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C’est sur cette dernière vision des vignes que nous quitterons les abords du Domaine. Juste avant, le soleil aura fait les terres cultivables un peu plus grises, les vignes un peu plus dorées et l’herbe grasse un peu plus verte. C’est à regret que nous tournons la page tout en suivant du regard le soleil  venant taquiner l’horizon avant de disparaître derrière les forêts. Le Maine Giraud va plonger dans la nuit. La Tourelle gardera ses secrets. il me semble pourtant que je l’ai sentie vibrer en sortant de cet escalier si étroit donnant sur  le refuge D’Alfred de Vigny. Etait-ce elle qui vibrait ou moi qui respirais  un air de poésie à pleins poumons, mais cependant dans la discrétion ?

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Il restera cette date gravée dans la pierre: 1464. C’était bien avant Alfred de Vigny… Nous sommes venus bien après et malgré les aménagements, malgré l’œuvre du temps, l’empreinte est là, bien présente. Elle flottera encore dans l’air du soir quelque temps, jusqu’à la disparition du dernier rai de lumière et se prolongera dans ces pages, dans vos yeux et chez tous les amis d’Alfred de Vigny qui attisent les braises de son passage.

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« Poésie !ô trésor !perle de la pensée !

Les tumultes du cœur, comme ceux de la mer,

Ne sauraient empêcher ta robe nuancée

D’amasser les couleurs qui doivent te former. »

Alfred de Vigny

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« J’aime le son du cor, le soir, au fond des bois,

Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois,

Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille,

Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. »

Alfred de Vigny

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Ainsi s’achève ce périple…Un peu comme une bouteille lancée à la mer des passants d’un soir et des lecteurs.

Une similitude avec ceci:

« Un livre est une bouteille jetée en pleine mer sur laquelle il faut coller cette étiquette attrape qui peut. » Alfred de Vigny.

Alors…attrape qui peut?Le plaisir est au rendez-vous.

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http://www.mainegiraud.com/

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Alfred de Vigny, l’écrivain et l’homme:

« La sévérité froide et un peu sombre de mon caractère n’était pas native. Elle m’a été donnée par la vie. Une sensibilité extrême refoulée dès l’enfance par les maîtres, et à l’armée par les officiers supérieurs, demeure enfermée dans le coin le plus secret du cœur. Le monde ne vit plus, pour jamais, que les idées » (1832)

« Les animaux  lâches vont en troupes. Le lion marche seul dans le désert. Qu’ainsi marche toujours le poète. »(1844)

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Alfred de Vigny, un poète romantique  en marge de tous les autres poètes romantiques

-de par son « impersonnalité » : jamais il n’est allé jusqu’à la confidence personnelle. Sa pudeur  est la plus forte ;

-pas de sentiments  exprimés mais des idées sur le stoïcisme, sur la faiblesse de l’homme : désespoir, courage, fermeté et dignité sont requis.

– son pessimisme : l’amour est traître, la nature est indifférente ; Dieu n’existe pas ou bien il est sourd

-Le symbole est inséparable de sa veine créatrice.

Il écrira aussi : « j’aime la majesté des souffrances humaines ».

Je connaissais le poète grâce à mes souvenirs scolaires. Qui ne se souvient pas d’avoir appris Le Son du cor ou bien encore d’avoir disséqué La Mort du Loup ? A cette occasion, je me penche une fois encore dans les pages de mon Lagarde & Michard du XIXème siècle avec délice (j’en ai gardé tous les tomes) et je retrouve les pages annotées d’une écriture serrée, au crayon à papier. Souvenirs ! Souvenirs ! J’avais à l’époque un professeur de français/ latin  dont je buvais les commentaires. Et j’avais aussi sans doute de bons yeux à voir tous les commentaires que je pouvais faire rentrer dans les marges. De cette époque, j’ai aussi gardé l’habitude de lire certains livres avec un crayon à papier à portée de main.

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Il se peut qu’aujourd’hui, Alfred de Vigny soit un peu oublié, sauf des anthologies et des élèves charentais qui vont sur ses traces au Maine Giraud. Quid de sa place dans les études littéraires ?

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Alfred de Vigny, l’homme :

Ses déceptions de soldat, d’amant trahi, de poète se lisent entre les lignes ainsi que ses désillusions politiques.

Au Maine Giraud, il a accompagné sa femme dans sa maladie jusqu’à ses derniers instants et j’ai découvert  en ce lieu le souvenir d’un homme qui avait de la considération pour ses semblables.  Il  s’intéressait à l’aspect social et était progressiste : Il avait à cœur d’améliorer le confort quotidien de ses ouvriers agricoles en remplaçant par exemple la terre battue des habitations par du plancher.

« Alfred de Vigny ne voulait pas que l’on chasse sur ses terres par amour de la nature et de la vie. Il était profondément attaché au Maine Giraud et à son entourage humain, ses domestiques agricoles mais aussi tous les artisans du pays et ses proches voisins. La chronique locale rapporte qu’il leur lisait, à la veillée, des fragments de ses œuvres ou des passages de Shakespeare. Exemples de sa solidarité avec la communauté villageoise, il institua une bibliothèque publique à Blanzac, fut le parrain de la nouvelle cloche et fit jouer Esther par les élèves du pensionnat. » est-il écrit sur le site du Maine Giraud.

Je terminerai ce billet par une citation d’Alfred de Vigny, comme j’en ai pris l’habitude dans ces billets :

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« Le jour où il n’y aura plus parmi les hommes ni enthousiasme, ni amour, ni adoration, ni dévouement, creusons la terre jusqu’à son centre, mettons-y cinq cent milliards de barils de poudre, et qu’elle éclate en pièces comme une bombe au milieu du firmament. »(1834).

Comme vous y allez Monsieur de Vigny !

La prochaine fois, nous visiterons les chais du Domaine puis le soir venu, nous quitterons le domaine avec un regard sur les vignes au soleil couchant.

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Vous trouverez des informations complémentaires sur le site du Domaine.

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http://www.mainegiraud.com/mg.php?page=visite&photo=1

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Lorsque nous entrons dans le manoir, nous commençons par la visite de la salle à manger transformée en musée. Puis ensuite, nous empruntons l’escalier étroit pour nous rendre dans la tourelle où  Alfred de Vigny s’isolait pour méditer, écrire, rêver.Le mobilier est ici assez spartiate. Mais quel point de vue! D’ailleurs Alfred De Vigny prétendait que depuis son manoir, il pouvait apercevoir l’océan! Il suffisait peut-être de le rêver pour y croire!

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1- La salle à manger transformée en musée:

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2-La tourelle

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« J’aime l’humanité. J’ai pitié d’elle. La nature est pour moi une décoration dont la durée est insolente, et sur laquelle est jetée cette passagère et sublime marionnette appelée l’homme »Alfred de Vigny(1835)

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http://www.mainegiraud.com/mg.php?page=propriete

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Nous avions eu plusieurs jours consécutifs de pluie. Ce jour-là, le soleil illuminait les coteaux charentais et le ciel de fin d’après-midi jouait de ses différents tons de bleu.

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Dans la propriété nous sommes gentiment accueillis. La visite est très agréable. elle se déroule entre  parcours libre du musée et présence du guide qui répond à toutes nos questions.

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Nous sommes séduits par les lieux très calmes et nous sommes ravis de renouer peu à peu avec Alfred de Vigny dont nous n’avions guère fréquenté les écrits depuis notre parcours scolaire.

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Nous regardons avec impatience du côté de la tourelle qui fut  la « grotte » méditative d’Alfred De Vigny et nous imaginons le plaisir  d’être  tranquille dans le cocon formé par l’enclos du corps des bâtiments, même si certains ont été construits depuis, ou bien encore le plaisir de pouvoir s’évader dans les vignes environnantes. Nous sommes là dans une région de pineau et de cognac.

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«Tout homme qui a été professeur garde en lui quelque chose de l’écolier.»

Alfred de Vigny/ Mémoires inédits

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http://www.mainegiraud.com/mg.php?page=propriete

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Cet automne, une escapade nous a menés en CHARENTE;  sur le chemin du retour, nous avons fait halte au MAINE GIRAUD afin d’évoquer le souvenir du poète romantique ALFRED DE VIGNY qui « dans une sainte solitude » vécut et écrivit plusieurs textes célèbres  au cours de ses années passées en ce lieu où il se comportait comme un gentilhomme campagnard.

Le MAINE GIRAUD, domaine viticole, se situe à une vingtaine de kilomètres au sud d’ Angoulème.

ALFRED DE VIGNY est né en 1797 à Loches , en Touraine et il est mort en 1863 à Paris.

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Toc, toc, toc, nous nous présentons à la porte du Manoir D’Alfred de Vigny. Admirez la finesse de la main servant de heurtoir.

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Mais nous aurions pu tout aussi bien frapper à la porte des appartements de sa femme.

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« Quand j’ai dit: la solitude est sainte, je n’ai pas entendu par solitude une séparation et un oubli entier des hommes et de la société, mais une retraite où l’âme se puisse recueillir en elle-même, puisse jouir de ses propres facultés et rassembler ses forces pour produire quelque chose de grand »(1832)

Journal d’un poète/ Alfred de Vigny

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