L’étourneau volubile, charmeur et opportuniste.

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Durant le  mois du mois de janvier, un groupe d’étourneaux arrive dans le jardin. Ce ne sont que batailles donnant l’impression qu’au-delà de deux , les étourneaux ne se supportent pas. Ils essaient aussi de faire la loi dans le jardin vis-à-vis des autres oiseaux. Même le merle s’écarte.

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Dans ce groupe, rapidement se détache un oiseau dominant qui comprend vite l’absence de danger ici. Au début une fenêtre qui s’ouvre effarouche les étourneaux, mais, puis, même lorsque je sors, ils  comprennent qu’il suffit de s’éloigner momentanément du jardin en se perchant sur un arbre de la rue et les voilà prêts à fondre à nouveau sur la nourriture dès l’alerte passée. Les étourneaux sont très voraces et ne laissent rien aux autres oiseaux. Ils mangent au sol de façon bruyante et continue.

Un après-midi, en rentrant, j’en aperçois un qui, perché sur la branche la plus basse du  chêne, chante à gorge déployée. Je l’observe et le préviens que je vais chercher mon appareil photo. Tout en changeant d’objectif, je pense qu’il ne sera plus là lorsque je reviendrai ; mais quelques minutes plus tard, il est toujours au même endroit et il chante toujours aussi fort. Je m’approche progressivement en prenant des photos peu à peu et me retrouve tout près du chêne. Son chant  continue. J’ai même l’impression qu’il se fait admirer. Je lui parle tout au long de mon approche et parfois, à un mouvement de la tête, j’ai réellement l’impression qu’il écoute ; les étourneaux sont de remarquables imitateurs et j’ai cru en effet percevoir des chants variés d’oiseaux.

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Puis l’étourneau descend du chêne et va au pied du prunus pour manger un pâté spécial oiseaux. Comme le merle quelques jours avant, l’étourneau me laisse approcher et je suis témoin de son repas pris goulûment.

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Le spectacle continue sur la branche la plus basse du prunus: entre photos et rires, je le vois se frotter le bec puis les plumes sur la branche, se tourner pour être à son avantage et mettre en valeur les magnifiques reflets que le soleil avive dans  son plumage. Il finira par danser d’une patte sur l’autre, pas pressé du tout de s’en aller… Et aura l’honneur de lancer l’expo photo prévue par la Maison de Quartier pour le mois de mai en faisant la une de l’affiche.

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Ce jour-là, l’étourneau a fait un véritable numéro de cirque. Cela peut-il s’apparenter à une tentative de séduction ? La saison des amours approche en effet.

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Toujours est-il que le lendemain je suis dans un affreux dilemme : l’étourneau est de retour ; il est très beau mais je ne veux pas encourager sa présence dans le jardin car lui et son groupe sèment le trouble parmi les oiseaux habitués.

Et ce même jour, j’entendrai à nouveau l’étourneau pisoter dans le prunus. J’ai écouté en souriant mais ne suis pas sortie… Est-ce le fruit de mon imagination si je vous dis que j’ai eu l’impression qu’il m’appelait. Son comportement était très différent des autres membres du groupe, mais uniquement quand il venait seul.

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Les tourterelles : un  couple d’ acrobates.

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Depuis quelque temps, nous avions tous les jours la visite d’une tourterelle turque beige rosé. Elle se nourrissait en bonne intelligence avec les autres oiseaux. Au cours du mois de mars la tourterelle a amené sa compagne blanche, plus fine, identifiée comme femelle. La tourterelle blanche paraissait affamée. Elle a appris à se poser en équilibre sur le sous-pot accroché sous le cylindre aux graines, dans le prunus. Au début, son équilibre était précaire car le dispositif est instable ; mais en quelques jours, la tourterelle blanche  a maîtrisé la situation et peut s’alimenter longuement. Pendant ce temps la tourterelle beige rosé attend patiemment dans le prunus , semble  faire le guet, puis s’alimente à son tour.

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Mais un jour, l’attente a paru trop longue pour la tourterelle beige rosé et elle a tenté de venir manger en même temps que sa compagne. Elle s’est posée en force et voilà à nouveau les deux tourterelles sur un sous-pot ressemblant à un bateau par gros temps! Il lui a fallu plusieurs jours aussi pour arriver à manger sereinement avec sa compagne.

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Tout allait bien jusqu’au jour où une troisième tourterelle, sans doute un mâle,  s’est invitée. La tourterelle beige rosé est rapidement entrée en action et après les cris courroucés, s’en est suivie une course poursuite avec claquement d’ailes au-dessus du quartier, quelques plumes étant perdues dans le feu de l’action.

Le calme est revenu…J’entends les tourterelles roucouler dans un sapin. Maintenant, sans doute chargées de famille, elles viennent à tour de rôle pour s’alimenter.

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à la suite d’une grave défection de mon ordinateur, j’ai perdu-et croyez-moi, je le regrette- toutes les photos où les tourterelles venaient manger en couple.

mais l’histoire continue…dans le prochain billet.

Texte et photos : Maïté L

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Le merle : une histoire de bains .

Entre bains d’eau, de terre sous le buis et de soleil sur le mur

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Très facétieux, Il adore se cacher dans l’herbe et lorsque nous passons près de lui, il fait mine de s’enfuir, sautille, et quelques minutes après, prend son envol en nous rasant. Plus tard, la merlette adoptera la même attitude.

Le merle est devenu de plus en plus familier. Il a l’œil coquin.  A la belle saison, il prend son bain, matin et soir,  généreusement, dans le récipient prévu à cet effet, puis boit.  L’hiver, il prend son bain aux alentours de midi.

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Je garde un souvenir ému du jour de janvier où LE merle m’a conviée à son bain. J’ai pu m’approcher progressivement et s’il me surveillait du coin de l’œil, il n’a changé en rien son programme d’ablutions : au contraire ! Je crois qu’il en a rajouté : de face, de profil, tête en bas, ailes déployées, dans une grande profusion de gouttelettes : j’étais comblée.

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A un autre moment, j ai été conviée à son repas de la même manière, au pied du prunus. Au fil des mois, le merle s’enhardit et vient sous la véranda, se pose sur la table  pour picorer des graines en avertissant de son arrivée et en faisant le beau.

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Le merle est devenu cabotin.

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C’était juste avant de trouver merlette, car ensuite il mettra un peu de distance entre nous, mais restera très visible tout de même.

En ce moment, le soir lorsque j’arrose mon jardin, il flûte, siffle, perché sur un épi de faîtage ou une antenne de télévision et semble se déplacer lorsque je fais mine de me cacher : dommage, je n’ai jamais su moduler mes sifflements : je ne dispose que de quelques notes !

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Il y a quelques années, il s’était perché à mon arrivée sur le bord du toit et visiblement me parlait. Mais n’ayant pas été initiée totalement au langage merle, je ne comprenais pas. J’avais eu le temps d’aller chercher mon appareil photo ; il ne bougeait pas d’un pouce et s’exprimait avec insistance, dessinant un grand point d’interrogation dans ma tête. L’Homme de la maison a compris, le soir, quand il a trouvé un petit merle apeuré réfugié derrière un fauteuil, dans la salle à manger. Le destin de l’oisillon fut cruel car si nous avons essayé de le sauver, un chat du voisinage  en fit vraisemblablement son affaire. Difficile d’imaginer que ses parents aient pu le récupérer.

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Et puis cerise sur le gâteau voilà les petits merlous de 2011 affamés et pressés de grandir!

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Une semaine après!

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Et puis un jour…

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histoire à suivre avec d’autres protagonistes. Texte et photos: Maïté L

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Prenez un jardin. Plantez le décor : un chêne, un lagerstroemia et un prunus : de ce dernier, chaque année  au printemps, nous attendons la floraison ; le merle aussi ; puis vient le feuillage rouge lumière où le merle joue à cache-cache avec le soleil ; il siffle et module son chant pour accompagner la maturation des prunes. Il veille sans partage, car il sait que bientôt ce sera  l’abondance: quand  le merle  se régale, il est heureux ! Nous aussi !

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Le merle est le premier oiseau repéré dans notre jardin  pour sa fidélité. Avec lui, j’ai pris l’habitude d’un  échange complice, chacun écoutant l’autre ; Même si parfois nous ne parlons pas tout à fait le même langage.

L’été venant, le merle se fait plus discret et nous le revoyons de façon assidue  l’hiver venu. Il nous semble que c’est  le même depuis plusieurs années maintenant. 

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Nous nous prenons au jeu de l’observation des oiseaux à l’automne 2010. Bientôt l’hiver est là ; le prunus reçoit des boules de graisses, puis des cylindres de graines diverses. D’autres oiseaux commencent aussi à fréquenter notre jardin : rouge-gorge, pigeons, tourterelles et mésanges charbonnières. Plus tard nous verrons arriver un geai de passage, attiré par les glands du chêne, puis des étourneaux,  des pinsons et un verdier d’Europe bébé.

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Pour fidéliser la mésange charbonnière, le prunus s’enrichit d’un cylindre aux cacahuètes et d’un nichoir fait maison.

Alors peut commencer le portrait des oiseaux avec qui nous partageons le jardin, car parfois, il nous faudra tout de même leur rappeler que nous sommes  aussi chez nous.

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à suivre…

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le jardin, le texte et les photos: Maïté L

avec la participation des oiseaux, en toute liberté.

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Pour faire le portrait d’un oiseau

 


Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
C’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

 

Jacques Prevert

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à suivre…

 

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Flots d’argent, flots d’amant

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Aujourd’hui encore, j’avais décidé

D’être vague avec les vagues,

Géographies des sables

Et vent dans le vent

Lovée au creux de la corbeille

Qui crépitait d’argent en son sein éclatant

Qui rugissait dans sa danse nuptiale

De mille pépites ajoutant à la métamorphose

Du Petit Poucet en géant,

Point de vagues, un tiret, à la ligne.

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Aujourd’hui encore, pourquoi

Ne pas être océan avec l’océan

Mon tendre et fougueux amant.

Alors, mettre les pas dans les tiens est un jeu

Guetter les flots argentés et tous leurs feux

Est une douce passion qui fait briller

Les yeux, les cheveux et les mains aux doigts d’algues.

Et voici que soudain s’animent et revivent en écho

Les  émois et les instants si fragiles;

Les yeux dans les yeux viennent buter à la confluence,

Là où cèdent les marées profondes et coléreuses.

Pour un baiser salé à la barbe bleue d’écume,

Pour un déroulé sauvage à mes pieds

Pour un rideau de fines illusions

Pour une caresse de tes embruns enchâssés,

Je donnerais des heures et des regrets  sans compter.

De loin en loin un bois et mille pas

où ne parviennent pas tes assauts

Un bois encore et des pas étouffés

Comme des bornes jalonnent

Les jours sur  le calendrier des instants perdus.

Ce soir encore je suis la dune au ventre rebondi

La mer mettant le sable au pilori

Ce soir je suis tambour des sables

Et son écho toqué d’océan et de marées grandiloquentes

Je suis le vent et le cerf-volant

La nageuse nue de février

Et les passants frigorifiés

Je suis le chien fou, ivre de draperies agitées

Je suis les baigneurs d’août en mai

Et sur ma croisette arpentée

Sur le sable craquelé et concédé par la mer et son avancée

Derrière mes lunettes foncées bien cachée,

Au jour d’aujourd’hui c’est décidé

J’épouse en secondes noces de l’océan l’éternité.

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et je sème  des cailloux pour que perdurent nos traces

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photos et texte: Maïté L

à tous mes lecteurs: je ne vous oublie pas, mais par ici on célèbre le printemps et les jardins.

J’ai donc fait le tour de mon jardin  pour décorer mon chapeau avant de rejoindre ceux de la Maison de quartier où je donne un peu de mon temps. Là-bas on parle oiseau et d’ici quelque temps, je vous raconterai;  de plus  des jardins un peu extraordinaires y ont été aménagés.

Ne soyez donc pas étonnés si je vous visite un peu moins ces jours-ci: mes journées sont trop courtes.

Mais je pense à vous et je vous souhaite un bon we.


J’ai descendu dans mon jardin

pour y cueillir

Quelques roses pompons

le feuillage léger de la coriandre

des fraises de décoration

deux fleurs de la passion,

mais j’ai dérangé  les fourmis!

une coccinelle s’est accrochée à la paille

tandis que volait au vent le ruban aux coquelicots

comme ceux de mon jardin.

je suis partie rejoindre les elfes et les lutins

les carrés de plantes qui piquent et celles qui sentent bon

les haies fruitières

ou la cité des insectes

et sur mon chemin, j’ai rencontré plein d’oiseaux de toutes les couleurs

tous ceux qui peuplent nos jardins et font les délices des observateurs.

Maïté L

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« Il faudrait réécrire les livres d’histoire, car le seul point de vue de la terre y est exprimé.Or la mer façonne les paysages, les hommes , les sociétés.C’est elle qui apporte prospérité, drames ou  renouveau. Aujourd’hui encore, les hommes de tout bord continuent de l’ignorer, de l’oublier, de n’y voir qu’une manne, une attraction pour touristes.Mais la mer monte, elle gronde de toutes les souillures que nous lui infligeons sans même nous émouvoir. C’est notre amnésie et notre cécité qui la rendent dangereuse. »


Hugo Verlomme
, écrivain de mer.

Préface du livre KOSTA, la côte basque au fil des vagues, ERIC CHAUCHE. Préfaces de Hugo Verlomme et Peyo Lizarazu/ Textes de Guillaume Dufau et Willy Uribe

Editions Surf.2004

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Homme grenouille

disparaît, semblant englouti

virevolte, chevauche la vague;

En équilibre sur les crêtes

crève le mur d’eau

ou glisse quand explose l’écume.

Deux longueurs d’avance

pari presque gagné,

quatre  pas en arrière

et toujours renouvelé

l’impossible défi

face à la marée

l’Indomptée.

Nous, les hommes aux semelles de sable

et de plomb

ne pouvons que rêver

la chevauchée.

Chevaux d’écume

vagues transversales

hennissant de brume

levant l’écume

fièrement.

Et sur le sable

la rumeur va bon train

de lames, de grains

de ciels vagues à la dune.

Les hommes à la double peau noire

transis mais heureux

repoussent la nuit

A l’horizon du toujours.

habillés des dernières lueurs

quand la mer devient de velours

quittent le large

à regret,

les pieds absents.

Ne sont plus qu’os et flammes.

Les flots soumis pour quelques secondes

d’illusions sauvages

et nous pieds de sable

et de plomb

transis sur la dune

l’œil rivé aux flots,

aux planches

aux tourbillons.

Salut l’artiste

le prince

des défis

droit

comme un i

qui glisse vers la nuit

ignorant les profondeurs marines.

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Remerciements à l’Ecole de Surf du Cap Ferret et  à ses hommes « grenouilles »

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photos et texte: Maïté L

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A Vénéneux tirant de lune
Véhémence meurtrière de la nuit.
Conjonction de vent tentaculaire et de sel
Démence frontale à la folie des hommes.
Destruction. Anéantissement.
Inconscience derrière les digues fatiguées
Les digues abandonnées.
Rouleaux à grand train de laboureurs fouisseurs
Murs aveugles incompressibles, au galop lancés
Et des vies, des vies noyées

Tant de vies livrées à la folie humaine

La mer est revenue sous Brouage.
L’île coupée en trois.
Partout, partout, partout,
Seuls les toits émergent à perte d’eau et d’eau
Les sans-toit. Les Sans- travail. Les Sans-Papiers
Les Sans-famille qui ont sombré.
Folie du profit. Folie immobilière.
Est-ce la mer qui a reconquis?
Est-ce la terre qui a sué la misère?
Vénéneuses fleurs de lune et de marée ont frappé.
Douleur. Pleurs. Dignité.
Rêvé.Cauchemardé. j’ai suffoqué.

Tempête de mer

Tourments de terre

tempête de terre

les plaies amères.

Le 2 mars 2010,

coefficient de marée 116.

Souvenons-nous de  la Faute-Sur-Mer.

Maïté L

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Les photos ont été prises ce soir où tout se jouait en noir et eau, en déferlantes et pleurs, en vies arrachées aux bords de mer.

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