« Dans ces sortes de compétitions, l’esprit tout entier est tendu vers un but : gagner. Or il y a beaucoup à faire sur un bateau si l’on veut gagner une course »…

Eric Tabarly

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A la lecture du livre :

 « Victoire en solitaire, Atlantique 1964,  récit» (Arthaud)

cette phrase du formidable compétiteur que fut Eric Tabarly a curieusement fait écho dans ma tête.

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« Il réunissait donc au plus haut point les qualités de marin océanique, du navigateur solitaire, solide et résistant, et du régatier. Il le fallait pour réaliser un tel exploit sportif ! » dit de lui dans son hommage en préface du livre le capitaine de vaisseau  De Kerviler.

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J’ai été heureuse de renouer  avec mes balades sur les quais, appareil photo en bandoulière, à l’occasion de la venue des Pen Duick dans le Port de la Lune. Leur déplacement  a été salué par la foule, 50 ans après la victoire d’Eric Tabarly sur Pen Duick II,arrivé à Newport alors qu’il émergeait des brumes insistantes, pilote automatique cassé, silence radio depuis le début…

Cela faisait des mois aussi que j’étais entre parenthèses pour « gagner » non pas une course contre la montre car je n’appartiens pas aux « voileux » ni effectuer une traversée en solitaire…

Mais… comme LUI l’a fait en son temps, mes frères et sœurs d’infortune et moi-même nous devons vaincre et  cette « gagne nous mobilise à plein temps. Nous savons bien que nous n’aurons pas de médaille, et que nous devons arracher la rémission grâce à la médecine, avec la tête, les jambes, le sourire, la force mentale et notre entourage, proche ou lointain. Que nous devons collectionner les petits bonheurs même si nous avons dû réduire la voilure. Parfois nous connaissons la gîte, les creux, le calme plat, la chute parfois et chaque jour se gagne… Mon parallèle ne doit pas apparaître comme présomptueux.

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Bref revenons à Pen Duick

A l’origine…

 Pen Duick, le premier du genre

fut construit en Irlande en 1898 et « datait déjà » lorsque les parents D’Eric Tabarly l’achetèrent en 1938.Eric Tabarly l’a racheté à son père en 1952, à l’âge de 21 ans.

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« Le bateau ; aucun ne m’est plus cher que mon vieux Pen Duick, un cotre franc de quinze mètres, dessiné par Five… Il y a aujourd’hui  tout juste deux tiers de siècle. Il n’y a pas de « marine » que je préfère à la photo qui le représente incliné sous le vent, le plat-bord à fleur d’eau, toutes voiles dehors ».

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« Quand je le regarde, avec son habit noir et son plastron de voiles, il évoque pour moi un vieux et digne gentleman. Entre lui, dont la silhouette désuète fête ses cent ans et moi le retraité de la Marine, s’est nouée une affection qui a marqué nos existences. Sans moi, il ne serait plus qu’une épave. Sans lui ma vie eût été différente. »

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« Il est là, superbe, sous son gréement aurique, humant le vent, évaluant la force de la mer, frissonnant dans l’attente de la première risée : objet d’art, précieux, exigeant, sensuel, vif, capricieux, tel est Pen Duick, mon bateau ». 

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Tabarly, un visionnaire qui conçoit des machines à gagner grâce à ses connaissances en architecture navale.

Naissance du Pen Duick II:

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un bateau plus léger que son prédécesseur, en contreplaqué marine, construit pour naviguer en solitaire nécessitant la mise en œuvre de deux concepts : Rapidité et maniabilité.

1964: Eric Tabarly Vainqueur de la Transat en solitaire sur Pen Duick II

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« Pourquoi Pen Duick II ? Pour moi la réponse est simple, je voulais associer à mon nouveau bateau le souvenir du premier. J’ajoute que ces deux mots bretons signifient    petite tête noire , et sont aussi le nom de la mésange (de la mésange « à tête noire », très répandue, paraît-il, en Bretagne) ».

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« Je crayonnai ces indications, comme à l’ordinaire, sur quelques feuilles de cahier d’écolier et commençai à les concrétiser sous forme de plans et de profils à l’échelle. Puis je les apportai à Gilles, et de nouveau nous nous installâmes devant sa table à dessin. Je venais tous les week-ends de Lorient. J’arrivais à Saint-Philibert le samedi après-midi et aussitôt nous nous mettions au travail. Nous discutions parfois chez Gilles jusqu’à une heure avancée de la nuit et, le dimanche, nous retournions  dans la salle de dessin du chantier… En octobre, notre projet était déjà très avancé.

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… Et, à la fin décembre, j’avais pratiquement renoncé…quant au dernier moment, un ami rencontré par hasard me proposa d’avancer l’argent qui manquait ». 

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« Je descends et m’installe dans la cuisine. A bord du Pen Duick II on ne trouve que l’essentiel. La table de carré, chère aux plaisanciers mais peu utilisable dans mon cas, n’existe pas ici. Je n’ai gardé qu’une table à cartes et je prends mes repas à la cuisine sur une combinaison de réchaud et de tablette à cardan qui suffit à mes besoins. Ne pouvant m’y tenir debout étant donné la faible hauteur sous barrots (1,50 m), j’ai fait installer une selle de moto (je précise une selle de moto Harley Davidson) large et confortable, montée sur un pied vertical à hauteur réglable et que l’on peut incliner pour compenser la gîte…. » 

Le célèbre ketch et son numéro 14

 

Victoire en solitaire sur Pen Duick II

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« J’ai donc été très occupé, mais – et quelles qu’aient été les difficultés qui s’ajoutaient pour moi aux occupations normales du bord- je puis dire que la course par elle-même n’a pas été une épreuve. Elle correspondait à la vie même que je désirais le plus mener. Et, physiquement aussi bien que moralement, je crois que j’aurais pu tenir encore des jours et des jours après celui de cette arrivée. »

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 « On m’a souvent demandé si j’avais éprouvé de l’angoisse en quittant la terre et en me retrouvant seul à bord, ayant perdu de vue aussi mes compagnons de départ. Je suis bien obligé encore une fois de constater que non. D’abord ce n’était pas la première fois que je naviguais hors de vue de la côte : c’est une situation à laquelle je suis accoutumé depuis l’enfance. J’aurais même de la peine à dire si mon plus vieux souvenir se rapporte à la terre ou à la mer ».

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Et puis vinrent Pen Duick III

1967 Eric Tabarly Vainqueur du championnat du R.O.R.C.(Angleterre) et de Sydney-Hobart (Australie) sur Pen Duick III

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Pen Duick IV disparu en mer avec Alain Colas

1968 Mise à l’eau de Pen Duick IV

1969 Record Eric Tabarly de Los Angeles-Honolulu sur Pen Duick IV.

Pen Duick V

 1969: Mise à l’eau de Pen Duick V

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et Pen Duick VI

1973Participe à la première course autour du monde sur Pen Duick VI

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Pour terminer cette note, un lien s’impose: celui menant à l’association Eric Tabarly dont les objectifs sont les suivants:

Cette association possède plusieurs missions complémentaires :

– Maintenir en condition de navigabilité les Pen Duick, et les faire naviguer.

– Poursuivre l’œuvre maritime et éducative d’Eric Tabarly en favorisant le développement de la culture maritime, en suscitant l’intérêt, la recherche et l’innovation dans les différents domaines de la Plaisance.

– Accompagner et aider la Cité de la Voile Eric Tabarly à mettre en œuvre les objectifs ci-dessus.

J’ ajouterai simplement que la présentation des Pen Duick par monsieur Gérard Petipas fut des plus agréables et émouvants.

Vous trouverez toutes les explications relatives à chaque bateau sur ce site relativement bien fait.

http://www.asso-eric-tabarly.org/

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NB:Toutes les citations ou presque ( à l’exception de deux d’entre elles)  sont extraites du livre cité au début « Victoire en solitaire » écrit par Eric TABARLY, aux éditions  Arthaud

Pour prendre connaissance de l’ensemble  des courses gagnées par Eric Tabarly, voir le site de l’association.