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Un merle sur l’appentis haut perché

Tenait en son bec des propos printaniers.

Gonflant ses plumes par la pluie froissées

 Et se secouant sans arrêt, comme un prunier,

Il lui importait d’être  bien plus que princier,

De convier dans son royaume, haut et fort

La belle promise à plusieurs couvées

 Et de ses amours se faire le troubadour.

La girouette à tous les vents capricieux vouée

Faillit en perdre l’équilibre et le nord.

Le merle plein ouest ouvrait grand le bec

Gonflait sa gorge, piétinait et d’audace

Trillait, sifflait, et s’assoiffait sur la scène

Avant de redevenir un simple oiseau du jardin.

Il lui fallut bien redescendre au ras des pâquerettes

Boire à petites gorgées répétées car il s’était démené

Et s’ébrouer généreusement dans le baquet  prévu à cet effet.

Devant un public ravi, et qui ne ménagea pas ses compliments,

Il décida qu’on l’y reprendrait à venir réchauffer l’atmosphère

Des jours mouillés d’un temps pas toujours grisant.

Maïté L

 

 

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Photos  à la mode de  chez nous.

Un petit vert, ça va

Deux petits verts, ça va

Trois petits verts, bonjour Printemps!

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CONVERSATION

 

Comment ça va sur la terre ?

–        Ça va, ça va, ça va bien.

 

Les petits chiens sont-ils prospères ?

–        Mon Dieu oui, merci bien.

 

Et les nuages ?

–        Ça flotte.

 

Et les volcans ?

–        Ça mijote.

 

Et les fleuves ?

–        Ça s’écoule.

 

Et le temps ?

–        Ça se déroule.

 

Et votre âme ?

–        Elle est malade,

Le printemps était trop vert

Elle a mangé trop de salade.

 

Jean TARDIEU

Le printemps déferle, va de l’avant, hésite, reflue

Grand vent met des étoiles sur le bleu des flots

Arbustes jaunes , roses ou blancs, soudain

Je guette les coquelicots, les violettes

Qui sortent de terre, poussée de vie

Refoulée la part de l’ombre, le gris silence

Au soir, le merle, ses trilles, les rais de lumière

Gagnent le mur, inondent le moindre recoin.

Pousser du pied les feuilles mortes accrochées

Aux bourgeons ; les bouchées doubles.

Chaque jour apporte du vert tendre

De l’amour sur les branches, des nids à l’abri

De la pie, des gouttes, du bruit de la ville.

Mettre du vert et du bleu, savoir le printemps

Là, sous la main, dans les yeux, dans le matin

Goûter à la douceur du soir, s’asseoir et rêver

Remercier la vie qui s’accroche ici, qui s’épanouit

Quand ailleurs elle n’a pas de prix.

Garder le cap

Quand on vient à désespérer de l’amour, la paix

Et la sagesse. Quand on en vient à désespérer

De la nature humaine. Donner à ses pensées

Du vert printemps, de l’espoir à mâcher,

de l’Humanité, de la Tendresse.


J’accroche le printemps à nos jours: il nous faut tant de roses blanches:

de vigilance

d’oubli

de larmes séchées

d’incrédulité

de vigilance toujours recommencée

de roses blanches tendues

de roses blanches en bouquets.

Maïté L

PS: vous pouvez déposer ici vos roses blanches.


Comme nous quittions les grues dans leur champ doré par la lumière du couchant,un peu plus loin, en pleine campagne, en voilà un, sûr de son effet, qui entreprit de traverser la route devant la voiture. Juste le temps d’attraper l’appareil photo.

Solitaire, l’aigrette garzette échafaude sans doute son plan pour convoler;  en période nuptiale, elle porte deux longues plumes sur la nuque.

La spatule, reconnaissable à son bec avec lequel elle balaie le fond de l’eau de droite à gauche et vice-versa ne craint pas les -8 degrés ambiants.Le Domaine de certes a ce jour-là des allures de banquise.

Monsieur le chevalier gambette est un limicole. Au pays des échasses, rien d’étonnant.

En parfaite tenue de reine du givre et de la glace, le vol de l’aigrette, me semble-t-il se confond avec le paysage. Nous ressemblons à des ours polaires . Les réflexes sont un peu amoindris et l’appareil photo a froid mais l’envol est saisi malgré tout.

Une foulque, deux foulques glissent sur l’eau.

Dans l’équation du soir, sur le lac déserté, l’inconnue X ne gardera pas longtemps son masque (ou alors il faudrait lui clouer le bec).

Quelques rides sur l’eau, un survol de mouette rieuse: les poissons  filent doux.

A moins que l’X rieuse ne se laisse doucement bercer par les clapotis du rivage.

Chut! à pas de velours, nous quittons les lieux.

Nous avons hâte de retrouver chez nous notre couple de merles qui a tenu à nous accompagner jusqu’au portail lorsque nous avons quitté la maison le matin.

La photo n’est pas de très grande qualité mais vous imaginez notre surprise. Là aussi, il a fallu sortir l’appareil photo et la prendre à travers le pare-brise.

Nous avons hâte aussi de retrouver nos amoureux qui en profitent souvent pour se bécoter:

Photos: Maïté L

La route est à nous les  bernaches du Canada!

Promenade au bord de l’eau des oies à tête barrée.

L’ ouette d’Egypte a bien dressé ses petits

Le grand chic: pattes et bec roses

A grands coups de trompette et de sifflements, veuillez-vous mettre en rang!

 Le ballet aquatique peut commencer!

Il existe des arbres à papillons et des arbres à cormorans.

Et des escadrilles de canards suisses

Et puis il y a les solitaires

les boudeurs,

les fatigués

Les étourdis

Ceux qui perdent leur maman dans la foule

Ceux qui font semblant d’être étourdis

fatigués

L’automne 2011 n’en finissait pas d’ étirer sa douceur , aussi les cortèges de grues cendrées  prenaient leur temps pour passer au-dessus de l’agglomération bordelaise .

Quand nous entendions les « krrou, krrou » caractéristiques de leur passage haut dans le ciel, nous sortions pour constater leurs vols en grand nombre et nous restions en admiration devant leur organisation en « V » et leurs  passages des relais.

Mais à l’approche de l’hiver 2011, les grues passèrent jusqu’à fin novembre avec un bon mois de retard par rapport aux années précédentes.

Parfois, nous les entendions de nuit  aux alentours de 22h et je me prenais à rêver.Peut-être avaient-elles du retard et ne pouvant gagner leur escale nocturne, allaient-elles se poser non loin de mon domicile, sur quelque endroit dégagé. Mais bien vite leurs cris cessaient et la rencontre avec elles ne serait pas encore pour cette fois…

L’hiver passa et  dans les conversations revenait la preuve de leur présence ici ou là, dans les Landes de Gascogne.

 

Nous étions au début février lorsqu’en circulant dans le nord des Landes, j’aperçus dans les grands champs dévolus à la culture du maïs une multitude de taches blanches .Je compris assez vite de quoi il retournait.

 

L’appareil photo n’étant jamais loin, si ma vue ne me permettait pas de me faire une idée précise(mais le rêve  pallie aux  manques), j’immobilisai la voiture et je partis vers le champ: des grues étaient là en très grand nombre.J’ai assisté à leur repas et à leur envol .

 

Bien sûr, la distance entre elles et moi était grande et je n’ai pu faire mieux.La grue cendrée a beau être l’un des plus grands oiseaux d’Europe, elle est très prudente. A voir sa taille dans le champ, vous pouvez imaginer la distance nous séparant. N’empêche! J’étais comblée!

 

Nous passons chaque semaine dans le coin et autant vous dire que les semaines suivantes,  j’ai ralenti espérant que le miracle allait se reproduire….Nous avons aperçu des sujets  isolés mais plus de groupe aussi dense.

 

Cependant,la chance m’ a souri une seconde fois lorsqu’un soir ensoleillé, sur la route du retour(une route différente empruntée à dessein) trois grues cendrées s’alimentaient dans les grands champs,en gardant un œil à tour de rôle sur  nous.

 

Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on, mais les grues cendrées assurément nous préviennent en passant au-dessus de nos têtes que l’hiver arrive ou bien que le printemps n’est pas loin…

 

 

Et bon an, mal an nous les regardons avec émotion lorsque leurs vols se succèdent dans un ciel  si bleu.

un reportage en Champagne-Ardennes:

http://www.youtube.com/watch?v=xOMpeKeaUp0

 

Les oiseaux voyageurs

Les oiseaux voyageurs ont leurs îles,
Leurs enchantements, leur liberté.
Ils planent dans les courants,
Et de leurs figures éphémères trouent le silence
Des hauteurs ouatées de leur univers.

Les oiseaux voyageurs cherchent
Le sable blanc et le beau temps,
Les remous de marée et les planctons dorés.
Ils aiguisent leurs becs dans l’écume du vent,
Et font de leurs pattes un ballet mouvant.

Les oiseaux voyageurs dessinent des rubans
Qu’ils déroulent chaque an, en grand mystère.
Princes des nuages et des nids jamais oubliés,
Ils voyagent sans bagages aux antipodes
Avec le ciel bleu comme seul horizon.

Les oiseaux voyageurs revêtus des rêves des hommes,
S’élèvent cependant légers, emportant nos pensées les plus folles.
De leurs ponts invisibles, alliés du nord, alliés du sud,
Ils tissent le fil des voiles fébriles du printemps
L’éternelle bulle du temps allant de l’avant.
Maïté L

 

Pont aux âmes

Lent, d’arche en arche, le pont de pierre arpente la Garonne.
Sereine, au cours de sa pente elle se trouble s’estourbillonne
Peine à emporter l’importun, s’engironde saumure au jusant,
Tousse et rebrousse vers sa source. Laisse les reflux suivants
Sourdre la renverse. Las ce flot serein s’élance vers l’estuaire.

Sur le pont, de pierre, voitures, hommes fourmis s’affairent,
Argent temps aveugles à la joute, reflet mourant, cormorans.
Silhouette, couples d’amoureux, consentent d’être un instant.
Tablier pontonnier sans source ni estuaire disperse le passant.
D’innombrables sentes sans pardon, promènent leur vestiaire.

FRANTZ

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A pas de roses, à pas de roule-ta-pomme, le soir s’offre en calice où plonger avec délice.

Les mains dans les poches ou bien à croque-mitaines accroche-pensées

Le ciel s’enroule autour de l’être, lui, l’immobile se laisse happer;

A fleur de berge, à cache-cache branches dénudées, l’or tinte

Au bord du mensonge de l’été, il ne faut pas se fier

Aux heures bleues, aux pétales jetés à la face de l’hiver

Mais s’arrêter à l’iris velouté, à l’écrin doux du loup

La nuit, la nuit proférée, à petites gorgées miel et souffle

Au pied du Pont, cheminer, baisers tressés de fils myosotis.

MAÏTÉ L

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« Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit

à pas de vent de loup de fougère et de menthe

voleuse de parfum impure fausse nuit

fille aux cheveux d’écume issue de l’eau dormante…

***

Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit

à pas de vent de mer de feu de loup de piège

bergère sans troupeau glaneuse sans épis

aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige. » »

CLAUDE ROY

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« La Garonne était une faucille d’or apprêtée pour le champ des étoiles »

JEAN-MARIE PLANES

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« Mes yeux vont demi-clos des becs de gaz tremblants

Au fleuve où leur lueur fantastique s’immerge,

Et je songe en voyant fuir le long de la berge

Tous ces reflets tombés dans l’eau, comme des pleurs, » »

EPHRAÏM MIKHAËL(1866-1890)

Je ne pouvais clore cette balade autour du Pont de Pierre

Sans vous dire qu’aucune couleur n’a été modifiée.

Je tiens à remercier:

Yves SIMONE, guide passionné de Bordeaux

et citer tous les livres qui m’ont aidée:

Je vous écris du Bordelais:Textes recueillis par Jean-Claude Garnung/ Préface par Alain Juppé

Balade en Gironde, Sur les pas des écrivains/ Préface de Claude Villers

La Bastide ; mémoire en images /Francis Moro, Brigitte Lacombe/ Editions Sutton aimablement prêté par JOSETTE

Le Festin/ Hors série : un tour de ville en 101 monuments.

Merci aussi à tous les poètes qui m’accompagnent de leurs mots, les célèbres et les amicaux comme Frantz.

Un lien complémentaire de ce que j’écris ailleurs vous permettra d’en savoir plus sur LA BASTIDE:

http://www.maisondes5sens.fr/article-balade-en-tout-sens-a-la-bastide-avec-yves-simone-98496037.html

Merci à vous tous qui avez eu la patience de me suivre jusqu’au bout.

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13 décembre 1945

« La nuit, la neige est soudain tombée,

le matin  commence avec des corbeaux

qui s’envolent de branches toutes blanches.

Hiver à perte de vue dans la plaine de Brousse:

on pense à l’infini sans fin ni commencement.

Ma bien-aimée,

la saison a changé d’un bond

et sous  la neige,

                         fière et laborieuse,

                                                               la vie va son train.

Être dehors  maintenant

lancer mon cheval au grand galop vers les montagnes…

–« Tu ne sais pas monter à cheval! » me diras-tu.

Mais assez plaisanté et ne sois pas jalouse.

Une manie nouvelle m’est venue en prison:

j’aime la nature– bien moins que je t’aime.

Et vous êtes toutes deux loin de moi. »

NÂZIM HIKMET/ IL NEIGE DANS LA NUIT

***

Il neige

Incroyables papillons d’hiver

Ont embrassé lavande papillons d’été

Baiser de feu dans

Petit matin dans

 la lumière ocre

Un rideau de virgules serpente

D’étoiles blanchies une à une

Autour du lampadaire

A la poudre du mythe

Un souffle de silence

Froid-mais est-ce vraiment le froid ?

Frais- sous la main, sous la langue

Petites vagues à suivre des yeux

Et puis bientôt tout est lisse

Craque sous les pas

Marcher fait crisser la neige

Qui danse encore avant l’oubli

et glissent les heures

D’infini silence, blanches heures

Qui

Pas après pas mènent

irrésistiblement vers

 le Pont

Immuable sur Garonne figée

Aux abords les mouettes criardes

Et les passants étonnés

D’image en image le jour se consume

Au bord de la parenthèse habillée de telle parure

Le Pont s’immobilise et givre : il est mi-jour

Solitaire

Soliloque

 sur bords d’eaux

Une fois n’est pas coutume.

Maïté L

***

Tant d’années à Bordeaux et je n’avais encore jamais vu le centre ville sous la neige. L’occasion était trop belle de suivre les rails du tram déserté, de regarder glisser les luges et les vélos, de saluer les bonshommes de neige, de prendre possession de cette ville livrée aux piétons. Mais il ne faut jamais oublier, malgré les contours ouatés qui semblent aplanir les réalités qu’

« Il neige dans la nuit.

Ce soir peut-être

                                    tes pieds mouillés

                                                                         ont froid.

Il neige.

Et alors que je pense à toi, 

                                                   à l’instant même,

                                                     une balle peut te trouer le corps, là,

Et alors, c’est fini,

ni neige, ni vent, ni jour, ni nuit…

Il neige.

Et toi,

            qui déclaras « No pasaran »

avant de te planter

                                    devant la porte de Madrid,

                                    tu existais sans doute. »NÂZIM HIKMET (25/12/1937)

***

Allez donc savoir pourquoi

simultanément

les pensées se télescopent…

Il neige dans la nuit

Il neige au point du jour

Mais…

Avons-nous beaucoup avancé dans le monde?

La blancheur du temps  a son revers noir.

tous ceux qui sont dans la misère ici, à notre porte

N’ont même pas le regard que nous accordons aux bonhommes de neige.

***

S’il suffisait de passer le Pont!

***

***

Il est un second phénomène, mais ce n’est peut-être, lui, que l’autre face de la nuit, son négatif de blancheur. Le brouillard…En ce temps-là, une inondation vaporeuse, une opaque buée débordait le lit du fleuve, transformait en spectres grues et hangars, gagnait implacablement les quartiers proches des quais, la ville entière. Bordeaux, comme Saint-Pétersbourg, connaissait alors « ses nuits blanches. Elles n’étouffaient pas seulement les formes, mais aussi les sons, les voix, les réduisant à leurs propres échos…. »

 Michel Suffran

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Parfois le Pont se fait sombre

Le temps d’un ciné

Dans le brouillard la ville s’estompe

Au temps minéral bordelais s’unit

Avec une douceur qui n’est que lacis

Le temps folle  bille en tête

Le jour s’effiloche et tombe dans l’oubli

Le temps d’une bulle légère

Les passants frileux se pelotonnent

Le temps d’un carillon en folie

Bientôt ténus comme des ombres

Le temps d’un rêve

Grise grisaille muraille au fil rompu

Le temps d’un abordage

Avec le ciel de cendre uniformément repenti

Au  temps des roseaux

Les voix tombent en à-plats et ne portent plus

Le temps d’une ritournelle batelière

L’écho des cris, des rires, des chants ravalés

Le temps d’une danse

Le tram s’articule, gémit comme voiture hantée

Le temps d’un port relégué

 S’ouvre, se ferme, s’élance, échappe au Lion

Le temps de prendre la clé Deschamps

Et s’en va cahoter vers l’horloge du temps

Le temps Far-Est, d’une gare d’Orléans

Le temps de fermer les yeux.

Maïté L

à suivre, le temps de neige…

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Bordeaux la blanche surgit un jour de la nuit…

« On ne peut se figurer l’image un peu archaïque du port de Bordeaux, au moment où les trois-mâts arrivaient de Terre-neuve. Ils se plaçaient en file indienne au milieu du fleuve, à toucher le pont de pierre, les voiles pliées avec soin. C’était une forêt de longs mâts, de vergues, sous le ciel pommelé de Bordeaux…

Que de fois je fus sur le point de partir, mais autrefois, la mer avait mauvaise réputation ! Je fus un marin à l’ancre et à l’encre, comme disait, je crois, Cocteau. »

JEAN CAYROL

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Sous l’œil impassible du Lion de VEILHAN,bleu cieltourné vers la Garonne, place Stalingrad, lorsque nous posons le pied sur le sol de La Bastide, nous ne pouvons plus imaginer ce va-et-vient de navires attendant un appontement, ce va-et-vient de gabares avant même la construction du pont.Les bateliers étaient d’ailleurs mal vus car ils escroquaient les clients, notamment les pèlerins en route vers Compostelle qui devaient de plus, éviter les tripots mal famés habituels en zone portuaire. Le Pont fut le bienvenu. pour relier les deux rives: on y payait  un sou à l’octroi comme piéton et cinq sous comme cavalier.

Lion parodie ou Lion aux multiples facettes, venant taquiner le ciel bleu ou donner de la couleur à la grisaille, aucun passant n’y est indifférent.Il est la première œuvre déposée sur le trajet du tram, soulignant le côté contemporain des lignes de l’architecture nouvelle de La Bastide. il est là, monumental, dans l’axe du Pont de Pierre, marquant de son empreinte l’évolution et l’identité de ce quartier.C’est du moins ce que j’en pense car je l’aime bien.

 

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Burdigala est le lieu qui m’a vu naître : Burdigala où le ciel est clément et doux ; où le sol, que l’humidité féconde, prodigue ses largesses ; où sont les longs printemps, les rapides hivers, et les coteaux chargés de feuillage. Son fleuve qui bouillonne imite le reflux des mers…

AUSONE

Ausone aurait aimé s’il avait vécu quelques siècles plus tard  gravir les marches de la Porte Cailhau, comme je l’ai fait et depuis cette entrée monumentale  commémorant la gloire de Charles VIII contempler le Pont et la vue sur le quartier de La Bastide , du côté de la caserne de pompiers.

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« J’aime le combat que se livrent ici, en un tournoi arbitré par le pont de Deschamps, le tumultueux liquide venu de l’océan, verdâtre et colérique, et les douces eaux qui portaient Montaigne d’une estacade de Cadillac en sa mairie, ou en sa maison de la Rousselle, à bord de quelque gabarre où piaffait son cheval. »

JEAN LACOUTURE

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Mais , si tout cela paraît bien calme, le Pont a connu quelques attentions particulières. Il lui fallait une toilette  approfondie. C’est ainsi qu’il a progressivement disparu aux yeux des passants caché sous les échafaudages, car il est l’objet de toutes les attentions pour continuer à traverser les âges. Les équipes de la CUB ont procédé à la réfection des ancrages des garde-corps, puis à la peinture:  deux couches pour protéger les rambardes  et la dernière pour la touche couleur: bleu nuit, couleur du mobilier urbain de Bordeaux.

 Après le gros œuvre,ce fut  la réfection des joints en résine destinés à protéger les pieds de la rambarde des infiltrations d’eau.

Pour finir les candélabres sont traités par la Mairie Les 38 lampadaires sont déposés,un à un, repeints dans les ateliers et remis en place au rythme d’un par semaine.Chaque lampadaire pèse 3 tonnes!

Vive le Pont de Pierre nouveau!

Aller à Garonne

aller à Pont sur Garonne

à cheval sur l’eau

Humer le vent

Aller sous le temps suspendu au Pont

Les feuilles en tremblent

jaunissent

S’en vont où vont les flots

à dos de Garonne

Sur les flots

à cache cache entre les piles

tantôt portées vers l’océan

tantôt refluant

et passant

pétiole dessus, nervures dessous

à marée basse, le pont se découvre

Jetant son tablier

aux passants pressés.

Ecoutez-le vibrer de toutes ses couleurs

Sous l’œil des réverbères

il s’habille de lumière.

à suivre…

ses ardeurs…

Maïté L