Noctambule
« Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière » (Marc Chagall).
Une étrange nuit se presse contre le flanc de la terre.
Mille chuchotis. Mille soupirs. Mille froissés
Dans le secret des lucioles.
Orange lueur en accordéon. Pensées souterraines
Les yeux cherchent les étoiles de terre, de ciel partagé
Au rythme du front plissé.
Ombres Matisse Chagall oniriques silhouettes au geste
D’harmonie. Il existe un monde sous le monde.
Dans une île. Dans les replis nuit et bulle.
Maïté L
Voie d’arbres
Tu trembles, tu murmures tes certitudes
En éclats rouge sang dessus, dessous vermillon cru
Et puis tu sombres dans la brunitude et le silence noir.
Au matin rassuré sur la présente métamorphose
A l’abri de la ville, juste un point,
Une miette
Enchâssée dans les divagations du moment.
Virgule tu seras et rameaux japonisants,
A la cadence des mots images et turbulences.
Les trilles s’envolent en plumes ébouriffées :
Becs arrondis,
Becs affamés,
Dans le nid apprêté.
Rontitudes juteuses, racines , fleurs et jusqu’au bout des feuilles
Tes fruits criblent l’espace ciel dans un souffle.
Ombre tu seras
Tissée de nos jours, tissée de nos peurs.
Tu fais sens, tu fais signe à la parole
A faucher le temps.
Maïté L
le monde blanc en haïku
Les déserts profonds
dans le noir si étoilé
seul un chien aboie.
.
*
Caresse du jour
son dos comme une colline
museau frais du chat[
*
l’été s’est posé
sur tes rêves voyageurs
un frémissement
*
Un oiseau statue
Foule des passants pressés
trois chaises vides
*
souffrance blanche
Le couloir des pas perdus
Le fil de la vie
*
Amandiers en fleurs
sur la colline des vents
Rimbaud sulfureux
*
Une libellule
rivière des demoiselles
le pont ensoleillé
*
Abricot juteux
Champagne! les yeux pétillent!
le soleil en rit encore
*
L’arbre à poésies
ce soir a beaucoup fleuri
de mots pétales
*
Ombre alanguie
Une épaule dénudée
Baiser papillon
*
Soleil au zénith
Les pieds dans le frais ruisseau
Une ombre passe.
*
Une voix s’est tue
chantre de la misère
pour les sans-abri
*
Reine d’un seul jour
glamour et peau de pêche
blanche pluie de riz
*
Pendants et cristaux
Blanches branches étoilées
heures diamantées.
*
Le ciel tourmenté
pour se faire pardonner
a viré au bleu
*
Maïté L
Roses augustines
Ils ont fleuri les cerisiers
Fleurs
Demain, à terre ils finiront
vaincus.
Couronnes de pompons mariées à tous les
printemps.
Il a plu neigé tant de pétales en biais
légers.
Là mi-sol sur la portée rêvée bleu
ciel.
Fantastiques personnages aux yeux
bonbons.
Les troncs témoignent de leurs cicatrices
vives.
Ils souriaient les cerisiers fleurs aux
giboulées.
A jours comptés, le portrait des morts
vivants.
Maïté L
Fenêtre en verts
Fenêtre en verts
Fenêtre ouverte sur horizons majeurs,
Vertes gerbes de tendresse, sombres courbes boisées
L’herbe s’emplit où l’eau tâtonne
De refuge en microcosme va l’imperceptible glissement.
Sur les berges l’épi rescapé offre
La légèreté de l’indicible souffle
A la main de l’homme apposé.
Il n’ose s’aventurer plus avant. Il n’est qu’herbe à bafouer.
Du sceau du printemps s’évaporent
Feuilles fragiles et mâles pendants déclinés.
Mais contre le feuillage en fond tissé
Se dresse là
L’épure magnolia
Rude malgré les frissons coupants.
Ses roses pétales
Au fond de la coupe où ne vont les yeux
Épellent l’alphabet du printemps.
Maïté L
Et l’âme coquelicot de mon jardin s’ouvrit
AUJOURD’ HUI EST UN JOUR COQUELICOT
AVEC COMME UNE BOUTONNIERE BEANTE
A LA PLACE DU COEUR ET DES YEUX MI-CLOS;
UN JOUR OU LES MOTS APPARENTS QUI NOUS HANTENT
QUAND LES ICEBERGS A TROIS POUCES SOUS PEAU
TAMBOURINENT LEURS ASPIRATIONS SAVANTES.
ET LE COQUELICOT VOIT ALORS SES REVES ECLOPES S’ABIMER DANS UN CHAOS
DANS UN CIMETIERE DE PIERRES ET DE COULEUVRES GEANTES
CHAUFFEES A BLANC ET GLISSEES EN CATIMINI DANS LE DOS.
SOUDAIN UNE VOLEE DE CLOCHES ET DE BOURDONS DONT LES SONORITES STRIDENTES
LACHENT DES PERCEPTIONS D’ASPHALTE COMME UN BEDEAU.
AU MATIN LA SOIE AU GRAIN D’INCARNAT DANS L’OMBRE ORIENTE
LES AIGUILLES DU VENT ET LE COQUELICOT GIROUETTE TEL UN JOYAU.
UNE PERLE D’HERBE, UN FOL EPI, ORIPEAU DES HEURES ENCORE PRUDENTES,
APAISENT DE LEURS INSIGNIFIANTES PRESENCES LES ARDEURS DES BOUTONS FLORAUX
AUX HEURES CHAUDES IL NOUS FAUDRA DEPOSER LE VERMILLON DES LUMIERES VEHEMENTES
ET UN COQUELICOT EN PLEIN COEUR, RETROUVER LE CHEMIN QUI NOUS RAMENERA AU BERCEAU;
MAÏTE L
« L’âme du jardin entrouvrit le jardin de l’âme »
OCCURRENCES
NOTE
ECHO
ECLAIR
ECARLATES
EST-CE AU MATIN GRIS
QUE LES COQUELICOTS ECLATENT?
CLAQUENT LEURS NOTES
ECARLATES.
LEURS CALICES OSCILLENT
VERSES SUR LES RIVES DES CHANTS.
SAVEUR GRENADE AUX ARCADES
EN PLEIN CHOEUR.
LES COQUELICOTS A HEURES COMPTEES
LEVRES ECARLATES DES LE MATIN
DISPERSEES AVANT L ‘APAISEMENT DU SOIR
ATTISENT NOS MEMOIRES,
FOUILLENT NOS PLIS D’ENTRAILLES
D’UN PASSE ANTERIEUR QUI ECLATE
COMME POINTES D’ETOILES EN SANG.
QUAND AVONS-NOUS VU
POUR LA PREMIERE FOIS
LEURS BALANCIERS ELANCES
SUR LA TOILE DU PRINTEMPS?
MAÏTE L