Calice de crépon, en transparence.

L’apparence d’un élan

caché sous ses jupons.

 Des gestes de soie, naît la danse,

 La romance de feu, l’orange à flots.

Virevoltant voile semblant froissé,

 La caresse de poudre l’ombre,

Puis jaillit  la flamme liqueur d’ambre.

 Le Voleur de couleur à la Monet

Lui, l’oriflamme du printemps,

tatoué du sceau de la beauté

Offre la transe transversale :

Son humble sacrifice au vent.

Vermillon papillon,  jusqu’aux senteurs d’été,

 Vermillon pirate des prés, éclaboussure de liberté,

De son œil noir le coquelicot et ses fulgurances.

Maïté L

 

***

J’aurais aimé être sur place, voir cette exposition prendre ses quartiers d’été  et animer de ses couleurs les murs de l’entreprise, donner un peu du sel de la vague de l’Atlantique, donner le frisson de sable de nos dunes et les poussières d’étoiles dans les traces se reflétant au soleil.

***

***

J’aurais aimé prendre les chemins de l’amitié, ceux qui nous font partager la naissance des tableaux, le partage des sensations; ces instants si particuliers qui font naître les éclats de mots à la suite des éclats de couleurs.

***

***

Et comme mes mots font écho aux couleurs, ils transportent là-bas le va-et-vient incessant entre les diverses atmosphères, sur les murs et dans le livret d’exposition.

***

***

Que vivent les violons bleus, nimbés de lumière du corps jusqu’à l’âme

Sur tous les chemins croisés…

Que viennent

Les violons bleus.

***

***

Et puis la magie du mascaret symbolique présence des eaux de l’ Estuaire de la Gironde transporte ses vagues et ses creux dans la lumière de la Picardie. Lui qui ne dure qu’un instant s’immortalise sur la toile.

Je vous invite à visiter  l’exposition dans son ensemble en mettant vos pas dans ceux de Marithé ici:

http://ceriseg1.multiply.com/photos/album/140

ou ici:

http://cerisemarithe.wordpress.com/2012/07/15/evasions-couleurs-expo-marithe/

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Maïté L

Un petit vert, ça va

Deux petits verts, ça va

Trois petits verts, bonjour Printemps!

***

CONVERSATION

 

Comment ça va sur la terre ?

–        Ça va, ça va, ça va bien.

 

Les petits chiens sont-ils prospères ?

–        Mon Dieu oui, merci bien.

 

Et les nuages ?

–        Ça flotte.

 

Et les volcans ?

–        Ça mijote.

 

Et les fleuves ?

–        Ça s’écoule.

 

Et le temps ?

–        Ça se déroule.

 

Et votre âme ?

–        Elle est malade,

Le printemps était trop vert

Elle a mangé trop de salade.

 

Jean TARDIEU

Le printemps déferle, va de l’avant, hésite, reflue

Grand vent met des étoiles sur le bleu des flots

Arbustes jaunes , roses ou blancs, soudain

Je guette les coquelicots, les violettes

Qui sortent de terre, poussée de vie

Refoulée la part de l’ombre, le gris silence

Au soir, le merle, ses trilles, les rais de lumière

Gagnent le mur, inondent le moindre recoin.

Pousser du pied les feuilles mortes accrochées

Aux bourgeons ; les bouchées doubles.

Chaque jour apporte du vert tendre

De l’amour sur les branches, des nids à l’abri

De la pie, des gouttes, du bruit de la ville.

Mettre du vert et du bleu, savoir le printemps

Là, sous la main, dans les yeux, dans le matin

Goûter à la douceur du soir, s’asseoir et rêver

Remercier la vie qui s’accroche ici, qui s’épanouit

Quand ailleurs elle n’a pas de prix.

Garder le cap

Quand on vient à désespérer de l’amour, la paix

Et la sagesse. Quand on en vient à désespérer

De la nature humaine. Donner à ses pensées

Du vert printemps, de l’espoir à mâcher,

de l’Humanité, de la Tendresse.


J’accroche le printemps à nos jours: il nous faut tant de roses blanches:

de vigilance

d’oubli

de larmes séchées

d’incrédulité

de vigilance toujours recommencée

de roses blanches tendues

de roses blanches en bouquets.

Maïté L

PS: vous pouvez déposer ici vos roses blanches.


L’automne 2011 n’en finissait pas d’ étirer sa douceur , aussi les cortèges de grues cendrées  prenaient leur temps pour passer au-dessus de l’agglomération bordelaise .

Quand nous entendions les « krrou, krrou » caractéristiques de leur passage haut dans le ciel, nous sortions pour constater leurs vols en grand nombre et nous restions en admiration devant leur organisation en « V » et leurs  passages des relais.

Mais à l’approche de l’hiver 2011, les grues passèrent jusqu’à fin novembre avec un bon mois de retard par rapport aux années précédentes.

Parfois, nous les entendions de nuit  aux alentours de 22h et je me prenais à rêver.Peut-être avaient-elles du retard et ne pouvant gagner leur escale nocturne, allaient-elles se poser non loin de mon domicile, sur quelque endroit dégagé. Mais bien vite leurs cris cessaient et la rencontre avec elles ne serait pas encore pour cette fois…

L’hiver passa et  dans les conversations revenait la preuve de leur présence ici ou là, dans les Landes de Gascogne.

 

Nous étions au début février lorsqu’en circulant dans le nord des Landes, j’aperçus dans les grands champs dévolus à la culture du maïs une multitude de taches blanches .Je compris assez vite de quoi il retournait.

 

L’appareil photo n’étant jamais loin, si ma vue ne me permettait pas de me faire une idée précise(mais le rêve  pallie aux  manques), j’immobilisai la voiture et je partis vers le champ: des grues étaient là en très grand nombre.J’ai assisté à leur repas et à leur envol .

 

Bien sûr, la distance entre elles et moi était grande et je n’ai pu faire mieux.La grue cendrée a beau être l’un des plus grands oiseaux d’Europe, elle est très prudente. A voir sa taille dans le champ, vous pouvez imaginer la distance nous séparant. N’empêche! J’étais comblée!

 

Nous passons chaque semaine dans le coin et autant vous dire que les semaines suivantes,  j’ai ralenti espérant que le miracle allait se reproduire….Nous avons aperçu des sujets  isolés mais plus de groupe aussi dense.

 

Cependant,la chance m’ a souri une seconde fois lorsqu’un soir ensoleillé, sur la route du retour(une route différente empruntée à dessein) trois grues cendrées s’alimentaient dans les grands champs,en gardant un œil à tour de rôle sur  nous.

 

Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on, mais les grues cendrées assurément nous préviennent en passant au-dessus de nos têtes que l’hiver arrive ou bien que le printemps n’est pas loin…

 

 

Et bon an, mal an nous les regardons avec émotion lorsque leurs vols se succèdent dans un ciel  si bleu.

un reportage en Champagne-Ardennes:

http://www.youtube.com/watch?v=xOMpeKeaUp0

 

Les oiseaux voyageurs

Les oiseaux voyageurs ont leurs îles,
Leurs enchantements, leur liberté.
Ils planent dans les courants,
Et de leurs figures éphémères trouent le silence
Des hauteurs ouatées de leur univers.

Les oiseaux voyageurs cherchent
Le sable blanc et le beau temps,
Les remous de marée et les planctons dorés.
Ils aiguisent leurs becs dans l’écume du vent,
Et font de leurs pattes un ballet mouvant.

Les oiseaux voyageurs dessinent des rubans
Qu’ils déroulent chaque an, en grand mystère.
Princes des nuages et des nids jamais oubliés,
Ils voyagent sans bagages aux antipodes
Avec le ciel bleu comme seul horizon.

Les oiseaux voyageurs revêtus des rêves des hommes,
S’élèvent cependant légers, emportant nos pensées les plus folles.
De leurs ponts invisibles, alliés du nord, alliés du sud,
Ils tissent le fil des voiles fébriles du printemps
L’éternelle bulle du temps allant de l’avant.
Maïté L

 

Pont aux âmes

Lent, d’arche en arche, le pont de pierre arpente la Garonne.
Sereine, au cours de sa pente elle se trouble s’estourbillonne
Peine à emporter l’importun, s’engironde saumure au jusant,
Tousse et rebrousse vers sa source. Laisse les reflux suivants
Sourdre la renverse. Las ce flot serein s’élance vers l’estuaire.

Sur le pont, de pierre, voitures, hommes fourmis s’affairent,
Argent temps aveugles à la joute, reflet mourant, cormorans.
Silhouette, couples d’amoureux, consentent d’être un instant.
Tablier pontonnier sans source ni estuaire disperse le passant.
D’innombrables sentes sans pardon, promènent leur vestiaire.

FRANTZ

***

***

A pas de roses, à pas de roule-ta-pomme, le soir s’offre en calice où plonger avec délice.

Les mains dans les poches ou bien à croque-mitaines accroche-pensées

Le ciel s’enroule autour de l’être, lui, l’immobile se laisse happer;

A fleur de berge, à cache-cache branches dénudées, l’or tinte

Au bord du mensonge de l’été, il ne faut pas se fier

Aux heures bleues, aux pétales jetés à la face de l’hiver

Mais s’arrêter à l’iris velouté, à l’écrin doux du loup

La nuit, la nuit proférée, à petites gorgées miel et souffle

Au pied du Pont, cheminer, baisers tressés de fils myosotis.

MAÏTÉ L

***

***

« Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit

à pas de vent de loup de fougère et de menthe

voleuse de parfum impure fausse nuit

fille aux cheveux d’écume issue de l’eau dormante…

***

Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit

à pas de vent de mer de feu de loup de piège

bergère sans troupeau glaneuse sans épis

aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige. » »

CLAUDE ROY

***

« La Garonne était une faucille d’or apprêtée pour le champ des étoiles »

JEAN-MARIE PLANES

***

***

« Mes yeux vont demi-clos des becs de gaz tremblants

Au fleuve où leur lueur fantastique s’immerge,

Et je songe en voyant fuir le long de la berge

Tous ces reflets tombés dans l’eau, comme des pleurs, » »

EPHRAÏM MIKHAËL(1866-1890)

Je ne pouvais clore cette balade autour du Pont de Pierre

Sans vous dire qu’aucune couleur n’a été modifiée.

Je tiens à remercier:

Yves SIMONE, guide passionné de Bordeaux

et citer tous les livres qui m’ont aidée:

Je vous écris du Bordelais:Textes recueillis par Jean-Claude Garnung/ Préface par Alain Juppé

Balade en Gironde, Sur les pas des écrivains/ Préface de Claude Villers

La Bastide ; mémoire en images /Francis Moro, Brigitte Lacombe/ Editions Sutton aimablement prêté par JOSETTE

Le Festin/ Hors série : un tour de ville en 101 monuments.

Merci aussi à tous les poètes qui m’accompagnent de leurs mots, les célèbres et les amicaux comme Frantz.

Un lien complémentaire de ce que j’écris ailleurs vous permettra d’en savoir plus sur LA BASTIDE:

http://www.maisondes5sens.fr/article-balade-en-tout-sens-a-la-bastide-avec-yves-simone-98496037.html

Merci à vous tous qui avez eu la patience de me suivre jusqu’au bout.

***

*******

 

 

13 décembre 1945

« La nuit, la neige est soudain tombée,

le matin  commence avec des corbeaux

qui s’envolent de branches toutes blanches.

Hiver à perte de vue dans la plaine de Brousse:

on pense à l’infini sans fin ni commencement.

Ma bien-aimée,

la saison a changé d’un bond

et sous  la neige,

                         fière et laborieuse,

                                                               la vie va son train.

Être dehors  maintenant

lancer mon cheval au grand galop vers les montagnes…

–« Tu ne sais pas monter à cheval! » me diras-tu.

Mais assez plaisanté et ne sois pas jalouse.

Une manie nouvelle m’est venue en prison:

j’aime la nature– bien moins que je t’aime.

Et vous êtes toutes deux loin de moi. »

NÂZIM HIKMET/ IL NEIGE DANS LA NUIT

***

Il neige

Incroyables papillons d’hiver

Ont embrassé lavande papillons d’été

Baiser de feu dans

Petit matin dans

 la lumière ocre

Un rideau de virgules serpente

D’étoiles blanchies une à une

Autour du lampadaire

A la poudre du mythe

Un souffle de silence

Froid-mais est-ce vraiment le froid ?

Frais- sous la main, sous la langue

Petites vagues à suivre des yeux

Et puis bientôt tout est lisse

Craque sous les pas

Marcher fait crisser la neige

Qui danse encore avant l’oubli

et glissent les heures

D’infini silence, blanches heures

Qui

Pas après pas mènent

irrésistiblement vers

 le Pont

Immuable sur Garonne figée

Aux abords les mouettes criardes

Et les passants étonnés

D’image en image le jour se consume

Au bord de la parenthèse habillée de telle parure

Le Pont s’immobilise et givre : il est mi-jour

Solitaire

Soliloque

 sur bords d’eaux

Une fois n’est pas coutume.

Maïté L

***

Tant d’années à Bordeaux et je n’avais encore jamais vu le centre ville sous la neige. L’occasion était trop belle de suivre les rails du tram déserté, de regarder glisser les luges et les vélos, de saluer les bonshommes de neige, de prendre possession de cette ville livrée aux piétons. Mais il ne faut jamais oublier, malgré les contours ouatés qui semblent aplanir les réalités qu’

« Il neige dans la nuit.

Ce soir peut-être

                                    tes pieds mouillés

                                                                         ont froid.

Il neige.

Et alors que je pense à toi, 

                                                   à l’instant même,

                                                     une balle peut te trouer le corps, là,

Et alors, c’est fini,

ni neige, ni vent, ni jour, ni nuit…

Il neige.

Et toi,

            qui déclaras « No pasaran »

avant de te planter

                                    devant la porte de Madrid,

                                    tu existais sans doute. »NÂZIM HIKMET (25/12/1937)

***

Allez donc savoir pourquoi

simultanément

les pensées se télescopent…

Il neige dans la nuit

Il neige au point du jour

Mais…

Avons-nous beaucoup avancé dans le monde?

La blancheur du temps  a son revers noir.

tous ceux qui sont dans la misère ici, à notre porte

N’ont même pas le regard que nous accordons aux bonhommes de neige.

***

S’il suffisait de passer le Pont!

***

***

Il est un second phénomène, mais ce n’est peut-être, lui, que l’autre face de la nuit, son négatif de blancheur. Le brouillard…En ce temps-là, une inondation vaporeuse, une opaque buée débordait le lit du fleuve, transformait en spectres grues et hangars, gagnait implacablement les quartiers proches des quais, la ville entière. Bordeaux, comme Saint-Pétersbourg, connaissait alors « ses nuits blanches. Elles n’étouffaient pas seulement les formes, mais aussi les sons, les voix, les réduisant à leurs propres échos…. »

 Michel Suffran

***

***

Parfois le Pont se fait sombre

Le temps d’un ciné

Dans le brouillard la ville s’estompe

Au temps minéral bordelais s’unit

Avec une douceur qui n’est que lacis

Le temps folle  bille en tête

Le jour s’effiloche et tombe dans l’oubli

Le temps d’une bulle légère

Les passants frileux se pelotonnent

Le temps d’un carillon en folie

Bientôt ténus comme des ombres

Le temps d’un rêve

Grise grisaille muraille au fil rompu

Le temps d’un abordage

Avec le ciel de cendre uniformément repenti

Au  temps des roseaux

Les voix tombent en à-plats et ne portent plus

Le temps d’une ritournelle batelière

L’écho des cris, des rires, des chants ravalés

Le temps d’une danse

Le tram s’articule, gémit comme voiture hantée

Le temps d’un port relégué

 S’ouvre, se ferme, s’élance, échappe au Lion

Le temps de prendre la clé Deschamps

Et s’en va cahoter vers l’horloge du temps

Le temps Far-Est, d’une gare d’Orléans

Le temps de fermer les yeux.

Maïté L

à suivre, le temps de neige…

*******

Bordeaux la blanche surgit un jour de la nuit…

 » La vie est changeante comme les nuages qui passent au-dessus d’elles, comme la mer qui fait son bruit de sablier. Quand Eulalie est née, Ujine a décidé qu’elle irait chaque jour avec le bébé au bord de la mer, pour que le bruit et l’odeur entrent en elle et qu’elle les garde à jamais. et c’est ce qu’elle a fait. »

Histoire du pied et autres fantaisies J.M.G. LE CLÉZIO

Viens, mon petit loup,
Te blottir dans mon cou
Fais-toi de coton
Et de coussin doux
Oublie ton chagrin
Sur ton cheminement d’homme.

Viens, mon petit loup,
Tu peux te cacher ou te sauver
Je vais t’attraper
Et je te montrerai l’étoile
Dans son croquant de ciel
Ecoute-la tinter et si tes mains
Cherchent à caresser la lumière
La nuit nous enveloppera bientôt.

Viens, mon petit loup,
Viens faire et refaire
Cent fois le même geste
Pour apprivoiser le monde
Ecoute la kourouma du petit japonais
Les tendres grelots, les maracas
Tu peux danser, tu peux jouer
Comme un homme, tu peux rêver
Au duo des chats, à la pigne que je t’ai gardée.

Viens, mon petit loup,
Encore une fois dans mes bras
Au loin tu vas t’en aller
Et grandir je ne te verrai pas.
Tout est là dans le coffre rebondi
Pour quand tu reviendras
La petite pigne de cet été
Et les maracas
Les clés du monde
Les éclats de rire  et le coin
De tapis doux de ton enfance.
L’iris fait son printemps en hiver
Le romarin fleurit sous la pluie
Et je souris au souvenir
De  cette petite main qui
Cherchait la mienne
Quand  le temps trop vite s’en allait.

Maïté L

avec une chanson enfantine et les maracas:

Le petit japonais

dans sa kourouma

conduisant son poney

va cahin caha

il chemine et trottine

et s’en va vers la ville

de Yokohama.

***

avec  le dessin animé fétiche:

http://www.dailymotion.com/video/x2je1u_mulan-comme-un-homme_music

***

avec Le Duo des chats de ROSSINI.

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UN CHEMIN DE MILLE LIEUES COMMENCE TOUJOURS PAR UN PREMIER PAS.

LAO TSEU

Ainsi en est-il de l’année 2012 qui pointe son nez.

Ce jour-là, au bord du lac, il y avait de gros nuages et des coins de ciel bleu entre les averses.

Comme toujours.

Et ce jour-là aussi

dans la prairie

il y avait quelques coquelicots le long du chemin.

***

***

HOMMAGE A LA VIE

 

C’est beau d’avoir élu

Domicile vivant

Et de loger le temps

Dans un cœur continu,

Et d’avoir vu ses mains

Se poser sur le monde

Comme sur une pomme

Dans un petit jardin

D’avoir aimé la terre,

La lune et le soleil,

Comme des familiers

Qui n’ont pas leurs pareils

Et d’avoir confié

Le monde à sa mémoire

Comme un clair cavalier

A sa monture noire,

D’avoir donné visage

A ces mots: femme, enfants

Et servi de rivage

A d’errants continents,

Et d’avoir atteint l’âme

A petits coups de rame

Pour ne pas l’effaroucher

D’une brusque approchée

C’est beau d’avoir connu

L’ombre sous le feuillage

Et d’avoir senti l’âge

Ramper sur le corps nu

Accompagné la peine

Du sang noir dans nos veines

Et doré son silence

De l’étoile Patience,

Et d’avoir tous ces mots

Qui bougent dans la tête,

De choisir les moins beaux

Pour leur faire un peu fête

D’avoir senti la vie

Hâtive et mal aimée,

De l’avoir enfermée

Dans cette poésie.

JULES SUPERVIELLE

***

Cette fois-ci le temps est venu de vous dire : Meilleurs vœux.

 

 

***

Cette fois-ci, le temps est venu de vous dire: meilleurs vœux à tous.

Maïté L