MONKEY BIRD CREW-SINGERIE OISIVE: une fable animalière?

Les artistes du collectif Monkey Bird Crew-Singerie Oisive (Louis Boidron et Edouard Egea) ont débuté à Bordeaux. Le collectif se  reconnaît à ses œuvres en noir et blanc qui incluent parfois du doré.

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Expressions Urbaines Bernard Magrez 2014

Temor signe les animaux  à poils et particulièrement le singe et Blow ceux à plumes avec une prédilection pour l’oiseau

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Les initiales du collectif enluminées se confondent avec les initiales de Bernard Magrez

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Nous les avons découverts au château Labottière chez Bernard Magrez.

Monkey Bird

Cet été nous les retrouvons à Mériadeck.  Les pochoiristes ont réalisé une fresque pérenne en noir et blanc sur un des murs de la Patinoire, à partir de leur thème de prédilection : le singe et l’oiseau.

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à la Patinoire, visible depuis le tram A

Au travers de leur œuvre on ne peut que s’interroger sur ces symboles : le singe nous ramenant à notre condition bassement matérielle et terrestre

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Monkey bird

et l’oiseau nous mettant dans la tête des idées d’évasion, de liberté.

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« Le singe est toujours une gazelle dans les yeux de sa mère » proverbe égyptien

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L’oiseau sur le singe perché

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détails du graphisme.

Le collectif explore les concepts de nature et de culture, pointant les déséquilibres au cœur de l’homme, lui  qui doit toujours lutter pour se situer sur la corde raide entre ses instincts primaires et son évolution d’animal social dans une ville déshumanisante. En attendant, les animaux prennent leur temps sur les murs  au sein de la vie urbaine trépidante.

Et la balade continue, tout au long de l’été.

 

 

 

Après l’attentat à Nice, plus que jamais, il faut résister à la nuit

« Fuir la haine de peur qu’elle ne s’éveille, laisser couler nos larmes et s’épancher notre douleur. Vivre, pour ne pas ressembler à ceux qui, hier soir, ont brusquement éteint les étoiles dans le ciel et dans nos yeux. Fuir la haine, car c’est elle que cette folie meurtrière veut faire flamber. Laisser couler nos larmes parce que cette sensibilité nous honore. Et ne pas retenir notre douleur, parce que nous croyons, nous savons, que le deuil unit les hommes mieux que le martyre. Le crime de Nice est immense, mais pour faire face à la barbarie, nos armes sont plus nombreuses que les leurs, et ne sont pas que militaires ou policières. Elles puisent leur plus grande force dans les sources que cette haine veut assécher : une éducation ouverte, l’égalité hommes-femmes, une justice fondée sur les droits humains, pas divins ; et puis la laïcité, une société juste et fraternelle, l’amour et la vie, l’amour de cette vie, non la passion de la mort. Les larmes qui gonflent nos yeux ne voileront donc pas nos principes, ni la réalité. Les étoiles se sont éteintes – mais pour une nuit seulement. »

OLIVIER PASCAL-MOUSSELARD

Rédacteur en chef à Télérama

Télérama 15 07 2016

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Une rose et nos larmes

Quel que soit le résultat de l’enquête en cours, il y a tant d’attentats partout dans le monde que ces mots si justes accompagnent nos pensées envers les victimes et leurs proches.

Et puis, pour terminer, cette note de lecture, à méditer, mais cette fois-ci dans le journal d’écriture faisant suite  au  » Concerto à la mémoire d’ un ange » recueil de nouvelles d’ÉRIC EMMANUEL SCHMITT ayant obtenu le prix GONCOURT DE LA NOUVELLE

 

« Force de la volonté

Sans elle nous aurions tous cédé à des pulsions de violence. Qui, soudain envahi par la colère, la peur, la rage, n’a pas désiré, le temps d’un éclair, frapper, voire tuer l’autre?

Souvent je songe que nous sommes tous des assassins. La majorité de l’humanité, celle qui se maîtrise, est composée d’assassins imaginaires; la minorité d’assassins réels. »

 

PETIT PARC AUX BAMBOUS 001

Roger Dautais

Partagé en mode public  –  11 juin 2016

L’homme  prendra modèle sur la terre
La terre prendra modèle sur le ciel
Le ciel prendra  modèle sur la Voie
La Voie, elle se  modèle sur le naturel.

Lao Tseu  –  Tao te king

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com

Photo  : création land art de Roger Dautais
 » Espace vital  » pour Maïté/Alienor
Parc aux bambous  – Caen – Normandie

***

avec mes remerciements et l’expression de ma profonde amitié; j’ai écrit en un souffle ceci:

 

Écoutez le frémissement des bambous sous le vent

Pierre après pierre

Les bambous la prison

Les grilles cloisonnent

La maison

Le ciel ou

La terre où

S’agrippent les mains des vivants

Où sont

Leurs idées rangées dans les alvéoles

Le ciel avec le ciel

La terre sang dessus dessous

La voix des pierres aux pierres

Des trous où couver les rêves

Des bribes de bambous ou

le souffle du vent, qui siffle

Qui chante contre les trous

De la mémoire

Sur la voie ayant pour nom la sagesse.

Mais les pieds à peine posés sur de périlleuses pierres

Où enfoncer les ongles

Où les cheveux s’entortillent

Et poussent les bambous, se courbent au vent

Hommage Heureux : il y a des portes où fleurit du vert

 Des fenêtres, des étais pour le souffle court

De la poitrine

Ecrasée, tourmentée

Par le présent, les absents.

Il y a des coups de pioche

Des coups du sort

Des bambous-bougies réguliers

Puis enfin un drapeau victoire

Des tubes comme des munitions

Du bonheur

Des larmes joyeuses de bambou

Du solide

Du creux, du sombre et de l’emmêlé

Du bâti, du strié, de l’acheminé en vérité.

Il y a du gai, du rangé dans la boîte à mémoire

Il y a de la vie du côté des bambous,

Du côté de la maison-monde

Du troglodyte et des ermites

Le naturel au galop dans nos têtes.

29 juin 2016

 

 

À la fin de l’été, j’avais assisté dans le cadre de l’été métropolitain à la performance de Zarb que j’avais présentée ici:

Fin de l’été métropolitain:un loup de plus dans la ville

Je l’avais intitulée « un loup dans la ville » mais j’ignorais à ce moment-là quand la fresque serait terminée.

Depuis j’ai constaté que le message a gagné en intensité, repoussant plus loin les frontières de la réflexion. Le bestiaire s’est enrichi et l’œil permet au passant de se projeter bien plus loin, oserai-je dire à l’infini de l’imagination.

Il était une fois… un mur… qui me fascinait lorsqu’il n’avait pas son habit de peintures définitif. Il est un mur qui continue à me fasciner.

J’ai eu à ce propos envie de relire « Le loup et le chien » dans cette version:

http://fables-de-phedre.blogspot.fr/2011/09/le-loup-et-le-chien.html

Bordeaux, rue Abria, juin 2016

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ENTRE AVRIL ET MAI 16 015

ROGER DAUTAIS/ UTOPIE

lundi 2 mai 2016

*

« L’envie d’une belle lumière capable de tout réparer » Roger Dautais

UTOPIE

Une île… Toute l’île de vert parée

 Où tout recommencerait.

Zéro… Zéro… Une étincelle… Et puis le départ donné

 À l’offrande de mains jointes

À l’île de mousses sauvages

 Au rêve d’écumes vertes douces, douces

 Cadeau aux mains offertes et puis,

 Au centre de tout :

Trois petits œufs

Trois petits yeux

À l’abri de la contamination

Un berceau là… Ailleurs… Nulle part où aller bien loin

Juste se blottir tout contre la falaise

Primitive, pour imaginer une Cité

À reconstruire de un à trois pas de géant.

 Avec des étoiles dans les yeux : ça pétille.

 Avec des étoiles dans le nid : ça frétille.

Dans le sillage des branches, une

 Balancelle coup de pouce au rêve et

Du lierre de la bouche au cœur

 Jusqu’au berceau silencieux des commencements.

Point zéro… Tout l’avant est effacé.

Sourire surgi d’entre  les paumes ;

Et de la chaleur de la couvaison du rêve

À l’utopie grandissante, galopante,

Sur la portée des brindilles, trois notes

Sur celle des lichens, symbiose des matins du monde mais

Pairs, mer oubliés : il faut apprendre à monter à bord du rêve,

 Flotter sur le renouveau de l’île où la vie éclot.

 Pour une vie de lumière, une orgie de lumière, un bain de jouvence où

Trois points cerisent à l’abri du vent

Dans la pouponnière des idées.

Du silence qui nous veloute le regard  naîtront des projets

De partage, d’amitié, de rêve, de tolérance

Dites-moi que plus rien ne sera ourdi contre Nature

Sans notre consentement éclairé :

Les feuilles des mortes, les instincts de chute

Les doigts noueux de terre, le ciel à teneur de plomb

Les terres inhospitalières où règne la terreur.

Ici… Nous serons heureux

Heureux comme la pluie d’harmonie qui veille

Quand veillent les reflets rouge ardent.

Trois dans un nid enfantent leur à venir

Suivent la course du soleil sans crainte

Bientôt sans frontières pourront rêver.

Hors le nid… Essaimer. Et… s’aimer ?

Maïté L

 

TERRE-MER ( BIS ) AVRIL 16 001

Roger Dautais/ Corps infinis

samedi 16 avril 2016

*

GUILLEVIC/Etier, dans le  poème Encore

 

…« Comme si c’était modeste

De réunir en soi

Limites brisées,

Indiscernables,

 

Le temps de la mer

Et l’eau de l’instant

*

Ainsi donc

Tant que tu pourras,

 

Tant que la lumière

Te portera.

 

Celle des horizons,

Celle des regards.

 

Celle qui vient des pierres,

Celle qui vient des mains. »

 

***

En écho de ma part

en résonance avec Éliane Biedermann semble-t-il

dont Roger a choisi un poème.

à Roger Dautais

 

Une évidence :

Cela venait du nuage

Complice… chapeautant

L’infiniment bleu

L’effort solitaire

Le silence attentif

Cet entre-deux.

Soudain,

Une passerelle de ciel

Cueille à l’infini le regard

L’embrume ou le mouille

Corps céleste ou le vide

Comment savoir ?

Cheminant dans un jour nouveau… la pensée s’égare.

Dans tes bras, comme tes enfants

L’un après l’autre venus,

Frottés au front de la mer,

Galet après galet

chacun… de l’arrondi à l’aplati vibre

Du poli au rugueux , toujours l’emprise

Chacun pulse son langage … les bruits de leur cœur

Contre ton cœur,

Irradiant… pierre… soleil… lumière

Après froid… détachement… distance,

Chaque galet-sirène t attirant, tu répondis.

Ils furent  portés à bras-le-corps

Jaugés…hissés…vrillés…apprivoisés…montés sur mamelon.

Le sein offert à la vie nouvelle

Offrande de mousse : laitance de vie, elle

Fait partie du voyage

De millénaire à l’infini.

Puis un simple collier de nuages et

L’horizon aime la perfection,

Comme cela, mine de rien.

J’entends… J’entends

Un cri sans cesse recommencé

Une chanson du passé

Millénaire,

Une chanson infinie qui porte

Haut et fort le renouveau.

Nous sommes à côté de l’alphabet

Nous sommes hors de portée du cri

Nous sommes ce que nous sommes

Nous,

A côté de ces signes ténus… Bientôt Nus

Dans cette contemplation finale… Un

Vertige devant  la verticale, une

Certitude ou interrogation, c’est selon.

La ligne de vie qui prolonge tes bras

De mousse et de galets, infinis ces

Corps résonnent… Ils suintent la flamme…

Infinis car sans cesse recommencés

Offerts à l’écho… à la parole… aux mots

Infinis…& infinis les corps issus de la vie.

Maïté L

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un lieu de souvenirs

*

A ma grand-mère maternelle

Au bord de la rivière
Nous nous sommes assises
Le temps d’un pique-nique.
L’ombre était généreuse.
Tu l’étais aussi.

*

Au bord de l’eau
Noire et impénétrable
Nous nous sommes allongées
Le temps d’une sieste
Le soleil jouait à cache-trouve
J’y jouais aussi.

*

Au milieu de l’herbe
Verte et drue du regain
Refuge des petites bêtes
J’ai apprivoisé un grillon.
Il chantait doucement,
Je chantonnais aussi.

*

Puis sur nos bicyclettes
Nous avons repris
Les chemins des noisettes.
Tu étais ivre de travail
J’étais repue d’air pur.

*

Le soir est tombé
La chaleur aussi
J’ai frissonné d’enfance
Et de plaisir
Tu m’initiais à la vie
Je forgeais mes souvenirs.

Maïté L

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comme un pont entre deux mondes.

 

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Trois brins de souvenirs…

 

Si Grand- mère…
se courbe vers la terre
c’est qu’elle sait ses jours comptés.
Et si grand mère prend le temps de regarder à terre ce qui grouille,
ce qui fourmille,
c’est parce qu’elle se souvient du temps ou elle pouvait donner du temps au temps;
Et nous , enfants et petits enfants si pressés
quand regarderons-nous notre mère grand?
Que ne donnerait-elle pour un sourire d’enfant
pour un sourire d’adolescent?
Et si Grand mère se souvient
si elle joue à saute-mouton
vers son passé
c’est pour mieux nous passer
le flambeau.
Pour que nous ne puissions dire:
« si j’avais su…Si j’avais pensé…
j’aurais écouté les histoires du passé celles qui nous mènent d’hier jusqu’à demain »
celles qui font dire à mère grand
« de mon temps. »..
et là nous aurions bâti ,
assis nos racines
sur des trous,
sur des oublis…
mais quelle importance
puisque grand mère nous conduit
à travers champs
sur le chemin de l’histoire
sur le chemin
de SA sérénité.

Maïté L

©

Si_grand_mere[1]…

Ma grand-mère a disparu depuis bien longtemps mais son souvenir est toujours là , dans mes pensées, mes ressemblances avec elle et dans le diaporama élaboré il y a bien longtemps par Monique que je remercie.

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Le soir sur la façade de la Bibliothèque de Mériadeck: la signature des « 3 M »

« Depuis quelque temps, les accents grognaient. Ils se sentaient mal-aimés, dédaignés, méprisés. À l’école, les enfants ne les utilisaient presque plus. Chaque fois que je croisais un accent dans la rue, un aigu, un grave, un circonflexe, il me menaçait.

-Notre patience a des limites, grondait-il. Un jour, nous ferons la grève. Attention, notre nature n’est pas si douce qu’il y paraît. Nous pouvons causer de grands désordres. Je ne prenais pas les accents au sérieux. J’avais tort. »

La révolte des accents Erik Orsenna

 

LA RÉVOLTE DES ACCENTS

ERIK ORSENNA de l’ACADÉMIE FRANÇAISE/

Stock

*

Sur fond de réforme orthographique partielle, montée en épingle ou portée à la connaissance de chacun par des journalistes semeurs(friands?) d’alertes, il est bon parfois de revenir se plonger au pays des mots et dans la belle langue qui est la nôtre.

Certes son apprentissage est ardu, riche en sensations mais nous assistons souvent aujourd’hui à une sorte de débâcle, un nivellement par le bas.

Face à la querelle de l’accent circonflexe, ne vaudrait-il pas mieux remonter le cours du temps dans l’histoire de la langue pour donner du sens au « chapeau chinois » de notre enfance ?  Avec lui, les homophones  s’y comprennent par le recours à la langue écrite. Lui, l’accent circonflexe, l’objet de toutes les attentions, est apparu au XVIème siècle et s’est normalisé au siècle suivant. Il est aussi le témoin d’une langue dérivée du latin et peut remplacer une lettre disparue, un « s » ou bien une autre lettre encore : une lettre affaiblie, disparue, rappelée par l’accent circonflexe. Mais pas seulement…

Je garde pour ma part le souvenir de belles découvertes de la langue française et j’éprouve de la reconnaissance pour tous ceux et celles qui, instituteurs ou professeurs de collège, de lycée ou de l’enseignement supérieur m’ont permis d’étudier dans le plaisir, le vocabulaire, la grammaire, les conjugaisons, la phonétique, les analyses logiques, la littérature ; puis il y eut ceux qui ont nourri mes réflexions sur la langue et m’ont donné les moyens d’éveiller les enfants aux plaisirs de l’apprentissage de la langue, aux plaisirs de la lecture.

Mon désarroi est bien plus profond encore, devant notre langue écorchée, malmenée où le futur se dissout dans le conditionnel et surtout devant un « franglais » où l’anglais est devenu dominant,  le français prenant la place très inconfortable du dominé.

En prenant de l’âge, j’éprouve la désagréable sensation personnelle, d’employer la langue en sous-régime, avec un corpus de mots restreint par rapport aux si riches possibilités qu’offre le français. Heureusement, je rencontre sur ma route des amoureux de la langue, des anonymes et d’autres dont je peux lire les blogs et puis le plaisir de la littérature ne fait que grandir. Le temps presse : il y a tant et tant à découvrir, lire et relire.

Lorsque je faisais mes premiers pas sur le net, il y a un peu plus d’une dizaine d’années, j’ai tout de suite été sensibilisée à l’emploi du mot juste, par des défenseurs de la francophonie. Pour eux, point de «  bon we » qui était déjà passé dans les mœurs mais « une bonne fin de semaine »… Je compris que nous français, moi la première, étions en train de baisser les bras.

Afin de nourrir la réflexion, je tiens à vous présenter en plus du livre d’ERIK ORSENNA cité en préambule, quatre livres, quatre personnalités complémentaires, qui peuvent nourrir la réflexion sur la langue française : l’auteur d’un essai, une anthropologue , une romancière et un linguiste.

*

De quel amour blessée... Alain Borer

RÉFLEXIONS SUR LA LANGUE FRANÇAISE

ALAIN BORER

PRIX FRANÇOIS MAURIAC 2015

  Sur le bandeau de présentation est écrit : « avis de tempête »

 

Il s’agit d’un essai dans lequel ALAIN BORER, poète, romancier, professeur… amoureux de la  langue avant tout, sème la tempête.

Il s’interroge sur les spécificités de la langue française et déroule sa prise de position avec des mots très durs envers nos voisins, nos politiques, nos concitoyens et nous-mêmes.

Le titre est extrait de Racine :

« Ariane, ma soeur, de quel amour blessée Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! »

Comment prendre conscience que notre belle langue disparaît sous nos yeux et avec elle la civilisation qui s’y rattache ? Elle s’efface, sans combattre, au profit de la langue anglaise.

Ce livre érudit, écrit pour des spécialistes délivre cependant son message d’amour à qui voudra se pencher sur ses pages. On y apprend beaucoup dans des chapitres courts, incisifs qui réveillent notre culpabilité avant de nous insuffler l’énergie et la connaissance nécessaires à la défense de la langue.

Nous y apprenons par exemple que la Grande Bretagne a accueilli 37000 mots français à partir du XIème siècle et que l’anglais est du français à 63% !

Segalen disait  à propos des Maoris : «  En perdant ses mots, on perd son âme »

Si vous lisez ce livre, vous ne verrez plus jamais notre langue de la même façon. Et vous vous surprendrez à être  soudain beaucoup plus vigilants… Vous revivrez aussi certains épisodes de notre Histoire avec un éclairage nouveau. Vous apprendrez beaucoup. Vous ne retiendrez pas tout mais l’essentiel sera gravé en vous.

*

Le goût des mots Françoise Héritier

LE GOÛT DES MOTS

FRANÇOISE HÉRITIER

ÉDITIONS ODILE JACOB

Les mots ont un pouvoir : ils peuvent nous sauver. La crise que nous traversons n’est pas seulement économique mais elle est aussi morale et nous vivons dans la morosité.

Afin de retrouver le goût des mots, leur couleur, leur matière et nos étonnements d’enfance face à la langue, FRANÇOISE  HÉRITIER nous convie à puiser dans le trésor des mots avec joie, en explorant plusieurs pistes : celle du mystère, celle de l’imagination qui retrouve une certaine brillance, celle des émotions et des perceptions au plus près de notre corps.

FRANÇOISE  HÉRITIER explore les mots avec délectation, gourmandise, sensualité. Elle crée des listes pour le plaisir et sur plusieurs registres que j’ai eu la joie d’emprunter sur ses pages.

C’est un livre jouissif.Un livre qui invite aussi le lecteur à entrer dans le jeu et à prolonger la lecture avec ses propres mots.

« Je suis entourée de mots dans une forêt bruissante où chacun se démène pour attirer l’attention et prendre le dessus, retenir, intriguer, subjuguer, et chacun aspire à ces échappées belles. Comme si on les sortait de leur prison. On entre dans le domaine de la joie pure. Tous ces mots qui se déhanchent, se désintègrent, ondulent autour de moi et m’entraînent dans la grande ronde de la fantaisie première. Avec le bricolage surprenant et inattendu des figures qui surgissent alors, on entre dans le grand capharnaüm de la liberté créatrice où tout est permis. »

*

Chantiers Marie-Hélène Lafon

CHANTIERS

MARIE-HÉLÈNE LAFON

ÉDITIONS DES BUSCLATS

Là aussi l’amour de la langue éclate à chaque page avec le souci de cerner les idées, les souvenirs, les émotions avec les mots justes. L’écriture est généreuse, joyeuse, précise, fluide. C’est la danse des synonymes, notamment chez les adjectifs. MARIE-HÉLÈNE LAFON nous régale d’une belle langue classique et cependant si actuelle, si ancrée dans la chair.

Chantiers signe un corps-à-corps avec l’écriture, un ouvrage sans cesse remis en chantier et qui aboutit à des livres ouverts au monde.

Chantiers : un petit livre précieux à lire et relire.

*

Le Voyage des mots Alain Rey

LE VOYAGE DES MOTS

ALAIN REY

De l’Orient arabe et persan vers la langue française

Calligraphies de Lassaâd Metoui

 

Ce livre m’a été offert par une amie. C’est un très beau livre, un de ceux que l’on ne range pas et dans lequel on chemine dans l’Histoire et l’histoire des mots. C’est un carnet de voyages original qui nous montre les langues en mouvement.

Il est au confluent d’un livre consacré à la langue et d’un livre d’art. En fait il s’inscrit parfaitement dans les deux registres car il s’agit d’une conversation entre le linguiste, lexicographe érudit et le calligraphe qui s’inspire aussi bien de Hartung que de Soulages.

Sur la route des deux cultures, ALAIN REY nous montre comment les mots voyagent et viennent enrichir la langue où ils viennent se poser.

Ma page préférée est celle qui suit les pérégrinations du mot  » houle » à ses origines, avec ses hésitations, ses pistes sûres, et pour finir ses certitudes.

«  La houle est la respiration des mers. Calme, régulière, faible, elle berce ; forte, haletante, puissante, elle menace.

D’où vient la houle ? De partout où le vent souffle sur l’océan. »

Mais d’où vient le mot ? Beaucoup de mots se rapportant à la navigation viennent des pays nordiques mais une autre piste passe par les récits de voyages maritimes, des histoires qui s’y rattachent, prend sa source en Inde, avant de gagner la langue arabe et de nous revenir par L’Espagne. Le mot « houle » apparu en Espagne en 1403 n’est remonté qu’un siècle plus tard chez nous.

Je laisse à ALAIN REY cette note d’espoir citée dans sa préface :

« Cependant les mots ne sont pas des vivants ;ils peuvent s’effacer, mais non pas mourir ».

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Montaigne, Montesquieu, Mauriac

 

SECOND PAS JANV ( BIS )16 011

« OBJETS TROUVÉS »

un cairn élevé dans le Golfe du Morbihan

une photo que je lui emprunte

une dédicace

de ROGER DAUTAIS à mon intention

sur

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

sur sa route 73, billet du 18 janvier 2016

*

« Nommer chaque chose à part

          est le commencement de tout

Mais dire ce qui surgit d’entre elles

         toujours neuf

                      et imprévu

C’est

          Chaque fois

                       re-commencer le monde… »

FRANÇOIS  CHENG/ A l’orient de tout

 

Juste pour faire mentir avec  l’œuvre de Roger Dautais et avec ALEXANDRE JOLLIEN, ceux qui nous préféreraient « pauvres et muets, sans paroles et sans rêves »

Vous l’aurez peut-être apprécié lors de l’émission LA GRANDE LIBRAIRIE, en compagnie de MATTHIEU RICARD et CHRISTOPHE  ANDRÉ   à l’occasion de la parution du livre qu’ils ont conçu ensemble: « Trois amis en quête de sagesse » L’iconoclaste Allary éditions

***

MES MOTS:

DE LA VIE MINUSCULE A LA VIE MAJUSCULE

OBJETS TROUVÉS

*Dans ce chaos moutonné

Objets Trouvés, êtes-vous une arme

Un lance-pierre à l’horizon

Un va-et-vient du temps

Un passage à la mer

Une respiration en marge

Entre ce qui s’offre

Ce qui se désire

 Et ce qui s’élève

Au gré des courants ?

 

*Celui  qui s’appuie

Sur l’épaule de pierre,

De pierre secourable,

Lui, Sur la tranche hissé

Est-il l’homme de pierre,

Au cœur battant

Ou bien  son compagnon

L’homme de sang

Au galbe si poli ?

Entre nuages et vent

Soumis au cri des bernaches

Danse de plume, danse sa  pierre

Toque le cri des éléments

A coups de becs et d’ongles.

 

*A l’hiver Les Objets Trouvés

Font flèche atout ciel

Au détour d’une moue

Soudain, ils sortent du chaos

 Et se déploient en rêves inassouvis.

Cruauté et violence

N’ont pas dit leurs derniers mots.

*L’homme siffle le début de la partie

Evite  l’affrontement quand pulse son sang.

Les mains usées de tout hisser

Le corps brisé mais

La tête dans les étoiles

Au cirque, le dompteur

Face  aux domptés des  embruns jamais lassés

Offre de clairs échos aux fragances de liberté.

Le chant des paroles rivières, presqu’île ou grève

Lui donne corps, lui redonne vie.

 

*Le chant des baies et des pierriers

Crisse sous les pas

Quand jaillit la lumière, l’impalpable vie

Celle que l’on sent frémir sous la peau

Des mots… Objets trouvés au détour d’un rêve…

Maïté L