Arrivée à Bordeaux:
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Article du journal Sud-Ouest du jour:
Yann Eliès, qui a mis si longtemps à gagner sa première Solitaire, est entré dans l’histoire de cette course hier à Dieppe (Seine-Maritime) en remportant la 44e édition. Il est devenu ainsi le premier skipper de l’ère moderne à gagner deux fois de suite la Solitaire du Figaro, près de 40 ans après la double victoire de Guy Cornou (1975 et 76), quand l’épreuve, tout juste née, s’appelait encore la Course de l’Aurore.
Eliès, 39 ans, 2e de la dernière étape derrière Adrien Hardy, l’a emporté avec panache et dans la douleur, menant avec quelques autres spécialistes du gros temps un train d’enfer le long des côtes anglaises, balayées par une forte dépression d’ouest.
Une étape d’enfer
Les moyennes enregistrées par le groupe de tête entre le phare de Wolf Rock, au sud des Cornouailles anglaises, et la bouée Fairway, dans l’ouest de l’île de Wight (sud de l’Angleterre) sont hallucinantes: 14 nœuds pour les meilleurs. Et ce, pendant une douzaine d’heures, sous spi dans une mer formée, avec des pointes à 17-18 nœuds, voire plus.
Le tout sur des bateaux -des monotypes Figaro Bénéteau 2- qui ne mesurent que 10,10 m de long.
Dans ces conditions, les gros bras de la course au large -dont Eliès, Jérémie Beyou, Armel Le Cléac’h et Michel Desjoyeaux- ont fait fumer les étraves, n’hésitant pas à envoyer et garder les spinnakers dans la « brafougne » (vent fort).
Les guerriers et les frissons
Eliès, superstitieux, accueillait sa seconde victoire avec un grand bonheur. « C’est incroyable, je n’y croyais pas des masses en partant, a t-il déclaré en arrivant. Il a fallu s’arracher, avec (Xavier) Macaire (qui a pris la 3e place à Dieppe) et Hardy. Ce sont les deux Indiens, les deux guerriers qu’il fallait, ils ne lâchaient rien (…) C’est un combat, il faut le mener jusqu’au bout (…) Dans la douleur, car il a fallu y aller, mettre du charbon Xavie et Adrien n’ont rien lâché. Quand ils en mettaient une couche, j’en remettais une… », a-t-il plaisanté. ».
« J’ai pensé à mes enfants, j’avais envie qu’ils soient fiers de leur père », a aussi déclaré Yann Eliès . « Quand je pensais à eux, ça me donnait des frissons, je me disais qu’il ne fallait rien lâcher . C’est sûr que je reviendrai (sur la Solitaire du Figaro) pour les émotions que ça procure », a-t-il poursuivi. « Etre passé à deux doigts de faire demi-tour (dans la 3e étape, après avoir été victime d’une avarie technique, ndlr) et gagner ici, c’est un scenario incroyable! »
« Ça a été une belle bagarre, a-t-il ajouté. Ce doublé, c’est un rêve qui était peu probable… Peu l’ont fait et je l’ai fait! »
Jeudi à Roscoff, au départ de cette 4e et dernière étape, les choses ne se présentaient pourtant pas sous les meilleurs auspices pour Eliès. Après avoir assommé la concurrence lors de la première étape Bordeaux (Pauillac) – Porto, reléguant ses principaux adversaires à deux heures, il avait conservé son avance dans la 2evers Gijon.
La troisième étape Gijon – Roscoff fut celle de la désillusion. Victime d’une mauvaise option tactique au départ puis d’une avarie de gréement, Eliès terminait 21e, avec 32 min et 28 sec de retard sur le nouveau leader au général, Frédéric Duthil.
Duthil, leader lâché
Il a tenu parole. Incapable de suivre le rythme d’enfer des premiers bateaux, Duthil (peut-être victime lui aussi d’une avarie, comme Paul Meilhat et Damien Guillou) a rétrogradé dans les profondeurs du classement et Lagravière a lui aussi été lâché.
À Dieppe, le Briochin Eliès a remporté sans doute l’une de ses plus belles victoires. À la bretonne: dans la brise, de la mer et au terme d’un combat magnifique.
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Départ de Bordeaux le 1er juin
******* à suivre!