

                         Comme des paroles enrouées de chien errant.

 Et puis, la paresse sur la langue

                       Et les mots,

                     les phrases réverbères

              Creusés dans le lit froid de l’hiver.

L’humidité stagne sur la lame du ciel

Et sous les pas s’entend l’écho des draps froissés .

Les points de rupture, en aiguilles et  suture,

Les derniers grains de sel fondent en éclats d’absence.

          Gris, gris, tout est gris.

                  Les arbres ont déposé les armes

                            Dans la courbe stérile du néant.

Tout s’en va ; rien ne s’étale en palabre ;

Les accents vrillent sang sur la frange

Aux berges du promeneur esseulé.

                          Nerfs,

                               nervures,

                                      pensées déracinées

L’onde est muette en bulbes et frissons.

                              Les feuilles .

                      Passe une flottille linéaire,

                   Les feuilles et rien d’autre

            Je, tu sur l’autre rive

L’impossible,

           l’homme

                   et les faits

                                   divers.

***

 

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©Maïté L/ avec le concours involontaire des ombres et reflets d’hiver, pêle-mêle sont suggérés: Claire Adelfang, Germaine Richier, Othoniel et Nerwenn.à l’exposition « La Belle et la Bête »/ Institut Culturel Bernard Magrez, au Château Labottière/ Bordeaux

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ou les mots sur quelque autre rive du songe.

*******

Lors de la promenade au bord d’un lac de haute montagne,

nous avons d’abord aperçu le ballet des foulques macroules défendant leur territoire énergiquement tout autour des roselières où se trouvaient leurs nids. Les intrus, en l’occurrence ici des canards n’avaient plus qu’à filer doux, loin de leur progéniture.

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Trois petits esseulés, mais pas pour longtemps.

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Bien vite réunis!

Qu’il est doux pour moi, poussin reconnaissable à ma couleur rouge sur la tête, d’être contre mon parent!

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Pas de problème, vous pouvez m’admirer!

Corps trapu,couleur gris foncé petite tête ronde noire avec bec et plaque frontale blanche.

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Me voici dans le vent.

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Un petit tour sur la berge

Mais

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Bien vite il me faut aller à la pêche: mes poussins piaillent car ils ont faim!

Je plonge avec un petit saut et ressors rapidement; dans le bec de la verdure arrachée aux profondeurs.Le temps du nourrissage est venu: chacun son tour.

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Toutes les photos ont été prises en été, au bord du lac de Morgins (Suisse).

Pour en savoir plus:

 

http://www.oiseaux.net/oiseaux/foulque.macroule.html