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Je suis retournée récemment voir le pèlerin et les ruines de Cayac et j’ai  constaté que la restauration est en cours.Ce jour-là, le pèlerin avait toujours la faveur des photographes…

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Voici les sources qui me permettent de retracer l’Histoire de Cayac:

1-Le site de la Ville de Gradignan

http://www.ville-gradignan.fr/menu-principal/tourisme-histoire/les-sites-a-decouvrir/le-prieure-et-leglise-de-cayac/

2-la plaquette « La Mémoire des Pierres » téléchargeable sur ce site.

3-Le livre : » Les chemins de Saint-Jacques en Gironde » de Francis Zapata aux Éditions Sud-Ouest.

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Cayac, à la sortie de la Ville de Gradignan, à 10 km de Bordeaux est la dernière étape avant la terrible traversée des Landes :

Cet hôpital est cité dans un acte de 1229 .Un inventaire des lieux cité par Henri de Montaigne, commissaire du Parlement de Bordeaux, en 1673 décrit avec minutie cet établissement. Il s’agit probablement de l’oncle de Michel de Montaigne, qui siégea lui aussi au Parlement de Bordeaux ainsi que de nombreuses personnes de la famille de sa femme).

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Le petit « château » n’existait pas au Moyen-Age. A sa place se trouvait un autre bâtiment dont nous ignorons tout, qui servait de domicile aux religieux. Par la suite, il est démoli et reconstruit au XVe siècle avec les pierres de la bâtisse primitive. Il est restauré au XVIIe siècle et occupé par les pères Chartreux (d’où le nom de la rue de Chartrèze). Les fenêtres à meneaux datent de cette époque. Vers 1850, il est transformé dans l’esprit médiéval, alors à la mode (décoration de la grande salle et, à l’extérieur, tour carrée et créneaux). Les bâtiments annexes, tant ceux accolés à l’église que ceux situés du côté du château sont plus difficiles à dater. Il devait s’agir dès l’origine de dépendances agricoles, plusieurs fois transformées.

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L’église et les trois portails sur le chemin, parties les plus anciennes, ont environ huit cents ans (fin XIIe ou début XIIIe siècle).

Après la Révolution française, l’église abrite une verrerie (1837-1860) et subit des mutilations (obturation d’ouvertures, fermeture de la nef sud, installation de fours).

En1940 : installation d’un atelier de mécanique.

Son évolution au cours de l’Histoire :

A la fin du XIIème siècle et au début du XIIIème, le lieu avait une vocation d’accueil des pèlerins. Il était tenu par des religieux : les Frères Hospitaliers.

Du XIV ème au XVIIème siècle : transformation en prieuré, c’est-à-dire couvent dont la vocation première n’est plus l’accueil des pèlerins.(1304). Le prieuré prend des allures de propriété agricole.

Du XVIIème siècle à la Révolution, l’ensemble appartient aux pères Chartreux.(1618) Les pèlerins se font moins nombreux.

En 1649, lors de la Fronde, le prieuré a subi des dégradations lors d’une révolte paysanne. Il fut assiégé par les troupes du Duc d’Épernon.

En 1688, on constate de nombreuses brèches dans les murailles.

En 1731, les lieux sont désertés car il n’y a plus aucun office religieux.

1979-1988 : sauvetage de Cayac par la commune de Gradignan qui rachète tout d’abord l’Eglise à la famille Calvet puis ensuite le Prieuré à la famille Barbet.
1981 : déviation de la RN 10.
1982-1983 : fouilles dans l’église.
1988 : début de la restauration du prieuré.

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 Certains ont pu même envisager de raser le tout pour élargir la fameuse Nationale 10 qui passait entre les ruines et le château !

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La prochaine fois je vous invite sur le Chemin de L’Eau Bourde.

En attendant…Partagez le repos du pèlerin si vous le voulez bien.

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*******Adichats!

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Nous devons ce pèlerin  à DANIELLE BIGATA.

Il se trouve sur le site des ruines Cayac alors que pendant des années la Nationale 10 a coupé l’ensemble des bâtiments en deux, occasionnant des dégradations des porches romans et gothiques importantes, jusqu’en 1981 où l’axe routier a été dévié.Il s’agissait d’un hospice sur la route de Saint-Jacques- de- Compostelle.

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Vous aurez un aperçu de l’œuvre de cette artiste ici:

http://www.bigata.com/

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 Le pèlerin

 

Vêtu de sa cape alourdie par les  notes  fantasques du vent,

Portant la richesse de toutes les  bribes de ses silences,

 Il a parcouru tous les horizons  au rythme de ses rêves les plus fous.

Les fougères ont enlacé ses chevilles malmenées

Et les ruisseaux, rafraîchi  ses veines et ses paumes écorchées.

Aveuglé par les tourbillons et les  grains de poussière

Il a parfois dû momentanément renoncer.

Nourri du chant des oiseaux et du halo pur des aurores,

Ses lèvres se sont scellées aux heures écrasantes du jour à son apogée.

Il a péniblement avancé, voûté  sur son solide bourdon.

Sa main lourde s’appuyait  sur le pommeau luisant

Sur  ce bois  cueilli, comme il se doit,  à la pleine lune

En morte sève, et mis à sommeiller jusqu’à l’heure

De s’élancer dans les paysages aux brumes fantomatiques.

Il a dormi à la belle étoile, celle du berger à la houppelande,

S’est tenu pieusement et comme une ombre en haut de la dune,

Ne laissant à chaque départ qu’une  empreinte chaude au  creux du sable.

Parfois la forêt et les sentiers ont retenti de ses pleurs :

Cent fois il faillit abandonner !

Son langage s’est forgé immobile et bossué en se frottant à ses peurs,

A ses ardeurs toujours renouvelées et à la grandeur de ses doutes.

Sa peau s’est patinée à l’égal de son bourdon :

Il est devenu chêne, nervuré, à l’écorce pétrie de fatigue.

Ses pas portaient tant de plaies, tant  de crevasses, malgré cela

Il réussit à magnifier la souffrance jusqu’à s’illuminer.

Tendu comme un arc vers l’ultime but des jacquets,

Il a tant cherché la réconciliation avec cet autre lui-même,

Qu’un jour béni, aux pieds de Saint Jacques il s’est jeté.

Le voilà de  retour, le temps d’une halte,  à l’ombre du prieuré.

Au bord de l’Eau Bourde, sous les arbres, avec sa fidèle coquille.

Le voyageur sans bagages songe à tout ce qui en  lui, a changé.

Maïté L

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 « L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires »

                                                             Paulo Coelho/ Le chemin de Compostelle.

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Il va d’un bon pas sur cette mythique Nationale 10 que tant d’européens ont empruntée avant l’avènement de l’A 10 .

Beaucoup d’entre nous ont connu les élans grégaires,  exaspérés ou résignés, des véhicules carrosserie contre carrosserie, au moment des grandes transhumances d’été, sur la route du sud, une fois passée la ville de Bordeaux, dans la traversée des Landes girondines, juste avant la traversée des Landes, les vraies.

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Notre bonhomme, au sud de Bordeaux trône sur un rond-point de RÉJOUIT, au milieu de la Nationale 10 ; il s’inscrit dans l’iconographie bien connue du pèlerin et de ses attributs; si ses articulations métalliques sont  huilées, s’il avance d’un si bon pas avec bâton, coquille au pied du mur de garluche, nous le devons aux plasticiens Hourquet, Betton et Stenger.

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Il fait face au sud, à cette Espagne qui attire tous les regards. Il chemine sur la « Via Turonensis », un des quatre chemins de Compostelle que l’UNESCO a inscrits  au patrimoine de l’Humanité depuis 1998.

Il ne rencontrera plus maintenant que des villages, certes chargés d’Histoire, mais débarrassés des véhicules en surnombre. Il entendra parler des compagnons de Charlemagne enterrés par ici ou bien de la jeunesse d’Aliénor d’Aquitaine par-là. Il prendra un peu de repos près d’une chapelle perdue au cœur de la forêt et ne sera plus ce « peregrinus », cet étranger , au sens premier,étranger aux lieux traversés, car il est citoyen européen. D’autres bien avant lui ont tracé la route spirituelle ; d’autres la parcourront encore tant le chemin de Saint-Jacques fait rêver dans le monde entier.

Et il s’interroge… La Nationale 10 ? N’était-ce pas auparavant la route  d’Espagne classée « Voie impériale 11″ de 1811 ?

Son tracé a varié au cours des âges, allant dans les premiers temps flirter avec les bords de Garonne pour éviter la périlleuse traversée des Landes contre laquelle le Guide du Pèlerin le mettait en garde en ces termes :

« Prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là-bas et qu’on appelle guêpes ou taons ; et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t’enfonceras rapidement jusqu’au genou dans le sable marin qui là-bas est envahissant. »

Mais la Nationale 10 et le chemin de Saint-Jacques sont en ces contrées girondines, les héritiers d’une des nombreuses voies romaines construites pour déplacer les légions romaines en Gaule, dès le 1er siècle avant J-C. Une voie à l’origine de la future route d’Espagne, reliant Lutetia(Paris), Cenabum(Orléans), Caesarodunum(Tours), Limonum(Poitiers), Mediolanum Santonum(Saintes), Burdigala(Bordeaux) et Aquae Augustae(Dax).

Elle fut aussi « Voie royale » au XVIème siècle et Louis XIV l’emprunta en mai 1660 pour aller à la rencontre de l’Infante d’Espagne , Marie-Thérèse d’Autriche, future reine de France.

En 1950 la Nationale 10 prendra définitivement le tracé que nous lui connaissons, après les grands incendies de 1949.

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J’ai rencontré ce pèlerin dans son long cheminement avec une certaine émotion, persuadée qu’il ne risque pas le dépassement de vitesse autorisée… Alors qu’un autre pèlerin en « habitus peregrinorum » avait retenu mon attention quelque temps auparavant à quelques kilomètres de là…

Mais ceci est une autre histoire…

A suivre…

Deux liens en attendant:

http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/heritage/resources/Publications/Pat_PC_20_fr.pdf

et

http://nationale10.e-monsite.com/