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Sur un tableau de Cerise-Marithé(65×46), un prolongement en mots.

Mes remerciements vont à celle qui sait donner des couleurs à mes rêves.

http://cerisemarithe.wordpress.com/

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La Vague

 Intrépide elle frémit

 Comme en liesse

Vient à la rencontre

Du ciel limpide,

Comme timide.

 Elle creuse

Façonne les parois

Du vertige,

Attise  son élan, joue ses gammes

Tout en nuances.

Elle danse

Toujours plus haut, la gueuse.

Dans sa main de rosée, coquille boudeuse

Elle jette ses lèvres et des baisers plume,

D’écume.

Sitôt née, elle dit adieu

De son corps de féline moisson

Souple, joyeuse et nacrée.

Tendue vers le ciel jaillit la tentation

En échos diaprés.

Le sel goutte à goutte réveille la clarté

D’aurore

Venue pour  la chevaucher en

Ailes au cœur de pierre

La belle précieuse.

La Vague

Elle surgit à sa guise

Jamais aucun humain ne l’a prise

Jamais, dans ses mains il ne l’a tenue.

Elle s’élève jusqu’au paroxysme

Et puis se fond en glissant dans l’oubli.

La suivante sera plus sauvage, plus rugissante

Ou plus docile, plus captive

Plus ensorceleuse aussi.

Les forces abyssales  ou célestes

Garderont la mémoire  lilas de la lumière

Et le parfum du  sable mêlé aux frissons

Des profondeurs  vertébrées d’émeraudes.

Elle va, elle vient

Vague après vague

Elle divague

De ciel en mer

La Vague

L’unique

Celle de l’instant.

Maïté L

                      Le Rêve

« Bulles de temps. bulles légères. A peine un souffle et l’eau se gonfle de secret, se détache, s’envole. A peine un souffle, et la mélancolie part en voyage. Un peu plus haut, les frontières s’effacent, un peu plus loin. Les peines s’apprivoisent dans l’espace. La terre devient bulle et la bulle une terre. »

PHILIPPE ET MARTINE DELERM

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MON  RÊVE

De mon  voyage sans valise

Au  bout  d’une terre promise,

 Mes pas semblent effleurer  le sable

Aux contours impalpables.

Vibrations d’été…

 Parfois,  dans la clarté tissée

 De fils d’or et d’or blanc,

 S’élèvent les frémissements

De mon ombre sur la voie de l’éclat.

 S’enroulant de-ci de-là

Autour de la ligne d’horizon,

Ou surlignant mes désirs d’évasion,

Au loin les eaux pétillent

 De leur saveur menthe ou bien vanille.

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« Il rêve, il a l’esprit perdu dans le monde incompréhensible.On le voit souvent seul au sein des foules actives, courbé sous des retours, son mystère et ses larmes. Soit qu’il songe au passé d’une vie qui s’effeuille et tombe, mystérieuse, inconnue, sur son corps qu’elle opprime, soit qu’un tourment l’accable,soit qu’un mal d’infini l’élève encore au faîte des aspirations humaines, à l’extrême désir des heures suprêmes et inespérées, il rêve, il rêve toujours. Il a les yeux fixés sur les plus beaux nuages et regarde, sans cesse, du plus haut de ses songes, l’éclat immaculé d’une merveilleuse féerie. »

ODILON REDON/ NOUVELLES ET CONTES FANTASTIQUES

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Peu importe aux amoureux de ces paysages que l’eau se retire si loin;il y a toujours un filet d’espoir venant vers la plage, un chenal qui capte le regard, s’accroche à la promesse qu’ELLE reviendra.Je me souviens de l’étonnement d’un ami venu de très loin qui n’en revenait pas de voir ces étendues de sable,de vase et de prairies aquatiques mises à nu, semblant propulser l’esprit à travers ces contrées immobiles. Il y a toujours ceux qui cherchent refuge dans les ombres et sous les pins agités par la brise. Et puis il y a ceux qui ne résistent pas et qui chargés de seaux et d’épuisettes s’en vont à sa rencontre , là-bas où glissent les bateaux.Souvent leur chemin passe par la vase et on les reconnaît à leurs pieds noirs et leur maillot maculé de boue.

Les QUINCONCES, c’est un peu de tout ça, au bout du sentier blanc et des prunelles.

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 LES QUINCONCES

Foi de mouette planante,
ou d’hirondelle, frôlant
la basse langue de terre.
Accrochez des virgules de ciel bleu
parsemant le sable blanc.
Les voiles au loin et les cygnes
glissent sur la marée.
Minuscule plage sauvage,
à écouter les clapotis
des vaguelettes, crevant
sur les touffes d’herbes salées.
La tête renversée sur l’été,
Abandonnée dans le ciel bleu,
Découpant la cime du pin
Chargé de pommes vertes,
De pommes sèches.
Vent frais du soir,
sur simple peau d’orange.

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 » Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »

LAMARTINE

 

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« Battements d’ailes de feu

Au-dessus des battements de vagues-

Soleil…Soleil. »

GUILLEVIC

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Voile noire, voile blanche

Voile pas si noire, effet lumière

Voile noire est passée

D’un port au suivant

Zébrant les flots

Et la marée montante scintille

Scintille sous la brise.

 Immobile Voile blanche

Semblant dompter les clapotis

Immobile bateau faisant

Des ronds sur l’eau.

Sur la scène de l’été

Pianotent les reflets

Les roseaux s’égrènent

La mer fait le gros dos

Et les poissons viennent toucher

Le bout de la terre endiablée

Par l’ombre des pins

Et les sentiers.

Voile noire, voile blanche

Ont glissé et sont rentrées

Le soir s’en est allé le long de la digue

Chercher un dernier instant à flâner

Le long des cabanes où affluait

Le fruit de la journée à écailler.

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Ce jour-là sur la plage des Quinconces, la marée s’appliquait à peigner les roseaux, toujours dans le même sens: ça montait sans à-coups, ça clapotait sans effrayer ni les roseaux, ni les passants; ça poussait vers la plage et vers les pins; ça semblait si naturel.

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Restait l’épine dorsale des roseaux et les vaguelettes qui leur grattaient le dos.Comme ça, tout simplement. Avec l’air de ne pas y toucher. Avec l’assurance tranquille d’un temps réglé sur quelques heures. Qui jamais ne s’épuise à recommencer son travail de marée, de lune, de sable et de soleil. Sous les yeux fascinés des rêveurs.

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Il faut malgré tout écrire le mot FIN,pour ce soir; même avec des roseaux qui tremblent dans les flots et ne savent que faire de leurs plumes.

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Toujours au même endroit, les mots, les flots et les voiles, sur le Bassin, à Andernos

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Sur fond d’été retrouvé

Impassibles les cygnes se laissent porter

Les roseaux sont coiffés

De plumes parsemées

Qui attendent d’être libérées

Par les eaux rampantes de la marée.

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« Beaucoup de mes amis sont venus des nuages
Avec soleil et pluie comme simples bagages
Ils ont fait la saison des amitiés sincères
La plus belle saison des quatre de la terre

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Ils ont cette douceur des plus beaux paysages
Et la fidélité des oiseaux de passage
Dans leur cœur est gravée une infinie tendresse
Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse … »

Françoise Hardy

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Chez nous

Ils savaient qu’ils pouvaient entrer

Pour déposer leurs bagages

Et de leurs soucis se délester.

Cependant

Certains ont bien vite oublié

Les longs mois à se refaire une santé

Ils ont pratiqué la politique de la terre brûlée.

Qu’importe !

Je n’ai jamais vraiment voyagé

Cherchant au cœur des reflets

A percer l’intime et l’humanité

Dans les yeux des êtres rencontrés.

Mes amis des lointaines contrées

Je ne vous verrai peut-être jamais

Et pourtant vous m’ êtes familiers

Depuis de nombreuses années.

D’autres  avec nous aiment toujours à partager

Le gîte, le couvert et les paysages

Ils sont toujours là en filigrane, en pointillé

Nous avons fait un sacré bout de chemin ensemble

On ne l’oubliera jamais.

Pas de rancœur, la sagesse l’interdirait

Mais des pages tournées…

Ainsi vont des saisons les trajets

La terre n’arrête pas de tourner.

Aujourd’hui, la maison est vidée

Tous les oiseaux s’en sont allés.

On n’entend plus bruire dans l’été

Les rires de la jeunesse encanaillée.

D’autres viendront cueillir l’harmonie de pensée

Sur les chemins d’Aliénor, d’Aquitaine et des marées.

Et si le destin avance solitaire désormais

Ce n’est que juste pendant des heures affairées.

Sur le tableau blanc restent les lettres assemblées

De l’amitié, la vraie qui ne cherche pas à dominer.

Il y aura toujours de solides amitiés

Que seule la mort viendra briser.

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Comme la marée sans cesse coud et découd ses colliers d’algues, modifie les paysages, les chemins serpentent; faits de fausses routes et d’avancées sablonneuses, de traces et d’indices au royaume des oiseaux de passage. Entre Andernos et Arès, quelques pas tranquilles  à recueillir des images, des mots, des souvenirs;et si le vent ramène vers nous le bruit des plans d’eau surpeuplés, c’est pour mieux nous faire apprécier le calme de ces lieux

Maïté L

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Les fêtes intimes d’une amitié éprise du même langage, la marche côte à côte sur le sentier des étangs où chacun suspend son pas aux rumeurs amoureuses des oiseaux

Louis-René Des Forêts/ Ostinato

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Entre le ciel et nous  

Les lampions du soleil

Rouge treillis infranchissable

où les plans d’eau refuge

peaufinent la vie

les cris des mouettes

le calme

solitaire

aussi.

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L’aigrette garzette

Et les cigognes venues en voisines

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Un instant parmi tant d’autres sur le sentier du littoral

au Domaine de Certes

pas à pas et photos mots à mots: Maïté L

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Domaine de Certes, au bord du Bassin

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« Tout ce qui ne peut se dire qu’au moyen du silence, et la musique, cette musique des violons et des voix venues de si haut qu’on oublie qu’elles ne sont pas éternelles »

Louis-René Des Forêts/ OSTINATO

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Géo-graphiquement l’absence

Les lignes parallèles infranchissables

Le ciel comme boussole vive

Et ses messagers les nuages

L’imaginaire ombre et soleil

Orfèvre dorant le pourtour

D’un trait fin peut-être,  enfin le sourire

Entre ciel, terre et eau

Le regard aimanté pour

Ne pas perdre le sud et l’ouest

Où se couchent les incertitudes

Parfois plus terre que ciel pluie de fer-blanc.

Mettre les pas dans les dialogues d’ oiseaux

Et l’oubli de la condition de mère

Jetant au vent des lambeaux de roseaux

Un jour sur le plateau de Gergovie

Là-haut le père et l’enfant

Mêmes cirés bleu marine sur les monts

Aux herbes folles, absence de bateaux,

Inaudibles pas, vision fugitive, frêles tentatives de l’être

Toute parole inutile, sifflements vengeurs de l’Histoire.

Mirage aux heures des sentiers tracés

Au bord des pieux iodés ; l’eau, avec la marée

Clapote et emporte au loin les pans immobiles

Du passé retiré dans les limbes de l’enfance.

D’autres Géo-graphies viendront

Sur les pas incertains courant à l’aventure

D’autres destins croisés, des petites mains potelées

Cueillant le sud au détour d’un sentier

Où fleurit la Celtitude

Où les mûres rappellent  l’été

Les senteurs légères d’une vie à inventer.

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Photos Maïté L et les mots jetés au vent aussi.


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« Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;

Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige. »

Baudelaire/ Harmonie du soir

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Baroque

 

Mais ce soir, je suis raisonnable      

à l’orée de ton sable

refuge
Je viens surprendre ta nuit et je souris…

nostalgie.
Quel est ce paysage

mirage

Que frôlent les oiseaux de passage?

Quelle ligne de partage

fébrile
Unit le ciel à l’eau sans ambages?

On dirait un incendie

Une rixe contre l’oubli

interdit
entre le soleil qui couronne en secret
Les flots apaisés par le crépuscule enflammé
Et l’homme qui meurt peu à peu et devra s’en aller,

destin.
Chercher l’ailleurs, recréer l’unité
de la nuit, de ses non lieux retrouvés.
Exister, il faudra exister
par le je, par l’homme, par le défloré

condamné.
Exit la marée
Le grain subtil du respiré, de l’exhalé

soupir.
Exit ce doux bruit
Sons lancinants, l’air en catimini

saisi.
La main tendue vers la lune
Exit le jeu, ressac tourmenté à la une
Il faut raccrocher les étoiles au sommet de la dune

transie ;

De la grève abattre les cartes sur le tapis,

Qu’importe la rumeur des lames belles de nuit

primitives

rouge et noir laminoir use le jusant impassible

Les points et les tentacules de l’étale sont la cible

De  la cavalcade au doux baiser en creux,

Amour lucide.

L’introverti, le géant d’organdi nerveux

A figé les vagues, vagues et vagues canailles

Qui bruissent et chuchotent des mains de paille

La liturgie.

Des doigts de glace sur le miroir des encorbellements

Où  la dune s’endeuille à la nuit de crêpe et d’errements

hiératiques ;

La dune, les vagues, les vagues encore viennent mourir ou pas

La dune les enfouit et silence la nuit où basculent ses éclats.

L’épée du soir a signé sang et or l’oriflamme du néant.

***

Ainsi se referme le livre de la mer, aux mots tendres ou volcans

Sans fin la lave l’écume les vagues aux confins du jour.

***

***

fin

***

Photos et textes Maïté L

« Rapproche la marée de mes mains ;

Le sel gris au vert s’électrise,

Les étoiles traîne-sanglot,

Ces glisseuses ont voulu leur chance :

Haute mer déroulant mon linge,

Bas soleil habillant ma mort.

 

 

Dans les airs au rouge abandon,

Le meurtre serait-il à l’aise,

O soleil qui blanchis mon linge !

 

RENÉ CHAR -BELLE ALLIANCE

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Banalité

Et puis il y eut des éclipses, des regrets
des torrents, par nécessité,
des prairies d’altitude et des lupins

 Des matins à frôler les nuages

Des isards bondissants,

Des cascades edelweiss,

Des marmottes printanières

Et des chardons bleus

Des concerts de clarines

Des fraises sauvages

Et bien des orages.
Mais vers toi je revenais
manquaient quelques touches d’embruns

où déposer  les chagrins importuns.
Oui parfois je te revenais…

En pleine lumière ou dans la grisaille

Sous les tamaris ou dans un hamac

Comme on retrouve de vieux amis.
J’aurais aimé bien davantage…

Tu demeurais bleu-gris ou couleur vertige

Tu t’endormais au creux de mes nuits

Mes mots te palpaient papier mâché

En bouts de phrases inachevées.

Et puis un jour je m’approchais

Clandestine, car le charme se rompait ;

Il fallait recomposer les notes bleues, les notes de feu

Et franchie la dune renvoyer au loin ses brumes.

Au pays de l’absence et des pas syncopés

Faire coton, faire rivière, creuser le lit

De la complicité et de l’intimité recroquevillées ;

A grands coups d’elle faire lumière

Affronter des déserts les écharpes

Apprivoiser le temps qui perdait pied

Et donner à la main le sens de la caresse :

Sans façon. Sans laisser de trace.

Clandestine.

Jusqu’au bout du chant.

***

Clandestine
en jachère l’hiver
et le cœur tout broyé
entre deux pierres
hérissées d’épines.

Clandestine
des mots évanouis
entre deux soupirs
L’humeur chagrine
épelée à l’écho d’hier.

Clandestine
des rives incertaines
des ponts et des sirènes
où les mouettes
balaient l’âme vagabonde

Clandestine
tu te voiles la face
pour éponger l’été
aux diamants de pluie
sillonnant le grain de ta peau.

Clandestine de vies
Entre parenthèses
d’amour marin inassouvi
la terre de bruyère
écope le sang des soucis

Clandestine du sourire
des étoiles plissant les yeux
l’amer n’est pas montagne
lorsque la marée au ras de la coupe
attend l’aube lisse en rubans soyeux.

***

 photos et textes:Maïté L

 » Chaque cri que nous poussons se perd, s’envole dans des espaces sans limites. Mais ce cri, porté jour après jour par les vents, abordera enfin à l’un des bouts aplatis de la terre et retentira longuement contre les parois glacées, jusqu’à ce qu’un homme, quelque part, perdu dans sa coquille de neige, l’entende et, content, veuille sourire. »

Albert Camus

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BAVARDAGE

Et puis tu sais, jamais je ne t’oubliai, la mer!

Te souviens-tu de ma première voiture?

Une R4 aux sièges en simili cuir et aux pare-chocs chromés.

Elle était chouette même si parfois elle se prenait pour toi,

En faisant des vagues sur le plancher, d’arrière en avant, lorsqu’il pleuvait.

Il me semble bien qu’il fallait freiner à mort

et qu’elle continuait tout droit sans s’émouvoir.

Je ne t’oubliai pas et dès le premier beau jour , je vins te saluer!
Vive la liberté de nos vingt ans!
Mais je m’égare, je m’égare
Car tu te faisais coquine
Cherchant à emmêler ma longue chevelure blonde
A dorer ma peau à la loupe de tes gouttes d’eau!

Il  y avait des matins de nacre et de coquillages

De longues luttes contre le vent entravant la marche

Des sacs de plage rebondis d’où s’échappaient les feuilles noircies

Des bains courageux aux premiers jours de mai trompeurs

Et dans le corps de fine liane toujours la même petite fille

Se multipliant à l’infini dans son attitude humble et souriante

Accueillant les bras ouverts le message tam- tam à cheval sur le présent

Qui lentement s’insinuait dans le creux de sa conscience.

***

La petite fille au bord de la mer

 

De  chaque nuit il faut saisir

Les clés de l’alphabet des lumières

Les consonnes du ciel, les voyelles des vents

Et les lueurs qu’apportent les petites bougies

De la terre.

Au chevet de toutes les lampes

Viennent s’asseoir nos rêves ;

Mangeurs de sombres lames d’ombre,

Ils dansent alors à l’ambre de nos flammes

Car nos ciels ne sont jamais d’éteignoirs ;

Ils se parsèment d’infimes poussières d’étoiles

Allumées en douceur au plafond de nos peurs.

En s’avançant peu à peu vers l’espoir

La petite fille, contre l’arbre posera son livre

De mers, de dunes et de sable

L’échelle de la saison des vents

Qui balaie sans remords les nuages vagabonds

Et leur pesanteur,

Les fonds marins faits de rumeurs incessantes

Et de torpeur ;

Elle gravira quatre à quatre les marches de son alphabet

Dans sa main, chaque jour une allumette.

Pour réchauffer  son cœur.

Dans son cœur, quelques rayons de soleil

Une poignée de mer, une poignée de monde

Et des reflets :

Tant de lueurs à imaginer

Pour peu qu’elle ferme les yeux.

En elle, trouvera-t-elle les chemins du  bonheur ?

 photos Le Grand Crohot et textes:Maïté  L

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Au terme de cette conversation murmurée, mes remerciements à Frantz pour sa suggestion de lecture d’Albert Camus :La mer au plus près

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Marine

Les chars d’argent et de cuivre

Les proues d’acier et d’argent

Battent l’écume.

Soulèvent les souches des ronces.

Les courants de la lande,

Et les ornières immenses du reflux,

Filent circulairement vers l’est,

Vers les piliers de la forêt,

Vers les fûts de la jetée,

Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.

ARTHUR RIMBAUD

 

BRIBES

Arrivée à la plage.

Juste de passage avec ma grand-mère en robe noire , noire et blanche, comme il se doit. Beaucoup de noir et si peu de blanc: juste quelques fleurs blanches discrètes ou des pois minuscules. Chignon de rigueur.Foulard à portée de main.


Pique-nique sur le sable,une glace en guise de dessert à la baraque proche de la dune où un perroquet se tient  sur son perchoir. Ensuite, j’aurai toujours envie d’un perroquet que je n’aurai jamais: fascination de la parole?

  Et juste le droit de m’approcher de toi, la mer, pour que tu ne m’emportes pas dans tes profondeurs.Premières lunettes qui, une fois enlevées me plongent dans un monde hostile, sans repères; un monde flou sans limites et qui gronde.Ce n’est pas grave: l’eau de mer n’a le droit d’approcher que jusqu’au cou…Et les lunettes rendent ce monde magique. Un peu la même sensation éprouvée,  décrite par Jean-Pierre SIMEON dans la préface  de son livre LA NUIT RESPIRE:

« La poésie c’est comme les lunettes. C’est pour mieux voir.Parce que nos yeux ne savent plus, ils sont fatigués, usés.Croyez-moi, tous ces gens autour de vous, ils ont les yeux ouverts et pourtant petit à petit, sans s’en rendre compte, ils deviennent aveugles. »

Et il ajoute:

«  Il n’y a qu’une solution pour les sauver: la poésie. C’est le remède-miracle: un poème et les yeux sont neufs. Comme ceux des enfants.« 


J’aimais ces moments avec ma grand-mère.Les escapades maritimes étaient rares mais il y avait tant et tant de jours côte à côte, tant de complicité…Je lui ressemblais disait-on: est-il possible de finir par ressembler à ceux que l’on aime très fort?

Mais alors? se pourrait-il que je ressemble aussi un peu à la mer?


Texte et photos du Grand Crohot: Maïté L