Tous les tuyaux du vent ont croqué

Le bois de l’hiver

Et le vert printemps.

Et pour chanter l’été, la flûte de Pin

A  composé sur les aiguilles sèches,

Une portée de notes grises et quelques notes creuses.

Callune,  bientôt viendra, jeter ses frêles clochettes

Dans  l’orgue à parfums roulant abeilles,

A la barbe et au nez des sous-bois. Alors,

Musique vermeille à la poursuite de l’automne

Entendra la mesure de nos pas vagabonds:

Le bois à terre occulté, crécelle des cimes et du ciel.

Champignons et pommes de pin sur les chemins

Les ombres en accordéon, nuages là-haut.

Fin des cigales. La crainte en silence. Le feu. Les chenilles.

Tous les tuyaux du vent ont rendez-vous dans les cimes.

Ecoute la portée grise de la flûte de Pin.

Maïté L


Les hirondelles, petites boules de poil pesant autour de 20 grammes et dont nous admirons les ballets incessants dans nos campagnes, lorsqu’elles ne sont pas trop polluées par les pesticides, nous captivent par leur habileté, leur fidélité et leur aptitude au voyage migratoire.

Mais pourquoi migrer? Pourquoi parcourir 10000 km à vol battu, ailes toujours en mouvement, pour rejoindre l’Afrique?Il faut chercher l’explication dans le régime alimentaire de l’hirondelle: elle ne mange que des insectes volants qui abondent en Afrique en hiver et disparaissent chez nous.

Mais l’hirondelle revient fidèlement chez nous car en Afrique, il semble que la concurrence pour trouver son nid soit rude: il y a là-bas beaucoup d’espèces indigènes d’hirondelles(37 dit-on).

Leur itinéraire a été découvert tardivement en France, grâce au baguage(1911).

C’est le naturaliste Buffon qui le premier qui, en France a considéré ces oiseaux scientifiquement.Dans l’Antiquité, on pensait que les hirondelles hibernaient dans la vase.

Les hirondelles sont très occupées à donner la becquée à leurs petits et nous avons pu l’observer fin avril, elles ne s’arrêtaient jamais. Ensuite elles n’auront de cesse d’accumuler quelques grammes de graisse. Leur journée sera consacrée à la chasse avec un vol plus ou moins bas selon le temps. Le soir parfois, surtout lorsque arrive la fin de l’été, on les voit sur les fils électriques. Elles préparent leur départ.

Il serait intéressant de savoir si elles vont toutes jusqu’en Afrique ou si certaines d’entre elles ne choisissent pas un voyage intermédiaire. Compte tenu d’hivers moins froids, les ornithologues de la Réserve de Bruges(33) nous ont expliqué que le voyage de  beaucoup d’oiseaux migrateurs s’arrête actuellement grosso modo à mi-chemin.

Je me souviendrai toujours de mon grand-père maternel qui guettait l’arrivée du printemps. Lorsqu’il entendait le coucou, il se roulait dans l’herbe jusqu’à un âge très avancé. Quand il percevait les pépiements des hirondelles et leurs ballets incessants, il sortait la grande échelle et allait les saluer sous l’avancée du toit de la grange, bien haut! à quatre-vingt-dix ans il le faisait encore au grand désespoir de ma mère qui craignait la chute. Mais il avait(très) bon pied bon œil et les hirondelles étaient ses amies!

Les deux premières photos ont été prises au Canon(30 avril). Les deux autres dans le vignoble de Picque-Caillou, près de Bordeaux.

En route vers le Cap Ferret! Car nous finirons bien par y arriver !

Nous ferons une première halte dans la forêt de Lège Cap- Ferret car nous avons rendez-vous avec La DEMOISELLE ! à la Cabane du Résinier !Dans le royaume Vert , véritable poumon parcouru par les pistes cyclables que nous avons parfois empruntées depuis Andernos, existe ce lieu où Elle m’a confié un secret.

« Un jour de tempête et d’orage, un Lutin est tombé sur la tête et bien mal lui en a pris : il est devenu un peu fou. Il a posé un piège et s’est emparé de la DEMOISELLE qu’il a enfermée dans la cabane. Quant elle a pu se délivrer, c’est grâce au chant des oiseaux qu’elle a retrouvé son chemin ».  Mais aujourd’hui, la DEMOISELLE ne se montrera pas et nous nous informerons de façon ludique sur les pratiques historiques des lieux et sur le gemmage des pins.Nous y entendrons parler de ramassage de la résine et je retrouverai mon enfance dans la forêt puisque je suis fille de générations de gemmeurs. Nous saurons tout sur le galipot ou résine solidifiée, sur le barras ou résine récoltée sur l’entaille ou care avec le hapchot, parfois à l’aide d’une unique échasse, comme le faisait mon grand-père!


Voulez-vous me suivre ensuite vers l’océan? 25 km de plages sablonneuses ininterrompues pour les amoureux des vagues, du calme hors saison, pour les couchers de soleil que je vous montrerai un jour et que certains connaissent déjà.

Des noms de rêve ; Le Grand Crohot dont le nom signifie trou, fosse en souvenir des trous d’eau entre les dunes littorales avant qu’elles n’aient été ensemencées de pins.

Le Truc Vert, le « sommet des sommets » ; Le Truc de la sorcière, le Truc de la Truque…


« Je l’entendais , cette mer qu’une dune me cachait encore et dont je cherchais le goût salé sur mes lèvres . et soudain elle était là, et je doutais encore que ce fût elle, cette étendue informe et confuse ! »disait d’elle François Mauriac.


Et si comme pour  moi , le moment où la mer apparaît est à la fois un rêve qui se réalise toujours comme si c’était la première fois, si ce moment magique , vous l’attendez comme un instant de pur bonheur, vous comprendrez les paroles de François Mauriac….
Il parle aussi de notre deuxième amour commun : les pins ! Et il en parle comme j’aurais aimé en parler !
« Mais qu’ils sont calmes aujourd’hui entre le sable et l’azur! Chacun porte sur son écorce une cigale pour l’endormir. A l’horizon, leur foule pressée sur la crête des dunes pâles sépare les eaux et le ciel…. »


Et nous resterons là à méditer… là où la terre, l’océan et le ciel ne font plus qu’un !

Entre plume et lune se glisse la main

Quand suis-je passée de l’autre côté du miroir? Maman, j’étais encore petite et tu me disais ;

-«  va lire, détourne la tête. Petite, n’écoute pas les accents de ta grand-mère. Va plutôt réviser tes tables ou jouer à la balle contre le chai. Il ne faut pas regarder la lune. Il ne faut pas s’asseoir sur les jolis rayons du soir finissant. Ils pourraient te donner de drôles d’idées. »

-« Oui mais ma mémé le savait, je le sais aussi : on éclaircit la gorge avec des feuilles de ronce. On adoucit son derrière avec le bouillon blanc. Et tu vois, là,à perte de vue, dans les landes d’ajoncs poussent, sur les mauvaises terres, le « teinte fil ». Bientôt, il se fera lie-de-vin.

Tu vois, ma mère, le sable n’efface pas les traces. Il ne ment pas, lui. Il garde la mémoire des générations en sabots ou en jupons Et tu feras ton savon comme dans ton lit tu te coucheras »…
Les grands sont bien compliqués, ma mère. Certains voudraient, d’autres ne veulent pas entendre.

Et que fais-tu de l’espoir d’une enfant pas tout à fait comme les autres ? »

A trop écouter le chant du ruisseau, à trop se lover au cœur de la terre, à trop chercher les chemins de lumière dans la nuit, on finit par épouser les idées de la grand-mère. Et le vent, le vent n’en fait qu’à sa tête, parfois il vole les années. Parfois il efface les traînées.

Parfois la lune se souvient que dans mon enfance,  je dessinais des mains. Des mains vers le ciel. Des mains de profil. Des mains à recueillir  dans le sable blanc le don de la terre.  Des mains de branches-arbres feuilles.

Aujourd’hui, on ne serre plus la main pour rien. La main c’est l’oeil du souvenir. Il reste encore des mains apaisantes,  des mains bienfaisantes.

Grand-mère a gagné!

Toutes les photos prises  sur les rivages du Bassin, fin juillet, ont leurs couleurs naturelles du crépuscule à la nuit tombée.

Vous pouvez aussi voir la série  » Crépuscule ici:

http://alienor.multiply.com/photos/album/304

Et la lune

Commença son voilage de lumière

Comme un O généreux

Une respiration

Que l’on sentait

Approcher des flots.


Ce soir-là Le monde battit sa coulpe

Et s’arrêta.

Silence.

Seule la présence des mâts.

Plus de mots glissés

A s’éterniser.

Les échos du jour

A s’étioler.


Soudain la part d’ombre

Se fit légère

Et dispersa le piquant du vent.

Hors-lieu.

Hors-temps.

Le monde en libation pacifiée buvait à la lune

Les roses des eaux, les nues rehaussées

D’un soupçon de poème en marge du tableau.

Maïté L

Il est des crépuscules comme des veines souterraines.

Il est des lignes de velours pérennes,

Des frémissements d’ heures de nuit très douces

Dont le rayonnement touche profondément l’être.

Alors, lentement, la passante se referme comme une fleur.

Pleine de son amour ardent du jour

Elle distille dans son coeur

goutte à goutte  les perles

Du nectar des profondeurs d’outremer

Unies à celles de la voûte étherée.

Alors par-delà les mers

A fleur de ciel

A fleur de sel

Voguent  les pensées dune, les souvenirs de la petite  sirène.


« Si on longe les côtes en bateau et que l’on se laisse doucement glisser de Claouey jusqu’au bout des terres on effleure l’univers somptueux du Cap Ferret où apparaît une lumière qui est celle même de Claude Lorrain une longue procession de ports et de mouillages secrets, de riches demeures, de terrasses émergeant à peine des pins. » CLAUDE VINCENT

Tout au long des côtes, des générations de parqueurs, de pêcheurs ont donné naissance à ces cabanes en bois construites sur le Domaine Maritime les mêmes cabanes que celle où a séjourné Jean Cocteau. Ainsi sont nés ces villages ostréicoles aux couleurs vives ou pastel qui permettent de travailler et de ranger le matériel nécessaire à l’exploitation des huîtres.

Piraillan, Le Canon, L’Herbe, Les Jacquets, Piquey sont inscrits à l’inventaire des sites  pittoresques.

Là dans les venelles fleuries, pavées de coquilles d’huîtres, vous pourrez vous perdre, vous mettre à l’ombre, apercevoir le Bassin dans toute sa splendeur, déguster des coquillages , notamment des moules qui sont les prédateurs des huîtres.

Et si vous avez la chance de venir dans la région et de profiter, par exemple de l’été indien, laissez-vous entraîner au bout des terres, à la pointe du Cap Ferret, sur la plage presque déserte. Vous pourrez marcher pendant des heures ou vous installer au ras des vagues avec pour seuls compagnons l’air iodé et l’horizon.


Parfois, vous vous retournerez pour voir le dessin de vos pas sur le sable humide, vous ramasserez quelques coquillages pour les souvenirs, et vous longerez les blockhaus, tagués, vestiges de la deuxième guerre mondiale.


Vous quitterez la pointe sablonneuse grignotée par les vents et les courants, avec vue imprenable sur la Dune du Pyla (ou Pilat), la plus haute d’Europe.
Vous reprendrez la route qui, au fil des saisons devient le royaume des mimosas en février si le gel n’a pas mordu très fort, s’éclaire des ajoncs un peu plus tard et qui l’été, nous offre ses sous-bois aux couleurs des fougères et de la bruyère, sans oublier bien sûr les arbousiers des dunes.

Maïté L