L’automne 2011 n’en finissait pas d’ étirer sa douceur , aussi les cortèges de grues cendrées prenaient leur temps pour passer au-dessus de l’agglomération bordelaise .
Quand nous entendions les « krrou, krrou » caractéristiques de leur passage haut dans le ciel, nous sortions pour constater leurs vols en grand nombre et nous restions en admiration devant leur organisation en « V » et leurs passages des relais.
Mais à l’approche de l’hiver 2011, les grues passèrent jusqu’à fin novembre avec un bon mois de retard par rapport aux années précédentes.
Parfois, nous les entendions de nuit aux alentours de 22h et je me prenais à rêver.Peut-être avaient-elles du retard et ne pouvant gagner leur escale nocturne, allaient-elles se poser non loin de mon domicile, sur quelque endroit dégagé. Mais bien vite leurs cris cessaient et la rencontre avec elles ne serait pas encore pour cette fois…
L’hiver passa et dans les conversations revenait la preuve de leur présence ici ou là, dans les Landes de Gascogne.
Nous étions au début février lorsqu’en circulant dans le nord des Landes, j’aperçus dans les grands champs dévolus à la culture du maïs une multitude de taches blanches .Je compris assez vite de quoi il retournait.
L’appareil photo n’étant jamais loin, si ma vue ne me permettait pas de me faire une idée précise(mais le rêve pallie aux manques), j’immobilisai la voiture et je partis vers le champ: des grues étaient là en très grand nombre.J’ai assisté à leur repas et à leur envol .
Bien sûr, la distance entre elles et moi était grande et je n’ai pu faire mieux.La grue cendrée a beau être l’un des plus grands oiseaux d’Europe, elle est très prudente. A voir sa taille dans le champ, vous pouvez imaginer la distance nous séparant. N’empêche! J’étais comblée!
Nous passons chaque semaine dans le coin et autant vous dire que les semaines suivantes, j’ai ralenti espérant que le miracle allait se reproduire….Nous avons aperçu des sujets isolés mais plus de groupe aussi dense.
Cependant,la chance m’ a souri une seconde fois lorsqu’un soir ensoleillé, sur la route du retour(une route différente empruntée à dessein) trois grues cendrées s’alimentaient dans les grands champs,en gardant un œil à tour de rôle sur nous.
Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on, mais les grues cendrées assurément nous préviennent en passant au-dessus de nos têtes que l’hiver arrive ou bien que le printemps n’est pas loin…
Et bon an, mal an nous les regardons avec émotion lorsque leurs vols se succèdent dans un ciel si bleu.
un reportage en Champagne-Ardennes:
http://www.youtube.com/watch?v=xOMpeKeaUp0
Les oiseaux voyageurs
Les oiseaux voyageurs ont leurs îles,
Leurs enchantements, leur liberté.
Ils planent dans les courants,
Et de leurs figures éphémères trouent le silence
Des hauteurs ouatées de leur univers.
Les oiseaux voyageurs cherchent
Le sable blanc et le beau temps,
Les remous de marée et les planctons dorés.
Ils aiguisent leurs becs dans l’écume du vent,
Et font de leurs pattes un ballet mouvant.
Les oiseaux voyageurs dessinent des rubans
Qu’ils déroulent chaque an, en grand mystère.
Princes des nuages et des nids jamais oubliés,
Ils voyagent sans bagages aux antipodes
Avec le ciel bleu comme seul horizon.
Les oiseaux voyageurs revêtus des rêves des hommes,
S’élèvent cependant légers, emportant nos pensées les plus folles.
De leurs ponts invisibles, alliés du nord, alliés du sud,
Ils tissent le fil des voiles fébriles du printemps
L’éternelle bulle du temps allant de l’avant.
Maïté L