Une petite précision s’impose car dans les titres de mes articles précédents, j’avais choisi de jouer avec les mots et de mettre en avant le terme « ballades » grâce auxquelles une partie de la vie d’Aliénor d’Aquitaine et de ses contemporains est mise en lumière dans des textes et ainsi, est parvenue jusqu’à nous.
« Ballade » dont voici la définition : Au Moyen-Âge, il s’agit de poème lyrique d’origine chorégraphique d’abord chanté, puis destiné seulement à la récitation.
Poème de forme libre ou légendaire.
A partir du XIV ème siècle, poème à forme fixe, composé de trois strophes suivi d’un envol d’une demi-strophe. (exemple : La Ballade des pendus de Villon)
Quant à la « Balade », elle a consisté pour moi au cours de toutes ces années bordelaises à partir en balade sur les traces encore visibles de cette période.
Basilique Saint-Seurin1
Mais retrouvons Guillaume IX le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine de son enfance à son avènement intervenant à sa majorité (15 ans), un mois après la mort de son père, Guillaume VIII mort à la chasse dans la forêt de Chizé. « Il ne s’agit pas d’une décision extraordinaire car, si c’est une innovation en Aquitaine, c’est une pratique courante dans la tradition germanique où elle est fixée à quatorze ans ».
La cérémonie d’investiture a lieu à Limoges. Elle sera suivie, quelques semaines plus tard d’un service solennel à Saint-Seurin de Bordeaux.
Cet article est donc émaillé de photos de la basilique Saint-Seurin de Bordeaux.
Basilique Saint-Seurin2
Mais comment le jeune Guillaume est-il devenu comte de Poitiers, duc d’Aquitaine ?
Portrait de Guillaume IX :
« C’est un garçon de taille moyenne, bien découplé, mais qui n’a pas la stature robuste de son père. En revanche, il possède des traits fins et une beauté naturelle que certains trouvent trop délicate, en ce siècle où la virilité brutale est la qualité essentielle des hommes de guerre. Mais il ne faut pas se fier à son aspect trop élégant ; Guillaume sait le cas échéant se faire obéir, et comme il se doit, il fait montre de courage au combat, compensant son manque de force brute par son intelligence et sa souplesse. De plus il se dégage de sa personne un charme personnel assez exceptionnel dont il joue avec bonheur. Les chroniqueurs ont évoqué son pouvoir de séduction sur les femmes ; cependant, il convient de ne pas oublier qu’il a su inspirer des fidélités sans faille parmi ses familiers, même dans les périodes les plus difficiles de sa vie. La loyauté envers son seigneur est la première obligation de la société féodale, mais en ce qui concerne Guillaume, l’attachement de sa personne, au-delà du simple devoir, sera toujours le lien de l’amitié. Il n’est pas exclu d’y voir l’influence de ces récits que les jongleurs de passage racontaient aux veillées, récits qui seront, plus tard, à l’origine des chansons de geste.
Guillaume a été un enfant sensible, d’une intelligence précoce, qui, dès qu’il a su lire, a découvert le monde de l’imaginaire dans les livres qu’avait réunis son grand-père Guillaume le Grand, prince cultivé. »
L’éducation du petit Guillaume fut très complète :
« La formation militaire comprend essentiellement trois volets : l’équitation, la chasse et le maniement des armes d’une part: l’enfant est mis en selle vers l’âge de 4 ans et à 8 ans doit être un cavalier accompli : il faut monter à crû, lancer son cheval au galop, le guider avec les genoux pour pouvoir manier les armes, dresser des chevaux…entraînement à la lutte, à la course, au saut, à l’escalade…
Guillaume apprend le latin, l’occitan, il saura se faire comprendre en français, en espagnol, en italien et sans doute at-il des notions d’arabe.
« Il apprend également à écrire en utilisant des tablettes enduites de cire ou des écorces, car le parchemin coûte cher. Enfin il s’initie au calcul par l’emploi de l’abaque… »
« Sans avoir les connaissances d’un clerc, il aura abordé les arts majeurs et en particulier le trivium. Celui-ci comprend la grammaire, la rhétorique et la dialectique… ». Le chant fait partie de l’éducation de base.
Il n’est donc pas étonnant que Guillaume IX, dont la formation s’inscrit dans cette tradition de culture, se soit révélé comme un excellent artiste, poète, ayant développé les traits de sa personnalité qui, au départ auraient pu être un lourd handicap.
dans le chœur, panneaux d’albâtre racontant la vie de saint Martiel et saint Seurin
Le duc d’Aquitaine mourra le 10 février 1126. A cette époque, son fils Guillaume X, père d’Aliénor était déjà marié.
Toutes les citations et les informations sont extraites du livre de Michel Dillange/ GUILLAUME IX D’AQUITAINE le duc troubadour
trône épiscopal du XVéme siècle
sarcophage mérovingien
tombeau de saint Fort
Pour en savoir plus sur la basilique Saint-Seurin dont l’Histoire relatée dès la fin du VIéme siècle, part de la crypte :
L’histoire des troubadours commence avec Guillaume IX, VII ème comte du Poitou , IX ème duc d’Aquitaine et grand-père paternel d’Aliénor d’Aquitaine. Il est devenu duc à 15 ans et régnera durant 40 ans. Je ne rentrerai pas dans les détails d’une personnalité contrastée en abordant les aspects politiques, sa vie sentimentale agitée, ses démêlés avec l’Église omniprésente à cette époque-là qui avait l’excommunication facile (et limitée géographiquement). Guillaume IX s’est cependant révélé profondément croyant et attaché à cette Église pour laquelle il a été généreux, mais dont il contestait les représentants. C’était un esprit rebelle, mais soucieux des autres, libre pourl’époque, intelligent et sensible. A la fin de sa vie, il s’était considérablement assagi.
L’Histoire des ducs d’Aquitaine:
En 877 l’Aquitaine devient un duché vassal du royaume de France.
« En 886, Guillaume le Pieux, fils du comte d’Auvergne Bernard « Plantevelue »’C’est l’époque des surnoms qui sentent le corps de garde. Plantevelue pourrait se traduire : poil aux pattes. Il est certain que le comte d’Auvergne était ravi de ce surnom), devient le premier vrai duc d’Aquitaine.
Avec lui commence la remarquable lignée des Guillaume comtes du Poitou, ducs d’Aquitaine. Ils seront dix qui, durant deux cent cinquante et un ans, continueront l’œuvre féconde du précédent. Une telle obstination porte évidemment ses fruits.
Les ducs d’Aquitaine s’arrangent pour tenir la guerre loin de leurs gens, excepté au nord, où à chaque génération ou presque, il leur faut en découdre avec les comtes d’Anjou que les terres d’Aquitaine tentent toujours. »
« Après Le Pieux, c’est Guillaume Le Jeune, puis Guillaume Tête d’Étoupe, puis Fier-à-Bras, et puis Le Grand et le Gras et le Hardi. Avec Guillaume VIII c’en est fini des surnoms de soudards glanés dans les camps au soir des batailles. La cour des ducs se raffine de plus en plus : on s’y pique maintenant de peinture, d’architecture et l’on y balbutie l’amour courtois.
Guillaume IX, qui règne quarante ans, est le plus accompli des seigneurs de son temps. Il protège les arts, aime son peuple et, chose plus rare, en est adoré. C’est aussi le plus lettré de tous les troubadours qui donne ses lettres de noblesse à l’amour courtois et à la poésie. Il va même jusqu’à remettre des impôts s’ils sont tenus pour injustes ou exagérés ! Il conduit une croisade et fait hacher son armée en Asie Mineure. Il revient pour se faire excommunier à cause de ses débauches…
Enfin il est le grand-père d’Aliénor pour laquelle il connaît une véritable passion. Il meurt lorsque la petite fille va avoir six ans. Elle se souviendra de lui jusqu’à sa mort, quatre-vingts ans plus tard. »
extrait du livre:Quand les Anglais vendangeaient l’Aquitaine
D’Aliénor à Jeanne d’Arc
Jean-Marc Soyez
Guillaume IX d’Aquitaine, un poète dans un monde féodal (1071-1126) :
Le surnom « Le Troubadour » Lui a été donné tardivement.
« Ce goût particulier pour la poésie chantée a surpris et, peut-être même, choqué ses contemporains qui ont considéré ce penchant comme indigne d’un grand féodal destiné, par sa naissance, à une vocation guerrière. Il est sûr que, si le jeune duc d’Aquitaine n’avait pas montré son courage en de nombreuses circonstances et si la qualité de son œuvre littéraire n’avait pas été aussi évidente, il ne serait pas considéré, aujourd’hui, comme le « père » de la poésie lyrique courtoise. En effet, non seulement son inspiration annonce la fin’amor du siècle suivant, mais il est possible de le considérer comme le premier des poètes de langue romane. »
« Dans ce petit monde qui sera celui des troubadours, Guillaume aurait été le premier à concevoir quelque chose d’essentiel : alors que, jusque- là, les poèmes étaient transmis oralement, il nous paraît plausible de penser qu’il se serait soucié de garder la mémoire de ses propres textes…
« Ainsi nous voyons émerger une poésie lyrique qui fait une place privilégiée au sentiment, à l’émotion et également à l’humour, poésie qui trouvera sa plénitude en célébrant la fin’amor. Celle-ci est essentiellement exprimée dans un genre qui est la canso. L’art poétique se trouve au service de la dame, comme le chevalier l’est à son seigneur. Ce peut être une chanson gaie, dépeignant l’amour heureux. Mais le plus souvent, c’est une chanson triste évoquant l’amant repoussé par la dame sans merci ou le départ de l’être aimé. Elle est souvent un hommage poétique réclamant une protection et parfois aussi, le poète se plaint des médisants qui troublent les sentiments en semant le doute et la jalousie.
« Enfin il faut citer la tenso qui est une sorte de joute poétique entre deux poètes qui se répondent d’une strophe à l’autre sur un sujet parfois scabreux ou amusant. Ces duels verbaux ont dû souvent occuper les soirées du duc d’Aquitaine et de ses compagnons. »
Michel Dillange dans son livre « Guillaume IX d’Aquitaine le duc troubadour ».
Voici un extrait de Guillaume IX illustrant les propos précédents de Michel Dillange
Per son joi pot malaus sanar
E per sa ira sas morir
E savis hom enfolezir
E belhs hom sa beutat mudar
E-l plus cortes vilanejar
E-l totz vilas encortezir
Par sa joie elle peut soigner
Le malade et par sa colère
Le sain tuer, et l’homme sage
Rendre fou, le beau enlaidir,
Le plus courtois avilir,
Et le plus vilain anoblir
Guillaume IX/ Texte retranscrit et traduit par Kathy Bernard dans son livre abécédaire Les Mots d’Aliénor
un abécédaire par une passionnée
La poésie de Guillaume IX a été retranscrite au XIV ème siècle par des moines et est ainsi arrivée jusqu’à nous à travers diverses traductions. Pour ma part, je préfère celles d’Albert Pauphilet dans l’anthologie de poésie française de Jean Orizet. Les extraits en langue originale sont extraits du livre de Katy Bernard. Ces deux poèmes sont les plus connus. Ils nous disent beaucoup de l’époque, du personnage.
un livre de chevet
Dans cette chanson ci-dessous (chanson IV), Guillaume IX réussit la prouesse, par ce choix d’approche poétique centrée sur la négation, à dire mieux que personne ce qui lui tient à cœur, entre joie et tristesse et nostalgie du temps qui passe :
Farai un vers de dreit nien
Farai un vers de dreit nien
Non er de mi ni d’autra gen
Non er d’amor ni de joven
ni de ren au
Qu’enans fo trobatz en dormen
Sus un chivau
Je ferai vers sur pur néant,
Ne sera sur moi ni sur autre gent,
Ne sera sur amour ni sur jeunesse
Ni sur rien d’autre ;
Je l’ai composé en dormant
Sur mon cheval.
No saien qualhora-m fui natz
No soialegres ni iratz
No soi estranh ni soi privatz
Ni no-n puesc au
Qu’enaissi fui de nueitz fadatz
Sobr’un pueg au.
Ne sais en quelle heure fus né
Ne suis allègre ni irrité
Ne suis étranger ni privé
Et n’en puis mais,
Qu’ainsi fus de nuit doté par les fées
Sur un haut puy.
No sai cora-m fui endormitz
Ni cora-m veill, s’om no mo ditz
Per pauc no m’es lo cor partitz
D’un dol corau…
Ne sais quand je suis endormi
Ni quand je veille, si l’on ne me le dit
A peu ne m’est le cœur parti
D’un deuil poignant
Et n’en fais plus cas que d’une souris
Par saint Martial.
Malade suis et me crois mourir
Et rien n’en sais plus que n’en entends dire,
Médecin querrai à mon plaisir
Et ne sais quel
Bon il sera s’il me peut guérir
Mais non si mon mal empire.
J’ai une amie, ne sais qui c’est ;
Jamais ne la vis, sur ma foi
Rien ne m’a fait qui me plaît, ni me pèse
Ni ne m’en chaut,
Que jamais n’y eut Normands ni Français
En mon hôtel.
Jamais ne la vis et je l’aime fort,
Jamais ne me fit droit ni ne me fit tort
Quand je ne la vois, bien en fait mon plaisir
Et ne l’estime pas plus qu’un coq
Car j’en sais une plus belle et plus gentille
Et qui vaut bien plus.
J’ai fait ce poème, ne sais sur quoi
Et le transmettrai à celui
Qui le transmettra à autrui
Là-bas vers l’Anjou,
Qui le transmettra de son côté
A quelqu’un d’autre.
(traduction : Albert Pauphilet)/ Le livre d’or de la poésie française/ Jean Orizet
***
Dans cette chanson XI, qui fut la dernière connue, écrite en forme d’adieu, c’est l’émotion qui est là à fleur de peau. En voici un extrait.
Pos de chantar m’es pres talenz
Pos de chantar m’es pres talenz
Farai un vers don sui dolenz
Mais non serai obediens
En Peitau ni en Lemozi
Puisque de chanter m’a pris l’envie
Je ferai un poème dont suis dolent
Jamais plus ne serai servant
En Poitou ni Limousin.
Qu’era m’en irai en eisil
En granpaor, en grand peril
En guerra laisserai mon fil
E faran-li mal siei vezi
Bientôt m’en irai en exil
En grande peur en grand péril ;
En guerre laisserai mon fils
Et mal lui feront ses voisins.
Le départ m’en est si amer
Du seigneurage de Poitiers
La garde en laisse à Foulques d’Angers
Toute la terre et son cousin.
Si Foulques d’Angers ne le secourt
Et le roi dont je tiens mon honneur
Lui feront du mal plusieurs
Félons Gascons et Angevins .
Et s’il n’est bien sage ni bien preux
Quand je serai parti de vous
Bientôt ils s’en feront un jeu
Car le verront jeune et chétif.
Merci quiers à mon compagnon
Si je lui fais tort qu’il me pardonne
Et je prie Jésus sur son trône
Et en roman et en latin.
En prouesse et en joie je fus
Mais je les quitte l’une et l’autre
Et je m’en irai vers celui
Où tout pêcheur trouve la paix.
Bien ai été joyeux et gai
Mais Notre Seigneur ne le veut plus
Et plus n’en puis souffrir le faix
Tant je m’approche de la fin.
Tot ai guerpit can amar sueill
Cavalaria et orgueill
Et pos Dieu platz tot o accueill
E prec-li que-m reteng’am si
J’ai tout laissé ce que j’aimais
Et chevalerie et orgueil
Puisqu’il plaît à Dieu, j’accepte tout
Et prie qu’il me retienne à Lui.
Toz mos amics prec a la mort
Que-i-vengan tuit e m’onren fort
Qu’ieu ai agut joi e deport
Loing e pres et en mon aizi
Tous mes amis prie qu’à ma mort
Ils viennent tous et m’honorent
Car j’ai eu joie et plaisir
Loin et en mon aître
Aissi guerpisc joi e deport
E vair e gris e sembeli.
Et j’ai laissé joie et plaisir
En vair, et petit gris et zibeline.
(traduction Albert Pauphilet/Le livre d’or de la poésie française/ Jean Orizet
Après la mort de Guillaume IX d’Aquitaine, Eble II de Ventadour, continuera en toute fidélité à rendre hommage à ce premier troubadour, à chanter les chansons de Guillaume IX d’Aquitaine.
Je ne suis pas historienne et ne souhaite pas donner à lire une pâle copie des écrits longuement et sérieusement documentés ; simplement, ma rencontre avec Aliénor d’Aquitaine et ma passion pour le personnage datent du début des années 70 et je n’ai cessé depuis de m’intéresser à elle et à son époque. Ma première rencontre a eu lieu lors de mes débuts d’enseignante. Il fut un temps où on ne parlait plus d’Histoire et de Géographie mais « d’activités d’éveil » devant s’appuyer sur les ressources locales en lien avec l’Histoire ou la Géographie.
Je me trouvais alors à l’endroit-même où la tradition orale fait naître Aliénor d’Aquitaine en son château de Belin( Gironde). Me vient à l’idée qu’en Gironde on a parfois le terme de château facile, et s’il en existe de grands qui ont marqué l’Histoire, c’est aussi une appellation pour le vin, la propriété n’ayant pas toujours l’aspect féodal d’un château. Alors quid de ce château de Belin?
Depuis les années 70, vinrent d’autres parutions, d’autres lectures, plus actualisées, une conférence « Dans les pas d’Aliénor d’Aquitaine » organisée par Bordeaux Monumental en 2004, à l’occasion du 800 ème anniversaire de sa mort ; des romans grand public firent sensation ; je laissai ceux-ci bien vite de côté, tout comme les BD, intéressantes, distrayantes, sans plus. On commençait à faire feu de tout bois avec le personnage d’Aliénor dont je comprenais qu’il faisait recette.
Je lis, je relis, je suis un peu fâchée avec les dates, tant la longue vie d’Aliénor ou plutôt ses vies successives se révèlent proches d’un tourbillon où dominent l’énergie, la culture, le sens politique, la longévité, le sens de la famille et du territoire et bien d’autres aspects encore…
Je comprends mieux maintenant certains épisodes de sa vie, je m’interroge.
Au fil des ans, certains lieux qu’elle a marqués de son empreinte, s’imposent à la visite ou apparaissent fortuitement au gré des voyages.
Au cours de ma carrière d’enseignante, j’ai aussi rencontré deux petites Aliénor adorables : un prénom difficile à porter, j’en conviens. J’aurais souhaité le donner à ma fille en deuxième prénom. Si nous en avions eu une elle aurait eu pour prénoms Isaline Aliénor… La vie en a décidé autrement et notre fils porte le prénom d’un des dix enfants d’Aliénor.
Lorsqu’il me fallut prendre un pseudo pour écrire sur le net, tout naturellement je choisis Aliénor aussi.
Mais au jour d’aujourd’hui, je suis un peu déçue car on donne ce prénom à qui mieux mieux : le voilà scandaleusement galvaudé car signalant une zone d’activités, une société lamda de nettoyage, de transport, le nom de la Maternité voisine. Hier j’ai même vu sur le journal une entreprise de Pompes funèbres Aliénor… Je pense que loin d’être le reflet d’une passion, il s’agit plutôt de se retrouver en tête des rubriques sur l’annuaire des professionnels. L’appellation la plus noble à ma connaissance, est peut-être celle d’une école de formation de chiens pour aveugles.
Je n’affirmerai donc plus, d’après des écrits datés de 1957, comme je pouvais le faire dans les années 70, qu’Aliénor est née à Belin mais peut-être à Bordeaux ou bien à Poitiers, et je comprends bien que chacun a intérêt d’un point de vue touristique à tirer la couverture à soi. Qu’importe ! Tous ces lieux sont aujourd’hui au cœur de la Nouvelle Aquitaine.
Je citerai mes lectures à la fin de ce thème mais je m’appuie assez souvent sur les livres de RÉGINE PERNOUD qui cite ses sources en fin du livre « ALIÉNOR d’AQUITAINE » et tient à ajouter ceci soit dans la préface du livre, soit dans sa conclusion :
« Précisons en tout cas que dans les dialogues et paroles rapportées il n’y a pas une phrase, pas un mot de notre invention : tout est tiré des textes du temps ; c’est assez dire que le présent travail ne vise aucunement au roman, et suivant pas à pas une vie romanesque s’il en fut, reste simple étude d’historien. »
Par ailleurs, elle écrit que malheureusement, les études très sérieuses ne sont pas accessibles au public et font l’objet de communications entre historiens dûment patentés.
« Lettres, chartes et rôles de comptes fournissent une foule de détails puisés dans la vie même et révèlent souvent toute une psychologie »
Ainsi que « chroniqueurs et annalistes » d’époque.
« Quoi qu’il en soit, nous nous sommes abstenu de prendre le ton du censor morum, et nous nous excusons de manquer ainsi aux usages. Le lecteur voudra bien y suppléer.
« A moins que, mis en présence de ce que nous apportent les documents, il ne sente, comme nous l’avons été nous-même, moins enclin à juger qu’à comprendre. »
La démarche de Régine Pernoud a tout pour me plaire.
J’ai pu voir, dans l’article précédent qu’Aliénor d’Aquitaine est connue au-delà de nos frontières… J’en éprouve un grand plaisir car en France, cela ne me paraît pas aussi évident.
Le temps est venu pour moi, de lui rendre hommage.
Ces photos ont été prises en 2003. L’aspect du village est encore proche des années 70.
Je commencerai par évoquer ce village de Belin avec deux liens officiels qui nous donnent l’occasion d’apercevoir la butte sur laquelle se trouvait ce fameux château de Belin.
Vous y lirez la réalité d’une charte octroyée par Aliénor aux belinetois, preuve s’il en est qu’elle tenait à ce lieu d’une façon ou d’une autre.
Ce village a changé aujourd’hui de nom ou plus précisément il s’est uni à Beliet pour donner le village de Belin-Beliet . Il s’est réveillé et le nom d’Aliénor y résonne en plein d’endroits.
photo récente
il y a aussi une avenue des Plantagenet.
Belin est situé sur le chemin de Compostelle( voie de Tours) et non loin de là, un peu plus au sud se trouve l’église de Mons qui existait du temps d’Aliénor ; l’église de Mons est aussi est au cœur d’une légende : plusieurs compagnons de Roland y auraient été enterrés après le massacre d’Espagne.
l’église de Mons(33)
Nous sommes ici en terre de contes, d’histoires, de légendes… Et lorsque la grande Histoire rencontre les petites histoires…
On a célébré le VIIIème centenaire de ma mort à Bordeaux au début des années 2000.
On me dit née dans un village du sud Gironde, du moins c’est ce que dit la tradition orale. D’autres prétendent qu’on ne le sait pas exactement. En tous cas, là-bas on me célèbre au coin des rues et on montre encore la motte où se trouvait mon château. Comment le prouver puisque les archives gasconnes se trouvent dans un autre pays que la France ?
Mon grand-père était un troubadour, le premier dit-on, et je m’entourerai à mon tour d’une cour d’amour.
Mon père qui entretenait une cour de poètes et musiciens est mort d’une maladie foudroyante près de Saint-Jacques de Compostelle, lorsque j’étais encore très jeune.
Je devins donc duchesse à certaines conditions, mon père avait (presque) tout prévu.
Je parlerai plusieurs langues et notamment le patois aquitain, future langue d’Oc.
J’ai marqué de mon empreinte deux régions de France et deux pays.
Ma ville préférée se situe au nord de la Nouvelle Aquitaine.
J’ai été deux fois reine.
Mon premier mariage fut célébré avec éclat à la cathédrale Saint- André de Bordeaux dont on inaugura il y a peu, après remise en état, le portail royal. Dans la pierre des corbeaux est sculpté mon portrait ainsi que celui de mon époux.
J’ai eu dix enfants dont cinq rois ou reines.
Je fus l’ arrière-grand-mère d’un roi célèbre.
Je fus une extraordinaire personnalité politique avec mes ombres et mes lumières.
Une fée s’en est allée, fauchée à l’aurore des temps.
*
J’aurai juste croisé pour la première fois dimanche dernier, l’œuvre photographique d’ANN CANTAT-CORSINI à L’INSTITUT CULTUREL BERNARD MAGREZ, à Bordeaux, dans l’ambiance du PAVILLON BOÉTIE qui lui va à merveille. Elle s’y épanouit comme une fée entre réel et rêve dans la pénombre ambiante.
ANN CANTAT-CORSINI donnait une vision du monde, de la nature qui allait aux myopes dont je suis et pour lesquels le flou est une coquetterie de l’âge, mais aussi et surtout aux rêveurs et aux poètes. Brouillard, brumes et légers voiles nimbant les paysages de matins des origines, de soirs entre chien et loup ou de nuits étranges nous prennent par le bout du regard dans une autre dimension, celle de l’impalpable.
D’ailleurs quel bonheur ai-je ressenti lorsque je suis entrée dans le Pavillon Boétie, d’être ainsi accueillie poétiquement, non seulement par le titre m’invitant à « Respire »
» La poésie plutôt qu’un enseignement, et plus même qu’un ensorcellement, une séduction, est une formes exorcisantes de la pensée. Par son mécanisme de compensation, elle libère l’homme de la mauvaise atmosphère, elle permet à qui étouffait de respirer. »
HENRI MICHAUX/ L’avenir de la poésie.
mais aussi à me ressourcer dans « L’Aurore des temps ». Petits formats regroupés par thèmes de couleurs, d’éléments : nuages, arbres, routes…, grands formats.
« Pourquoi la poésie? Parce que sans elle il n’est pas possible de respirer! Parce que sans elle nous ne vivons pas vraiment. »
Fabrice Midal/ Pourquoi la poésie?
Je ne sais d’où vient la lumière dans ses œuvres et je ne veux pas le savoir. Je peux faire un bout de chemin dans l’imaginaire, assise dans un véhicule à la nuit tombée, en jouant avec les différents éclairages, avec les lampadaires en appoint ou pas, avec ces lueurs occasionnelles. Je ne le sais pas mais n’est-ce pas plutôt parce qu’en Ann Cantat-Corsini brûlait une flamme intérieure qu’elle nous donnait à percevoir, à recevoir presque religieusement, une manière sensible et personnelle, intelligente de voir ce que nous ne savons pas voir, ce qui nous effleure en un souffle, une ambiance si particulière.
Mais hélas, la flamme de vie d’ANN CANTAT-CORSINI s’est éteinte prématurément à l’âge de 47 ans dans la nuit de mardi à mercredi.
Je ne savais RIEN d’elle avant la visite de cette exposition. Tout juste son nom me titillait-il. Je me promettais de me renseigner car elle m’avait prise par le bout de la poésie, elle m’avait envoûtée dans cette ultime manifeste impressionniste.
Était-ce parfois la forêt des Landes ou bien celle de Brocéliande que je croyais voir ? Était-ce un avant ou un après orage ou bien la chanson du vent dans les cimes des pins qui me sont chers ou bien de tout autre arbre s’élevant comme un être vivant à part ? Était-ce ce ruban d’asphalte que je vois défiler lors des retours nocturnes hebdomadaires des Landes, celui qui me fascine aussi et qu’elle a su traduire si bien en mon nom de spectatrice ? Etait-ce ce spectre de couleurs ? Ou bien pourquoi pensais-je à ce premier film du cinéaste turc NURI BILGE CEYLAN et aux premières images de son film « Il était une fois en Anatolie » ?
Que dire ? Que je suis touchée de cette coïncidence d’avoir baigné dans ses lieux de mémoire, ses paysages qui disaient la liberté et qui m’enchantaient.
Oh, bien sûr, depuis j’ai cherché à en savoir davantage et j’ai rencontré son humanité lorsque son regard précis, joint à celui de son mari BRUNO CORSINI œuvrait pour la mémoire bordelaise dans un court-métrage sur la Cité des Aubiers : un sacré moment d’Histoire locale, loin des clichés à charge.
Son œuvre et moi aurions pu nous rencontrer, lorsqu’elle exposa à la Base sous-marine ou lorsqu’elle reçut le Grand Prix Bernard Magrez en 2016. ( L’image « L’Aurore des temps » a reçu le prix d’Excellence Labottière lors du premier Grand Prix Bernard Magrez lancé en 2016). Cela ne se fit pas.
Mais dimanche, je me suis laissée envelopper d’un voile de poésie et de rêve.
Je n’étais pas venue spécialement pour elle, mais pour CHARLES FOUSSARD, lauréat Street-art du Grand Prix Bernard Magrez 2016 dont j’ai déjà parlé lors de l’exposition Transfert dans l’ancien Virgin, place Gambetta.
Je découvris aussi VALÉRIE BELIN, déjà exposée à Paris mais l’émotion me fut réservée, comme une cerise sur le gâteau par ANN CANTAT-CORSINI. Je compris, dès la prise de billet à l’accueil, en voyant les cartes postales d’ANN que quelque chose allait se jouer dans cette rencontre.
Ici la photographie va au-delà du sujet, au-delà de la Couleur-lumière. L’acuité affinée de la sensibilité traduit la perception en pures vibrations lumineuses.
« La poésie est le plus court chemin d’une sensibilité à une autre » A BEUCLER
Merci ANN CANTAT-CORSINI d’être qui vous avez été.
« Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont accordées à notre destinée ».
« C’est une folie de haïr toutes les roses parce qu’une épine vous a piqué, d’abandonner tous les rêves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu’on a échoué..
Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ… »
Antoine de Saint- Exupéry/ Le Petit Prince
♥
Au solstice d’hiver
Les dernières roses du jardin
Pétales soumis à la bruine
Dodelinent les pétales
Et tombent les feuilles.
*
Au solstice d’hiver
Les bienveillantes
Nous accompagnent
De leurs vœux
Vive chaque jour.
Que la nouvelle année soit
Doux velours et soie colorée.
Maïté L
♥
Que l’année 2018 vous soit douce! Je vous souhaite le meilleur.♪♪ ♫♪ ♫
« Le travail sur cuivre est au cœur de mes créations;il en est la lumière, le souffle, la vie. »Christophe Mirande
Le prieuré à droite
Dans le prieuré situé sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle,à côté duquel se repose d’ailleurs le pèlerin de Danielle Bigata, s’est tissé un dialogue inédit entre deux sensibilités, deux démarches autour de la lumière, du feu. Un dialogue en adéquation avec la sérénité et la beauté du lieu .
de l’ombre jaillit la beauté
Vitraux in situ de Raymond et émaux de Christophe
Un dialogue fait de jeux de lumière et d’ombre, de jeux d’absence et d’appropriation du souvenir et enfin transformation de celui-ci dans le présent et l’avenir de Christophe.
incandescence
spectacle sans cesse renouvelé
au centre
détail1
détail2
détail3
Poétiquement, le fil conducteur parti de l’atelier de Raymond, sans transmission directe de savoir-faire à son fils, a pris du temps pour éclore chez Christophe (né en 1967) : le temps d’une re-naissance, le temps de trouver sa voie faite d’émail sur cuivre, d’ajout de pâte de verre et de transparence, de contraste de zinc et d’ardoise, d’harmonie et de dépouillement dans le monochrome où chaque touche de couleur nous dit l’essentiel.
Raymond1
Je crois me souvenir que Raymond Mirande n’a pas vu l’installation des vitraux dans le prieuré.
dialogue d’œuvres.
ombre et lumières de la terre au ciel
plongée dans le contemporain
l’or vient rehausser l’élégance de l’installation
géographie des possibles, du cœur, de la lumière au bout des yeux.
Christophe se veut plasticien et émailleur. Plasticien jouant de la matière, émailleur d’art contemporain chez qui, le dépouillement, l’apparente simplicité le disputent à la réflexion entre prévisible, visible, caché et fruits du hasard des transformations.
détail de l’œuvre précédente
J’ai beaucoup aimé dans l’œuvre de Christophe cette adéquation du lieu et de ses installations. J’ai beaucoup aimé ce silence et cette petite musique du chatoiement soudain d’un reflet, d’un détail qui nous interpelle. Il faut prendre son temps, s’arrêter car la première impression est un choc de beauté qui frappe le cœur, avancer, reculer, contourner, jouer avec la lumière. Le spectateur devient acteur, crée son impression seconde, se lave du monde extérieur, communie dans cette élégance de l’art contemporain. Christophe Mirande aime cette implication du lecteur et il le dit dans le petit film sur son site. Il ne s’impose pas, n’impose pas une approche où tout serait dit d’emblée. Il écoute, dit, il explique, il vient sur nos terres, soutient nos yeux de profane, nous entraîne dans sa chapelle sacrée personnelle, dans son panthéon de possibles. Il faudra revenir, parce que la lumière aura changé, parce qu’un détail nous aura échappé, parce le dialogue passe par les voûtes du prieuré, les vitraux de Raymond Mirande, l’ombre voulue, la lumière travaillée et celle des saisons et des heures. J’ai aimé cette bulle d’apesanteur, j’ai aimé ces clins d’œil à Soulages, à Rothko ou bien à Nicolas de Staël, comme j’aimerai quelques semaines après partir sur les chemins de lumière de Soulages à Rodez ou à Conques.
Évidemment, je suis revenue au prieuré et au nom du fils, j’ai mieux compris le père.
le drakkar rouge aperçu dans un 2ème temps.
mon regard à l’œuvre aussi.
effets de matière.
Par chance, si lors de la première visite, le temps était à la pluie et que les couleurs, la poésie, et les thèmes de Raymond Mirande, en un mot la passion, réchauffaient l’atmosphère, lors de la deuxième visite, le soleil était de la partie. Si ma préférence va au travail de Christophe, cela m’a permis de découvrir avec d’autres yeux l’œuvre du père.
Je vous laisse admirer cette dernière œuvre de Christophe dans ce billet:
Sol béni
détail. Calligraphie? Perles de vie et de lumière? Une œuvre magnétique.
Pour en savoir plus sur Christophe Mirande, une visite s’impose ici, pour prolonger la magie de la découverte.
Je remercie Christophe Mirande d’avoir si gentiment répondu à mes questions ainsi que tous ceux qui sont à l’origine du si beau livre d’exposition qui m’a bien aidé pour réaliser ce billet.
♥
« Le feu ayant ce pouvoir d’accélérer les métamorphoses, les fusions, l’émailleur et le verrier le vénèrent, lui confient leurs songes : ils ajoutent au feu l’inconnu dont la force et la violence remuent, émeuvent leurs âmes. »
Raymond Mirande/Préface du catalogue d’exposition à Mérignac 1993
Deux approches de l’art au travers des œuvres de RAYMOND et CHRISTOPHE MIRANDE.
L’« Alchimie Mirande » père et fils ne pouvait que s’épanouir dans le cadre de verdure du Musée de Sonneville pour le premier, et dans le prieuré de Cayac, pour un dialogue entre les deux.
♥
1- RAYMOND MIRANDE,
la poésie l’habite tout entier, jaillit de son monde, celui qui l’entoure, la nature, les animaux,les masques celui qu’il imagine, celui qui le relie à la mythologie et au sacré,les vitraux, les émaux.
« La poésie voit le soleil de l’invisible. A l’heure où dehors tout semble se savoir, elle nous conduit par mille millions de labyrinthes, au feu qui n’a pas de nom : le mystère, mot debout comme un cerf à l’orée de l’ineffable. »RAYMOND MIRANDE
Il y a quelques années, j’avais aimé la rencontre avec les vitraux de Raymond Mirande (1932-1997) dans l’église proche du port ostréicole à ANDERNOS . Mais cela ne représentait qu’une des facettes de son œuvre.
L’exposition du MUSÉE de SONNEVILLE, à GRADIGNAN, lui rend hommage 20 ans après sa disparition et nous montre l’étendue de son art avec, bien sûr des vitraux, mais aussi des émaux, des dessins, des esquisses préparatoires et des poèmes. Je retiens d’ailleurs cet univers poétique dans lequel baignait cet artiste trop tôt disparu, à l’aise dans l’art coloré des vitraux aussi bien que dans celui des mots.
« Je vous dis, avec le poète Norge : veuillez croire que ma poésie n’a qu’un sens, c’est trouver le cœur des hommes. »
Raymond Mirande (préface de son recueil poétique l’Apparence et le Feu)
J’ai aimé découvrir ses mots, notamment sur le support de la porte vitrée, accompagnant ses œuvres ou bien dans le magnifique livret d’exposition.
Je lui sais gré de s’être exprimé sur la poésie et en poésie, ainsi que sur l’art du vitrail.
Toujours fascinée par les vitraux, cette fois-ci j’ai aimé les approcher, sans me contorsionner, saisir son travail aussi dans les différentes phases d’élaboration.
« Du Soleil au Cœur par le rayon qui perce le vitrail. » Raymond Mirande
un vitrail horizontal
détail2
détail3
esquisses et travaux préparatoires
« Toutes voiles dehors, le vitrail parcourt l’insondable poésie de l’univers. »
Raymond Mirande/Texte poétique dédié à son ami l’abbé Max Cloupet.
*
Saint François
*
J’ai aimé ses arbres-émaux représentés à chaque saison,
Forêt de sapins sur la mer
« Vieux arbres où dorment
les légendes montées de la mer
je vous appelle au secours
*
vos fruits incendiés au sein des nuages
tombent dans la mer et flottent
comme des phares
*
les sirènes les éteignent
et votre île à mon rivage
n’offre plus qu’un visage de cendres.
Raymond Mirande
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masques et portraits
reine barbare
les animaux tutélaires
chouette des neiges
Il était aussi à l’aise dans une palette colorée très vive que dans des tons crème, blanc cassé de certains de ses émaux.
morses et masques
et surtout son coffret romantique en hommage à Tristan et Yseult,
Tristan et Yseult
Tristan et Yseult
son coffret de Noël
étoile de Noël
les clins d’œil à la mythologie avec Orphée
« Orphée au centre assis au bord de la mer, jouant de la lyre. Ses bras entourent la lyre comme un cœur. La musique est au cœur et au centre de tout être vivant. Encore faut-il la libérer de sa prison et faire qu’elle rayonne et gagne les confins de l’univers. Orphée s’en charge. Orphée dont l’image se confond avec celle du Christ sur les peintures des catacombes.l’émail extérieur qui entoure Orphée décrit les innombrables créatures que la musique attire et enchante., Vagues, oiseaux, poissons se pressent autour du poète, pour qu’il leur donne un nom, leur vrai nom mystérieux, invisible à l’œil nu.L’émail signifie encore plus de choses, au-delà du langage. Que l’œil « écoute » la musique de l’image. » Raymond Mirande, 29 mai 1994
La prochaine fois, rendez-vous avec Christophe Mirande, au prieuré de Cayac, Gradignan où se révèle réellement l' »Alchimie Mirande.