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http://www.dailymotion.com/video/xdkqyv_raconte-moi-la-mer-jean-ferrat_music#rel-page-2

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Raconte-moi la mer
Dis-moi le goût des algues
Et le bleu et le vert
Qui dansent sur les vagues
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La mer c’est l’impossible
C’est le rivage heureux
C’est le matin paisible
Quand on ouvre les yeux
C’est la porte du large
Ouverte à deux battants
C’est la tête en voyage
Vers d’autres continents
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***C’est voler comme Icare
Au devant du soleil
En fermant sa mémoire
A ce monde cruel
La mer c’est le désir
De ce pays d’amour
Qu’il faudra découvrir
Avant la fin du jour

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***Raconte-moi la mer
Dis-moi ses aubes pâles
Et le bleu et le vert
Où tombent des étoiles

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La mer c’est l’innocence
Du paradis perdu
Le jardin de l’enfance
Où rien ne chante plus
C’est l’écume et le sable
Toujours recommencés
Et la vie est semblable
Au rythme des marées
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***C’est l’infinie détresse
Des choses qui s’en vont
C’est tout ce qui nous laisse
A la morte saison
La mer c’est le regret
De ce pays d’amour
Que l’on cherche toujours
Et qu’on n’atteint jamais

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***Raconte-moi la mer
Dis-moi le goût des algues
Et le bleu et le vert
Qui dansent sur les vagues

Paroles: Claude Delecluse. Musique: Jean Ferrat

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photos Maïté L Le Grand Crohot

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La vague la plus belle est celle qui viendra après: dans quelques minutes, quelques heures passées bien campées sur le sable , demain ou un jour.

La vague est fascination lorsque le regard rentre en elle.

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Vague de vague l’automne

A cris du vert, du bleu

 Vrombit du blanc et du sable

En gros bouillons-choc-

Dans le chaudron de la mer-lame

de l’été indien la crème, la mousse-rousse-

Lie la langue à l’émeraude-vertige-tangue-

Et dentelle glisse de l’épaule-casse

 la vague-du mur retombe-dégouline-

Déferlante la lame-en barre

à la lèvre-vague à perle-

Au corps de l’œil-rouleau-

 Roulis-tambour-à l’assaut-fracas-

Se brise, s’aiguise, s’immisce le regard

Vague, vague vaga-bonde

Choc-vertige toujours

Irrespectueuse et glauque-verte cadence

 franchit le mur de son

  de la nuit- Et toujours verte à bleue

Cavalerie, à compter

les dos, les creux- Tensions en clair semées de blanc

au ressac du soir, marée- furie ou paroxysme-bonheur.

Maïté L

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Le Grand Crohot(33)

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« Mon plaisir, tu le sais, fut d’aller sur la mer à petits pas.
Je suis resté des heures à discuter seul avec elle, la sourde et la causeuse, la brusque et la très tendre, la bavarde incompréhensible, l’insistante, l’obstinée, la toute-puissante qui se termine en friselis, la marchande d’horizons qui n’a rien à nous vendre et distribue son bleu à qui ouvre les yeux, celle qui ne cesse par vagues de nous rejoindre et nous rejoindre encore, la  bienvenue si séparée qui s’ouvre et se referme. Venue non pas pour se donner mais pour  nous contraindre  à entendre quelle bizarre condition est la nôtre, vouée aux rivages, aux terrasses, lorgnant toujours vers le grand large, y voguant, y nageant parfois, ivres de notre sac de peau, mais seuls avec ce poids de chair, ce coup au coeur de crayon bleu, ces gestes vains d’amant ou de noyé, immergé dans la surdité du dieu venu frotter contre la côte un peu de son immensité »

Jean-Michel Maulpoix  « Une Histoire de bleu suivi de L’instinct de ciel »

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Ce jour-là le ciel était à la gribouille. Il faisait orage sur les terres et sur la dune; côté océan le bal des reflets se jouait  sous ciel épais, virevoltant, tonitruant.

Ce jour-là au Grand Crohot, il y avait des bleus de jour, des couleurs coup de poing dans les nuages, des nuances sur le rivage et sur la plage , pas à pas les reflets. Tout est une question de distance , de regard, de chant des éléments. Bien encapuchonnée, le soir pouvait venir. il y aurait du soleil en transe.

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Photos Maïté L pour les deux premières. Photo J L pour la troisième.

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Appel de l’océan…
Lente est l’étale de turquoise et d’émeraude
Contre le vert souple des oyats courbés
Et les zébrures du vent en maraude.
Ecoute le silence du sable qui soupire
Autour d’ un amour de grande marée .
Voiles, silhouettes et planches
Sans arrêt se croisent, se penchent
Dans un envol, survol et corps à corps
Sur la crête des vagues enfiévrées.
Seule leur répond la douce
Blondeur des dunes impassibles.
A l’appel de l’océan,comment résister?

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Un instant encore, laisse-moi l’humeur au ras de l’eau

L’eau
éclabousse les morsures du soleil

Le sel sur les lèvres

Les lèvres offertes

A peine humides de souvenirs brûlants.

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Juste un instant

Pétri de sable et d’eau,

d’eau immobile, toutes les mers intérieures du monde,
l’eau des silencieux diamants qui peuplent sa surface,
la nuit des clapotis de pensées habillées des lumières lointaines telles de minuscules phares de vie

des vies prêtes à basculer, tête la première

les yeux habités de milliers de gerbes d’eau

le souffle coupé

coupé du monde

le monde tout autour, absent.

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Il me faut composer avec
l’eau de tous les transports maritimes et humains
l’eau du corps à corps mer ciel, ligne d’horizon vacillant sous la rondeur du globe.

Sont érodés, brisés,

les rêves d’éternité

Les rêves  éveillés

Les rêves insensés

Voués à
toutes les pensées mouillées d’écume et de brume
toutes les brisures d’eau sous la coque des noix de bois
tous les reflets des si-reines cachées sous leurs voiles de vent

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Juste un instant : une miette de mouette, au vol lancinant

Décompte le temps

A rebours des embruns du matin naissant,la lumière déjà nacrée

Dispensée en lassos, en lianes, toute rectitude perdue.

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Juste un dernier instant, le nœud coulant à la croisée de mousse

Si douce qu’elle se perdra, s’évanouira sans autre pouvoir qu’un clapotis

Je t’ai cherché au bord de l’eau

Une mémoire d’eau ;

Je te cherche sur  toutes les grèves,

Les quais silencieux,

Les îles dont j’ai foulé la terre

Le sable où les traces se sont effacées

Chaque bordée d’océan

Chaque  pont

Et dans tous les reflets

Qui se prolongent

S’allongent

Se jouent

De l’instant

Tatoué au creux

De la main

De l’épaule

Dans le sang.

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Marée

toi qui lances tes flots

Dans tous les courants

Et tous ces ports d’attache

où s’aiguisent les consciences

où gravitent des êtres en partance,

Toujours sur le qui-vive

Tant qu’il y aura d’instants

A ourler au point de croix

Les baisers et l’absence,

La vie et l’eau;

L’eau et la vie

la vie

l’amour de l’eau

l’eau

lave l’amour

l’eau

et la mousse

pour laver l’absence.

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Maïté L

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« L’un d’entre nous parfois se tient debout près de la mer.

Il demeure là longtemps, fixant le bleu, immobile et raide comme une église, ne sachant rien de ce qui pèse sur ses épaules et le retient, si frêle, médusé par le large. il se souvient peut-être de ce qui n’a jamais eu lieu. Il traverse à la nage sa propre vie. Il palpe ses contours. Il explore ses lointains. Il laisse en lui se déplier la mer: elle croît à la mesure de son désir, cogne comme un bâton d’aveugle, et le conduit sans hâte là où le ciel a seul le dernier mot, où personne ne peut plus rien dire, où nulle touffe d’herbe, nulle idée ne pousse, où la tête rend un son creux après avoir craché son âme. »


Un texte de Jean-Michel Maulpoix Une histoire de bleu

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Voici venir la mer


Fidèle si infidèle
Indomptable et rebelle
Me laissera-t-elle coucher sur la page
Les remous de son éternel voyage?
Bohème sertie d’émeraude et de cristal
Grenade aux gerbes d’écume nuptiale
Elle trépigne de vague en ruade
Où les embruns fantômes soulignent sa cavalcade
Ces gardiens aux faux airs de tendre berceuse
Veillent  sans fin sur ses froufrous de laine mousseuse.

 

 

Voici venir la mer

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Voici venir la mer…

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La Mer…

Maïté L

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Lorsque nous approchons de la dune ,nous sommes toujours saisis par la même émotion. Comme si c’était la première fois. Une sorte de communion auprès de l’autel primitif. Boire à la lumière; boire au vent; boire à la matrice d’océan.

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Lorsque nous approchons de la dune, il y a tout d’abord l’AVANT. L’approche par le pouls de la forêt où cogne l’écho du cœur de l’océan. Puis  les pieds luttent contre le sable, rencontrent les aides à la montée, lorsqu’elles n’ont pas disparu sous quelque assaut du vent. De chaque côté le blond, le blanc et les ombres des palissades, faibles rempart contre les éléments, les plantes couvre-sol et la chanson du géant qui grandit, grandit avant de nous envelopper dans son fourreau du jour.

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Puis il y a LE POINT ESSENTIEL, celui où apparaît le bleu, l’émeraude, le calme ou l’agitation et les tourbillons. Le moment le plus attendu pour celui qui revient voir la mer. Le point de rencontre.Le terme d’océan en devient interchangeable. Il se fait sauvage ou lit de douceur de la mer; il oscille au gré des marées.

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Enfin, il y a LA DESCENTE. Perpendiculaire à l’eau elle est salut, déférence, émotion; Elle est souvent sans mots.

Alors pourra commencer la marche latérale…Viendra la communion et l’avancée solitaire, chacun dans son rapport à l’océan. Vers le nord, bouquet d’émeraude, soleil dans le dos et suivre le déroulé des rouleaux. Vers le sud, marcher à contre-soleil, pour argenter la croupe des vagues et les voir se poursuivre inlassablement.

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Parfois, quelques arrêts sur image ponctuent la balade: le regard balaie l’infini et aime  s’arrêter sur le détail insolite, étonnant, sur le bout de sable  où les pas dessinent un halo.

Une vague efface l’autre, un pas efface l’autre. Au soir  sur la plage sera écrit le livre du jour.

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Maïté L

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Avril d’océan, une dune à la peau de pêche,

l’estran entre transparence et silence

Un léger voile au loin.

La dune était blonde, presque blanche, mais

Son teint rosissait

Sous le soleil étonnant.

Tout paraissait paisible ou presque.

Les mamelles de sable
tout en haut de la dune
étaient vierges de pas
et souvent soumises au vent
mais nous dévoileraient peu à peu
L’océan et son répondant.

Au creux de la forêt,

Nous l’entendions battre tambour, lui.

Mais comme nous approchions

A pas claqués sur les montées de bois

Il n’avait déjà plus l’accent tonitruant.

Allait-il livrer son âme

Entre le sable et la peau ?
Allait-il disperser ses bleus
et s’immiscer sous la chemise des passants ?

Allait-il se concerter coquillage

Ou se répandre sur la plage
Jusqu’à percer l’intime de nos pensées?

L’océan était lointain, un tantinet paresseux ;

Il voulait sauvegarder ses creux

Et modeler la ligne d’horizon.

Il nous laissa vagabonder sur l’ocre sentiment

Enserra nos chevilles de fraîcheur et d’eau vive.

L’air avait la douceur d’une trêve

Il nous prit dans ses bras, et nous fit une bulle

Qui d’heure en heure roula entre les passants

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D’effleurer ces rondeurs, naquit une clarté  bonheur:

Les pas sur la grève

l’impalpable

aquarelle

au creux

de

la

main.


 

Maïté L

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