6- Les nouvelles plantations au fil des saisons

en 2017
Petits pins deviendront grands
en 2017

Le sort des jeunes plantations est différent selon les terrains. La première parcelle de lande replantée en 2015 est pour ainsi dire sans histoire. Les petits pins poussent et, au gré des saisons, nous admirons le vert tendre des aiguilles et la bruyère, essentiellement la bruyère cendrée (Erca cinerea). Elle voisine avec la callune qui est moins généreuse chez nous.

la callune
la bruyère cendrée

A la fin de l’été, à l’automne, les tapis roses odorants attirent l’œil: ça sent le miel, les abeilles bourdonnent: bientôt on pourra consommer le miel de bruyère.

comme par enchantement
Gros plan

Plus rare, la bruyère cendrée blanche, pousse à raison d’un pied, toujours au même endroit. Depuis que je parcours la lande, c’est-à-dire depuis l’enfance, j’ai dû rencontrer en tout et pour tout 3 ou 4 pieds de cette bruyère blanche et rare que je couve amoureusement du regard, ne m’autorisant qu’un prélèvement de quelques brins dans un gros bouquet rose à faire sécher. Pour moi, à chaque découverte, c’est un moment de pure émotion.

Cette année, le pied de bruyère blanche n’a pas refleuri.

dommage!

Cependant, ces jours-ci, nous avons découvert que les chevreuils sont venus se délecter des jeunes troncs.

Un chevreuil, c’est mignon, quand ça vient brouter les pommes sous un pommier, à 20 m de nous, alors que nous pique-niquons; mais dans les jeunes plantations, c’est définitivement NON! Ils grignotent la tendre cime du jeune plan, ou bien le tronc du jeune arbre condamnant l’arbre à végéter ou à mourir.

Soyons positifs! J’ai aussi ressenti un grand bonheur quand j’ai vu apparaître les premières pommes de pins cet été sur ces jeunes arbres.

les premières pignes!

Ce automne, au matin , la lumière faisait resplendir les ajoncs, qui ont subi un enveloppement à la manière de Christo. C’était doux, soyeux, élastique. Nous avons pensé au travail des araignées, assurées de ne pas être dérangées.

à la manière de Christo
un travail d’artiste
en 2019
Le chêne nous sert de référence, car il est en train de se faire dépasser en hauteur par les jeunes pins. Nous sommes aussi dépassés!
2019, la pousse est drue.

Petit clin d’œil trouvé dans « La maison du retour » de Jean-Paul Kauffmann

« Le tour de l’airial que j’effectue quotidiennement fait partie de ces joies simples. Elles ne sont pas exemptes de contrariétés. J‘évoquais tout à l’heure la terre des Landes-assurément il y a des malheurs plus grands. Personne ne peut rien contre la nature du sol. En revanche, il me faut affronter de terribles adversaires: les chevreuils et les bambous. »Bambi et bambou », comme le résume plaisamment Joëlle. Dès mon arrivée aux Tilleuls, je les avais clairement identifiés. Ces deux-là, qui a priori ne figurent pas parmi les nuisances de la nature, allaient me donner du fil à retordre. Aujourd’hui, je ne souhaite pas qu’ils disparaissent mais qu’ils se contiennent.

Les invités des Tilleuls ne comprennent pas une telle hostilité à l’égard de ces gracieux cervidés. Certains petits-déjeuners pris sous l’auvent donnent l’occasion de voir à quelques mètres les chevreuils bondir dans la lumière du matin. une telle scène comble tous les fantasmes de la vie à la campagne… J’ai beau expliquer à mes amis que les chevreuils ne sont que des prédateurs, je me heurte à un mur. Les premières années, les jeunes essences sont mortes les unes après les autres. J’ai vite compris la cause de cette hécatombe: les chevreuils. Ces charmants animaux adorent l’écorce des jeunes arbres. ils épluchent consciencieusement le tronc. Une fois l’écorce mangée, l’arbre meurt… »

Dans mon prochain article, nous suivrons l’évolution d’autres plantations: autre terre, autre configuration,autres problèmes…

en attendant, la forêt est fragile: prenez-en soin: pour vous et pour les générations futures.

un matin d’automne 2019

14 commentaires

  1. Superbe illustration de la régénérescence de la forêt avec ici le coup de pouce des hommes. J’aime beaucoup les magnifiques étendues de bruyère en 2017. Mais déjà en 2019 se dessine la silhouette d’une forêt. L’abroutissage des cervidés est effectivement un problème récurrent en sylviculture mais pas que, puisqu’il en est de même de l’arboriculture. La seule solution efficace est la clôture des jardins ou la protection des jeunes plants qui, sinon risquent d’être condamnés. Enfin comme une note d’espérance est la dernière photo : La bruyère qui ponctue la forêt d’une note fraîche est le signe que la nature triomphe toujours de l’adversité

  2. Tu nous offres une belle balade en forêt!! Merci. Odeur des pins……….
    J’aime ta photo des deux bruyères poussant de concert; ces blanches rendent le mauve moins triste………….
    Et je suis si heureuse de te lire à nouveau, me promener en ta compagnie………..

  3. Une belle renaissance ! Vous pouvez être fiers !!
    Ce vert vif fortifie l’esprit de celui qui le contemple.
    Associé au rose et au blanc des bruyères il produit une belle harmonie.
    Coup de coeur tout particulier pour la dernière image où une douce lumière caresse la bruyère qui semble se courber de plaisir.
    Merci chère Maïté pour « Transparence » qui honore le dernier bouquet de l’année.
    Je t’embrasse très fort.

  4. C’est un réel enchantement d’assister à cette renaissance après le drame des tempêtes dévastatrices…
    Tes photos sont, comme la nature, toutes plus belles les unes que les autres !
    Que de nuances harmonieuses dans ce monde vivant qu’il est bon et si important de préserver !…
    A bientôt pour d’autres beautés que tu ne manqueras pas de partager avec nous …

  5. @ Sergio
    merci pour ton message.
    J’ai appris un mot : » l’abroutissage » concernant ce problème récurrent en effet.
    Dans le cas présent, protéger les plants n’aurait servi à rien puisque les filets proposés mesurent entre 30 et 40 cm; c’est la première année que les jeunes pins ont subi les assauts des cervidés.
    Clôturer les parcelles est mission impossible; de plus traditionnellement dans les Landes, nous sommes sur un espace ouvert.
    La bruyère pousse entre les pins et dans les espaces de lande où soit les pins n’ont pas été replantés ou bien le sont par semis naturel.
    *
    @ Anne
    de belles balades en forêt nous sont offertes par ces arrière-saisons lumineuses et je te rassure, les tapis de bruyère n’ont rien de triste. Elles chantent sous le soleil et le ciel bleu, elles sont pleines de vies; de plus elles nous offrent une vision apaisante. j’aime lorsqu’elles se glissent entre les pins mais aussi quand elles nous offrent leurs immensités.
    Quant à la blanche, c’est un cadeau pour qui sait l’apprécier.
    *
    Fifi, toute cette renaissance n’a pu avoir lieu que grâce aux aides et soutiens des organismes qui nous ont suivis pas-à-pas. A nous de prendre le relais, en guise de remerciement, pour que tout se passe à peu près bien maintenant.
    Tout n’est pas aussi rose (de bruyère) partout: tu le verras bientôt dans le prochain article.
    *
    @ cerisemarithé
    oui, c’est vrai, c’est un plaisir d’immortaliser cette beauté éphémère. Pourtant, cette année, j’ai un peu raté la floraison optimale de la bruyère. A une semaine près. J’en ai profité visuellement, mais sans pouvoir l’immortaliser assez tôt.
    Si j’avais pu rapporter aussi un peu du parfum…
    *
    Merci à vous de mettre vos pas dans les miens.

  6. Magnifique billet de renaissance et quelles belles couleurs, merci ! Je partage ton bonheur de voir grandir ces pins.
    Sans vouloir t’inquiéter, les toiles d’araignée que tu montres sur des ajoncs m’ont fait penser aux cocons des chenilles processionnaires que nous avons vu en Drôme faire des dégâts dans les pins, à surveiller peut-être (j’espère me tromper).

  7. @ Tania
    merci d’apporter toute ton attention à ce sujet. Je suis contente que les couleurs te plaisent.
    Sur le moment, tu m’as fait douter en ce qui concerne les cocons de chenilles processionnaires. Je n’en ai jamais photographié tant ça me dégoûte. heureusement, je n’y suis pas allergique.
    Franchement, je n’ai jamais vu de nid de chenilles processionnaires ailleurs que dans les pins eux-mêmes, alors sans être persuadée à 100% que cela soit dû ici à des araignées, j’espère, j’espère…

  8. Merci pour ces bonnes nouvelles. j’ai aimé me balader à vélo dans les Landes et il est heureux qu’elles ressuscitent. Pour les chevreuils laissons les loups réguler leur population !

  9. Tout cela est bien beau en couleurs, tout est si tendre, si neuf, si fragile encore… oui. Si tendre et si odorant que le jeune chevreuil est tenté… il faut que chacun se nourrisse n’est-ce pas !!! mais bon je comprends ton opposition à cela 🙂

    Quant à la beauté des branches empaquetées à la Christo cela est certes beau, mais l’arbre peut peut-être en souffrir, cet art ressemble fortement à celui des chenilles processionnaires … le mets des mésanges…

    https://www.youtube.com/watch?v=qLXPKX_Z_FA

    heureuse de ton retour chère Maïté
    je t’embrasse

  10. Les bruyères sont superbes; La forêt va grandir, les cervidés aussi…..et la lutte entre les deux sera plus égale. L’enveloppement des ajoncs m’a fait penser à un fléau que nous avons chez nous dans certains résineux : la chenille processionnaire.

  11. @ Ulysse
    il est vrai que les tempêtes ont favorisé la population de certains animaux au détriment d’autres et créé ainsi un déséquilibre.
    Le loup est arrivé en nord-Gironde, semble-t-il.
    *
    @ Maria-D
    Merci pour ton lien. J’ai souvent vu les cocons blancs formés dans les arbres et d’où sortent les chenilles processionnaires au printemps, surtout à la suite des hivers doux. Mais effectivement, on laisse faire car je n’ai jamais vu de dégâts conséquents.
    Effectivement, nous n’avons pas eu trop de chenilles processionnaires près des maisons car les oiseaux s’en occupent. Grâce à la vidéo j’ai appris que ce sont principalement les mésanges.
    Je rappelle qu’ici , à l’automne,les cocons de soie étaient sur les ajoncs et non sur les pins et en bordure de parcelle ou près des chemins. La forme n’a rien à voir avec les cocons que l’on voit en fin d’hiver ou tout début du printemps.Mais sait-on jamais!
    ça ne m’inquiète pas comme le passage des sangliers et des chevreuils.
    Je t’embrasse, chère Maria-D
    *
    @ Chinou
    Merci Chinou. Oui ces promenades en forêt avec les diverses lumières sont un régal et de vraies sylvothérapies.
    Vous êtes 3 à penser à cela. Il faudra que je montre une photo à un spécialiste de la forêt.

  12. Oh que je suis contente de découvrir (tard mais bon) que tu poursuis tes billets. Celui-ci est absolument délicieux, l’atmosphère que tu as réussi à y mettre en mots et photos m’a enchantée.
    Je me souviens d’avoir vu en Belgique des plantations de sapins où chaque petit arbre avait un grillage autour du tronc: les chevreuils bien sûr.
    Gracias pour ces bruyères, cette vie qui renaît.
    Un beso grande

  13. @ Colo
    je poursuis mes billets, à un rythme très irrégulier, comme tu peux le constater.
    Merci pour la gentillesse de tes remarques.
    Eh oui! Les chevreuils… Le prochain billet te rafraîchira encore la mémoire.
    C’est si beau les bruyères! Et pas seulement parce que j’y suis née au milieu!
    Mille bises pour t’accompagner jusqu’à la fin de l’année.

  14. Quel bonheur de voir la forêt revivre, après les images terribles d’après tempête.
    Toutes ces petites pousses si tendres encore, mais qui font déjà des pignes.
    Les photos avec la bruyère sont magiques. Et la blanche a un charme tout particulier.
    J’espère qu’elle refleurira l’an prochain.

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