Cela faisait déjà longtemps que nous avions la  possibilité  de monter en avion au départ de l’aérodrome de Mimizan : un cadeau sympa symbolisé par un bon  d’une heure de vol.  Récemment, la décision fut prise et le pilote  Laurent Aztiria nous invita à gagner l’aérodrome  au jour dit à 18h.

17h 45. Nous voilà sur place à prendre la température des lieux. Toute la journée, le temps fut maussade : pluie dès le matin, puis soleil et gros nuages noirs ; vers le soir le temps semble meilleur. Dans ce pays sous influence de la marée, on ne sait jamais ce que nous réserve le ciel. Nous n’espérions pas un ciel exempt de nuages, habitués comme nous le  sommes  à l’observer!

18 h et des poussières de rêve: nous voilà installés, casque sur la tête, agrémenté d’un micro.  Notre pilote chevronné est instructeur  et totalise déjà  1800 heures de vol, le  co-pilote d’une heures’installe  à ses côtés et je suis à l’arrière, confortablement installée avec mon appareil photo.

Sans  avoir eu le temps de dire « ouf » nous voilà propulsés de manière douce dans les airs : en liaison incessante avec  Bordeaux.

Le défilé des images commence dans la joie : 200 km/h, 600m de hauteur le paysage se dévoile dans un halo de  brume qui lui confère  un certain charme. Je vous rassure cela ne s’apparente pas à l’ivresse des hauteurs mais plutôt à une vision gourmande de terres et d’eaux vues du ciel. Nous longerons le courant de Mimizan et puis la côte landaise en direction du Bassin D’Arcachon. Chaque fois que je me retourne, l’océan a une couleur  grise, métallique que je ne lui connaissais pas. Au loin, à l’abri du cordon dunaire et de la forêt, le chapelet des lacs : Aureilhan, Biscarrosse, Sanguinet, Cazaux et bientôt la dune du Pilat. Celle-ci  a même son arc-en-ciel grâce à un nuage de pluie résiduelle qui passe par là.

Puis se dessinent le Banc D’Arguin, le port et la ville d’Arcachon ainsi que l’île aux oiseaux. Un petit tour au-dessus des cabanes tchanquées, des différents chenaux, des passes et bancs de sable et nous revenons le long de la côte. La dune du Pilat est baignée de soleil, la côte de sable clair à l’aller devient dorée ; les villages sont des trouées au milieu des parcelles de forêt omniprésente  dessinée, agencée avec  le sable des chemins de prévention des incendies : les pare-feu.

Tous les villages ont un nom qui résonne à mes oreilles depuis l’enfance. Avec leurs toits de tuiles rouges  ils apportent une touche de gaieté supplémentaire au paysage.

Nous sommes mi- octobre et le soleil se couche tôt. Nous aurons tantôt  un coucher de soleil orangé et rouge venant caresser l’aile de l’avion avec juste un petit nuage noir, tantôt  la côte fuyant  vers l’infini dans des  teintes plus pastel.

Nous faisons un crochet  en direction de la maison de mon enfance et l’émotion est  au rendez-vous. Je craignais d’avoir mal au cœur en voyant les signes de la dernière tempête mais il n’en a rien été. La végétation  a tendance à recouvrir les traces et c’est une tout autre vision qui s’est imposée à moi.

Nous rentrons au bercail entre chien et loup et le pilote pose l’avion aussi doucement qu’il s’est envolé, sur la piste éclairée.

Le temps de regarder du coin de l’œil une dernière fois l’avion que l’on pousse dans son hangar et de caresser avec sa propriétaire attentionnée l’aluminium des ailes de l’ULM à deux places qui nous emmènera, c’est promis, un de ces jours à la chasse aux photos sans les reflets de la vitre.

Le temps aussi de revenir  sur terre, de façon très conviviale, au bar de l’aérodrome et la nuit noire, très noire  a recouvert toute la beauté du jour dans ces contrées landaises et girondines. Restent les images entachées certes de quelques reflets, d’un peu de brume et de quelques tremblements mais dans les yeux l’amour de la terre et de l’eau vues du ciel. L’Aquitaine est vraiment belle.

Merci à Laurent et Sylvie pour leur professionnalisme, leur  passion qu’ils savent communiquer, leur joie de vivre et cet amour des  nuages et de l’océan que nous partageons et souhaitons partager encore avec eux.

http://aeroclub-mimizan.over-blog.com/

L’île Nouvelle: le village vu de la digue-cliquer pour agrandir


L’automne est ici une fleur d’eau

Un Ô où froufroutent mille vols d’oiseaux

Une rive de canaux creusés sous le vent

Un va-et-vient de langues de terre en mouvement

Et de liquides humeurs s’immiscent dans les creux

Sauvages entrelacs, instables rêves amoureux.

Arrêt sur image et de  partout en stéréo

Nous parviennent beaucoup de chants d’oiseaux

L’homme lutte jour après jour, endigue en travailleur infatigable

Pour préserver et ensemencer la vie sur le fleuve navigable.

Vents, courants et marées façonnent  le paysage

Des îles meurent, des vasards naissent au cours des âges

Sa Majesté l’estuaire fait son lit de fines couches d’alluvions

Et la Garonne charrie son bouchon vaseux depuis l’amont

Quand le courant est faible la vase tombe au fond du lit

Donnant une crème de vase, on se croirait en pâtisserie.

L’île Nouvelle réunion des îles Bouchaud et Sans- Pain

Fut un vaste champ de maïs après avoir connu le vin.

Habitée durant un siècle sur ses six kilomètres

Y vécurent en autarcie jusqu’à 150 êtres

L’île est aujourd’hui un havre magique, un domaine

Où la faune et la flore y sont nommées reines.

Si l’île semble s’endormir l’automne venu

Tout n’est que germes de vie hors de notre vue.

Plus de 150 sortes d’oiseaux y sont  accueillies

Et les routes essentielles de migration font escale ici.

A chaque détour  de la digue en perpétuelle évolution

Des sons étranges, des froissements d’ailes et des plongeons…

Non loin de Blaye et de sa citadelle  de Vauban

Il est une île où l’ on ne voit pas passer le temps.

8 octobre 2010

 

 

La journée est de pluie et le tableau d’île voilé,

La glaise est  lourde au royaume des oiseaux

Des roselières et des palus où l’homme

Pour quelques heures joue les « îlouts »,

Passager  éphémère d’une nature à pas comptés.

Journée grise immaculée au ciel « froncé »

Dit le guide. Taillée dans le matin frileux

A gouttes sur le nez et capuches serrées.

De Blaye  vers la barre verte posée sur l’estuaire.

A l’Île Nouvelle via le ponton nous accostons

La palette émergera  dans les ocres intimes

Les verts légitimes et l’automne virant au marron.

Les gris ne sont pas si gris lorsque à tire d’ailes,

Lorsque dans les roselières se dandinent les hérons.

Première image, une promesse d’île contée

Parfum d’île abandonnée dans le silence momentané.

Le village s’est refermé près du grand chêne déployé

Les maisons craquelées, les chais et l’école isolée.

Nous ne verrons ni  le puits ni la chapelle écroulée

Mais  notre cœur se serre, s’émeut devant le passé.

Nous sommes nous aussi à la merci du batelier

Passeur d’île et de continent, au gré des marées.

Nous marchons  nous aussi dans les pas des « îlouts »

A la rude vie solaire que jamais n’atteignait la gelée

Mais dont la vigne savait l’effet salutaire du pied mouillé.

Restait le tour de l’île Sans Pain. Parfois un œil sur la Gironde se glisse :

Derrière les frondaisons  doucement  elle se dévoile.

L’eau si prégnante et les reflets, ce paysage de marais

D’où  s’échappe en  biais un faisan  jusque là embusqué.

Vol de milans noirs planant hors de notre portée,

A eux le ciel, taches noires virevoltantes sur fond gris appliqué

Et bientôt la mangrove et les branches emmêlées.

Sur la digue il faut se hâter,  voir à nouveau le village se dessiner ;

Mais pouvoir  voler  encore quelques instants précieux et secrets

A cette île au matin en demi-teinte  à peine esquissée

Avant de repasser sur le ponton de bois  et s’en aller

C’est ouvrir  la porte dans la sérénité

A l’archipel de nos rêves perlés. Oserons-nous les avouer ?

Le 8 octobre 2010

à suivre…

Le matin avait commencé comme ceci: par un coup d’œil lancé au ciel. Les nuages semblaient prendre la poudre d’escampette après avoir saupoudré le levant.(Vous pouvez cliquer sur chaque photo pour l’agrandir)

Puis avant midi, je perdis et je retrouvai deux fois ma montre entre les plages du Sud, celle du courant et celles des Ailes. Cela faisait plus de trente ans que je n’avais pas vu Mimizan.

Voici la plage du courant. Le courant vient du lac d’Aureilhan et se jette dans l’océan Atlantique à Mimizan . il sépare la ville du sud de celle du nord.


Si comme moi vous aimez contempler les tons émeraude, turquoise… Vous serez gâtés. La matinée avait été fraîche: les températures étaient proches de zéro et puis rapidement elles  redevinrent estivales avant midi.

Baigneurs,surfers, promeneurs s’étaient donné rendez-vous pour des joies simples de septembre.

Au loin un bateau…

ET puis…je vous laisse sur cette vision de la plage des Ailes: » il y a le ciel, le soleil et la mer… »

Mes remerciements vont à  Pierrette Ronteix-Chevody, auteure des livres Parentis-en-Born I et Parentis-en-Born II aux Editions  Sutton, qui a accepté de publier ces cartes postales faisant partie de sa collection personnelle.

Première photo: l’orme au début du XIXème siècle.

Deuxième photo: l’orme après la dernière  guerre.


Il y a parfois des rendez-vous ratés. Ma dernière rencontre souhaitée avec l’orme fait partie de ceux-ci. Je regrette d’être passée si près de lui sans avoir pu prendre le temps de le photographier une dernière fois.

Le journal Sud-Ouest a publié ces jours derniers un article en forme d’adieu. L’orme est mort, victime de la graphiose qui le rongeait depuis quatre ans. Il s’est endormi l’hiver dernier et ne s’est pas réveillé au printemps.Cet arbre vieux de six siècles porte en lui une partie de l’Histoire et des légendes  gasconnes.

Cette histoire  se passe au temps du Prince Noir…Vainqueur à Poitiers en 1536, il règne en seigneur sur l’Aquitaine…

La légende de l’orme*

« Vers 1450, Adeline jeune et jolie bergère, promenait en ces temps moyenâgeux son troupeau. Vers midi, lorsque le soleil invitait au repos, elle conduisait ses brebis là où l’eau limpide de la lande leur permettait de s’abreuver. Elle s’étendait volontiers là à l’ombre des jeunes chênes et y croquait paisiblement son pain de seigle au fromage blanc.

Déjà bien des bergers tournaient autour d’elle mais son cœur avait déjà fait son choix. Pierre qui poussait aussi parfois son troupeau sur les rivages du Pit vers le Nord, non pas parce que l’herbe y était grasse, mais parce qu’il y avait Adeline.

Tandis qu’elle faisait quenouille, Pierre du haut de ses échasses, surveillait les deux troupeaux. Ils étaient heureux et venaient là oublier l’oppression de l’occupant anglais. L’automne vint et Pierre dut partir avec son troupeau vers la vallée de l’Adour où les pâturages étaient moins sensibles aux rigueurs de l’hiver. Avant son départ, il promit à Adeline de revenir pour Pâques et de l’épouser à la Saint Marc. Mais durant cette absence, un bel officier anglais se montra très, intrépide à faire la cour à Adeline qui restait insensible à toutes ses avances. Mais les langues commençaient à jaser. L’Anglais ne parvenant pas à ses fins, décida de se venger. Il affirma avoir vu Adeline en flagrant délit de taillis.

En ces temps très sévères sur les mœurs, toute fiancée qui fautait encourait de graves châtiments allant jusqu’au déshonneur public. La calomnie fait toujours son chemin, elle s’insinue et pénètre les esprits semant le doute et l’incertitude. Adeline fut traduite devant le conseil des Anciens. Malgré ses protestations et ses serments rien n’y fit l’Anglais persistait.

Adeline fut condamnée à rester trois jours exposée nue sur un tonneau contre l’orme de la place. Trois jours à subir les moqueries et sarcasmes des passants. La sentence fut du Samedi Saint au lundi de Pâques. Pierre, de retour, entend parler de ce qui se passe à Biscarrosse. Il décide de revenir vite et parvient au pied d’Adeline attachée sur le tonneau devant l’orme. Elle lui crie son innocence. Tout à coup sa tête retombe sur sa poitrine. La honte vient de la tuer.

A ce moment là, juste au-dessus de sa tête à même le tronc de l’arbre apparaît miraculeusement une couronne blanche symbole de l’innocence.
Depuis une couronne blanche fleurit tous les ans au mois de mai au même endroit. »

*inspirée de la légende orale recueillie par l’abbé Lapeyre.

L’orme en 1975

Bien sûr, vous pouvez, comme dans chaque article, cliquer sur les photos pour les voir à la taille normale.

Et vous retrouverez cette légende ainsi que des photos de l’orme  en suivant les liens:

http://www.biscarrosse.com/La-legende-de-l-orme

http://krapooarboricole.wordpress.com/2009/04/24/le-vieil-orme-de-biscarosse-landes-la-couronne-de-fleurs-legendaire/

En route vers le Cap Ferret! Car nous finirons bien par y arriver !

Nous ferons une première halte dans la forêt de Lège Cap- Ferret car nous avons rendez-vous avec La DEMOISELLE ! à la Cabane du Résinier !Dans le royaume Vert , véritable poumon parcouru par les pistes cyclables que nous avons parfois empruntées depuis Andernos, existe ce lieu où Elle m’a confié un secret.

« Un jour de tempête et d’orage, un Lutin est tombé sur la tête et bien mal lui en a pris : il est devenu un peu fou. Il a posé un piège et s’est emparé de la DEMOISELLE qu’il a enfermée dans la cabane. Quant elle a pu se délivrer, c’est grâce au chant des oiseaux qu’elle a retrouvé son chemin ».  Mais aujourd’hui, la DEMOISELLE ne se montrera pas et nous nous informerons de façon ludique sur les pratiques historiques des lieux et sur le gemmage des pins.Nous y entendrons parler de ramassage de la résine et je retrouverai mon enfance dans la forêt puisque je suis fille de générations de gemmeurs. Nous saurons tout sur le galipot ou résine solidifiée, sur le barras ou résine récoltée sur l’entaille ou care avec le hapchot, parfois à l’aide d’une unique échasse, comme le faisait mon grand-père!


Voulez-vous me suivre ensuite vers l’océan? 25 km de plages sablonneuses ininterrompues pour les amoureux des vagues, du calme hors saison, pour les couchers de soleil que je vous montrerai un jour et que certains connaissent déjà.

Des noms de rêve ; Le Grand Crohot dont le nom signifie trou, fosse en souvenir des trous d’eau entre les dunes littorales avant qu’elles n’aient été ensemencées de pins.

Le Truc Vert, le « sommet des sommets » ; Le Truc de la sorcière, le Truc de la Truque…


« Je l’entendais , cette mer qu’une dune me cachait encore et dont je cherchais le goût salé sur mes lèvres . et soudain elle était là, et je doutais encore que ce fût elle, cette étendue informe et confuse ! »disait d’elle François Mauriac.


Et si comme pour  moi , le moment où la mer apparaît est à la fois un rêve qui se réalise toujours comme si c’était la première fois, si ce moment magique , vous l’attendez comme un instant de pur bonheur, vous comprendrez les paroles de François Mauriac….
Il parle aussi de notre deuxième amour commun : les pins ! Et il en parle comme j’aurais aimé en parler !
« Mais qu’ils sont calmes aujourd’hui entre le sable et l’azur! Chacun porte sur son écorce une cigale pour l’endormir. A l’horizon, leur foule pressée sur la crête des dunes pâles sépare les eaux et le ciel…. »


Et nous resterons là à méditer… là où la terre, l’océan et le ciel ne font plus qu’un !