18
C’est peut-être l’ivresse,
Qui me fait voir un lion à deux têtes,
Et peut-être le vin de messe,
Participe à la fête…
la muraille verticale,
Supporte même un éléphant,
Qui s’extrait d’une cathédrale,
.vous m’en direz tant !
(éléphant de la cathedrale de Trani – Italie)
Aussi quand je lis Aliénor,
J’ai quelques doutes sur ma santé,
Si je perds un peu le Nord,
( Vénus prête à enfanter ) .
Tout juste sortie du lit,
La barque d’un coquillage,
Dans la peinture de Botticielli,
Aborde nos rivages.
C’est avec elle,
Que l’enfant vagit,
S’envolant d’une nacelle ,
De mythologie .
On a des doutes sur le réel,
Un pied à cheval dans le merveilleux,
Aux enfants il pousse des ailes,
Et le ciel reste radieux .
Ce qu’on y voit ne sont pas des avions,
Mais le passage des déesses,
Et du char d’Apollon,
Ne tenant pas ses chevaux en laisse…
Tout leur est permis,
Et à portée de main,
Des collines d’Italie,
Le monde est un grand jardin,
C’est une terre d’abondance,
Ensoleillée et humide ,
Tout le monde danse,
Dans le jardin des Hespérides….
Si Hercule se souvient,
De ces lieux,
Et des plus anciens,
C’est qu’un demi-dieu
Toujours se doit,
De raconter des histoires,
Et celles de ses exploits,
Pour nous rafraîchir la mémoire…
Moi j’aime la poésie,
Et la peinture ,
J’y cueille de la fantaisie
Dans ses plus petits murmures…
Tout cela me parle d’imaginaire,
Et m’amuse,
En faisant interpréter les mystères,
Des nymphes et des muses….
C’est en quelque sorte
A travers l’art,
Ouvrir d’autres portes,
Et boire le nectar …
Que nous offre Bacchus …
Pas de sensations fades,
Même avec les icônes russes,
Du musée de Léningrad,
Qui nous regardent, sévères,
Dans leur cadre doré…
> Allez, je vide un verre,
Avant qu’il ne soit évaporé…
Et s’il faut que je trinque,
C’est parce qu’encore,
Dans le labyrinthe,
Je dois affronter le Minotaure .
Le pauvre est enfermé à double tour,
Sans voir le soleil…
Moi je vois l’issue de secours,
A travers la bouteille…
Il ne sait pas où le chemin le mène,
Ne pouvant pas lire l’avenir dans sa tisane,
- j’ai trouvé la sortie de l’arène,
( grâce au fil d’Ariane )
Qu’il y ait eu ou non combat,
Ou délit de fuite,
On parle encore beaucoup ici bas,
L’imagination permet d’inventer la suite
Sans pour autant abuser,
Des parquets cirés,
Des salles des musées,
– il reste possible de délirer – …
Ce dont jamais je ne me prive
N’étant pas Prométhée enchaîné,
Qu’il faudrait que l’on délivre,
Du rocher le maintenant prisonnier…
RC
***
19
14/04/15
Au cœur de ces libations
Je me sens rasséréné
Et dans notre divine virée
J’entrevois ma libération.
Je goûte à la verte absinthe
Laissée sur le bord de la vie
Par Toulouse-Lautrec inassouvi
Parti cependant sans une plainte.
Mais… des effluves marins
Franchissent les hauts murs
De ce lieu aux desseins obscurs
Que j’oublierai sans doute demain
Là-bas la corne de brume
Appelle au rassemblement
Je dois fuir le casernement
Sans aucune amertume.
Icare en mots ressuscité
Par la grâce d’une plume
Surgit tout nu de l’écume
Où il s’était pauvrement abîmé.
Pour survoler la ville assoupie
Point n’est besoin de trompette
Icare, sors-moi de ma cachette
En profitant de la fin de la nuit.
A toi s’offre une autre chance
Nous ne sommes pas loin je pense
De cette barque isolée dans les remous
Tu pourras avec moi réaliser ton rêve fou.
Nous survolerons la ville austère
Nous serons les évadés à tire d’ailes
Les oubliés devenus complices fraternels
En quête d’un destin solidaire.
Partons en direction du pont
Avant que le soleil n’illumine le matin
Sous les arches commence le chemin
Qui nous mènera tout droit vers l’horizon.
Je suis comme ces barques en bois
Venues du fond des âges : elles s’étiolent,
Se délitent ; ce sont des symboles
A garder des courants d’air sournois.
Au fond de l’estuaire il est un royaume
Loin des parquets cirés, des salles de musées
Où tout est permis, même délirer
La barque nous y mènera : home ! Sweet home.
Maïté L
***
20
Oh, mais méfie-toi de l’absinthe,
( non pas que je prône les privations ),
mais il est bien connu que cette boisson,
n’a pas qu’un tendre vert dû à sa teinte…
Je me rappelle de cette dame hébétée,
Qui a un drôle d’air,
Juste en-dessus de son verre,
–
– Degas – le verre d’absinthe
Allons ce n’est qu’une petite dose,
Et hop ! Un petit apéro !
- on va pas s’noyer dans un verre d’eau ! –
Et ça aide à chasser le morose …
Voila le bar qui tangue,
On commande des blanc-cass,
Autres breuvages ( et j’en passe )
Et même à saveur de mangue …
Et s’il faut qu’on écluse,
Tous les apéritifs,
Cà tient de l’exploit sportif,
Style « radeau de la Méduse »
Car on peut donner dans l’exotique,
Voyager ainsi coûte moins cher,
Que mettre le bateau à la mer …
Ou même un canot pneumatique…
Quitte à boire la tasse,
Nous revoilà dans l’océan,
Qui s’étend indéfiniment ,
…. Grand bien nous fasse,
Si la soif peut s’étancher
Avec un café-crème,
J’irai trinquer avec les sirènes,
( Par-dessus bord, se pencher …).
Il n’est pas sûr qu’elles apprécient ce breuvage,
Elles préfèrent me rendre un peu fou,
En provoquant des remous,
Et que la tasse se partage.
Qu’à cela ne tienne,
Elle vont me servir de guide,
Dans l’étendue liquide,
Ce sera une bien douce peine…!
peinture J Waterhouse
Mais je ne m’attendais pas,
– j’ai peut-être trop parlé –
A ce que l’eau fût salée,
( et trop pour assaisonner le repas)
Je vais laisser ça aux sirènes :
Là où elles sont,
En compagnie des poissons,
Elles seront les reines…
Et question de boire,
Je préfère les bouteilles,
Marquées au seau du cep vermeil,
aux tisanes « saveurs du soir »
Si je fais appel à mes souvenirs,
-autant que faire, je puisse –
C’est un goût de réglisse ,
Pour mieux se préparer à dormir…
Je vais plutôt quitter la mer,
( et tant pis pour toute cette eau )
Pour transformer ce vaisseau,
En engin inter-planétaire…
– (extrait de tableau J Bosch: la tentation de StAntoine )
Hop, voilà que je me marre,
Je lui ajoute des ailes,
Avec de la colle en gel,
Et voilà que je démarre…
Je compte bien remplir mon quart,
Avec du jus de nuages,
Si je capte un orage,
A leur ombre: – pas de souci pour Icare…
On dit même que l’imagination,
Aurait poussé les voiles,
Jusqu’à aller tutoyer les étoiles…
Tu vois jusqu’où va la passion !
Mais la boisson est mauvaise conseillère,
J’ai cru voir des druides,
A travers le verre vide…
Allez — je reprends une bière !
Re Chab
***
21
« Dois-je vous dire où nous allions en ce très-court voyage ? Il fut rapide et comme un rêve, le but importe peu »
Odilon Redon
Tutoyer les étoiles
A tu, à toi
La nuit tue
La nuit bue
Jusqu’à la lie
Le verre renversé
Et sonne la cloche
Contre le vaisseau
De l’espace.
Déjà je m’envole
Icare sur mes talons
Je vire, je monte, appuie sur les boutons
C’est un jeu d’enfant
Que la marelle d’antan
Elle esquive les nuages
Qui doucement
S’en vont à la dérive
Je choisis l’un deux
Avec oreiller incorporé
Pour nous y poser
Sous les astres animés
D’oreilles intergalactiques
De tics à clignotements
De ponts brillants.
Je cligne des yeux embrumés
Tu t’impatientes dans le bain
Dans les vapeurs célestes
Ici nul breuvage râpeux
Mais un brouillard
A siroter à la paille
A découper en tranches
Nulle gourmandise sournoise
Sucrée et voilée d’interdits
Juste le ciel en escaliers
Et le soleil dispensé
A chaque étage franchi.
Là-bas Je n’ai que trop parlé
Et l’écho me parvient
Du brouhaha terrestre tandis que
La bouche en o
J’étouffe les sons.
Ici je ferai mon trou
Et me reposerai sur la voie lactée.
J’aspire au bon heurt du premier orage
Je serai le roi tu seras le bouffon
Nous aurons nos oracles
Nos cœurs battants
Nos milliers d’années
Rassemblées en petites coupures
Mais ici rien ne sert de compter
Au monopoly du cœur
Tout n’est qu’apesanteur.
Je ferme les volets
Icare dans ses ailes s’est lové
Je peux reposer en toute liberté
Tournez vaisseau dans l’univers
Au bal des planètes, vous êtes convié.
Maïté L/16-04-15
***
22
19-04-15
« Seuls quelques grains brillants,
Parsèment les années -lumière, »
Le trajet dans l’espace,
Prend appui sur le vide.
La fusée voyage au cœur du noir,
On ne sait même si elle progresse,
Tant l’échelle du temps,
Se dilate en apesanteur….
Un temps qui dépasse,
Le vaisseau intrépide ,
Sans qu’on puisse s’en apercevoir,
Une si frêle forteresse,
Allant de l’avant ,
( le vol des migrateurs
vers d’autres planètes ) .
Seuls quelques grains brillants,
Parsèment les années -lumière,
La voie lactée, la plus proche,
Est un bain de vapeurs célestes,
La destination reste incertaine …
C’est comme un voyage dans la tête,
Ou comme un jeu d’enfant,
Quand on ferme ses paupières ,
On se réfugie sous une cloche,
En oubliant les soucis terrestres,
Et refermant ses antennes .
Je referme aussi les volets,
J’invente les oracles,
Et mille aventures,
En suivant ta marelle :
Plonger dans le temps, à l’envers,
Loin de la gravité,
Des étoiles en chapelets
Je crois aux miracles
En petites coupures
Arrivé sur la case ciel,
Bondir dans ton univers,
Et l’espace rêvé de l’été.
–
RC
***
23
20-04-15
« Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies… » Le Petit Prince
*
Devant le hublot, Le Petit Prince
En route vers sa minuscule planète
Chevauchait un ruban d’étoiles
Venant coiffer le chapeau de la Terre.
Il aimait l’été comme je l’aime
Ses grillons dans les prairies
et ses grenouilles près de la source
Ses nuits veloutées et ses étoiles filantes.
J’aime aussi l’étoile du Berger
Allumant la nuit de son feu brillant
Et la Lune dans son dernier quartier
Dans les cyprès du ciel étoilé.
Au vent de terre, au vent de mer
Succède le vent de l’univers
Où Van Gogh se perdit corps et âme
Quelque part en Provence.
Jaune était son monde
Roué d’oliviers, de cigales
Orange claquait la vie
Et rouge sang finit le cri.
Tout cela n’est que souvenir
Faisons route pour les quatre saisons
La case ciel est bien plus profonde
Qu’une envolée de bête à bon dieu.
Mille fourmis de Vénus dansent
Sur la sarabande des étoiles
Le vaisseau conduit à travers le monde
Des ombres au chemin de lumière.
Au pied des réverbères, seule
Une fleur de lune attend son prince
Ou bien son jardinier des cœurs
Nous le reconnaîtrons à son rire.
L’univers est bien trop grand
Pour qu’on le foule du pied
Mais dans la tête, tu as raison
Fleurissent les miracles.
Ils ont la saveur douce de l’été
Au rendez-vous des étoiles
L’hémisphère nord, l’hémisphère sud
N’ont plus besoin de boussole.
Sur la terre des histoires
Seul point fixe du nord magnétique
Une infinie tendresse nous relie
Au Petit Prince de cet univers tournoyant.
Maïté L
***
24
22 04 15
C’est, extrait du livre de l’enfance,
Le Petit Prince, qui met le pied
Sur une planète fragile ,
(sculpture: Sadko )
On y entend, si on écoute, une brise
Qui chante dans les arbres, la vie
loin de avions qui passent
Et la caresse chaude des jours de l’été.
Le Petit Prince progresse, il ne lui faut pas longtemps
Pour passer au-delà des sables des déserts , le gué
Des îles aux continents, sans se mouiller les pieds.
Il s’interroge avec insistance, sur la forme des montagnes,
Le silence blanc des déserts, l’aventure des rivières
La succession des villes, et des maisons jouets
Sagement alignées, le long des routes,
Et les supermarchés, sont une grande attraction.
S’il veut dessiner des moutons, demander son chemin,
Il n’obtient pas de réponse, car on ne le comprend pas,
Déjà les hommes se barricadent chez eux , derrière leurs frontières,
Et ne se comprennent pas d’une région à l’ autre :
Mais au-delà de ces murs on entend de la musique
Elle qui passe sans qu’on puisse l’arrêter : ♫ ♫
Comme le vol des colombes
Sur la frêle planète :
On entend, si on l’écoute,
Tout de l’amour, et des langages, sans paroles.
La planète, ne disant rien,
finit par tout nous dire…
D’une fleur de lune,
Le bouquet des étoiles, * * *
Leur dialogue sans boussole … ☼
Reparti dans ses lointains rivages,
Notre Petit Prince, désigne les étoiles amies,
Qui toujours, nous sourient
peinture J Mirò: petit chien aboyant à la lune
Et scintillent aussi,
Confrontées à leur mouvement suspendu,
Au cœur du zodiaque….
®
***