Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard

 

…Et merci à Guy de m’avoir remis en mémoire ce poème et de l’avoir envoyé vers » Aliénor »…

J’en suis très touchée.En retour, voici de véritables roses Ronsard, prises la nuit, dans mon jardin.

 

En avril 1545, Ronsard rencontre Cassandre dans une cour de Blois. Cassandre Salviati , fille d’un banquier italien a treize ans. il en a vingt.

Le surlendemain, la cour quittait Blois et « il n’eut que le moyen de la voir, de l’aimer et de la laisser à même instant ». L’année suivante elle épousera le seigneur de Pré.

Ronsard la reverra et chantera la belle en sonnets  dont certains sont des merveilles d’harmonie.  Ronsard ne concevait pas la poésie sans la musique.
Ronsard destinait ses poèmes à être chantés.

Laissons-nous donc porter par la musicalité; le poème empreint de beauté, nostalgie, d’épicurisme discret est universellement connu.

« Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière » (Marc Chagall).

 Une étrange nuit se presse contre le flanc de la terre.

Mille  chuchotis. Mille soupirs. Mille froissés

Dans le secret des lucioles.

 

Orange lueur en accordéon. Pensées souterraines

Les yeux cherchent les étoiles de terre,  de ciel  partagé

Au rythme du front plissé.

 

Ombres Matisse Chagall oniriques silhouettes au geste

D’harmonie. Il existe un monde sous le monde.

Dans une île. Dans les replis nuit et bulle.

Maïté L

Tu trembles, tu murmures tes certitudes

En éclats rouge sang dessus, dessous vermillon cru

Et puis tu sombres dans la brunitude  et le silence noir.

Au matin rassuré sur la présente métamorphose

A l’abri de la ville, juste un point,

 Une miette

Enchâssée dans les divagations du moment.

Virgule tu seras et rameaux japonisants,

A la cadence des mots images et turbulences.

Les trilles s’envolent en plumes ébouriffées :

Becs arrondis,

Becs affamés,

 Dans le nid apprêté.

Rontitudes juteuses, racines , fleurs et jusqu’au bout des feuilles

Tes fruits criblent l’espace ciel dans un souffle.

Ombre tu seras

Tissée de nos jours, tissée de nos peurs.

Tu fais sens, tu fais signe à la parole

A faucher le temps.

Maïté L

Les déserts profonds
dans le noir si étoilé
seul un chien aboie.

.
*

Caresse du jour
son dos comme une colline
museau frais du chat[

*
l’été s’est posé
sur tes rêves voyageurs
un frémissement
*
Un oiseau statue
Foule des passants pressés
trois chaises vides

*

souffrance blanche
Le couloir des pas perdus
Le fil de la vie

*

Amandiers en fleurs
sur la colline des vents
Rimbaud sulfureux

*

Une libellule
rivière des demoiselles
le pont ensoleillé

*

Abricot juteux
Champagne! les yeux pétillent!
le soleil en rit encore

*
L’arbre à poésies
ce soir a beaucoup fleuri
de mots pétales
*

Ombre alanguie
Une épaule dénudée
Baiser papillon

*
Soleil au zénith
Les pieds dans le frais ruisseau
Une ombre passe.

*
Une voix s’est tue
chantre de la misère
pour les sans-abri

*

Reine d’un seul jour
glamour et peau de pêche
blanche pluie de riz

*
Pendants et cristaux
Blanches branches étoilées
heures diamantées.

*

Le ciel tourmenté
pour se faire pardonner
a viré au bleu

*

Maïté L

Ils ont fleuri les cerisiers

Fleurs


Demain, à terre ils finiront

vaincus.


Couronnes de pompons mariées à tous les

printemps.


Il a plu neigé tant de pétales en biais

légers.


Là mi-sol sur la portée rêvée bleu

ciel.


Fantastiques personnages aux yeux

bonbons.


Les troncs témoignent de leurs cicatrices

vives.


Ils  souriaient les cerisiers fleurs aux

giboulées.


A jours comptés, le portrait des morts

vivants.

Maïté L

Fenêtre en verts

Fenêtre ouverte sur horizons majeurs,

Vertes gerbes de tendresse, sombres courbes boisées

L’herbe s’emplit où l’eau tâtonne

De refuge en microcosme va l’imperceptible glissement.

Sur les berges l’épi rescapé offre

La légèreté de l’indicible souffle

A la main de l’homme apposé.

Il n’ose s’aventurer plus avant. Il n’est qu’herbe à bafouer.

Du sceau du printemps s’évaporent

Feuilles fragiles et mâles pendants déclinés.

Mais contre le  feuillage en fond tissé

Se dresse là

L’épure magnolia

Rude malgré les frissons coupants.

Ses roses pétales

Au fond de la coupe où ne vont les yeux

Épellent l’alphabet du printemps.

Maïté L

AUJOURD’ HUI EST UN JOUR COQUELICOT

AVEC COMME UNE BOUTONNIERE BEANTE

A LA PLACE DU COEUR ET DES YEUX MI-CLOS;

UN JOUR OU LES MOTS APPARENTS QUI NOUS HANTENT

QUAND LES ICEBERGS A TROIS POUCES SOUS PEAU

TAMBOURINENT LEURS ASPIRATIONS SAVANTES.

ET LE COQUELICOT VOIT ALORS SES REVES ECLOPES S’ABIMER DANS UN CHAOS

DANS UN CIMETIERE DE PIERRES ET DE COULEUVRES GEANTES

CHAUFFEES A BLANC ET GLISSEES EN CATIMINI DANS LE DOS.

SOUDAIN UNE VOLEE DE CLOCHES ET DE BOURDONS DONT LES SONORITES STRIDENTES

LACHENT DES PERCEPTIONS D’ASPHALTE COMME UN BEDEAU.

AU MATIN LA SOIE AU GRAIN D’INCARNAT DANS L’OMBRE ORIENTE

LES AIGUILLES DU VENT ET LE COQUELICOT GIROUETTE TEL UN JOYAU.

UNE PERLE D’HERBE, UN FOL EPI, ORIPEAU DES HEURES ENCORE PRUDENTES,

APAISENT DE LEURS INSIGNIFIANTES PRESENCES LES ARDEURS DES BOUTONS FLORAUX

AUX HEURES CHAUDES IL NOUS FAUDRA DEPOSER LE VERMILLON DES LUMIERES VEHEMENTES

ET UN COQUELICOT EN PLEIN COEUR, RETROUVER LE CHEMIN QUI NOUS RAMENERA AU BERCEAU;

MAÏTE L

OCCURRENCES

NOTE

ECHO

ECLAIR

ECARLATES

EST-CE AU MATIN GRIS

QUE LES COQUELICOTS ECLATENT?

CLAQUENT LEURS NOTES

ECARLATES.

LEURS CALICES OSCILLENT

VERSES SUR LES RIVES DES CHANTS.

SAVEUR GRENADE AUX ARCADES

EN PLEIN CHOEUR.

LES COQUELICOTS A HEURES COMPTEES

LEVRES ECARLATES DES LE MATIN

DISPERSEES AVANT L ‘APAISEMENT DU SOIR

ATTISENT NOS MEMOIRES,

FOUILLENT NOS PLIS D’ENTRAILLES

D’UN PASSE ANTERIEUR QUI ECLATE

COMME POINTES D’ETOILES EN SANG.

QUAND AVONS-NOUS VU

POUR LA PREMIERE FOIS

LEURS BALANCIERS ELANCES

SUR LA TOILE DU PRINTEMPS?

MAÏTE L

Du matin au soir

sous la pluie
à midi ou à minuit
effleurer un pétale
laisser le lissé s’insinuer
frôler l’épaule d’un baiser
la chair assurée du regard d’amour
les fleurs
au jardin
et la lumière
noire parure , écrin de velours
ciel larmes de pluie assassines
lentement la chute vers le sol
épaves échouées d’orange sanguine
hier en bouton couleur promesse
non tenue
la voie du silence
et au jardin
le souffle de l’impuissance
le printemps en accordéon
au détour , l’infiniment petit
voir ce qui se donne à l’amant
de soie, l’éphémère chant
la plainte du si beau
au cristal de la pavane
L’allée des simples
éperdus aussi
les coquelicots.
Maïté L

A suivre les paroles de pivoines

Les lèvres se font complices.

 

Au calice trempé

et baignées à la fontaine

des sourires voilés

les yeux demeurent tristes

cependant.

 

Tu l’avais dit:

Ainsi parlaient les nuages

Loin du palais de glace

Où la reine aux yeux d’acier

Prisonnière de son cristal

Rêvait de douceur étale

De mouvance et de pétales harmonieux.

 

Pourtant livrées aux passants

Qui passent, qui passent

Et ne savent pas que la vie est suspendue

Au bord des lumières soyeuses;

Pourtant,

Au bout d’une poignée de terre

S’élève le chant des pivoines balancelles

Sous le soleil en pic ardent.

 

Maïté L