« Dans ces sortes de compétitions, l’esprit tout entier est tendu vers un but : gagner. Or il y a beaucoup à faire sur un bateau si l’on veut gagner une course »…

Eric Tabarly

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A la lecture du livre :

 « Victoire en solitaire, Atlantique 1964,  récit» (Arthaud)

cette phrase du formidable compétiteur que fut Eric Tabarly a curieusement fait écho dans ma tête.

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« Il réunissait donc au plus haut point les qualités de marin océanique, du navigateur solitaire, solide et résistant, et du régatier. Il le fallait pour réaliser un tel exploit sportif ! » dit de lui dans son hommage en préface du livre le capitaine de vaisseau  De Kerviler.

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J’ai été heureuse de renouer  avec mes balades sur les quais, appareil photo en bandoulière, à l’occasion de la venue des Pen Duick dans le Port de la Lune. Leur déplacement  a été salué par la foule, 50 ans après la victoire d’Eric Tabarly sur Pen Duick II,arrivé à Newport alors qu’il émergeait des brumes insistantes, pilote automatique cassé, silence radio depuis le début…

Cela faisait des mois aussi que j’étais entre parenthèses pour « gagner » non pas une course contre la montre car je n’appartiens pas aux « voileux » ni effectuer une traversée en solitaire…

Mais… comme LUI l’a fait en son temps, mes frères et sœurs d’infortune et moi-même nous devons vaincre et  cette « gagne nous mobilise à plein temps. Nous savons bien que nous n’aurons pas de médaille, et que nous devons arracher la rémission grâce à la médecine, avec la tête, les jambes, le sourire, la force mentale et notre entourage, proche ou lointain. Que nous devons collectionner les petits bonheurs même si nous avons dû réduire la voilure. Parfois nous connaissons la gîte, les creux, le calme plat, la chute parfois et chaque jour se gagne… Mon parallèle ne doit pas apparaître comme présomptueux.

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Bref revenons à Pen Duick

A l’origine…

 Pen Duick, le premier du genre

fut construit en Irlande en 1898 et « datait déjà » lorsque les parents D’Eric Tabarly l’achetèrent en 1938.Eric Tabarly l’a racheté à son père en 1952, à l’âge de 21 ans.

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« Le bateau ; aucun ne m’est plus cher que mon vieux Pen Duick, un cotre franc de quinze mètres, dessiné par Five… Il y a aujourd’hui  tout juste deux tiers de siècle. Il n’y a pas de « marine » que je préfère à la photo qui le représente incliné sous le vent, le plat-bord à fleur d’eau, toutes voiles dehors ».

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« Quand je le regarde, avec son habit noir et son plastron de voiles, il évoque pour moi un vieux et digne gentleman. Entre lui, dont la silhouette désuète fête ses cent ans et moi le retraité de la Marine, s’est nouée une affection qui a marqué nos existences. Sans moi, il ne serait plus qu’une épave. Sans lui ma vie eût été différente. »

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« Il est là, superbe, sous son gréement aurique, humant le vent, évaluant la force de la mer, frissonnant dans l’attente de la première risée : objet d’art, précieux, exigeant, sensuel, vif, capricieux, tel est Pen Duick, mon bateau ». 

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 ***

Tabarly, un visionnaire qui conçoit des machines à gagner grâce à ses connaissances en architecture navale.

Naissance du Pen Duick II:

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un bateau plus léger que son prédécesseur, en contreplaqué marine, construit pour naviguer en solitaire nécessitant la mise en œuvre de deux concepts : Rapidité et maniabilité.

1964: Eric Tabarly Vainqueur de la Transat en solitaire sur Pen Duick II

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« Pourquoi Pen Duick II ? Pour moi la réponse est simple, je voulais associer à mon nouveau bateau le souvenir du premier. J’ajoute que ces deux mots bretons signifient    petite tête noire , et sont aussi le nom de la mésange (de la mésange « à tête noire », très répandue, paraît-il, en Bretagne) ».

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« Je crayonnai ces indications, comme à l’ordinaire, sur quelques feuilles de cahier d’écolier et commençai à les concrétiser sous forme de plans et de profils à l’échelle. Puis je les apportai à Gilles, et de nouveau nous nous installâmes devant sa table à dessin. Je venais tous les week-ends de Lorient. J’arrivais à Saint-Philibert le samedi après-midi et aussitôt nous nous mettions au travail. Nous discutions parfois chez Gilles jusqu’à une heure avancée de la nuit et, le dimanche, nous retournions  dans la salle de dessin du chantier… En octobre, notre projet était déjà très avancé.

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… Et, à la fin décembre, j’avais pratiquement renoncé…quant au dernier moment, un ami rencontré par hasard me proposa d’avancer l’argent qui manquait ». 

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« Je descends et m’installe dans la cuisine. A bord du Pen Duick II on ne trouve que l’essentiel. La table de carré, chère aux plaisanciers mais peu utilisable dans mon cas, n’existe pas ici. Je n’ai gardé qu’une table à cartes et je prends mes repas à la cuisine sur une combinaison de réchaud et de tablette à cardan qui suffit à mes besoins. Ne pouvant m’y tenir debout étant donné la faible hauteur sous barrots (1,50 m), j’ai fait installer une selle de moto (je précise une selle de moto Harley Davidson) large et confortable, montée sur un pied vertical à hauteur réglable et que l’on peut incliner pour compenser la gîte…. » 

Le célèbre ketch et son numéro 14

 

Victoire en solitaire sur Pen Duick II

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« J’ai donc été très occupé, mais – et quelles qu’aient été les difficultés qui s’ajoutaient pour moi aux occupations normales du bord- je puis dire que la course par elle-même n’a pas été une épreuve. Elle correspondait à la vie même que je désirais le plus mener. Et, physiquement aussi bien que moralement, je crois que j’aurais pu tenir encore des jours et des jours après celui de cette arrivée. »

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 « On m’a souvent demandé si j’avais éprouvé de l’angoisse en quittant la terre et en me retrouvant seul à bord, ayant perdu de vue aussi mes compagnons de départ. Je suis bien obligé encore une fois de constater que non. D’abord ce n’était pas la première fois que je naviguais hors de vue de la côte : c’est une situation à laquelle je suis accoutumé depuis l’enfance. J’aurais même de la peine à dire si mon plus vieux souvenir se rapporte à la terre ou à la mer ».

***

Et puis vinrent Pen Duick III

1967 Eric Tabarly Vainqueur du championnat du R.O.R.C.(Angleterre) et de Sydney-Hobart (Australie) sur Pen Duick III

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Pen Duick IV disparu en mer avec Alain Colas

1968 Mise à l’eau de Pen Duick IV

1969 Record Eric Tabarly de Los Angeles-Honolulu sur Pen Duick IV.

Pen Duick V

 1969: Mise à l’eau de Pen Duick V

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et Pen Duick VI

1973Participe à la première course autour du monde sur Pen Duick VI

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Pour terminer cette note, un lien s’impose: celui menant à l’association Eric Tabarly dont les objectifs sont les suivants:

Cette association possède plusieurs missions complémentaires :

– Maintenir en condition de navigabilité les Pen Duick, et les faire naviguer.

– Poursuivre l’œuvre maritime et éducative d’Eric Tabarly en favorisant le développement de la culture maritime, en suscitant l’intérêt, la recherche et l’innovation dans les différents domaines de la Plaisance.

– Accompagner et aider la Cité de la Voile Eric Tabarly à mettre en œuvre les objectifs ci-dessus.

J’ ajouterai simplement que la présentation des Pen Duick par monsieur Gérard Petipas fut des plus agréables et émouvants.

Vous trouverez toutes les explications relatives à chaque bateau sur ce site relativement bien fait.

http://www.asso-eric-tabarly.org/

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 ***

NB:Toutes les citations ou presque ( à l’exception de deux d’entre elles)  sont extraites du livre cité au début « Victoire en solitaire » écrit par Eric TABARLY, aux éditions  Arthaud

Pour prendre connaissance de l’ensemble  des courses gagnées par Eric Tabarly, voir le site de l’association.

 La Maternité Yao, sous le signe de la tendresse.

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Madones, Vierge à l’Enfant occupent une place importante dans l’iconographie et la peinture occidentale.

A partir de la Renaissance, les personnages gagnent en humanité lorsque transparaît l’intimité dans des scènes mêlant poésie et sensualité.

La Renaissance italienne quant à elle introduit la notion de décor naturel apportant une touche d’intemporel.

Le concept glisse doucement vers la prise en compte de la condition humaine en général chez les peintres flamands :  la Vierge et Jésus deviennent une mère et son enfant placés dans un décor naturel.

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Chez DANIELLE BIGATA, nous sommes au cœur du thème profane avec un souvenir de voyage cueilli dans le monde du travail, dans les rizières du Vietnam.

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Le décor de cette Maternité Yao  est celui que l’artiste lui  donne maintenant, tantôt décor intérieur de musée, tantôt décor et théâtre de verdure comme au parc Laurenzanne à Gradignan.Mais il y a comme un sentiment religieux chez ces deux-là, la mère dégage une énergie qu’elle nous transmet par le regard; l’enfant a les yeux tournés vers le monde, tout en étant dans la chaleur de sa mère. Les deux rayonnent en nous, vers nous.

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« L’ethnie Yao vit dans les terres montagneuses de tout le sud-est asiatique. La patine du bronze valorise le contraste entre les matières et met en scène l’imbrication entre la mère et l’enfant. La maternité n’est plus ethnique mais universelle. »/Danielle Bigata

 

Une berceuse sud-vietnamienne douce et envoûtante envoyée par Cerisemarithé

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DANIELLE BIGATA plante le décor dans lequel elle a recueilli cette vision avant de nous la faire partager :

« Quand on voit les femmes Yao éparpillées dans les rizières, avec leurs coiffes rouges, on a l’impression d’un champ de coquelicots. Comme les femmes africaines, elles privilégient le contact physique rapproché avec leur enfant enserré dans des voiles au plus près de leur corps. »

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J’avoue que cela me permet de faire le lien avec cette saison de coquelicots , notamment lorsque j’en rencontre lovés en cœur à cœur dans mon jardin.

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Ethnie des Dzao rouges ou yao

Les femmes Yao

« les femmes plus distantes sont plus grandes et plus distinguées, elles portent un amoncellement de foulards rouges empilés sur la tête, dont les bords se terminent par des franges au bout desquelles sont cousues des pièces et des perles.

Leur coquetterie : elles se rasent tout le devant du crâne pour faire apparaître un immense front dégagé sous le turban. »

DANIELLE BIGATA/AKUNA MATATA

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Je ne résiste pas au plaisir de la tendresse  mise en mots et susurrée à l’oreille des enfants par des mères aimantes. Berceuses de tous pays, chacune ayant son charme.

BERCEUSE  DOGON

 

Où est partie la mère du petit ?

Partie puiser de l’eau

Pas revenue de puiser de l’eau

Partie piler la feuille de baobab

Pas revenue de piler la feuille

Partie préparer les plats

Pas revenue de préparer les plats

Sur la falaise, sur la falaise

Un œuf de poule est suspendu(1)

Berceuse populaire chantée dans la boucle du Niger, quand un enfant, porté sur le dos, pleure.

(1)       Allusion au derrière du petit enfant suspendu dans le dos de la mère

/ Trésor de la poésie, anthologie de Pierre Menanteau

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Akatombo
berceuse du Japon
Dans le ciel au coucher du soleil,
Libellule rouge
Tu volais pendant que je rêvais
Sur le dos de maman
Je m’endors pendant que vient la nuit
Sur la plaine mauve
En planant ton aile vient fermer
Mes paupières doucement

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un petit intermède musical sur le thème, envoyé par Maria-D

https://www.youtube.com/watch?v=L9PJZrRWs6k

Mon coup de foudre, mon coup de cœur:

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«  En El Quijote el pensamiento fundamental, la parte para todos interesante, el humanum, consiste en el contraste perpetuo entre el espíritu poético y el de la prosa ; entre el alma que solicita heroicas aventuras y el cuerpo que de ellas se cautela ».( Miguel Antonio Caro)

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Il aurait pu n’être que Don Quichotte héros mythique de Cervantes.

Homme rêveur, chevalier des grandes causes, parcourant les grands espaces de la Manche, dans la poussière et les mirages, dans le vent et la musique des ailes des moulins à vent.

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Vous pouvez le suivre ici,

chez Colo :

http://espacesinstants.blogspot.com.es/2013/04/rossinante-et-le-peche-de-la-chair.html

http://espacesinstants.blogspot.com.es/2013/04/ou-sancho-panza-conte-un-conte-donde.html

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A mon oreille, résonne aussi la chanson   « La Quête »  immortalisée

par Jacques Brel :

 

« Rêver un impossible rêve

Porter le chagrin des départs
Brûler d´une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu´à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D´atteindre l´inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l´étoile
Peu m´importent mes chances
Peu m´importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l´or d´un mot d´amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s´éclabousseraient de bleu
Parce qu´un malheureux

Brûle encore, bien qu´ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s´en écarteler
Pour atteindre l´inaccessible étoile ».

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Mais voilà…notre Don Quichotte  a dû, un jour ou l’autre, croiser la route de l’artiste DANIELLE BIGATA qui l’aura surpris dans ses œuvres de Faune à « l’heure fauve » de Mallarmé

http://patachonf.free.fr/musique/debussy/mallarme.php

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Ou bien use-t-il ses semelles sur les longues lignes droites des Landes girondines avant de s’enfoncer sous le couvert de nos bois de pins et de chênes, peuplés de légendes. Et pourquoi pas au milieu des chênes lièges, plus au sud, non loin des plages que les faunes modernes apprécient tout particulièrement.

https://www.youtube.com/watch?v=F5A4CkUAazI

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Ainsi, lorsque je le vis, Don Quichotte avait-il pris, à la croisée des chemins, les attributs de quelque représentant de la Faune fantastique et, mi-homme, mi bouc, s’était-il paré  de paillettes dorées, offrande de la lumière que j’imagine de fin d’été.

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C’est comme cela qu’il nous apparut au Château Lescombes ou bien au plus près de la nature, entre boutons d’or et printemps, en compagnie des oiseaux venus se percher sur son auguste tête dans le  parc de Laurenzanne.

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Partons donc sur les traces d’Arthur Rimbaud

pour  donner Au Don Quichotte une dernière note poétique :

  Tête de faune

« Dans la feuillée, écrin vert taché d’or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l’exquise broderie,

Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

Et quand il a fui — tel qu’un écureuil —
Son rire tremble encore à chaque feuille
Et l’on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d’or du Bois, qui se recueille ».

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Mais je laisse le mot de la fin

à DANIELLE BIGATA :

La métamorphose du personnage, mi-homme mi-bouc, et sa quête inassouvie sont ici matérialisées par le traitement de la matière tout en hérissements et en tensions. « Ma représentation de ce Don Quichotte, est volontairement décalée. II est âgé, marqué par tous ses rêves et fantasmes déçus. »

Mais qu’est-ce qu’il est beauuuuuuuuuuuuuu!

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Dans son très beau livre d’art FACE A FACES qui prend la forme d’un carnet de voyages où les dessins de l’artiste côtoient  la préface de JEAN VAUTRIN, DANIELLE BIGATA écrit :

«  Je sillonne la planète à la recherche de ces rencontres extraordinaires, en me faisant la plus humble possible, la plus discrète, face à la générosité de ces gens qui peuvent nous apprendre la relativité de la gravité, de l’urgence, mais aussi surtout, l’accueil et l’échange ! »

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ÎLE DE PÂQUES, 2004

«  Cette destination faisait partie de mes rêves et de mes fantasmes… »

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l’homme-oiseau, bronze, vu au château Lescombes

RAPA NUI, L’HOMME- OISEAU

« J’ai pu assister à la compétition de l’homme-oiseau, qui perdure, même si elle a heureusement perdu son caractère de jeu mortel. Cela m’a fortement impressionnée et inspiré la sculpture du même nom.

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Ecoutez les données du challenge :

Imaginez une falaise abrupte de plus de cinquante mètres de hauteur. Il s’agit de plonger, c’est l’envol, puis de parvenir sur le rocher distant d’un kilomètre dans une mer toujours déchaînée et infestée de requins…

Comme nos enfants dans les jardins… C’est la chasse aux œufs de Pâques qui est ouverte, en l’occurrence  aux œufs de sterne. Le vainqueur doit ramener l’œuf ENTIER, après avoir escaladé la falaise…

Sportif, non ? »

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L’Homme-oiseau, pour ma part je l’ai croisé dans l’exposition du château LESCOMBES,

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dans le musée de plein air de LAURENZANNE, voir ci-dessous

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mais aussi plus récemment dans le musée GEORGES DE SONNEVILLEDANIELLE BIGATA expose ses dessins de voyages jusqu’au 11 mai.Ce musée se trouve aux ruines de Cayac, près du Pèlerin de Compostelle.

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J’ai d’ailleurs pu la rencontrer à cette occasion. Cette rencontre faisait partie de mes rêves les plus fous. Danielle est venue à ma rencontre, par le biais de mes billets déposés au fil des mois, ici-même. Ce fut une belle entrevue, pudique, chargée d’humanité, d’émotions partagées. D’emblée, j’ai ressenti la force et la détermination de l’artiste, citoyenne du monde. D’ores et déjà, rendez-vous est pris pour qu’un jour prochain nous nous retrouvions dans son atelier de SAUCATS.

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A l’occasion de cette exposition, DANIELLE BIGATA nous fait un beau cadeau : elle nous offre la possibilité de télécharger gratuitement son livre AKUNA MATATA.Rendez-vous sur son site.

http://www.bigata.com/

 

« AKUNA MATATA est un regard merveilleux porté sur la tolérance et le respect des différences.

A travers ces notes et ces croquis de voyages, je voudrais vous faire partager les rencontres, les joies, les peines, les impressions, les visages, les amusements, les coutumes, les émerveillements, les dangers, en un mot : ma vie, aux quatre coins du globe, pendant quelques milliers de kilomètres… »

J’ai donc téléchargé ce livre sur tablette et lorsque je l’ai ouvert, je n’ai cessé ma lecture qu’avec le mot FIN. J’y ai retrouvé DANIELLE BIGATA en baroudeuse, bien plus baroudeuse que je ne l’imaginais au volant d’une 4L, au guidon d’une moto HONDA 250, en avion, avionnette , pirogue, camion, en compagnie des lions, éléphants, partageant sa nuit avec une hyène… et toujours avec comme sésame ouvrant la porte des rencontres, son carnet de dessin, ses dessins offerts, comme un langage universel, qui, c’est injuste, devrait nous être un peu donné à nous aussi ! J’ai souvent éclaté de rire, j’ai sué sang, eau et moustiques avec  elle ; j’ai attendu en pleine chaleur que le chef de village vienne l’accueillir ici ou bien qu’on vienne la sortir de l’endroit où elle avait « bourbé ». Bref, j’ai parcouru en une soirée ces milliers de visages au fil des destinations et je me suis identifiée à elle, moi la voyageuse parfaitement immobile.

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Avec l’aimable participation de DANIELLE BIGATA, photographiée près d’une œuvre en 3D.

Danielle Bigata et le personnage d’Aïda:

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Au château Lescombes,nous avons pu admirer un buste d’Aïda, alors que dans le PARC  LAURENZANE à GRADIGNAN où je vous emmènerai plus tard, se trouve une  autre sculpture saisissante du même personnage.

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L’opéra de Giuseppe VERDI met en scène, au temps des pharaons,  Aïda. Esclave éthiopienne et fille du roi Amonastro elle se débat avec son amour impossible pour ’un officier égyptien Radamès qui  combat son père et son peuple :

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« Jamais sur terre il n’y eut de cœur plus cruellement déchiré. Ces mots sacrés, père, amant : ni l’un ni l’autre je ne peux prononcer. Pour l’un, pour l’autre, je pleurerai et je prierai ».

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Dans le PARC  LAURENZANE, Aïda est représentée assise, en position de soumission mais son corps et son visage expriment le  déchirement. Ses yeux ont cette expressivité au plus près des sentiments, alors que Danielle Bigata est allée en Ethiopie  rencontrer et dessiner des femmes pour être au plus près de la représentation sculptée.

Il y a aussi une étude pour la tête d’Aïda:

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Medici TV: la soprano AMARILLI NIZZA parle d’AÏDA:un personnage intemporel selon elle

« Pour moi le personnage d’Aïda est d’une extrême modernité, c’est vraiment une femme d’aujourd’hui parce que c’est une femme à qui l’on demande de faire revivre et d’incarner des valeurs très fortes comme la patrie, la famille. A une époque où ces valeurs se font plutôt rares, mettre sur le devant de la scène une femme comme Aïda qui porte en elle ces valeurs solides et qui est prête à mourir pour elles, c’est extrêmement moderne et actuel.”

“D’autant que la situation des femmes dans les trois quarts des pays de la planète est comparable aujourd’hui à celle d’Aïda.”

« Un rôle que la chanteuse lyrique connaît très bien car c’est celui qu’elle a le plus interprété dans sa carrière.Pourtant, chanter Aïda reste un défi à chaque représentation ».

“C’est un rôle très varié, avec de multiples facettes, et cela requiert beaucoup de technique : beaucoup de “couleur” dans la voix, de “chiaroscuro” (clair-obscur), un grand phrasé et il faut jouer sur le legato. Cela peut être, par moments, très lyrique et élegiaque et à d’autres, dramatique et incisif : donc il faut disposer d’un bagage technique très solide pour respecter les indications que Verdi a inscrites sur sa partition, et c’est loin d‘être une tâche aisée.”

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https://www.youtube.com/watch?v=F7V4WfwY1gQ

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LES ENFANTS

Tous les enfants, vous le savez, sont des navires
qu’un proverbe pareil aux brises les plus douces
conduit, syllabe après syllabe, au continent
où les pingouins dorés murmurent des poèmes.

Tous les enfants, vous le savez, sont des bouleaux
qui, dans la nuit, en demandant pardon, écartent
leurs branches, leur écorce, et vont jusqu’au vertige
danser sur la grand-place au milieu des poulains.

Tous les enfants, vous le savez, sont des comètes
venues nous rendre hommage au nom d’un autre azur,
d’une autre vérité, d’une autre fable, et nous,

adultes par défaut, saurons-nous les convaincre
de s’attarder ici le temps d’un bref bonheur,
avant de repartir chez les étoiles folles?

Alain Bosquet.

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Au château Lescombes, au sein  de cette exposition d  « ’ELLES »,  j’avais hâte de retrouver les œuvres de   DANIELLE BIGATA , à qui l’on doit notamment « Le Pèlerin de Compostelle ».

http://www.eclats-de-mots.fr/2013/02/17/le-pelerin-au-repos-des-ruines-de-cayac/

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Voici tout d’abord cette salle où DANIELLE BIGATA exposait quatre sculptures  d’enfants, êtres  croqués sur le vif avec leur palette de sentiments: visage d’enfant curieux, boudeur, malin,attentif .

Ils ne sont pas sans rappeler « La petite châtelaine » de CAMILLE CLAUDEL.

http://www.roubaix-lapiscine.com/publications/113/la-petite-chatelaine.html

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Ces quatre visages, empruntés au quotidien, empreints de fraîcheur  entraient en dialogue avec des dessins de personnages hors du commun rapportés  des lointains voyages dont DANIELLE BIGATA est coutumière.

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Enfance

En ce temps-là

je portais toute ma force dans mon cœur

C’était l’orgueil

celui du premier prince magnanime

de la première victoire

du drapeau bleu flottant sur la terre du juste

C’était la colère

l’impétueuse

flammes inoubliables

frissons de sang en prismes de pardon

C’était le désir agile

prenant pied dans la découverte

créant les îles de cristal

réinventant la magie blanche

C’était le péché de perle

mon vrai péché

la coupable bonté

l’admirable confusion d’amour

Je portais toute ma force dans mon cœur

sans cuirasse de mensonges

comme un enfant invulnérable

Achille Chavée

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En nos enfants grandis tressaillent les voiliers d’impatience. Nous écarter pour leur ouvrir passage, c’est leur faire don d’une autre naissance.

Notre place n’est plus où commence leur combat singulier.

Andrée Chedid

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« Petit à petit les chats deviennent l’âme de la maison »

Jean Cocteau

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 Il était une fois un chat-Le CHAT du château-  qui gravit en catimini l’escalier et vint à l’étage du musée, histoire de voir peut-être l’invisible au plus près de chaque tableau.

« Le plus petit des félins est une œuvre d’art.  »
Leonard de Vinci

Voulait-il écrire un nouveau chat- pitre dans l’histoire de cette exposition ?

« Il n’y a pas de chat ordinaire.  »
Colette

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 il s’enquit des visiteurs en se frottant à nos mollets, curieux d’accompagner les « Elles », les cinq artistes représentées, de son air concentré comme tout un chat- qu’un. Il rencontra bien sûr une amie des chats qui lui parla et lui demanda très poliment de poser devant l’œuvre de son choix.

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Il fit beaucoup mieux car de tableau en tableau, il prit le temps du détail,  désireux de chat-part-der quelque faune invisible peuplant  les espaces des cimaises…

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« Les chats sont malins et conscients de l’être.  »
Tomi Ungerer

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Ce chat féru d’art, s’arrêta donc,  inspiré devant les œuvres de l’étage, allant jusqu’à se mettre debout, ou ressentant la nécessité de chat-sser à distance une  vue d’ensemble, chat-loupant sur la rambarde assurément pas très large de la galerie…donnant sur le vide …

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Avec le pas assuré de celui qui n’en est pas à son coup d’essai. Chat- peau le chat qui n’a pas le vertige !

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« Je crois que les chats sont des esprits venus sur terre. Un chat, j’en suis convaincu, pourrait marcher sur un nuage.  »
Jules Verne

Les chats ont souvent été les complices des artistes, écrivains… Certains les adulaient. Je terminerai donc ce moment de grâce, sur une citation qui en dit long :

« Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat.  »
Alberto Giacometti

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J’aime aller régulièrement au château Lescombes devenu un centre d’art contemporain depuis 1998 lorsque le lieu a été acheté par la Ville. C’est un lieu où je me sens bien, un lieu à taille humaine où il n’y a jamais foule et qui permet de profiter au mieux des expositions offertes.

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Le château de Lescombes , bâti au milieu du XVIème siècle a été victime d’un incendie et reconstruit au siècle suivant.

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Une borne de juridiction, devant l’entrée principale du château délimitait la juridiction de Bordeaux, figurée par 3 croissants, d’avec la seigneurie du  Thil . La décision datait de 1297 sous le règne du  roi Philippe Le Bel. Placée au bord de la route elle ne dépassait du sol que de 80 cm

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Le parc abrite aujourd’hui un parc paysager, un potager pédagogique, un pigeonnier classé du XVIème siècle, un musée des outils du maraîchage et un centre d’art contemporain.

Le pigeonnier est bâti au-dessus du puits du château. Il permettait de notifier l’appartenance à la noblesse de son propriétaire.

Son utilité première était d’abriter les pigeons nichant dans des corbeilles d’osier, chargés de débarrasser  les vignes des pucerons, chenilles…En 1794, le propriétaire d’alors, Pierre Duret a décidé d’utiliser le pigeonnier pour moudre son grain avec « un moulin  à bête ».

Le pigeonnier accueille le musée du maraîchage, activité  agricole encore présente de nos jours à Eysines.

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Autour du château, chaque visiteur peut apprécier le calme, la variété des essences de plantes et les arbres  multi séculaires remarquables.

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Ici , un sophora japonica aux proportions remarquables offre dans ses hauteurs, le gîte à des fougères.

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« Souvent, j’ai accompli de délicieux voyages, embarqué sur un mot dans les abîmes du passé, comme l’insecte qui flotte au gré d’un fleuve sur quelque brin d’herbe ».

BALZAC.

Cette citation me fut envoyée par Anne, l’artis-Anne .

Pour moi, cette exposition dans la ville de Bordeaux des sculptures, maquettes, lithographies… de JAUME PLENSA, s’apparente à un voyage estival qui, s’il peut paraître immobile à ceux qui sont épris de paysages lointains, fut l’occasion d’un voyage intérieur. Le but de l’artiste est donc atteint puisqu’il écrivait dans la revue de présentation :

Mes sculptures sollicitent physiquement le spectateur. Ce n’est pas un travail de voyeurisme, il faut pouvoir la partager, marcher autour, passer au travers, la pénétrer. C’est une nécessité. La sculpture est en fait un prétexte pour provoquer un mouvement, intérieur, certes, mais aussi physique.”

JAUME PLENSA

Mais l’artiste était-il conscient que la sollicitation des spectateurs irait jusqu’au vandalisme ? J’ai appris ce matin-même, que la sculpture qui suit ,AINSA II ,a été vandalisée par trois individus, malgré ses 450 kg et qu’elle s’est écrasée au sol. SELF PORTRAIT et AINSA I ont été également vandalisées.

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Fils de pub et fils d’inox, homme de paille et homme de lettres avec un petit air de chevalier en armure venu jusqu’à nous, à coup de lettres et de signes sur le Cours de l’Intendance :voici

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Ainsa II, 2013, en acier inoxydable et pierre, 320 x 225 x 350 cm

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Ainsa est le nom d’un petit village médiéval, perché  près de Huesca dans les Pyrénées aragonaises.

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Un joli petit village avec ses remparts, son clocher, ses ruelles aux maisons de pierre,( son figuier couvert de fruits), sa place et la fraîcheur sous ses arcades.

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L’artiste sélectionne les blocs de pierres dans une carrière de pierre de Huesca servant de socle à ses personnages de transparence. Les photos d’Ainsa ont été prises en 1997 avec un appareil argentique.

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« La pensée ne peut tenir dans l’homme.

C’est pourquoi elle se lance comme un bélier contre le ciel,

Fichée comme un coin entre couleur et couleur,

Cherchant son lieu

Dans le corps du monde.

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Sa charge de puissance nue

Ravage les bords et le fond,

Comme un courant barbare

Qui dévore son lit.

La pensée est une liberté plus grande que l’homme. »

 ROBERTO JUARROZ (V,36)

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Pour terminer ce parcours, voici quelques œuvres de dentelle,plus éclectiques sous forme de maquettes dans le salon de l’Hôtel de Ville

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ou bien quelques lithographies de la Galerie ARRÊT SUR L’IMAGE mettant au premier plan la musique ; juste pour faire le pendant des « mélomanes » du Jardin Public.

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Place donc à Berlioz, Verdi, ou encore Bartok.

Place à la musique parce qu’elle est aussi et avant tout écriture et langage.

Un dernier petit tour et s’en iront les  sculptures disséminées dans la ville…

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FIN…

 Maïté L

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«L’architecture de nos corps est le palais de nos rêves».

 JAUME PLENSA

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SELF-PORTRAIT: place Camille Jullian

2013, acier inoxydable, 350 x 325 x 325 cm

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L’Homme-Monde agenouillé dans sa sphère, individu parti à la découverte de l’universalité du langage,la diversité des cultures. L’individu inscrit dans un tout, une forêt de signes, dont il ne peut se dissocier .

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Arrive un jour

où la main perçoit les limites de la page

et sent que les ombres des lettres qu’elle écrit

S’échappent du papier.

*

Derrière ces ombres,

elle se met alors à écrire sur les corps dispersés par le

  monde,

sur un bras tendu, sur un verre vide,

sur les restes de quelque chose.

*

Mais vient un autre jour

où la main sent que chaque corps

furtivement et précocement dévore

l’obscur aliment des signes.

*

Le moment est venu pour elle

d’écrire dans l’air,

de se conformer presque à son geste.

Mais l’air aussi est insatiable

et ses limites obliquement étroites.

*

La main décide alors son dernier changement

et se met humblement

à écrire sur elle-même.(V,2)

ROBERTO JUARROZ

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THOUGHTS : Place Fernand Lafargue

2013, acier inoxydable et pierre, 310 x 200 x 270 cm

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« Thoughts est constituée de phrases, de pensées qui s’entrecroisent et se chevauchent sur de grands bandeaux en acier inoxydable.

Elle illustre parfaitement cette recherche de la construction de la pensée dans l’espace, les croisements de langues et de langages plastiques et littéraires chers à l’artiste » /Dossier spécial Bordeaux Délices

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Depuis 1992, l’artiste a été honoré par les titres de Chevalier des Arts et des Lettres du Ministère de la culture en France (1993), et celui de Docteur Honoris Causa de la School of the Art lnstitute of Chicago (2005).

Il expose régulièrement ses oeuvres d’art à la Galerie Lelong à Paris, Galerie Lelong à NewYork et Richard Gray Gallery à Chicago et à New York.

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“Il [le sculpteur] a regagné sa liberté publique, il n’a plus besoin de décorer ni de commémorer, il peut à nouveau parler de sculpture. C’est-à-dire poser de petites questions, inscrire sur le mur très discrètement un petit point d’interrogation : je crois que c’est la véritable fonction de la sculpture d’aujourd’hui.”

JAUME PLENSA

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******* à suivre  pour un ultime billet…