Continuons la visite, toujours en compagnie de CHRISTIAN BOBIN dans La Nuit du Cœur
« Je parle de tout cela depuis la forêt, à distance. Je tiens l’abbatiale entre le pouce et l’index. Et je serre. Si je ne serre pas, elle s’envole. »
Il en est de même pour moi : S’envole-t-elle ou s’efface-t-elle de ma mémoire ? Le temps qui passe fait son œuvre. Comme le souligne si bien Tania dans son « billet du jour », » notre psychisme est ainsi fait que nous oublions »
http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2025/04/01/derniere-lecture-3372116.html
Nous oublions d’autant plus que nous ne portons pas le même intérêt à tout.

Mais cependant, découvrir le tympan du Jugement dernier sur le portail de l’abbaye Saint-Foy de Conques est une aventure inoubliable. Œuvre grandiose, sculpture romane monumentale de la première moitié du XIIe siècle, elle donne à voir plus de 100 personnages autour du Christ en majesté.


Traditionnellement, l’enfer représenté d’un côté, le paradis de l’autre concouraient à répandre la bonne parole, à faire l’éducation des fidèles pour qui n’existait pas de culture livresque : un mode d’emploi pour gagner le paradis !


Et puis, il y a ces » petits curieux » qu’il faut chercher bien haut : un clin d’œil des sculpteurs, un brin d’humour, un miroir de ce que nous sommes devant le tympan : des voyeurs ! Des petits personnages facétieux dont seul dépassent le nez retroussé, les yeux malicieux bien ouverts et les cheveux coiffés en bandeaux.
« Sur le tympan de l’abbatiale des personnages dont on ne voit que les mains relèvent une couverture de pierre. Leur visage dépasse. On les appelle des « curieux ». Stupéfaits, ils regardent ce monde que nous avons voulu et qui prospère sur notre destruction. »
« La lumière de Conques est blonde. Diables et anges sur le tympan semblent sculptés dans le sable d’une plage. La grande marée de l’éternel reprendra tout. Il restera, après la fin de tout, un papillon blanc. »



Lorsque nous pénétrons plus avant, ce qui nous frappe, c’est l’élancement de l’édifice, l’étroitesse du vaisseau central que viennent distraire la beauté des grilles romanes en fer forgé, les chapiteaux à entrelacs, à feuilles d’acanthe et les représentations historiées faisant référence à la Chanson de Roland et aux récits épiques.

« Mon âme se réveille au bruit d’une goutte de lumière tombant sur une dalle du onzième siècle. »
« Les pierres de Conques respirent très lentement. Un siècle passe entre une expiration et l’inspiration suivante. »
Ce n’est tout de même pas un hasard si CHRISTIAN BOBIN a placé l’expiration avant l’inspiration et le double sens de ces deux mots : passé, présent se côtoient, se frôlent, affleurent, se dissolvent, réapparaissent, se modifient mutuellement.
Ce n’est tout de même pas un hasard si mes yeux furent aimantés par les vitraux dans un premier temps. Par le tympan baigné par la lumière de fin d’après-midi ensuite.
« L’abbatiale de Conques est un aimant puissant. Mes songes se plaquent sur ses parois, attirés par le vide qui bourdonne à l’intérieur. »



Et pour terminer, hautement symbolique de la Région

L’envie de plus en plus…
Revenir voir la beauté, simple…
Revenir voir les merveilles dont l’humain est capable…
Rassurant par ces temps de doute !
Merci Aliénor, très belles prises de vue!