Et la nuit tomba
De ses heures écorchées
En corolles où les flammes avaient regagné leur couche
Circonvolutions d’œillets dans les plis desquels les lèvres étaient liées
A des martèlements de tambours battant l’angoisse
Le dilemme, la peur, les mots aux angles non équarris
Insomnie jouant à saute-mouton tombant dans le vague
De l’inconnu au manteau de fantôme grisé, noirci d’échos
Refusant la clarté et la douceur apaisante
Froissant sur l’oreiller le grain de peau de la joue
Désarticulant le corps comme un pantin
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Et la nuit tomba
A nos pieds de statues du soir, devant nos yeux incrédules
Occultés par le voile de lumière lancinant et tombant dru
S’échappant en bribes, en papillons impressionnistes.
Il y avait tant de jours oubliés, qui n’avaient pas été consommés
Tant de paroles rentrées en gorges profondes, tant de sensations
De peaux veuves du toucher, tant d’années écoulées dans l’oubli
De soi, de l’autre et des océans muets malgré leurs ardeurs de marées
Tant de soleils venus se mirer dans les eaux bleues, dans les eaux irisées
Tant de mots à la coque vide flottant au gré des sourires figés sur la toile
Parcheminée de poussière jamais chassée et qui retombait au gré des vents.
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Et la nuit tomba
Elle pantelait comme tant d’espoirs blessés, abandonnés à l’épreuve du temps.
Elle s’abandonna et se laissa flotter dans les particules immatérielles
Succédant à chaque incendie, à chaque avancée des flammes du couchant.
L’homme avait oublié son filet à papillons de lumières dans le coffre des jours.
Il se contenta des rayons obliques qui l’obligeaient à fermer ses paupières
Emportant dans son cœur quelques semelles d’oubli, quelques semelles du vent
Quelques envols qui l’avaient surpris et l’avaient laissé encore plus riveté au sol.
Il s’en alla de son pas pesant, retrouvant les tambours au tempo hallucinant
Chaque minute le rapprochait du monde noir où il percevait de la lune
Les plein similaires à ses vides qui le poussaient à mettre les voiles.
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