« Ainsi le mur dans ses pierres est-ce un motif pour dire où nous en sommes. Elévation des pierres et des mots. La langue creuse les fondations, l’herbe reprend notre mémoire Nous écoutons ce qui rassemble en nous d’autres lieux et d’autres temps où rien ne fut inscrit. »
 GEORGES DRANO

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**

Nous voici partis pour  explorer le livre des murs et leurs diverses « géographies »; avec leurs strates semblables à celles sur lesquelles s’élèvent les villes(la vie aussi?) et dont on découvre l’histoire pas à pas.

Et comme dans chaque balade, il y aura des allers simples et des retours, des livres à ciel ouvert et d’autres dans les entrailles de la terre,une ouverture vers le street art, des témoignages discrets et d’autres éclatants de couleurs, des digressions au fil de la pensée, des bonds de pierre en pierre, de fleur en fleur, de parfum du passé en lumière du présent: ainsi se tisse l’étoffe du temps.

***

1 par Re Chab

des murs  (  le chant des plantations ….)

-Elle s’accroche dans les creux,

Dessine des arabesques ,
Des floraisons au sein
des murs arides .
Et cela grandit,

D’abord en lichens,
Recouvrant petit à petit,
L’écriture penchée
« défense d’afficher »,
Encore visible sur l’enduit.

Il disparaît à plusieurs endroits,
Révèle des pierres,   bien jointoyées,
Où bientôt ,          pointe de la couleur,
Un rose insolent,
Une fleur .

Elle échappe au sévère,
Et          s’est trouvée une autre nature,
Autant de vie,
A défier            le ciment
En un nouveau printemps.

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***

2 en écho

P1060337

Mur, muret ou muraille ?

Il y a des murs qui disent oui

Et d’autres qui disent non.

 

Ils s’habillent de ciment

Se lissent, s’oublient

Se murent dans l’oubli

Se cachent à la vue

Se dérobent, se neutralisent

Même les ombres ne s’y arrêtent guère.

 

D’autres  se dévoilent au passant,

Et l’affichent ROUGE

Ou bien disent à la face du monde

A l’œil et au doigt s’y promenant

Qu’ils sont accueillants.

Ces murs généreux

Nous renvoient la chaleur

Lorsque notre énergie est morte

Ou bien nous épaulent

Lorsque nous semblons rendre l’âme.

 

Mot à mot sur le mur primitif

Les pensées prennent vie

Les fleurs de lumière  s’y lovent

Sans terre, sans eau mais si vives

Qu’on y lit le livre du printemps

Parfois, l’automne y fait ses gammes

En chevelure frissonnante de feuilles

En guirlande de lierre prospère

Où le lézard joue à la balancelle.

 

Soudain l’horizon s’illumine

D’une fleur des chants

D’un arbre jailli de ses entrailles.

Le mur a parlé, le mur fait racine

Et la vérité s’élève vers le ciel.

Qui fit un mur, édifia un tableau

Qui fit une barrière la vit prendre mot

Qui planta un arbre lutta contre poussière

Qui lut le proverbe fut initié

A la langue des signes.

Maïté L

clairière

photo prise en bordure du parc de la sérénité/ Mérignac 33

***

3-Petite suite

Vois-tu ce que les murs cachent,

Avec leur robe de ciment,

Leurs cheveux de piquants,

aux tessons qui dépassent… ?

a

 

Ce que certains interdisent,

C’est d’abord le regard :

Devant le corps, une barre,

Contre la convoitise…

 

Je ne sais s’ils sont accueillants,

Si ce sont ceux qui enferment,

En montrant leur épiderme

Même s’il est verdoyant.

 

Et, il est vrai, plus sympathique,

S’il est couvert de lierre,

Qu’hérissé de barres de fer,

Et autres piques.

 

Mais ce peut être le mur d’enceinte,

Prolongeant les pentes escarpées,

D’où l’on ne peut s’échapper,

Qui symbolise la contrainte.

b

 

-photo perso        – enceinte  de Loropeni ( Burkina-Faso)

 

Celui de la prison,

Ou la loi se fait ciment,

la logique de l’enfermement,

Enrobée de béton.

 

Celui de la ville,

Qui se barricade,

Et joue la canonnade,

De peur qu’on la pille…

c

 

 

Celui du mur de la honte,

Qui tronçonne les quartiers,

( c’est pour mieux vous châtier,

Qu’on les monte ) !

 

Alors je préfère ceux,

Qui se manifestent,

Que les graffiti contestent,

Ou qui sont moins belliqueux.

d

 

 

La verticale est un obstacle,

Dressé contre la nature,

Et je n’aime les murs,

Qu’en tant qu’habitacle.

 

Ou bien ceux qui parcourent la campagne,

Et n’évoquent pas le bagne…

Pour séparer les champs,

Comme dans les îles d’Aran,

e

photo; murs  sur l’île  d’Aran ( Irlande)

RC

***

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4- C’est l’histoire d’un mur amer…

Acte I : Dans les jardins :

Il y eut toutes ces années d’enfances

De simples haies de verdure

Livrant le passage à des jeux sans fin,

Trois maisons sans frontières

Et des poursuites, et des rires entre les arbres :

Les bambous, le tilleul

Le lilas et le chêne

L’immense magnolia aux feuilles vernissées

Et le vieux cerisier…

 

Acte II : Un jour la maison fut à vendre : ils ne l’avaient jamais aimée.

 

Le vieux cerisier abandonné
Fait ses adieux sans avoir démérité
Aux oiseaux et au vent.
Arbre courage à la généreuse blancheur
Il défie les tristes panneaux
Posés à la hâte sur le portail
Grinçant à deux vantaux.
A vendre. Propriété tombée en disgrâce.
La villa se décompose les volets clos
A l’ombre du magnolia et du vieux tilleul.
Les chats , passagers du silence
Effacent les ans sur le seuil usé.
J’ai mal au tendre aubier de l’an
A ses branches murmurant aux passants,
Que les oiseaux n’auront pour tout festin,
Qu’une parade en pétales blancs.
Le cerisier touchera terre
Avant le prochain printemps.

Acte III : Fin des arbres.

 Peu de temps après l’écriture de mon poème « le vieux cerisier » une pelle mécanique arriva et j’assistai au carnage : la chute sauvage des arbres arrachés, cassés.

Le cerisier n’eut droit à aucun égard.

 

Acte IV : Les travaux de construction :des murs montent, montent…

Musiques de vie

Un matin ordinaire
à l’éveil d’un chantier:
Soudain, quelques bribes
d’un chant de son pays.
Mais qu’il est loin l’été à recoudre les racines!
Des marteaux de non cadence
et un klaxon en transbordement
du sable, du sable qui dégouline,
des fausses pyramides
des plages où la sueur
Vient faire barrage au gel.
Des pelles silencieuses
à tournebouler la terre
Tam tam de grosses caisses
et flon flon mécanique en béton
Un matin si ordinaire…
Au loin résonnent encore des pépins amers
Des clameurs, des nuits de rancoeur
et de fronde,
couleur de feu, couleur de sang.
J’ai peur
Quand les mots enflent,
Quand les gestes dérapent,
Nous laissant Marionnettes pensantes
De tous ces mondes parallèles.
Marionnettes aux aguets
spectateurs ou acteurs
Nous écoutons
tous ces grains de l’hiver
ces musiques de vie
si emmêlées.
Qu’on ne sait
qui tire
les ficelles….

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Acte V :Fin

Le  grand bâtiment ouvert au public, le grand cube construit nous  cache les ciels enflammés du crépuscule. Il y a quelques jours encore, je les apercevais dans le miroir des fenêtres.

Nous appelions de tous nos vœux la construction d’un mur, d’une palissade nous rendant notre vie, un semblant d’intimité, nous séparant de nos nouveaux voisins

Il est là, en bois….

C’est l’histoire d’un mur, l’histoire d’une page qui se tourne, un point de rencontre entre la nostalgie d’un passé révolu et la raison.

 

Mais il est  toujours aussi  vrai que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.

reflets-042

Maïté L

***

5-par Re chab

 

Muraille


Autant il s’agit d’une masse,

Qui se dresse,

Mais qu’il a fallu jauger,

C’est à dire évaluer,

Dans son volume futur,

De pierres, de ciment,d’armatures…

Et combien de camions ont été nécessaires,

Mais aussi les tranchées, les soubassements,

Les drains d’où l’humidité s’échappe  ;

 

Autant il s’agit de la mettre en œuvre,

Cette muraille ;

De soulever le poids d’une pierre,

De l’aligner sur la voisine,

De l’épanneler,

De choisir la bonne assise,

Le bon angle,

De l’élever progressivement,

D’utiliser les grues,

D’extraire le sable de carrière….

1

 

 

La construction s’arque-boute

Sur elle-même,

Pèse de sa propre masse,

Sur sa verticale,

Sur les pierres de la base,

Sur les fondations.

Elle joue la carte de la durée,

Et déjoue même dans la mémoire,

Son origine,

Le pourquoi de sa présence ici….

2

 

( mur  d’enceinte  de Rome, construit par Aurélien)

 

Elle clôture la propriété,

S’orne d’arcades,

Se pare de meurtrières,

D’un chemin de ronde,

S’élève en tours,

Gravit les pentes,

Dessine les contours de la ville,

Puis   jusqu’à la démesure,

Une frontière,

( La Muraille de Chine .)

 

La marque de la puissance,

La verticale de l’arrogance,

Mais qui porte en son sein,

La crainte,

Celle de ceux dont on se protège,

Et qui parviendront,

A trouver le défaut de la cuirasse,

Si la vigilance chancèle,

Si les dynasties faiblissent,

Et se diluent dans le temps.

3

 

 

 

Car c’est justement le temps,

Qui morcèle les murs.

L’envahisseur viendrait

Davantage de l’intérieur,

Si d’autres usages font,

Que la muraille n’est plus utile,

Ou finit par encombrer  :

On s’en sert de carrière,

On l’arase, on la perce,

D’autres constructions s’adossent à elle….

4

 

Offerte aux intempéries,

Elle suit le cours des choses,

Se ride et se lézarde,

Et il n’est pas rare que des racines

La soulèvent, pénètrent les interstices,

Lui donnent un fruit,

Et qu’à la poussée de la terre,

Quelques pierres se détachent,

Et même , que des pans entiers

Se décrochent                       comme par lassitude…

5

 

(chute  d’un des remparts  de Parthenay)

***

6- Le château de Bonaguil ou  la force tranquille

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Bonaguil  M Ladrat

 

Aujourd’hui sans doute, il pleure contre ses flancs

Des larmes de pluie, des pétales odorants

Mais la muraille en rit : les larmes viennent heurter en vain l’infini.

Le temps n’a pas de prise sur le bâti, sur le château

Qui d’un lointain enfoui  sous les strates nous fait signes.

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Bonaguil M Ladrat

 

Mais quand vient l’été

 Alors, le soleil généreux du Sud-ouest

Effleure les pierres où le vent vient baguenauder

A l’ombre du sentier pentu.

Le regard s’élève ou  bute… Contre la lourde porte

Où vient s’engouffrer notre imagination

Devant quelques costumes entrevus :

De longues et lourdes robes nous font rêver

Tout comme les armures où jouent les reflets.

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Bonaguil M Ladrat

 

Bonaguil se dévoile lentement…

De loin il campe en majesté sur son éperon rocheux.

 Il faut prendre le temps de s’en approcher, faire halte à ses pieds

Laisser monter l’émotion, s’y  sentir accepté

Autorisé  à caresser de la main le destin des pierres

 Et du regard admirer leur tourbillon, leur audace.

Pénétrer dans le cocon d’entre les murs nous entraîne

Vers les tours aux plafonds blonds et circulaires

Dans l’enfilade des pièces,  devant la grande cheminée

De la salle d’apparat où flambaient des troncs entiers

Dispersant  leurs étincelles et leurs jeux d’ombres.

Et puis s’asseoir à la table massive, prendre la plume maladroitement

S’essayer à la  calligraphie en mode médiéval…

Si loin de toutes ces flèches fusant des archères

Leur préférer l’instant-bulle  fugitif  des cœurs de lumière.

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Bonaguil M Ladrat

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Bonaguil M Ladrat

Bonaguil, pierre après pierre nous fut conté

Lui, le château peu à peu restauré, jamais abandonné.

 Aujourd’hui, Bonaguil n’en finit pas de vibrer

 Laissant à ses visiteurs une émotion profonde.

Maïté L

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Bonaguil M Ladrat

http://www.chateau-bonaguil.com/fr

***

Les vivres de l4art 2014a

Les Vivres de l’Art/ Bordeaux 2014

7-_ Par Rechab le 31 05 15

Ce sont des façades qui portent en elles les fatigues.

L’envers de la surface décrépite,maintenant offert sur l’extérieur

L’air les traverse, et les intérieurs s’éparpillent.

Avec leurs entrailles de câbles, de tuyaux, de conduits, qui sont, de la sorte,   comme dans nos corps, les circuits que nous portons,                sans en avoir forcément conscience.

On sait que le sang pulse, que l’oxygène nous est nécessaire, que les nerfs transmettent les sensations, et permettent le mouvement.

 

Les maisons sont alors ces corps, laissées pour compte, mais leurs murs encore debout.

Sentinelles, marquées de la pulsation du passé.

Tu peux voir, leurs papiers peints, changeant selon les étages, une mosaïque de couleur, des gris, des roses, des verts…. et la destination des pièces :

Une mise en scène involontaire, préservant ,  par l’ombre, l’emplacement où les meubles et les tableaux sont restés immobiles,      sur l’échelle des années .

Les alignements verticaux des lavabos et des baignoires, les portes,     qui ne débouchent plus sur rien.

Comme si la vie était suspendue aux ustensiles,           hésitant entre sa disparition et le témoignage.

Une rampe d’escalier serpente, à la façon d’une colonne vertébrale.

Des pigeons s’y accrochent.

C’est une falaise écorchée.

Le clos est ouvert, donné au vent : un corps déchiré sur l’indifférence ;         sans intention de montrer.

Même pas le corps disséqué de la « leçon d’anatomie »

 

 

Le regard y plonge, et c’est presque indécence.

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Bordeaux Les Vivres de l4art 2014

(  j’avais  déjà  écrit  il y a longtemps  quelque  chose  sur  ce thème, visible ici)…

 

 

 

 

 

 

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18

C’est peut-être l’ivresse,

Qui me fait voir un lion à deux têtes,

Et peut-être le vin de messe,

Participe à la fête…

 

la muraille verticale,

Supporte même un éléphant,

Qui s’extrait d’une cathédrale,

.vous m’en direz tant !

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(éléphant de la cathedrale  de Trani – Italie)

 

Aussi quand je lis Aliénor,

J’ai quelques doutes sur ma santé,

Si je perds un peu le Nord,

( Vénus prête à enfanter ) .

 

Tout juste sortie du lit,

La barque d’un coquillage,

Dans la peinture de Botticielli,

Aborde nos rivages.

 

C’est avec elle,

Que l’enfant vagit,

S’envolant d’une nacelle ,

De mythologie .

 

On a des doutes sur le réel,

Un pied à cheval dans le merveilleux,

Aux enfants il pousse des ailes,

Et le ciel reste radieux .

 

Ce qu’on y voit ne sont pas des avions,

Mais le passage des déesses,

Et du char d’Apollon,

Ne tenant pas ses chevaux en laisse…

Le_Char_d'Apollon, 1868 via les amis de musées - www.ffsam.org

 

 

 

Tout leur est permis,

Et à portée de main,

Des collines d’Italie,

Le monde est un grand jardin,

 

C’est une terre d’abondance,

Ensoleillée et humide ,

Tout le monde danse,

Dans le jardin des Hespérides….

 

Si Hercule se souvient,

De ces lieux,

Et des plus anciens,

C’est qu’un demi-dieu

 

Toujours se doit,

De raconter des histoires,

Et celles de ses exploits,

Pour nous rafraîchir la mémoire…

 

Moi j’aime la poésie,

Et la peinture ,

J’y cueille de la fantaisie

Dans ses plus petits murmures…

 

Tout cela me parle d’imaginaire,

Et m’amuse,

En faisant interpréter les mystères,

Des nymphes et des muses….

 

C’est en quelque sorte

A travers l’art,

Ouvrir d’autres portes,

Et boire le nectar …

 

Que nous offre Bacchus …

Pas de sensations fades,

Même avec les icônes russes,

Du musée de Léningrad,

 

Qui nous regardent, sévères,

Dans leur cadre doré…

>   Allez,         je vide un verre,

Avant qu’il ne soit évaporé…

 

Et s’il faut que je trinque,

C’est parce qu’encore,

Dans le labyrinthe,

Je dois affronter le Minotaure .

 

Le pauvre est enfermé à double tour,

Sans voir le soleil…

Moi je vois l’issue de secours,

A travers la bouteille…

 

Il ne sait pas où le chemin le mène,

Ne pouvant pas lire  l’avenir dans sa tisane,

  • j’ai trouvé la sortie de l’arène,

( grâce au fil d’Ariane )

 

Qu’il y ait eu ou non combat,

Ou délit de fuite,

On parle encore beaucoup ici bas,

L’imagination permet d’inventer la suite

 

Sans pour autant abuser,

Des parquets cirés,

Des salles des musées,

–  il reste possible de délirer –  …

 

Ce dont jamais je ne me prive

N’étant pas Prométhée enchaîné,

Qu’il faudrait que l’on délivre,

Du rocher le maintenant prisonnier…

 

 

RC

***

 

19

14/04/15

Au cœur de ces libations

 Je me sens rasséréné

Et dans notre divine virée

J’entrevois ma libération.

 

Je goûte à la verte absinthe

Laissée sur le bord de la vie

Par Toulouse-Lautrec inassouvi

Parti cependant sans une plainte.

port-de-Roy2

 

Mais… des effluves marins

Franchissent les hauts murs

De ce lieu aux desseins obscurs

Que j’oublierai sans doute demain

 

 

Là-bas la corne de brume

Appelle au rassemblement

 Je dois fuir  le casernement

Sans aucune amertume.

 

Icare en mots ressuscité

Par la grâce d’une plume

Surgit tout nu de l’écume

Où il s’était pauvrement abîmé.

3 08 08 246

 

Pour survoler la ville assoupie

Point n’est besoin de trompette

Icare, sors-moi de ma cachette

 En profitant de la fin de la nuit.

 

A toi s’offre une autre chance

Nous ne sommes pas loin je pense

De cette barque isolée dans les remous

Tu pourras avec moi réaliser ton rêve fou.

 

Nous survolerons la ville austère

Nous serons les évadés à tire d’ailes

Les oubliés devenus complices fraternels

En quête d’un destin solidaire.

3 08 08 255

 

Partons en direction du pont

Avant que le soleil n’illumine le matin

Sous les arches commence le chemin

Qui nous mènera tout droit vers l’horizon.

 

Je suis comme ces barques en bois

Venues du fond des âges : elles s’étiolent,

Se délitent ; ce sont des symboles

A garder des courants d’air sournois.

 

Au fond de l’estuaire il est un royaume

Loin des parquets cirés, des salles de musées

Où tout est permis, même délirer

La barque nous y mènera : home ! Sweet home.

Maïté L

***

20

Oh, mais méfie-toi de l’absinthe,

( non pas que je prône les privations ),

mais il est bien connu que cette boisson,

n’a pas qu’un tendre vert dû à sa teinte…

 

Je me rappelle de cette dame hébétée,

Qui a un drôle d’air,

Juste en-dessus de son verre,

  • Allez, A votre santé ! –
  • unnamed

–   

–     Degas    – le  verre  d’absinthe

 

 

Allons ce n’est qu’une petite dose,

Et hop ! Un petit apéro !

  • on va pas s’noyer dans un verre d’eau ! –

Et ça aide à chasser le morose …

 

Voila le bar qui tangue,

On commande des blanc-cass,

Autres breuvages ( et j’en passe )

Et même à saveur de mangue …

 

 

Et s’il faut qu’on écluse,

Tous les apéritifs,

Cà tient de l’exploit sportif,

Style « radeau de la Méduse »

unnamed

 

 

 

Car on peut donner dans l’exotique,

Voyager ainsi coûte moins cher,

Que mettre le bateau à la mer …

Ou même un canot pneumatique…

 

Quitte à boire la tasse,

Nous revoilà dans l’océan,

Qui s’étend indéfiniment ,

….   Grand bien nous fasse,

tasse mer

 

 

Si la soif peut s’étancher

Avec un café-crème,

J’irai trinquer avec les sirènes,

( Par-dessus bord, se pencher …).

 

Il n’est pas sûr qu’elles apprécient ce breuvage,

Elles préfèrent me rendre un peu fou,

En provoquant des remous,

Et que la tasse se partage.

 

Qu’à cela ne tienne,

Elle vont me servir de guide,

Dans l’étendue liquide,

Ce sera une bien douce peine…!

J Waterhouse

 

 

                            peinture  J Waterhouse

 

Mais je ne m’attendais pas,

– j’ai peut-être trop parlé –

A ce que l’eau fût salée,

( et trop pour assaisonner le repas)

 

Je vais laisser ça aux sirènes :

Là où elles sont,

En compagnie des poissons,

Elles seront les reines…

divin breuvage

 

Et question de boire,

Je préfère les bouteilles,

Marquées au seau du cep vermeil,

aux tisanes « saveurs du soir »

 

Si je fais appel à mes souvenirs,

-autant que faire, je puisse –

C’est un goût de réglisse ,

Pour mieux se préparer à dormir…

 

Je vais plutôt quitter la mer,

( et tant pis pour toute cette eau )

Pour transformer ce vaisseau,

En engin inter-planétaire…

extrait J Bosh La tentation de St Antoine

 

–                            (extrait de tableau  J Bosch: la tentation de StAntoine )

 

 

Hop, voilà que je me marre,

Je lui ajoute des ailes,

Avec de la colle en gel,

Et voilà que je démarre…

unnamed (1)

 

 

Je compte bien remplir mon quart,

Avec du jus de nuages,

Si je capte un orage,

A leur ombre: – pas de souci pour Icare…

 

On dit même que l’imagination,

Aurait poussé les voiles,

Jusqu’à aller tutoyer les étoiles…

Tu vois jusqu’où va la passion !

 

Mais la boisson est mauvaise conseillère,

J’ai cru voir des druides,

A travers le verre vide…

Allez —         je reprends une bière !

unnamed

 

 Re Chab

***

21

 

« Dois-je vous dire où nous allions en ce très-court voyage ? Il fut rapide et comme un rêve, le but importe peu »

                                                                                     Odilon Redon

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Tutoyer les étoiles

A tu, à toi

La nuit tue

La nuit bue

Jusqu’à la lie

Le verre renversé

Et sonne la cloche

Contre le vaisseau

De l’espace.

11 05 2010 028

Déjà je m’envole

Icare sur mes talons

Je vire, je monte, appuie sur les boutons

C’est un jeu d’enfant

 Que la marelle d’antan

11 05 2010 058

Elle esquive les nuages

Qui doucement

S’en vont à la dérive

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Je choisis l’un deux

Avec oreiller incorporé

Pour nous y poser

Sous les astres animés

D’oreilles intergalactiques

De tics à clignotements

De ponts brillants.

3 08 08 267

Je cligne des yeux embrumés

Tu t’impatientes dans le bain

Dans les vapeurs célestes

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Ici nul breuvage râpeux

Mais un brouillard

A siroter à la paille

A découper en tranches

Nulle gourmandise sournoise

Sucrée et  voilée d’interdits

16 10 10 284

Juste le ciel en escaliers

Et le soleil dispensé

A chaque étage franchi.

Là-bas Je n’ai que trop parlé

Et l’écho me parvient

Du brouhaha terrestre tandis que

La bouche en o

J’étouffe les sons.

03 12 10 026

Ici je ferai mon trou

Et  me reposerai  sur la voie lactée.

J’aspire au bon heurt du premier orage

Je serai le roi tu seras le bouffon

Nous aurons nos oracles

Nos cœurs battants

Nos milliers d’années

Rassemblées en petites coupures

Mais ici rien ne sert de compter

Au monopoly du cœur

Tout n’est qu’apesanteur.

08 02 2011 015

Je ferme les volets

Icare dans ses ailes s’est lové

Je peux reposer en toute liberté

Tournez vaisseau dans l’univers

Au bal des planètes, vous êtes convié.

Maïté L/16-04-15

***

22

19-04-15

voie lactée

« Seuls quelques grains brillants,

Parsèment les années -lumière, »

 

Le trajet dans l’espace,

Prend appui sur le vide.

La fusée voyage au cœur du noir,

On ne sait même si elle progresse,

Tant l’échelle du temps,

Se dilate en apesanteur….

 

Un temps qui dépasse,

Le vaisseau intrépide ,

Sans qu’on puisse s’en apercevoir,

Une si frêle forteresse,

Allant de l’avant ,

( le vol des migrateurs

 

vers d’autres planètes ) .

Seuls quelques grains brillants,

Parsèment les années -lumière,

La voie lactée, la plus proche,

Est un bain de vapeurs célestes,

La destination reste incertaine …

 

C’est comme un voyage dans la tête,

Ou comme un jeu d’enfant,

Quand on ferme ses paupières ,

On se réfugie sous une cloche,

En oubliant les soucis terrestres,

Et refermant ses antennes .

 

Je referme aussi les volets,

J’invente les oracles,

Et mille aventures,

En suivant ta marelle :

Plonger dans le temps, à l’envers,

Loin de la gravité,

 

Des étoiles en chapelets

Je crois aux miracles

En petites coupures

Arrivé sur la case ciel,

Bondir dans ton univers,

Et l’espace rêvé de l’été.

RC

  ***

23

20-04-15

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« Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies… » Le Petit Prince

*

Devant le hublot, Le Petit Prince

En route vers sa minuscule planète

Chevauchait un ruban d’étoiles

Venant coiffer le chapeau de la Terre.

 

Il aimait l’été comme je l’aime

Ses grillons dans les prairies

et ses grenouilles près de la source

Ses nuits veloutées et ses étoiles filantes.

 

J’aime aussi l’étoile du Berger

Allumant la nuit de son feu brillant

Et la Lune dans son dernier quartier

Dans les cyprès du ciel étoilé.

 

Au vent de terre, au vent de mer

Succède le vent de l’univers

Où Van Gogh se perdit corps et âme

 Quelque part en Provence.

 

Jaune était son monde

Roué d’oliviers, de cigales

Orange claquait la vie

Et rouge sang finit le cri.

 

Tout cela n’est que souvenir

Faisons route pour les quatre saisons

La case ciel est bien plus profonde

Qu’une envolée de bête à bon dieu.

 

Mille fourmis de Vénus dansent

Sur la sarabande des étoiles

Le vaisseau conduit à travers le monde

Des ombres au chemin de lumière.

 

Au pied des réverbères, seule

Une fleur de lune attend son prince

Ou bien son jardinier des cœurs

Nous le reconnaîtrons à son rire.

 

L’univers est bien trop grand

Pour qu’on le foule du pied

Mais dans  la tête, tu as raison

Fleurissent les miracles.

 

Ils ont la saveur douce de l’été

Au rendez-vous des étoiles

L’hémisphère nord, l’hémisphère sud

N’ont plus besoin de boussole.

 

 Sur la terre des histoires

Seul point fixe du nord magnétique

Une infinie tendresse nous relie

Au Petit Prince de cet univers tournoyant.

Maïté L

***

24

22 04 15

C’est, extrait du livre de l’enfance,

Le Petit Prince, qui met le pied

Sur une planète fragile ,

(sculpture: Sadko )

 

On y entend, si on écoute, une brise

Qui chante dans les arbres, la vie

loin de avions qui passent

 

Et la caresse chaude des jours de l’été.

Le Petit Prince progresse, il ne lui faut pas longtemps

Pour  passer au-delà des sables des déserts , le gué

 

Des îles aux continents, sans se mouiller les pieds.

Il s’interroge avec insistance, sur la forme des montagnes,

Le silence blanc des déserts, l’aventure des rivières

 

La succession des villes, et des maisons jouets

Sagement alignées, le long des routes,

Et les supermarchés,           sont une grande attraction.

 

S’il veut dessiner des moutons, demander son chemin,

Il n’obtient pas de réponse, car on ne le comprend pas,

Déjà les hommes se barricadent chez eux , derrière leurs frontières,

 

Et ne se comprennent pas d’une région à l’ autre :

Mais au-delà de ces  murs on entend de la musique

Elle qui passe sans qu’on puisse l’arrêter  :   ♫  ♫

 

Comme le vol des colombes

Sur la frêle planète  :

On entend, si on l’écoute,

 

Tout de l’amour, et des langages, sans paroles.

La planète, ne disant rien,

finit par tout nous dire…

 

D’une  fleur  de lune,

Le bouquet  des étoiles,                          *  *  *

Leur dialogue  sans boussole …              ☼

Reparti dans  ses lointains  rivages,

Notre Petit Prince, désigne les étoiles amies,

Qui toujours, nous  sourient

 

peinture  J Mirò:  petit  chien aboyant à la luneImages intégrées 1

 

Et scintillent aussi,

Confrontées  à leur mouvement suspendu,

Au cœur  du zodiaque….

 

®

 

***

Il a suffi d’une rencontre en écriture entre deux inconnus: Re Chab et moi-même pour faire jaillir des éclats de mots depuis mars 2015 et faire remonter au grand jour un article de 2012. J’en suis très heureuse et je remercie Re Chab.

Bien sûr toute personne souhaitant se joindre à nous sur ce sujet ou bien un autre de son choix est la bienvenue.

Evidemment, nous ne savons ni l’un ni l’autre quand cet échange s’arrêtera, puisqu’il se déroule au gré de notre envie…

Je vous propose donc le journal de nos éclats de mots à partir de l’article originel se trouvant ici:

http://www.eclats-de-mots.fr/2012/10/07/reves-perles-destuaire/
23-02-08-123

 

 

Rêves  perlés d’estuaire

Bois de rose dans l’or du couchant
Perles de brume à peine voilée
et bleu-gris jeté dans les filets
des carrelets juchés sur leurs pieux
partis à la rencontre de la marée.

 

Quand les rêves de silence
conduisent au bord de l’eau…

Soudain,

tout contre notre cœur frissonnant
 tremblent les reflets émouvants

d’une barque comme posée
sur la ligne des flots…

 

                                                                                                                                               Les roseaux sur le devant de la scène

 opinent du bonnet et se courbent
en offrande à la brise
compagne discrète des premières virées.

Février descend sur l’estuaire apaisé

Il est temps de suivre les lueurs

Menant à la ville trop tôt retrouvée.

© Maïté L/ 2012

***

2/

03 03 2015

C’est une barque portée  par les  flots,

Ainsi, contre ton cœur,

Il y a la douceur de ton reflet,

Il embrasse ton visage,

Comme tu les fais de tes vagues,

Avec le mien.

 

Nous sommes portés,

Par une  étendue si vaste :

Que la conscience se dissout,

Re Chab

***

3/

03 03 15

Dans un morceau d’infini

le soir se dissout, s’amenuise

Se faufile tout contre la joue

où tambourine une larme

Où s’inscrit le chemin de rosée.

Une ombre grandit

Dans les yeux, dans les pensées

Une absence, le temps trop vite parti

Vers d’autres bords d’eaux.

Maïté L

***

4/

04 03 15

Dans un infime  clapotis,

Je tends  l’oreille

Aux ponts  jetés  sur la mer,

De ceux  qui suspendent les îles

 

Quand  l’ombre de ton absence grandit,

Et la perte  du soleil,

La larme  rejoint l’amer,

Et de ma main en coquille,

 

Je crois entendre encore le bruit…

Faut-il rester  en veille,

Parcourir le chemin à l’envers  ? …

A mesure que mes yeux  s’écarquillent,

 

Avant de se fondre dans la nuit,

Luttant  contre le sommeil,

Dans lequel se perd,

L’ espoir, comme une chandelle vacille

Re chab

***

5/

040315

L’espoir, comme une chandelle vacille
S’amenuise au fil des années
Allo? Ta voix devient si ténue
Tes gestes si lointains
Au coin d’une photo jaunie.
L’hiver nous envahit.
Ou bien est-ce la vieillesse ?
Quand ce soir au vent du nord
Les eaux se coloraient
en bleu, en nuit, en bleus de vie
Et que le clapotis claquait sur le sable
Où l’hiver prenait ses aises sur le rivage
Ne laissant à la plage que
Si peu de sable, quelques traces
De pas, de griffes, de pattes et de cristaux
Immobiles les mouettes balancées
Au gré des flots et les roseaux
Ces biffures du paysage en rangs serrés.
L’hiver nous assassine et pourtant je suis vivante
Vive, ment et dément le passé récent
La nuit, le sommeil retrouvé, les voix
Du tangage de la barque,
Dans le plumetis des oiseaux repliés
Dans la nuit, perdre pied, s’enivrer de…

Maïté L

***

6/

05 03 15

Nous perdons pied  dans la nuit,

La barque  elle -même,

Suspendue  à un fil,

Ne reconnaît plus  ni le ciel,

Ni les  rives.

 

Les mouettes  ont  replié  leurs  ailes,

Et se résignent au jour  enfui.

Les  eaux  prennent   de l’épaisseur,

Celle  d’une masse  d’encre,

Qui sommeille sur les  couleurs.

 

C’est  comme  si l’hiver  était descendu,

Poussé sur le bord

De l’embarcation

Par le vent  du nord.

Lui qui emporte  ta voix

 

Devenue  si lointaine,

Et presque  éteinte,

Si pâle  qu’on l’entend à peine,

Comme si la vie  se diluait

Au fil des années,

 

Egrenées  par un long parcours,

Sans laisser de trace à la surface de l’eau,

Si lasse, qu’elle ne dessine pas de sillage,

Ou bien est-ce  cette  barque  elle-même,

Qui fait  du sur-place,

 

Arrêtée même,    par le temps …

Re Chab

***

7/

05 03 15

La barque seule, arrêtée, dans les bras de la nuit

Ecoute de la vie lointaine le chant des sirènes.

 

Dans les profondeurs des eaux claquemurées

L’Histoire enfoncée, un village perdu, ses murmures.

 

Emportés par la boue, le limon, les algues

D’eaux douces, vaste linceul aux habits fanés.

 

Barque iceberg, plus petite entité visible

Des fonds parviennent les ondes des fantômes surannés.

 

Plus d’hiver. Que du passé. Plus de printemps

Dans les sans lumières, l’origine où gît la barque.

 

Le bois infini à toucher du doigt le souffle du présent

Tandis que s’enfuient les stigmates du temps passé.
Présent. Passé. A venir. Je ne sais. Je ne sais pas.

Je ne sais plus l’alphabet du sillage, celui du village.

 

Les pleins, les déliés des vagues, leur courbe de respiration

Les aspirations de l’avenir qui bulle à la surface.

 

Du visible, de l’invisible, du cœur qui pianote

Sur la peau où repose la barque, sur le fil de la nuit.

 

La nuit fait son lit

A l’abri

Des ronces

Où perle une goutte

Une seule…

Maïté L

***

8/

06 03 15

La passion du jour  a sombré
Au coeur  du liquide,
En une boule  orange,
Qui s’accroche  aux  vagues.

La solitude  s’accroche
au creux  des rochers,
Déjà tapis dans l’ombre.
C’est  le  refuge des crabes  et coquillages .

Ils soupirent dans le sable,
Au sanctuaire  redevu  vierge
de  présence humaine,
que l’on  remarque  toutefois .

Avec des restes  de filets,
Et objets de plastique épars
Dont la mutilation interroge l’origine.
Et l’idée même de leur usage.

Les  étoiles de mer s’étirent,
Et jouissent  du silence,
Seulement perturbé,à marée descendante
Par le clapotis des eaux.

Entre chien et loup,
On pourrait distinguer,
Un enchevêtrement de formes,
Retenues par les écueils.

Ce sont des bois flottés,
Lentement sculptés et érodés,
Des totems de branches,
N’ayant plus souvenir de feuilles.

Et aussi des planches au profil adouci,
Qui parlent des épaves,
Des morceaux qui conservent parfois,
Des traces de couleur.

Enfin ce qu’on peut distinguer encore,
Avant que ne s’installe  la nuit,
Qui se referme  doucement,
Sur le rivage  déserté..

Re Chab

***

9/

09 03 15

Les bois flottés 09/03/15

 

Au soir rougeoyant de passion du jour

Au petit soir orange et mandarine éclaboussé

Entre chien et loup  à l’abri de la dune se glisse

Le monde des bois flottés, le petit peuple

Des êtres de légende, échoués sur le ruban de la côte.

Ils se penchent, ils se voûtent, ils se tordent, ils frissonnent

Ils grimacent, ils s’allongent, s’alanguissent sur le sable

Ils s’écaillent, ils abritent plumes de mouette

S’entortillent dans des filets de pêcheur

Se dressent tels des totems tutélaires

Se fusèlent vers la marée, habitent l’estran

Ou bien se cachent tout contre la dune

S’habillent des ombres ou de rubans d’algues

Cliquètent tels des fantômes aux colliers de moules

Ou rêvent de destins sauveurs d’humanité

 Aux gloutons festins de plastique ou de boulettes.

Parfois dépositaires d’un pendant de sirène

Lorsque s’assoit une branche d’étoile de mer

Ils lancent un bras vers d’hypothétiques amis humains

Qui se mettent à leur hauteur pour écouter le refrain de la mer.

Doucement je m’accroupis ,  Marie de la dune, Rose des sables

Pierre de lune, Stella des marées, je convoque les secrets

Les colimaçons discrets, les fils de la pensée

Les mirages du soir…tandis que sur leurs frêles planches

Les hommes- grenouille luttent…

Maïté L

***

10/

10 03 15

La passion du jour  a sombré
Au coeur  du liquide,
En une boule  orange,
Qui s’accroche  aux  vagues.

La solitude  s’accroche
au creux  des rochers,
Déjà tapis dans l’ombre.
C’est  le  refuge des crabes  et coquillages .

Ils soupirent dans le sable,
Au sanctuaire  redevenu  vierge
de  présence humaine,
que l’on  remarque  toutefois .

Avec des restes  de filets,
Et objets de plastique épars
Dont la mutilation interroge l’origine.
Et l’idée même de leur usage.

Les  étoiles de mer s’étirent,
Et jouissent  du silence,
Seulement perturbé,à marée descendante
Par le clapotis des eaux.

Entre chien et loup,
On pourrait distinguer,
Un enchevêtrement de formes,
Retenues par les écueils.

Ce sont des bois flottés,
Lentement sculptés et érodés,
Des totems de branches,
N’ayant plus souvenir de feuilles.

Et aussi des planches au profil adouci,
Qui parlent des épaves,
Des morceaux qui conservent parfois,
Des traces de couleur.

Enfin ce qu’on peut distinguer encore,
Avant que ne s’installe  la nuit,
Qui se referme  doucement,
Sur le rivage  déserté…

Re Chab

 

***

11/

16 03 15

JEUX D’OMBRE

Sur le rivage déserté, l’ombre de l’ombre

Happe

L’ombre du rivage aux rivages de l’ombre

L’ombre du vide, le vide silence du clapotis

Dans la marge

Clapotis après clapotis s’échine le rivage

Dessine,

 Divague,

 Resquille

Au tourbillon des âmes, des vagues de vagues

Hors-tout.

S’enroulent les idées, s’arriment nos ombres

Aux branches décharnées, implorantes de la nuit.

Le sable redevenu froid se dérobe à l’or du jour

Se teinte de gris, de désamour de la nuit, des traces

Traquées

Réfugiées

Dans la minuscule vie, des trous minuscules, repérés.

 Soupçons

 Que le vent emplit d’oreilles du vide, d’échardes d’entre les dunes.

Pourtant

Sur les mamelons refuge, sans yeux, sans voix, sans poids

 Seuls les frissons

Dérivent en friselis. Nues les planches de bois disjointes

Pied après pied à la ceinture de

Nue, La nuit bleue, trépasse dans l’indifférence

De bleue à noire au fond de l’encrier venu de si loin.

La nuit a posé la plume, rendu les armes non loin de l’encrier

Refermé doucement  le souffle des mille et une nuits

Sur le rivage abandonné, déserté, douce, doucement

Désert doux et vide, rivage désert, soumis à l’inconnu…

Maïté L

***

12/

24 03 15

Je suis soumis à l’inconnu,

Le rivage déserté, où la vue se dérobe,

Laisse s’enrouler les idées,

Au tourbillon de l’âme,

Trempée dans l’encre, bleu-nuit ,

Où peut-être des chimères,

S’emparent de mon esprit.

 

Je suis soumis à l’inconnue,

Une femme entr’aperçue,

Aussitôt disparue,

Et la rue, rendue à son indifférence,

S’est enfoncée dans la nuit ,

Occupée par le vent,

Et ses échardes froides.

 

Les jeux d’ombre mouvants,

Les yeux ternes des réverbères,

Me font douter,

Dans les marges de la lumière,

D’une vision, qui divague,

Entre chimère, imagination

Et réalité.

 

Quelle est-elle,

La réalité : celle de ma conscience,

Ou celle, que j’ai cru percevoir,

Frêle silhouette,

Vite rendue aux marges du silence,

Où je risque mes pas,

Comme au-dessus du vide… ?

 

Soumis à l’inconnu ( e )

 

Re Chab

 ***

13/

26 03 15

Estuaire… Es-tu cette statue, ce pauvre hère

A la recherche du nord magnétique

Dans les courants d’air

Sur les courants d’eau

Et  le chemin de la lumière ?

 

Ou bien d’une écharpe nouée à la diable

Trois fils, une frange, se balancent-ils ?

Un sillage, quelques fragances

De nuit, d’herbe humide, de ciel constellé

S’enroulent-ils autour de ton doigt ?

 

 Toi, L’inconnu(e), au pied du réverbère

Dans le halo blafard et solitaire

Ecoutes-tu les battements de ton cœur

Qui frappent la cadence sombre

Des veines cognant à tes poignets ?

 

D’où te viennent ces pas pressés

Ce souffle court, ces cheveux en bataille

Cette lutte incertaine contre la sensation

Des grands espaces délétères

Dont les lucioles sont absentes ?

 

Ce soir, l’estuaire rime avec suaire

Les stigmates du jour ont ouvert la plaie

Tandis que dans ta bulle tu dessines le présent

Le temps lui qu’on assassine sur une page de la nuit

Va-t-il  rendre l’âme au parapet de demain ?

Maïté L

***

 

14/

03 04 15

J’étais  l’inconnu au pied  du réverbère,
Les battements  de mon cœur  se sont figés,
Un jour, sous des néons blafards…
L’horloge  s’est arrêtée,   de même,
Le souffle s’est fait absent,
Je cherchais un chemin,

Qui n’est plus ceux  qu’empruntent les hommes,
Le monde auquel j’appartiens,
M’est soudain devenu inconnu.
Peut-être que ces espaces délétères,
M’avaient  soudain transporté,
Dans un ailleurs  étanche…
 
Les stigmates  du jour,
Ont franchi la barrière  de l’eau.
Les algues étaient comme des cheveux,
Balayés par le courant,
Et cachaient presque en totalité
La statue  engloutie ;

Elle apparaissait sévère,
Le bras dressé 
Dans une brume liquide,
Peut-être dans un mouvement de nage immobile,
Cherchant à remonter le cours  du temps,
Et le chemin vers la lumière.

C’est un inconnu solitaire,
Au bronze incrusté de coquillages,
Qu’on a remonté des profondeurs…
Les muscles  saillants, l’attitude  fière,
C’était peut-être le gardien d’un temple,
Dont il ne reste rien du souvenir 

Son regard  était creusé,
Et  scrutait sans  comprendre,
Notre époque, aux avenues rectilignes,
Parcourues  d’automobiles ;
A son visage, on voyait qu’il regrettait
Son monde silencieux, au cœur de l’estuaire.

Re Chab

***

15

/04 04 15

 Hors le monde du silence

 

Quelle est cette lumière ? Qu’on  m’éloigne de votre souffle rauque

Moi qui me baignais et me régénérais dans des eaux dormantes !

Les algues me coiffaient, la boue enveloppait mon corps d’athlète

Et je paressais bienheureux dans cette somptueuse parure d’éternité.

Nul besoin de soleil mais à moi l’ombre, l’ambre et la rouille ! 

 

Au cœur de l’estuaire, tant et tant de bateaux engloutis

Et mes semblables de chair, de peau, de sentiments

Couchés, dépouillés sur les terres de fonds marins.

Les armes se sont tues et quelques boulets de canon

Creusent leur nid que sillonnent les silures, ces  vieux épouvantails

A cheval entre deux mondes : celui de la nuit et celui des berges.

 

Autour de moi quelques moteurs toussotent et crachotent

Nul jamais ne m’aurait ramené dans ses filets de crevettes.

Les pétroliers aussi tracent leur route aveugle vers la pleine mer.

Moi l’inconnu, venu, sans ma sirène vouée aux dieux et

Aux sacrifices sous les piliers et les arcades du temple abandonné

Moi que la drague n’avait jamais atteint, on m’arrache de force

On me contraint à la parole que je ne voulais pas donner.

Ce monde d’en-dessous m’appartient. On le croit disparu

Il est juste en sommeil comme ces graines qui attendent leur heure.

 

 Livré au regard impudique des passants, la lumière m’aveugle

Me brûle, m’incendie tandis que je déchiffre une langue inconnue

Des signes d’impatience chez vous, les sourds au passé oublié.

Mon cœur est d’or, mon cœur est de bronze ; il sonne silence

Quand le vôtre tambourine et s’affole dans votre vie de zombies.

 Votre vie est si décousue qu’elle s’éparpille en lambeaux

 Sur le macadam et dans vos prisons et vos cages de verre…

 

Votre monde bruit de l’impossible silence

Votre monde suinte de lumière trop crue

Votre monde délétère n’est pas fait pour moi :

Qu’on me rendre à mon mille-feuille du passé !

Maïté L

***

16/

07 04 15

alors…

 

Aux souvenirs des fonds de vase,

J’étais couché sur le flanc,

Et regardais passer les ans,

Les hélices des moteurs, leur emphase,

Sous une lumière glauque,

Le passage soyeux des sirènes,

Où les marins se promènent

Une agitation d’une autre époque,

Et son pesant d’atmosphères,

Sous l’épaisseur de l’eau,

Qu’ignorent les bateaux,

Semblant suspendus en l’air.

 

Je suis gardien d’un monde disparu.

Les poissons me frôlent,

Sans prononcer la moindre parole,

Mais voilà qu’il a fallu,

Que j’interrompe mon monologue,

Que je pensais engagé pour une durée illimitée,

Sans pour autant prétendre à l’éternité,

Et voilà que les archéologues

Veuillent à tout prix que je quitte

La douce gangue du temps,

Les eaux aux accents caressants,

Où depuis si longtemps j’habite.

 

S’il faut que je m’en éloigne

Et que je sois placé au sec…

S’il faut que je parle au nom des Grecs

On s’attend à ce que je témoigne,

Que je délivre des messages,

Exposé, comme un personnage de foire,

Sans même me permettre de m’asseoir

N’ayant comme entourage,

Que des objets ébrêchés,

Placés dans des vitrines,

Sentant presque la naphtaline,

  • donc, plutôt des déchets.

 

Cette parole que l’on attend,

Comment pourrais-je avec mon grand âge,

Interpréter ces nouveaux langages,

Même en ouvrant les oreilles en grand ?

Pour moi-même, tant d’années de silence ,

M’ont amené à la réserve,

Et ont soudé mes lèvres,

( Plutôt comme une délivrance ) :

On ne peut pas faire des discours,

Même les plus savants,

En les dispersant au vent,

Car ce qui fut dit, est sans retour….

Re Chab

***

17/

10 04 15 Arrivée au Musée d’Aquitaine(Bordeaux)

Rencontre entre immortels

 

Passé le seuil océanique,

Dont le souvenir s’estompe déjà

Dans les voies de garage

Indignes d’un voyageur du passé

 Me voilà jeté à la face de la terre.

Je suis désormais ce prisonnier

Dans le temps foudroyé

D’une mémoire où la nuit est reine.

 

Vais-je enfin retrouver le silence

Dans ces lieux où les pas

Epousent le moelleux du sol

Tandis que mes geôliers éphémères

Se reflètent dans les vitrines

Où semble s’écrire l’Histoire ?

 

Posé dans un coin, sans égard

 Pour mon âge vénérable

Je reste là à déchiffrer l’abandon

 Et les mystères de la nuit noire…

 

Quand

Soudain s’anime une vie

Jusque-là invisible

Au commun des mortels.

Un carnaval de sagaies

Une danse d’ossements,

Un parfum de jarres aux huiles précieuses

Autour d’un foyer et d’ombres mouvantes.

Des paires d’yeux en pointillé

Reprennent leur dialogue

 Dans le musée  en révolution.

 

Jupiter me guide en maître des flammes

Tandis qu’Hercule se souvient…

Lui qui connaît les villas gallo-romaines

Baignées de soleil, au bord de l’estuaire

Lui qui, autrefois,

Buvait à la coupe des dieux, la douce ambroisie

Et le  précieux nectar venu sur les premiers ceps.

Quelle est cette prière qui monte de l’orante

Aux accents royaux de pierre et de gascon

De notre chère Aliénor d’Aquitaine

Venue en voisine de son palais de L’Ombrière

Tandis que le temps et l’espace abolis

Font discourir Montaigne et Montesquieu.

Vénus est  prête à enfanter

 Dans les vapeurs des outre-mers

 Des vents de sucre caramélisé et de rhum

Au pied de la goélette  au mouillage

Voiles déployées, lourdes chaînes cliquetantes.

Le lion aux deux langues, rôde solitaire

Et respire la nuit comme un enchantement…

Maïté L

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ce Bleu n’appartient à personne.

« Il n’est ni le bien des hommes ni le royaume des dieux.Il circule et se répand, distribuant partout la matière mobile de son propre rêve.Le fini et l’inachevé échangent indéfiniment en lui leurs vertus.S’il n’est point d’âme ni de principe, au moins existe-t-il ce bleu,toujours près de s’entrouvrir  dans la grisaille des jours, offert à quiconque et pour rien, telle la paume d’une main vide, et telle une promesse dont chacun doit savoir qu’elle ne sera point tenue.C’est bien ainsi: cette lumière sur notre misère, cette beauté proche de notre mort.De quoi écrire encore des livres, peindre des toiles, aimer, et composer de la musique. Pour essayer de retenir contre soi le jour. Et pour toujours plus de misère, mêlée avec plus de beauté. Aussi longtemps que nous le pourrons, nous accompagnerons du bout des doigts le temps qui passe. »

Jean-Michel Maulpoix/ Une histoire de bleu

*

Retour sur la plage du Grand Crohot à la faveur d’un fort coefficient de marée (103/109). En une semaine, la configuration de la plage a changé: elle est devenue plane, arasée par le va-et-vient des flots.

Aujourd’hui, il faisait doux,et en période de vacances scolaires, les enfants étaient nombreux ainsi que les chiens dont certains assuraient le spectacle.

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J’en ai choisi deux: le premier de type labrador s’égayait dans les vagues mourantes et dans l’écume avant de venir se frotter le dos sur le sable et de repartir dans l’eau!

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Le deuxième de type husky était un champion de la course hors catégorie: une flèche emportée à perte de vue avant de revenir jouer avec un comparse de rencontre.

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Pas d’étoiles de mer échouées sur la portion sableuse de plus en plus congrue.

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Et puis des vagues à cueillir au cœur: un œil guetteur de l’instant propice à la photo ,l’ autre sur l’océan qui montait, montait et ne demandait qu’à lécher nos pieds.

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Quelques courses à notre actif, en direction de la dune!Pas de quoi se fier à l’apparente bonhomie du jour!

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Aucun quartier non plus pour les châteaux de sable engloutis en une avancée.

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Un seul surfer à l’horizon,patient, loin, très loin mais les vagues ne semblaient pas favorables. elles crevaient beaucoup trop vite en écume.

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Crédit photo: J et M Ladrat.

Je vous invite à revoir les archives sur le sujet:

http://www.eclats-de-mots.fr/category/ocean/le-livre-des-murmures-de-la-mer/

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à la mémoire de TOUS ceux qui sont tombés,

en pensant à tous leurs proches dans la peine

ce soir chacun d’entre nous met une bougie sur sa fenêtre.

Je suis Charlie
Pour la liberté d’expression
pour le respect de chacun
mais contre tous les amalgames.

« Qu’est-ce que cette lumière soudain

qui se fait

dans la doublure des ombres

et qui donnerait le vertige aux oiseaux

 

cette lumière

      qui tient dans

 une main d’homme

 

et qu’on versera

comme une eau de baptême

au front des suppliciés

 

si peu

un rien

la blancheur des oliviers

dans l’arrière-pays de la mort »

JEAN-PIERRE SIMEON/UN HOMME SANS MANTEAU

Devise Bernard Magrez

à mes très  proches,

à  mes  vrais amis dans la vie de tous les jours,

à ceux qui se sont rapprochés de moi, de nous, généreusement dans ces circonstances,

à mes amis de la toile tissée peu à peu, à coup de mots, d’images de messages entre les mots,

à  mes lecteurs de passage,

à tous ceux qui ont œuvré pour ma rémission, formidables membres du corps médical ou détenteurs de connaissances en marge,

à ceux qui  m’ont fait bénéficier de leur savoir-faire autant que de leur savoir-être,

à ceux qui m’ont accueillie pour me remettre le pied à l’étrier, lorsque les traitements lourds ont cessé,

un immense MERCI.

Le temps qui  passe...

 

Je n’ai jamais douté ; je n’ai jamais renoncé ; j’ai gardé le sourire.

Certains ont voulu croire que c’était « facile ».

D’autres ont cherché leurs mots, ont enfoui leurs silences dans la peur : peur pour moi, certes… mais aussi peur pour eux ?

Certains se sont détournés dès la première minute : être femme et avoir un cancer du sein est encore tabou.

renoncer aux larmes et lutter.

J’ai eu mal au plus profond de moi-même pour avoir été laissée au bord de la route. J’en ai aujourd’hui tiré les leçons.

J’ai senti de la lassitude dans la bonne volonté de l’accompagnement au long terme : les traitements sont longs, sans aucune pause.

Mais combien sont belles les voix, les présences qui se sont élevées, qui se sont mobilisées, jusqu’au bout, qui respectaient la fatigue mais ne laissaient jamais tomber.

« L’accompagnement » prenait ainsi tout son sens. Chaque signe était un don.

Dans les épreuves, je me suis sentie portée par vous.

Merci à tous ceux qui m’ont accompagnée jusqu’au bout.

J’ai une pensée particulière bien sûr pour mes très proches, si attentifs, si bousculés dans leurs certitudes et leur vie, si inquiets et impuissants devant la douleur lorsqu’elle s’est présentée, toujours prêts à chercher à me faciliter la vie, à me gâter.

Car j’ai été gâtée… J’ai trouvé sur ma route des trésors d’affection, d’amour et d’amitié, qui effacent tout le reste dans ces quatorze mois entre parenthèses.

Il y a ceux et celles qui « savaient »  pour avoir vécu dans la même tourmente. Leur expérience et leurs encouragements m’ont été précieux. Il y a aussi ceux qui ne savent pas, qui ressentent naturellement de l’empathie et dont j’espère qu’ils ne « sauront » jamais.

Il y a ceux qui continuent à lutter…

à Paloma...

Mais à vous  tous, je veux dire mon espoir, mon désir de changer ce qui peut l’être pour ne jamais revenir sur ces sentiers ardus, je veux témoigner qu’après une pente, surgit une autre pente, qu’après un défi surgit un autre défi, autant de problèmes à résoudre ; Je veux dire que l’on trouve en soi des trésors de forces, de rage de vivre. De petites victoires succèdent à de petites victoires.

Et puis après chaque étape vient l’oubli des jours difficiles, la place nette et le besoin d’aller de l’avant.

Chaque jour, je mets dans mes pensées ceux qui souffrent et je sais que j’aiderai certains d’entre eux comme j’ai été aidée : par un petit mot, une attention, une présence, la persuasion, le silence habité;  le partage prend différentes formes.

Qu’espérer de plus beau pour 2015 que le retour des couleurs de la vie. Qu’espérer pour chacun d’entre vous sinon le meilleur sur votre chemin de vie.

Ne jamais renoncer.

Vivre debout.

Je vous aime.

MERCI.

Maïté

L'équilibre et l'harmonie1

1-La devise de Bernard Magrez est inscrite sur le mur à l’entrée du château Labottière/ Institut culturel Bernard Magrez(Bordeaux).

2-Le temps qui passe…comme le tram décoré aux couleurs de l’été métropolitain.

3-Renoncer aux larmes et lutter/ Claude Lévêque/ collection Bernard Magrez/ Institut culturel Bernard Magrez.

4-A Paloma, ma compagne d’infortune : une bouteille XXL, décorée par sa fille, réalisée en performance publique/ Bordeaux fête le vin ; exposée actuellement dans le parc du château Labottière.

5-L’équilibre et l’harmonie : une vue classique de Bordeaux.Avec mes meilleures pensées et vœux adressés à chacun(e) d’entre vous.

A patrickmodiano

In memoriam

A Patrick ou les maux du silence…

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Un triste soir d’octobre, j’ai lu un avis de décès. Froid. Sec. Professionnel.

Tu avais choisi le silence si souvent par le passé. Il semble que cette fois-ci il t’ait emporté au pays de Folon :

« Comme dans les dessins de Folon
Ceux qu’on aimait nagent à l’envers
Oiseaux de l’eau, poissons de l’air
Perdent le fil de nos saisons

Dans la brume de leur prison
Ceux qu’on aimait toujours s’effacent
Derrière les voiles de l’espace
Comme dans les dessins de Folon ».

 

Tu écrivais comme on respire. La poésie coulait de source. Nous avions en commun l’océan, la poésie et Van Gogh. Nous étions aussi deux des trois « trolls » qui luttions contre les idées nauséabondes. Nous défendions le devoir de mémoire quand d’autres voulaient faire table rase du passé.

Grâce à toi, je lus Patrick Modiano . C’était au temps du PEDIGREE ; à tous ceux qui croyaient reconnaître en toi Patrick Modiano tu écrivais  ce que tu intitulais : AVEU :

« J’ai grandi depuis la place de l’Etoile. Mûri et vieilli. Les livres de Patrick Modiano ont été des compagnons de vie au fil des années. Des romans qui se lisaient au chevet. Jusqu’à entretenir un fétichisme de l’écrivain, à défaut de culte. Je sais son lectorat multiple et fidèle. « Un pedigree » n’est pas un roman. Il n’en revendique pas le titre. Il n’est pas une auto-biographie qui s’ignore(-rait).
Je crains le testament. La mort littéraire. Le chagrin des orphelins. L’encre qui sèche et s’efface. Il nous donnait des clés; il nous lègue désormais le trousseau…
Je me cache sous un pseudo éponyme un peu présomptueux. Je préfère désormais l’anonymat… »

Tu n’auras pas vu le prix Nobel de Littérature attribué à Patrick Modiano en 2014. Quelle misère…

Pourquoi ?

Partir

valise au vent.
Avec des mots
avec des verbes…
à quia avais-tu dit et

J’avais découvert cette expression du passé.
Zeus n’était pas muet
il se dégonflait à l’aune du temps
de pacotille.
Avec ta valise de rêves,
 ta valise d’herbe et de vent
entrouverte au passant.

J’étais cette passante

De la terre de Graves,

 j’étais cette passante

qui comprenait entre les maux.

Tu partais vers le silence, silence, silence…
Ta valise était le fléau
de la balance d’argent.
Zeus lançait des éclairs,
Des rires sarcastiques,
Narcoleptiques d’antan.
Tu es parti en rubans,
Taquiner la pieuvre,
Glisser atout vent,
dégonfler la voile
noire à serpent.

Sur le chemin, tu croisas maintes fois
une vénéneuse parure
si peu sûre
par soir pas clair.

Alors tu lanças ta valise au vent
à quia tu te mis.

Pour toujours.

In memoriam.

*

Tu revins parfois, et de ta voix rocailleuse, tu disais tes peines, tu disais ton chant d’amour et ton désespoir. Tu me fis héritière d’un manuscrit : Le Procès de Van Gogh écrit par tes soins, en bonne et due forme .S’y mêlaient l’artiste ; les considérations sur le suicide et les petits cailloux blancs des titres des livres parus de PATRICK MODIANO.

Au détour d’une page on peut lire sous ta plume: :
« Le suicide est un moyen de locomotion céleste et dans la vie d’un peintre qui déraille la mort n’est pas l’horaire le plus inflexible »
patrickmodiano

Je te répondis ceci :

 

Les champs de blé courbés,
Des vagues de vagues de murmures
Les tournesols fanés,
et le soleil éclaté
En mille pleurs d’abandon.
L’homme à l’oreille coupée,
chemise rouge étoilée
de souffrance, de fulgurance
A rejoint le ciel tourmenté.
Pinceaux, tableaux abandonnés
orphelins. Des couleurs dispersées,
Semées aux quatre vents de folie
Rouge , rouge profond du fossé,
incarnat, grenade de la vie
fauchée sur le bas-côté,
en lisière d’inflexibles sentiments
La mort au rendez-vous
Blottie tout contre la démence.
Vincent V. Vie Vécue . Vie rendue sans conditions.

Un jour où toi, l’autre moi-même, attrait du suicide mis à part, m’avait souri en revenant à la vie, je dis :

Etre nu sans rime, échoué sur les rives

Des rêves d’hier si souvent inassouvis

Mais patienter aux frontières invisibles et mouvantes.

 

Fuir l’absurde silence couperet

Les paumes en prière simplement dressées

Comme pour apaiser nos sombres racines.

 

Aller jusqu’à la douce délivrance

Sans consentir le moindre prix du sang

Et combler avec demain la déchirure du présent.

 

Déposer en creux, en intime repousse sur l’amer

Comme la mousse saprophyte habille l’arbre

Les zébrures profondément gravées du souvenir.

 

Oser présenter nos  nuits à la lueur de la flamme

Découvrant ainsi la vérité sous le charme

Eclosion velours du jour couleur de l’espoir.

 

C’était en 2007…

Il y eut 2008 et cette rencontre qui ne put avoir lieu….

 

Patrick… ou les mots du silence

Dis-moi un peu…
où s’en vont les mots du silence? Sont-ils relégués dans un coin? Englués?Tourmentés de poussière? Sursautent-ils au moindre courant d’air? Sont-ils troués, mités, rapiécés du cœur, ou bien laissent-ils s’écouler la lave de l’esprit trop longtemps contenue, Explosent-ils à la face du monde?

Il y a quelques jours, j’ai lu sur le blog de Colo Octavio Paz et les vers ont vibré en moi.

Destino del Poeta

Octavio Paz

« ¿Palabras? Sí, de aire,
y en el aire perdidas.

Déjame que me pierda entre palabras,
déjame ser el aire en unos labios,
un soplo vagabundo sin contornos
que el aire desvanece.

También la luz en sí misma se pierde.

*

 

 


Destin du poète

Octavio Paz 

 

Mots? Oui, d’air,

et dans l’air perdus.

 

Laisse-moi me perdre parmi les mots,

laisse-moi être l’air sur des lèvres,

un souffle vagabond sans contours

que l’air dissipe.

 

Même la lumière se perd en elle-même. »

(trad: Colo)

 

 

Quel gâchis…Je ne saurai jamais comment tu es parti…Au fond de moi, je le sais.

Tu étais trop jeune…

Et je suis si triste pour toi.

Il y a quelques jours aussi, j’ai reçu »Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier » et «  Villa triste »…

**

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« Il aurait voulu plonger dans cette matière sombre, renouer un à un les fils brisés, oui, revenir en arrière pour retenir les ombres et en savoir plus long  sur  elles. Impossible.

Alors il ne restait plus qu’à retrouver les noms. Ou même les prénoms, ils servaient d’aimants. Ils faisaient resurgir des impressions confuses que vous aviez du mal à éclaircir.

Appartenaient-elles au rêve ou à la réalité ? »

Patrick Modiano. L’Horizon.

***

Merci Marithé pour cet élan poétique qui me touche, comme il aurait touché Patrick alias patrickmodiano

« Quand l’Étoile n’est plus à sa Place
et que la Nuit fait sa Ronde
les Boulevards se font Obscurs
comme les Boutiques
et les Villas se font Tristes.
Passe la Jeunesse dans les Quartiers Perdus.
Du Vestiaire de l’Enfance
aux Noces en Voyage
à travers les Fleurs de Ruine
un Cirque est Passé
dans un Printemps de Chien
jusqu’à l’Accident Nocturne
vers les 28 Paradis.
Pas de Remise de Peine
Fragilité du Temps…

Quand les mots se font silences
les maux s’imposent encore plus fort…

… Et voilà un autre silence
qui nous laisse démuni, affecté…

Alors coulent les mots du cœur
Les mots qui vibrent
Les mots de l’émotion
Les mots qui livrent
Pour délivrer…
Pour ne Pas se Perdre…

Restent les mots secrets
Les mots discrets
Les mots du Poète………. »

Marithé

*Emprunts de Mots aux titres de Patrick Modiano, comme autant d’hommages à l’un et à l’autre… *

 

De sable le temps,

de temps le sable

 

à la lisière

où s’enlise

 

un soupçon

d’océan.

GEORGES-EMMANUEL CLANCIER

VIVE  FUT L’AVENTURE

Poèmes, éditions Gallimard

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Sable

Les grains de sable
surfent sur la dune,
caressent la lande.
Emportés par le vent
sur des vagues de pierre.
Accrochées à des branches d’étoiles,
Les bulles de sable
jouent à cherche-minuit,
au milieu des horloges
où s’incruste la mousse,
dans des sillons creusés
à même la peau.
Des langues de sable
s’allongent sur les ombres,
cathédrales de verdure
où jamais n’iront
ni les nuages
ni les images
ni les certitudes
d’un monde
à l’endroit.

Maïté L

*

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*

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Clair obscur

Sur les poubelles

Reposait nonchalamment

La belle alanguie

A la nuit tombée

Pas un cil, rien ne bougeait

Hormis le passant.

Comme il s’approchait

Il tiqua légèrement

Mais la raison sut garder

Se dit qu’en ces lieux

Des vacanciers désertés

Grand ménage fut fait

Plusieurs mains expertes

L’avaient disposée

Pour qu’une seconde vie fut offerte

A la rescapée

D’un zoo très familier

Où l’humeur avait changé.

Le cliché fut pris

La distance bien gardée

Dans le silence complice.

Qui choisirait-elle

Muscles et griffes bien cachés

Sous le poil lustré ?

Le rêve préservé,

Dans la nuit glissait

Au matin elle s’éveillerait…

♥♥

 Août 2014