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Appel de l’océan…
Lente est l’étale de turquoise et d’émeraude
Contre le vert souple des oyats courbés
Et les zébrures du vent en maraude.
Ecoute le silence du sable qui soupire
Autour d’ un amour de grande marée .
Voiles, silhouettes et planches
Sans arrêt se croisent, se penchent
Dans un envol, survol et corps à corps
Sur la crête des vagues enfiévrées.
Seule leur répond la douce
Blondeur des dunes impassibles.
A l’appel de l’océan,comment résister?

***

Un instant encore, laisse-moi l’humeur au ras de l’eau

L’eau
éclabousse les morsures du soleil

Le sel sur les lèvres

Les lèvres offertes

A peine humides de souvenirs brûlants.

***

Juste un instant

Pétri de sable et d’eau,

d’eau immobile, toutes les mers intérieures du monde,
l’eau des silencieux diamants qui peuplent sa surface,
la nuit des clapotis de pensées habillées des lumières lointaines telles de minuscules phares de vie

des vies prêtes à basculer, tête la première

les yeux habités de milliers de gerbes d’eau

le souffle coupé

coupé du monde

le monde tout autour, absent.

***

Il me faut composer avec
l’eau de tous les transports maritimes et humains
l’eau du corps à corps mer ciel, ligne d’horizon vacillant sous la rondeur du globe.

Sont érodés, brisés,

les rêves d’éternité

Les rêves  éveillés

Les rêves insensés

Voués à
toutes les pensées mouillées d’écume et de brume
toutes les brisures d’eau sous la coque des noix de bois
tous les reflets des si-reines cachées sous leurs voiles de vent

***

Juste un instant : une miette de mouette, au vol lancinant

Décompte le temps

A rebours des embruns du matin naissant,la lumière déjà nacrée

Dispensée en lassos, en lianes, toute rectitude perdue.

***

Juste un dernier instant, le nœud coulant à la croisée de mousse

Si douce qu’elle se perdra, s’évanouira sans autre pouvoir qu’un clapotis

Je t’ai cherché au bord de l’eau

Une mémoire d’eau ;

Je te cherche sur  toutes les grèves,

Les quais silencieux,

Les îles dont j’ai foulé la terre

Le sable où les traces se sont effacées

Chaque bordée d’océan

Chaque  pont

Et dans tous les reflets

Qui se prolongent

S’allongent

Se jouent

De l’instant

Tatoué au creux

De la main

De l’épaule

Dans le sang.

***

Marée

toi qui lances tes flots

Dans tous les courants

Et tous ces ports d’attache

où s’aiguisent les consciences

où gravitent des êtres en partance,

Toujours sur le qui-vive

Tant qu’il y aura d’instants

A ourler au point de croix

Les baisers et l’absence,

La vie et l’eau;

L’eau et la vie

la vie

l’amour de l’eau

l’eau

lave l’amour

l’eau

et la mousse

pour laver l’absence.

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Maïté L

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« L’un d’entre nous parfois se tient debout près de la mer.

Il demeure là longtemps, fixant le bleu, immobile et raide comme une église, ne sachant rien de ce qui pèse sur ses épaules et le retient, si frêle, médusé par le large. il se souvient peut-être de ce qui n’a jamais eu lieu. Il traverse à la nage sa propre vie. Il palpe ses contours. Il explore ses lointains. Il laisse en lui se déplier la mer: elle croît à la mesure de son désir, cogne comme un bâton d’aveugle, et le conduit sans hâte là où le ciel a seul le dernier mot, où personne ne peut plus rien dire, où nulle touffe d’herbe, nulle idée ne pousse, où la tête rend un son creux après avoir craché son âme. »


Un texte de Jean-Michel Maulpoix Une histoire de bleu

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Voici venir la mer


Fidèle si infidèle
Indomptable et rebelle
Me laissera-t-elle coucher sur la page
Les remous de son éternel voyage?
Bohème sertie d’émeraude et de cristal
Grenade aux gerbes d’écume nuptiale
Elle trépigne de vague en ruade
Où les embruns fantômes soulignent sa cavalcade
Ces gardiens aux faux airs de tendre berceuse
Veillent  sans fin sur ses froufrous de laine mousseuse.

 

 

Voici venir la mer

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Voici venir la mer…

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La Mer…

Maïté L

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Lorsque nous approchons de la dune ,nous sommes toujours saisis par la même émotion. Comme si c’était la première fois. Une sorte de communion auprès de l’autel primitif. Boire à la lumière; boire au vent; boire à la matrice d’océan.

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Lorsque nous approchons de la dune, il y a tout d’abord l’AVANT. L’approche par le pouls de la forêt où cogne l’écho du cœur de l’océan. Puis  les pieds luttent contre le sable, rencontrent les aides à la montée, lorsqu’elles n’ont pas disparu sous quelque assaut du vent. De chaque côté le blond, le blanc et les ombres des palissades, faibles rempart contre les éléments, les plantes couvre-sol et la chanson du géant qui grandit, grandit avant de nous envelopper dans son fourreau du jour.

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Puis il y a LE POINT ESSENTIEL, celui où apparaît le bleu, l’émeraude, le calme ou l’agitation et les tourbillons. Le moment le plus attendu pour celui qui revient voir la mer. Le point de rencontre.Le terme d’océan en devient interchangeable. Il se fait sauvage ou lit de douceur de la mer; il oscille au gré des marées.

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Enfin, il y a LA DESCENTE. Perpendiculaire à l’eau elle est salut, déférence, émotion; Elle est souvent sans mots.

Alors pourra commencer la marche latérale…Viendra la communion et l’avancée solitaire, chacun dans son rapport à l’océan. Vers le nord, bouquet d’émeraude, soleil dans le dos et suivre le déroulé des rouleaux. Vers le sud, marcher à contre-soleil, pour argenter la croupe des vagues et les voir se poursuivre inlassablement.

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***

Parfois, quelques arrêts sur image ponctuent la balade: le regard balaie l’infini et aime  s’arrêter sur le détail insolite, étonnant, sur le bout de sable  où les pas dessinent un halo.

Une vague efface l’autre, un pas efface l’autre. Au soir  sur la plage sera écrit le livre du jour.

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Maïté L

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Avril d’océan, une dune à la peau de pêche,

l’estran entre transparence et silence

Un léger voile au loin.

La dune était blonde, presque blanche, mais

Son teint rosissait

Sous le soleil étonnant.

Tout paraissait paisible ou presque.

Les mamelles de sable
tout en haut de la dune
étaient vierges de pas
et souvent soumises au vent
mais nous dévoileraient peu à peu
L’océan et son répondant.

Au creux de la forêt,

Nous l’entendions battre tambour, lui.

Mais comme nous approchions

A pas claqués sur les montées de bois

Il n’avait déjà plus l’accent tonitruant.

Allait-il livrer son âme

Entre le sable et la peau ?
Allait-il disperser ses bleus
et s’immiscer sous la chemise des passants ?

Allait-il se concerter coquillage

Ou se répandre sur la plage
Jusqu’à percer l’intime de nos pensées?

L’océan était lointain, un tantinet paresseux ;

Il voulait sauvegarder ses creux

Et modeler la ligne d’horizon.

Il nous laissa vagabonder sur l’ocre sentiment

Enserra nos chevilles de fraîcheur et d’eau vive.

L’air avait la douceur d’une trêve

Il nous prit dans ses bras, et nous fit une bulle

Qui d’heure en heure roula entre les passants

***

 

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D’effleurer ces rondeurs, naquit une clarté  bonheur:

Les pas sur la grève

l’impalpable

aquarelle

au creux

de

la

main.


 

Maïté L

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clic sur l’image: dans mon jardin il y a…

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Un an déjà que Jean Ferrat nous a quittés.

J’y pensais en pleine floraison des mimosas; j’y pense encore au moment des lilas.

Le printemps et ses pervenches, ses iris, la glycine qui nous accompagne au fil des rues et des jardins.

Et puis il y a la « mother of thousands ».Tout un symbole.

Elle a grandi. un peu comme les enfants qui grandissent trop vite:elle est devenue dégingandée; elle a fait une multitude de graines qui ont toutes quitté les feuilles et elle a préparé ses fleurs. Elle les a mûries durant tout l’hiver et je désespérais de voir leur couleur. Mais la mère a pris soin de déposer des bébés à son pied. ce sera à  leur tour maintenant de grandir! Elle a fleuri lorsque la température est devenue presque estivale.

La lavande papillon attire les bourdons tout comme les petites fleurs bleues…

Je n’allais tout de même pas passer sous silence ces fleurs si bleues…

Beau printemps.

Au printemps, de quoi rêvais-tu? De bien d’autres printemps en chansons; et de voir enfin les efforts consentis au jardin porter leurs fruits.

***

clic sur l’image

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Partir. revenir vers la ville.

mais pas sans avoir planté le décor…

Roseaux, dansez une dernière fois pour nous.

Arbres en marche vers le printemps, vous avez quelque chose d’humain…

A vous tous,lecteurs, qui avez été si présents dans ces instants saisis aux les abords du lac de Sanguinet, je vous donne  en miroir les  mots que vous avez déposés au creux de ces pages. Parce que vous avez su saisir l’âme du lieu, lisez vos contributions comme une déambulation en poésie.

Merci

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Douceur et tendresse du moment. Le lieu est une invitation à la plénitude : être là tout simplement et regarder la vie se vivre chaque seconde, s’amuser du reflet changeant de l’ombre sous le cri d’un oiseau.

au fil de l’eau
au fil des roseaux
l’histoire se file

(Lautreje)

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le lieu prête à la paix et à la tranquillité.

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il existe à Montréal une rue Sanguinet qui serait le nom d’une des familles qui se seraient établies chez nous au début de la colonie.
Mais située en plein centre-ville, elle n’est pas du tout un havre de paix!

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comme souvent, la représentation sublime la réalité

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Reflets du ciel, horizon épuré, douceur pastel… une beauté dans toute sa simplicité

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je suis prête j’ai même enfilé ma petite laine, juste au cas où …

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Avec l’emprunt d’une de ces pirogues, je vais glisser au fil de l’eau, suivre l’Histoire du passé et admirer ces reflets magnifiques

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Les roseaux réfléchissent.

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Tu regardes ces racines, ces longues veines qu’anime une vie secrète… et tu descends dans ton âme… vers les autres, vers toi-même…jusqu’à ton origine… et si tu prends le temps, la sérénité viendra.

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Un poisson arc

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Rêves moirés

Vibrations

Mystère des ondes

Lumière de liberté

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Parfois poisson et oiseaux sont sur la même longueur d’onde il suffit que l’un des deux brise le miroir

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un bracelet passé au poignet du lac…

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être en communion avec ce qui est.

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Finesse extrême des lignes et des mots dans un écrin bleu

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Une évolution qui nous échappe dans notre marche pressée.

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Comme si les cataclysmes ne pouvaient atteindre une telle sereine beauté. Pourtant, tel pourrait ne pas être le cas, un jour.

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délicatesse des reflets d’eau

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De fil de roseaux
En fil à fil tremblés

La poésie nous enveloppe de ces reflets dorés.

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mystérieuse phrase, aussi mystérieuse que l’intérieur des reflets tremblés,

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quitter un instant tout repère pour s’élever à la poésie. Douceur du moment !

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Calligraphies chamarrées,
au gré des ondes irisées,
mouvantes incessantes,
émouvantes en leurs finesses vivantes …
S’y perdre quelques instants,
Y replonger encore, et encore,
Oscillent les ocelles dans mes pensées …

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Un moment de contemplation comme je les aime

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gracieuses arabesques sur scintillements et bleutés-argentés,
virevoltant de frissons en frissons …
Tout un crescendo empreint de délicatesse …

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la nature danse sa vie.

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Temps suspendu !

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grâce !
subtile  union du roseau élancé suspendu et de l’eau en épousailles de terre.

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Aux chorégraphies aquatintées
Sur eaux vives,
Images et mots font vibrer tous les sens…
L’imprégnation s’accentue
Et les envies créatrices affleurent
Se nourrissant encore de cet enrichissement offert…
Une parcelle de vie intérieure
Viendra éclore un jour
Essayant de rendre hommage
Aux coups de cœur éprouvés…

(Cerise/Marithé)

***

Ils s’en sont allés vers les berges

Parés de leurs capes d’ombre.

Ils sont partis vers leurs destins

Faisant de ce voyage immobile

un cheminement au gré des racines.

Princes s’ordonnant en bouquets

Chevaliers de l’été au feuillage léger

Ils laissent vagabonder leurs vrilles

Sans jamais se retourner sur l’immensité

Des eaux du lac où s’égare notre regard.

***

« Les arbres ne sont pas immobiles. Ils ont l’air de dormir, comme cela, d’un sommeil épais qui dure des siècles. Ils ont l’air de ne penser à rien. Le petit garçon, lui, savait bien que les arbres ne dormaient pas. Seulement ils sont un peu farouches et timides, et quand ils voient un homme qui s’approche, ils resserrent l’étreinte de leurs racines et ils font le mort. Ils sont un peu comme les coquillages à marée basse qui s’agrippent sur les vieux rochers chaque fois qu’ils entendent le bruit des pas d’un homme qui avance. »

Le Clézio, Voyage au pays des arbres »

***

Mais lorsqu’une femme s’avance d’un pas plus léger, lorsqu’un enfant s’avance avec le  regard du cœur, il en va tout autrement.

Le petit garçon le sait bien qui compte les grains de sable blond, l’oreille de Cybèle greffée à son côté.

Le poète dans l’âme s’arrête. Il écoute. Il entre en communion avec les éléments : ciel, terre, eau, il va de l’un à l’autre messager d’espoir. Il sait que quand il reviendra, il aura là sa place  au creux du sable blond.

***

Les chevaliers d’ombre  et de lumière

Ont mis  en selle sur leurs destriers

Tous les chants de la terre

Des landes et des mystères.

Ils se sont dressés sur les barques

Où les grains de sable et les algues

Nous parlent d’une Histoire

Où la vie originelle s’insinue

entre les reflets emplissant l’onde

de leurs doigts protégeant le monde.

***

« Regarder en poésie, c’est se donner droit au revers des images.

L’eau qui s’ouvre aux reflets de ce monde et les prolonge infiniment, l’eau qui va sans cesse est sœur de poésie. »

Andrée Chedid, Textes pour un poème.

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Comme un reflet entrant dans la peau.

Maïté L

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Poisson  à la côte d’argent

Poisson de fortune vague à l’onde

Ou poisson du vent s’éternisant

Tu frayes ton ouvrage à la ligne

Entre les vibrions fuseaux.

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Poisson d’arc-en-ombres

Poisson de végétale inspiration

Je t’ai saisi au clair des reflets

Tu frissonnais et parfois disparaissais

Là où la terre sous les flots se fondait.

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Poisson carillon des roseaux

Insaisissable virgule sur les mots posés

Au fond de la gorge clouée à la brise

Poisson d’émergence solitaire

La transparence  en toi a fait son lit.

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Poisson cassant d’angles liés

Au hasard des bois et petites mains unis

Poisson d’écho derrière la dune saline

Douce, doucement ta peau

S’absente, inutile au regard.

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Poisson de rêve, nourriture de l’instant

Perle hors cage, hors l’eau, hors le trait

Au fusain tu soulignes ta vertébrale cadence

ta fluide semence se mêle  au rien à féconder

Rien: Un rai de lumière sur l’arête de ton dos.

Maïté L

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J’aime à imaginer: un petit poisson , un petit oiseau(bleu) s’aimaient d’amour tendre.

Du lit du lac au nid du saule,commença leur rêve fou: parvenir à se rencontrer.

J’ai soudain repensé à cette très belle histoire que j’avais plaisir à raconter aux enfants.

J’ai pensé aussi à cette chanson du poisson qui faisait des bulles au fond de l’étang pour passer le temps.

Tchip, tchip, tchip, bidibidi.

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Je vous présente le poisson. imaginez l’oiseau!

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Timidité:

dans ses mains

le troupeau des roseaux

gémit

Comme une flamme sans feu

puis

S’élève un bouquet champêtre

subtile

tentative

de

simplicité

l’ovale

parfait

offrande

posée

à même

l’eau.

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Calligraphie au fusain

converge

l’ œil de Miró

Happe la mesure

géométrique

Densité appuyée

sortie de l’enfance

Plus de timidité

le trait

s’affirme

fait foule

des roseaux empressés

le gris s’engouffre

dans la bouche

à contre-jour.

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D’angles les roseaux

au trident des derniers rayons

solaires

ont déplié

leur mètre

linéaire

leur maître-mot?

Maïté L

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Eaux vives en locks

Bouchons  drapés ambre

La foultitude s’active

Et parachève l’avancée

Bouclée sera la nuit.

Tendres chevelures

Livrées aux lames

Des ciseaux impuissants

Caracolent au cent de vagues.

Et au refrain du vent

Omniprésent rideau

Taquinant la transparence

L’ancre révèle la présence

Des yeux à l’envers du décor.

Miroir des mots mémoire africaine

La danse et le rempart de l’innocence

Dans l’ocre illuminé au soleil tanguant

Entre la paupière et les lèvres

La langue des signes

Les signes attisant la langue :

L’hors  rang du  tout courant.

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Au soir de l’initiation, il est une vie intérieure qui se nourrit de continents en miniature.

Maïté L

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