De sable le temps,

de temps le sable

 

à la lisière

où s’enlise

 

un soupçon

d’océan.

GEORGES-EMMANUEL CLANCIER

VIVE  FUT L’AVENTURE

Poèmes, éditions Gallimard

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Sable

Les grains de sable
surfent sur la dune,
caressent la lande.
Emportés par le vent
sur des vagues de pierre.
Accrochées à des branches d’étoiles,
Les bulles de sable
jouent à cherche-minuit,
au milieu des horloges
où s’incruste la mousse,
dans des sillons creusés
à même la peau.
Des langues de sable
s’allongent sur les ombres,
cathédrales de verdure
où jamais n’iront
ni les nuages
ni les images
ni les certitudes
d’un monde
à l’endroit.

Maïté L

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Avec quelques photos, je m’en remets aux écrits des uns et des autres qui tombèrent amoureux de la Dune et de l’océan pour un jour ou une vie.

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dune du Pilat vue du Cap-Ferret

La Dune du Pilat vue depuis le Cap Ferret

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« L’océan au pied, en face et à l’infini »

YVES SIMON

« Le prochain amour »Je vous écris du Bassin d’Arcachon 2,éditions Pimientos

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Située à l’entrée du Bassin d’Arcachon, face au banc d’Arguin et au Cap-ferret, « La Grande Montagne »est un désert formé par l’accumulation de sable due aux vents et aux courant marins.

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au loin le Cap Ferret vu depuis la dune du Pilat

Au loin, juste en face, la pointe du Cap Ferret

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60 millions de mètres cubes de sable  passés à travers le sablier du temps,se dressent entre la station balnéaire du Pyla-sur-mer créée au début du XX ème siècle et la forêt de la Teste-de Buch sur 3800 ha.

La plus haute dune d’Europe est soumise aux éléments; instable, en perpétuel mouvement, elle  ne cesse de reculer de plusieurs mètres carrés chaque année.

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La montée vers le sommet ne se situe plus à l’endroit où je l’ai connue dans ma jeunesse. Elle se faisait plus près du village du Pyla-sur-mer où les premières maisons semblent devoir être englouties par le sable.

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Le Pyla-sur-mer

Le Pyla-sur-mer vue depuis la Dune

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La Dune s’étend sur 3 km et culmine à 110 m. Ce site classé depuis 1943 est un site très visité et donc à protéger de toute urgence;il est géré depuis 2007 par un Syndicat mixte de la Grande Dune du Pilat formé par le Conseil Régional, le Conseil Général et la commune de la Teste-de-Buch.

 http://www.ladunedupilat.com/monument-exception/

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« Nulle part en France, les grands éléments naturels-juxtaposés sommairement, étalés sans limites-ne se présentent comme ici en grandes masses simples et homogènes, d’une pureté qu’on dirait native, comme au long d’une mangrove d’Afrique ou d’une grève de Papouasie : pas un golfe, pas un rocher, pas une embouchure, pas une île, pas un phare, pas un champ, une saline ou une pêcherie, mais simplement la forêt, la plage, la mer. Un soir de septembre, alors que le soleil allait se coucher dans un ciel très pur, à peine arrivés au Pyla avec B., nous escaladâmes la grande dune, à cette heure-là et dans la saison avancée déjà absolument déserte. Il soufflait de la mer avec le soir un vent merveilleusement froid et revigorant. De la crête, arrondie comme un ballon vosgien, de la montagne de sable si pure et si blanche, on ne dominait à perte de vue, à droite, que l’océan bleu, à gauche, que l’océan vert. La dune, sous la grande brise de mer levée avec le soir, fumait comme un erg saharien et semblait arracher d’elle une à une, ainsi que des voiles translucides, les très fines pellicules de sable que le vent faisait glisser sans trêve sur elle, comme dans un vertige de nudité. Devant moi, je vis B. se déchausser et se mettre à courir, à courir à perdre haleine au long de la crête, les cheveux défaits, une aigrette de sable ailant dans le vent enragé chacune de ses chevilles, saisie par je ne sais quelle ivresse de l’étendue et de la virginité. »

JULIEN GRACQ
Lettrines 2

Texte recueilli par Jean-Claude Garnung
« Je vous écris du Bassin d’Arcachon 2, éditions Pimientos.

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Le banc d’Arguin

Le ,banc d'Arguin

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Assise là

au sommet de la Dune, dune venant après la Dune, venant après

les creux et les faux plats, pas à pas d’un premier matin du monde,

Toutes voiles de coton dressées, comme un bateau de terre,  un bateau fragile

Je jette mes maux au vent, je lance mes pensées à l’océan.

Seule, dans ce matin au soleil hésitant, livrée à l’envolée de grains cinglants

Je deviens calice, je deviens matrice de silence et d’infini.

En contrebas, les voiles blanches effleurent le tableau du rêve, tandis qu’au loin,

très loin, les bateaux que j’aperçois, glissent dans un écrin de  distance

échangent leurs traînées d’écume rectilignes, sur des chemins d’eau tracés au cordeau.

Parfois les humains vont par deux, sans oser l’abrupte pente menant à la plage, parfois,

ils s’assoient savourant l’émotion du grand bleu d’outremer à turquoise

venant mourir de tendre écume aux abords des langues de terre du Banc d’Arguin.

Parfois, ils s’élancent dans la fougue de la jeunesse et finiront sur la grève

Que j’imagine, dont l’odeur me ravit, mais que je ne vois pas. Ce sont aussi

Les pas d’un enfant : il reprend son souffle, dans ce sable qui avale ses petits pieds.

Et toujours le vent sur les crêtes : il cingle, étreint, donne le vertige, sème le doute

Et décourage ceux qui ne se donnent pas à La dune du Pilat, cette grande fille à la merci

de ciels, qui au fil des tempêtes, la livrent en pâture aux caprices des éléments.

A chacun sa Dune : faite d’impatience, à peine cueillie en une fois, du  seul  regard

quand, pour le contemplatif, au contraire,  elle se drape de pans changeants ;

elle rôde alors, nous entoure, nous parcourt en entier : c’est l’oubli providence

qui nous fait entrer en communion, arrêtant la montre aux portes du désert retrouvé.

Dune vertige, Dune en escaliers, Dune en arbre mort qui ne cède pas d’un pouce

Dune  sans cesse recommencée, Dune des millénaires, Dune phare,

Dune liberté des ailes retrouvées, Dune victoire Octobre rose.

Comme un défi, un jalon dans la reconquête du présent et du mouvement

Une offrande claire aux jours qui s’en viennent. Une longue aspiration blonde,

 La Vie majuscule.

Maïté Ladrat/ 16 septembre 2014

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