


Le sort des jeunes plantations est différent selon les terrains. La première parcelle de lande replantée en 2015 est pour ainsi dire sans histoire. Les petits pins poussent et, au gré des saisons, nous admirons le vert tendre des aiguilles et la bruyère, essentiellement la bruyère cendrée (Erca cinerea). Elle voisine avec la callune qui est moins généreuse chez nous.


A la fin de l’été, à l’automne, les tapis roses odorants attirent l’œil: ça sent le miel, les abeilles bourdonnent: bientôt on pourra consommer le miel de bruyère.


Plus rare, la bruyère cendrée blanche, pousse à raison d’un pied, toujours au même endroit. Depuis que je parcours la lande, c’est-à-dire depuis l’enfance, j’ai dû rencontrer en tout et pour tout 3 ou 4 pieds de cette bruyère blanche et rare que je couve amoureusement du regard, ne m’autorisant qu’un prélèvement de quelques brins dans un gros bouquet rose à faire sécher. Pour moi, à chaque découverte, c’est un moment de pure émotion.
Cette année, le pied de bruyère blanche n’a pas refleuri.

Cependant, ces jours-ci, nous avons découvert que les chevreuils sont venus se délecter des jeunes troncs.

Un chevreuil, c’est mignon, quand ça vient brouter les pommes sous un pommier, à 20 m de nous, alors que nous pique-niquons; mais dans les jeunes plantations, c’est définitivement NON! Ils grignotent la tendre cime du jeune plan, ou bien le tronc du jeune arbre condamnant l’arbre à végéter ou à mourir.
Soyons positifs! J’ai aussi ressenti un grand bonheur quand j’ai vu apparaître les premières pommes de pins cet été sur ces jeunes arbres.

Ce automne, au matin , la lumière faisait resplendir les ajoncs, qui ont subi un enveloppement à la manière de Christo. C’était doux, soyeux, élastique. Nous avons pensé au travail des araignées, assurées de ne pas être dérangées.



Le chêne nous sert de référence, car il est en train de se faire dépasser en hauteur par les jeunes pins. Nous sommes aussi dépassés!

Petit clin d’œil trouvé dans « La maison du retour » de Jean-Paul Kauffmann
« Le tour de l’airial que j’effectue quotidiennement fait partie de ces joies simples. Elles ne sont pas exemptes de contrariétés. J‘évoquais tout à l’heure la terre des Landes-assurément il y a des malheurs plus grands. Personne ne peut rien contre la nature du sol. En revanche, il me faut affronter de terribles adversaires: les chevreuils et les bambous. »Bambi et bambou », comme le résume plaisamment Joëlle. Dès mon arrivée aux Tilleuls, je les avais clairement identifiés. Ces deux-là, qui a priori ne figurent pas parmi les nuisances de la nature, allaient me donner du fil à retordre. Aujourd’hui, je ne souhaite pas qu’ils disparaissent mais qu’ils se contiennent.
Les invités des Tilleuls ne comprennent pas une telle hostilité à l’égard de ces gracieux cervidés. Certains petits-déjeuners pris sous l’auvent donnent l’occasion de voir à quelques mètres les chevreuils bondir dans la lumière du matin. une telle scène comble tous les fantasmes de la vie à la campagne… J’ai beau expliquer à mes amis que les chevreuils ne sont que des prédateurs, je me heurte à un mur. Les premières années, les jeunes essences sont mortes les unes après les autres. J’ai vite compris la cause de cette hécatombe: les chevreuils. Ces charmants animaux adorent l’écorce des jeunes arbres. ils épluchent consciencieusement le tronc. Une fois l’écorce mangée, l’arbre meurt… »
Dans mon prochain article, nous suivrons l’évolution d’autres plantations: autre terre, autre configuration,autres problèmes…
en attendant, la forêt est fragile: prenez-en soin: pour vous et pour les générations futures.
