Il a suffi d’une rencontre en écriture entre deux inconnus: Re Chab et moi-même pour faire jaillir des éclats de mots depuis mars 2015 et faire remonter au grand jour un article de 2012. J’en suis très heureuse et je remercie Re Chab.
Bien sûr toute personne souhaitant se joindre à nous sur ce sujet ou bien un autre de son choix est la bienvenue.
Evidemment, nous ne savons ni l’un ni l’autre quand cet échange s’arrêtera, puisqu’il se déroule au gré de notre envie…
Je vous propose donc le journal de nos éclats de mots à partir de l’article originel se trouvant ici:
http://www.eclats-de-mots.fr/2012/10/07/reves-perles-destuaire/

 
 
Rêves  perlés d’estuaire
Bois de rose dans l’or du couchant
 Perles de brume à peine voilée
 et bleu-gris jeté dans les filets
 des carrelets juchés sur leurs pieux
 partis à la rencontre de la marée.
 
Quand les rêves de silence
 conduisent au bord de l’eau…
Soudain,
tout contre notre cœur frissonnant
  tremblent les reflets émouvants
d’une barque comme posée
 sur la ligne des flots…
 
                                                                                                                                               Les roseaux sur le devant de la scène
 opinent du bonnet et se courbent
 en offrande à la brise
 compagne discrète des premières virées.
Février descend sur l’estuaire apaisé
Il est temps de suivre les lueurs
Menant à la ville trop tôt retrouvée.
© Maïté L/ 2012
***
2/
03 03 2015
C’est une barque portée  par les  flots,
Ainsi, contre ton cœur,
Il y a la douceur de ton reflet,
Il embrasse ton visage,
Comme tu les fais de tes vagues,
Avec le mien.
 
Nous sommes portés,
Par une  étendue si vaste :
Que la conscience se dissout,
Re Chab
***
3/
03 03 15
Dans un morceau d’infini
le soir se dissout, s’amenuise
Se faufile tout contre la joue
où tambourine une larme
Où s’inscrit le chemin de rosée.
Une ombre grandit
Dans les yeux, dans les pensées
Une absence, le temps trop vite parti
Vers d’autres bords d’eaux.
 Maïté L
***
4/
04 03 15
Dans un infime  clapotis,
Je tends  l’oreille
Aux ponts  jetés  sur la mer,
De ceux  qui suspendent les îles
 
Quand  l’ombre de ton absence grandit,
Et la perte  du soleil,
La larme  rejoint l’amer,
Et de ma main en coquille,
 
Je crois entendre encore le bruit…
Faut-il rester  en veille,
Parcourir le chemin à l’envers  ? …
A mesure que mes yeux  s’écarquillent,
 
Avant de se fondre dans la nuit,
Luttant  contre le sommeil,
Dans lequel se perd,
L’ espoir, comme une chandelle vacille
Re chab
***
5/
040315
L’espoir, comme une chandelle vacille
S’amenuise au fil des années
Allo? Ta voix devient si ténue
Tes gestes si lointains
Au coin d’une photo jaunie.
L’hiver nous envahit.
Ou bien est-ce la vieillesse ?
Quand ce soir au vent du nord
Les eaux se coloraient
en bleu, en nuit, en bleus de vie
Et que le clapotis claquait sur le sable
Où l’hiver prenait ses aises sur le rivage
Ne laissant à la plage que
Si peu de sable, quelques traces
De pas, de griffes, de pattes et de cristaux
Immobiles les mouettes balancées
Au gré des flots et les roseaux
Ces biffures du paysage en rangs serrés.
L’hiver nous assassine et pourtant je suis vivante
Vive, ment et dément le passé récent
La nuit, le sommeil retrouvé, les voix
Du tangage de la barque,
Dans le plumetis des oiseaux repliés
Dans la nuit, perdre pied, s’enivrer de…
Maïté L
***
6/
05 03 15
Nous perdons pied  dans la nuit,
La barque  elle -même,
Suspendue  à un fil,
Ne reconnaît plus  ni le ciel,
Ni les  rives.
 
Les mouettes  ont  replié  leurs  ailes,
Et se résignent au jour  enfui.
Les  eaux  prennent   de l’épaisseur,
Celle  d’une masse  d’encre,
Qui sommeille sur les  couleurs.
 
C’est  comme  si l’hiver  était descendu,
Poussé sur le bord
De l’embarcation
Par le vent  du nord.
Lui qui emporte  ta voix
 
Devenue  si lointaine,
Et presque  éteinte,
Si pâle  qu’on l’entend à peine,
Comme si la vie  se diluait
Au fil des années,
 
Egrenées  par un long parcours,
Sans laisser de trace à la surface de l’eau,
Si lasse, qu’elle ne dessine pas de sillage,
Ou bien est-ce  cette  barque  elle-même,
Qui fait  du sur-place,
 
Arrêtée même,    par le temps …
Re Chab
***
7/
05 03 15
La barque seule, arrêtée, dans les bras de la nuit
Ecoute de la vie lointaine le chant des sirènes.
 
Dans les profondeurs des eaux claquemurées
L’Histoire enfoncée, un village perdu, ses murmures.
 
Emportés par la boue, le limon, les algues
D’eaux douces, vaste linceul aux habits fanés.
 
Barque iceberg, plus petite entité visible
Des fonds parviennent les ondes des fantômes surannés.
 
Plus d’hiver. Que du passé. Plus de printemps
Dans les sans lumières, l’origine où gît la barque.
 
Le bois infini à toucher du doigt le souffle du présent
Tandis que s’enfuient les stigmates du temps passé.
 Présent. Passé. A venir. Je ne sais. Je ne sais pas.
Je ne sais plus l’alphabet du sillage, celui du village.
 
Les pleins, les déliés des vagues, leur courbe de respiration
Les aspirations de l’avenir qui bulle à la surface.
 
Du visible, de l’invisible, du cœur qui pianote
Sur la peau où repose la barque, sur le fil de la nuit.
 
La nuit fait son lit
A l’abri
Des ronces
Où perle une goutte
Une seule…
Maïté L
***
8/
06 03 15
La passion du jour  a sombré
 Au coeur  du liquide,
 En une boule  orange,
 Qui s’accroche  aux  vagues.
 La solitude  s’accroche
 au creux  des rochers,
 Déjà tapis dans l’ombre.
 C’est  le  refuge des crabes  et coquillages .
 Ils soupirent dans le sable,
 Au sanctuaire  redevu  vierge
 de  présence humaine,
 que l’on  remarque  toutefois .
 Avec des restes  de filets,
 Et objets de plastique épars
 Dont la mutilation interroge l’origine.
 Et l’idée même de leur usage.
 Les  étoiles de mer s’étirent,
 Et jouissent  du silence,
 Seulement perturbé,à marée descendante
 Par le clapotis des eaux.
 Entre chien et loup,
 On pourrait distinguer,
 Un enchevêtrement de formes,
 Retenues par les écueils.
 Ce sont des bois flottés,
 Lentement sculptés et érodés,
 Des totems de branches,
 N’ayant plus souvenir de feuilles.
 Et aussi des planches au profil adouci,
 Qui parlent des épaves,
 Des morceaux qui conservent parfois,
 Des traces de couleur.
 Enfin ce qu’on peut distinguer encore,
 Avant que ne s’installe  la nuit,
 Qui se referme  doucement,
 Sur le rivage  déserté..
Re Chab
***
9/
09 03 15
Les bois flottés 09/03/15
 
Au soir rougeoyant de passion du jour
Au petit soir orange et mandarine éclaboussé
Entre chien et loup  à l’abri de la dune se glisse
Le monde des bois flottés, le petit peuple
Des êtres de légende, échoués sur le ruban de la côte.
Ils se penchent, ils se voûtent, ils se tordent, ils frissonnent
Ils grimacent, ils s’allongent, s’alanguissent sur le sable
Ils s’écaillent, ils abritent plumes de mouette
S’entortillent dans des filets de pêcheur
Se dressent tels des totems tutélaires
Se fusèlent vers la marée, habitent l’estran
Ou bien se cachent tout contre la dune
S’habillent des ombres ou de rubans d’algues
Cliquètent tels des fantômes aux colliers de moules
Ou rêvent de destins sauveurs d’humanité
 Aux gloutons festins de plastique ou de boulettes.
Parfois dépositaires d’un pendant de sirène
Lorsque s’assoit une branche d’étoile de mer
Ils lancent un bras vers d’hypothétiques amis humains
Qui se mettent à leur hauteur pour écouter le refrain de la mer.
Doucement je m’accroupis ,  Marie de la dune, Rose des sables
Pierre de lune, Stella des marées, je convoque les secrets
Les colimaçons discrets, les fils de la pensée
Les mirages du soir…tandis que sur leurs frêles planches
Les hommes- grenouille luttent…
Maïté L
***
10/
10 03 15
La passion du jour  a sombré
 Au coeur  du liquide,
 En une boule  orange,
 Qui s’accroche  aux  vagues.
 La solitude  s’accroche
 au creux  des rochers,
 Déjà tapis dans l’ombre.
 C’est  le  refuge des crabes  et coquillages .
 Ils soupirent dans le sable,
 Au sanctuaire  redevenu  vierge
 de  présence humaine,
 que l’on  remarque  toutefois .
 Avec des restes  de filets,
 Et objets de plastique épars
 Dont la mutilation interroge l’origine.
 Et l’idée même de leur usage.
 Les  étoiles de mer s’étirent,
 Et jouissent  du silence,
 Seulement perturbé,à marée descendante
 Par le clapotis des eaux.
 Entre chien et loup,
 On pourrait distinguer,
 Un enchevêtrement de formes,
 Retenues par les écueils.
 Ce sont des bois flottés,
 Lentement sculptés et érodés,
 Des totems de branches,
 N’ayant plus souvenir de feuilles.
 Et aussi des planches au profil adouci,
 Qui parlent des épaves,
 Des morceaux qui conservent parfois,
 Des traces de couleur.
 Enfin ce qu’on peut distinguer encore,
 Avant que ne s’installe  la nuit,
 Qui se referme  doucement,
 Sur le rivage  déserté…
Re Chab
 
***
11/
16 03 15
JEUX D’OMBRE
Sur le rivage déserté, l’ombre de l’ombre
Happe
L’ombre du rivage aux rivages de l’ombre
L’ombre du vide, le vide silence du clapotis
Dans la marge
Clapotis après clapotis s’échine le rivage
Dessine,
 Divague,
 Resquille
Au tourbillon des âmes, des vagues de vagues
Hors-tout.
S’enroulent les idées, s’arriment nos ombres
Aux branches décharnées, implorantes de la nuit.
Le sable redevenu froid se dérobe à l’or du jour
Se teinte de gris, de désamour de la nuit, des traces
Traquées
Réfugiées
Dans la minuscule vie, des trous minuscules, repérés.
 Soupçons
 Que le vent emplit d’oreilles du vide, d’échardes d’entre les dunes.
Pourtant
Sur les mamelons refuge, sans yeux, sans voix, sans poids
 Seuls les frissons
Dérivent en friselis. Nues les planches de bois disjointes
Pied après pied à la ceinture de
Nue, La nuit bleue, trépasse dans l’indifférence
De bleue à noire au fond de l’encrier venu de si loin.
La nuit a posé la plume, rendu les armes non loin de l’encrier
Refermé doucement  le souffle des mille et une nuits
Sur le rivage abandonné, déserté, douce, doucement
Désert doux et vide, rivage désert, soumis à l’inconnu…
Maïté L
***
12/
24 03 15
Je suis soumis à l’inconnu,
Le rivage déserté, où la vue se dérobe,
Laisse s’enrouler les idées,
Au tourbillon de l’âme,
Trempée dans l’encre, bleu-nuit ,
Où peut-être des chimères,
S’emparent de mon esprit.
 
Je suis soumis à l’inconnue,
Une femme entr’aperçue,
Aussitôt disparue,
Et la rue, rendue à son indifférence,
S’est enfoncée dans la nuit ,
Occupée par le vent,
Et ses échardes froides.
 
Les jeux d’ombre mouvants,
Les yeux ternes des réverbères,
Me font douter,
Dans les marges de la lumière,
D’une vision, qui divague,
Entre chimère, imagination
Et réalité.
 
Quelle est-elle,
La réalité : celle de ma conscience,
Ou celle, que j’ai cru percevoir,
Frêle silhouette,
Vite rendue aux marges du silence,
Où je risque mes pas,
Comme au-dessus du vide… ?
 
Soumis à l’inconnu ( e )
 
Re Chab
 ***
13/
26 03 15
Estuaire… Es-tu cette statue, ce pauvre hère
A la recherche du nord magnétique
Dans les courants d’air
Sur les courants d’eau
Et  le chemin de la lumière ?
 
Ou bien d’une écharpe nouée à la diable
Trois fils, une frange, se balancent-ils ?
Un sillage, quelques fragances
De nuit, d’herbe humide, de ciel constellé
S’enroulent-ils autour de ton doigt ?
 
 Toi, L’inconnu(e), au pied du réverbère
Dans le halo blafard et solitaire
Ecoutes-tu les battements de ton cœur
Qui frappent la cadence sombre
Des veines cognant à tes poignets ?
 
D’où te viennent ces pas pressés
Ce souffle court, ces cheveux en bataille
Cette lutte incertaine contre la sensation
Des grands espaces délétères
Dont les lucioles sont absentes ?
 
Ce soir, l’estuaire rime avec suaire
Les stigmates du jour ont ouvert la plaie
Tandis que dans ta bulle tu dessines le présent
Le temps lui qu’on assassine sur une page de la nuit
Va-t-il  rendre l’âme au parapet de demain ?
Maïté L
***
 
14/
 03 04 15
J’étais  l’inconnu au pied  du réverbère,
 Les battements  de mon cœur  se sont figés,
 Un jour, sous des néons blafards…
 L’horloge  s’est arrêtée,   de même,
 Le souffle s’est fait absent,
 Je cherchais un chemin,
 Qui n’est plus ceux  qu’empruntent les hommes,
 Le monde auquel j’appartiens,
 M’est soudain devenu inconnu.
 Peut-être que ces espaces délétères,
 M’avaient  soudain transporté,
 Dans un ailleurs  étanche…
  
 Les stigmates  du jour,
 Ont franchi la barrière  de l’eau.
 Les algues étaient comme des cheveux,
 Balayés par le courant,
 Et cachaient presque en totalité
 La statue  engloutie ;
 Elle apparaissait sévère,
 Le bras dressé 
 Dans une brume liquide,
 Peut-être dans un mouvement de nage immobile,
 Cherchant à remonter le cours  du temps,
 Et le chemin vers la lumière.
 C’est un inconnu solitaire,
 Au bronze incrusté de coquillages,
 Qu’on a remonté des profondeurs…
 Les muscles  saillants, l’attitude  fière,
 C’était peut-être le gardien d’un temple,
 Dont il ne reste rien du souvenir 
 Son regard  était creusé,
 Et  scrutait sans  comprendre,
 Notre époque, aux avenues rectilignes,
 Parcourues  d’automobiles ;
 A son visage, on voyait qu’il regrettait
 Son monde silencieux, au cœur de l’estuaire.
Re Chab
***
15
/04 04 15
 Hors le monde du silence
 
Quelle est cette lumière ? Qu’on  m’éloigne de votre souffle rauque
Moi qui me baignais et me régénérais dans des eaux dormantes !
Les algues me coiffaient, la boue enveloppait mon corps d’athlète
Et je paressais bienheureux dans cette somptueuse parure d’éternité.
Nul besoin de soleil mais à moi l’ombre, l’ambre et la rouille ! 
 
Au cœur de l’estuaire, tant et tant de bateaux engloutis
Et mes semblables de chair, de peau, de sentiments
Couchés, dépouillés sur les terres de fonds marins.
Les armes se sont tues et quelques boulets de canon
Creusent leur nid que sillonnent les silures, ces  vieux épouvantails
A cheval entre deux mondes : celui de la nuit et celui des berges.
 
Autour de moi quelques moteurs toussotent et crachotent
Nul jamais ne m’aurait ramené dans ses filets de crevettes.
Les pétroliers aussi tracent leur route aveugle vers la pleine mer.
Moi l’inconnu, venu, sans ma sirène vouée aux dieux et
Aux sacrifices sous les piliers et les arcades du temple abandonné
Moi que la drague n’avait jamais atteint, on m’arrache de force
On me contraint à la parole que je ne voulais pas donner.
Ce monde d’en-dessous m’appartient. On le croit disparu
Il est juste en sommeil comme ces graines qui attendent leur heure.
 
 Livré au regard impudique des passants, la lumière m’aveugle
Me brûle, m’incendie tandis que je déchiffre une langue inconnue
Des signes d’impatience chez vous, les sourds au passé oublié.
Mon cœur est d’or, mon cœur est de bronze ; il sonne silence
Quand le vôtre tambourine et s’affole dans votre vie de zombies.
 Votre vie est si décousue qu’elle s’éparpille en lambeaux
 Sur le macadam et dans vos prisons et vos cages de verre…
 
Votre monde bruit de l’impossible silence
Votre monde suinte de lumière trop crue
Votre monde délétère n’est pas fait pour moi :
Qu’on me rendre à mon mille-feuille du passé !
Maïté L
***
16/
07 04 15
 alors…
 
Aux souvenirs des fonds de vase,
J’étais couché sur le flanc,
Et regardais passer les ans,
Les hélices des moteurs, leur emphase,
Sous une lumière glauque,
Le passage soyeux des sirènes,
Où les marins se promènent
Une agitation d’une autre époque,
Et son pesant d’atmosphères,
Sous l’épaisseur de l’eau,
Qu’ignorent les bateaux,
Semblant suspendus en l’air.
 
Je suis gardien d’un monde disparu.
Les poissons me frôlent,
Sans prononcer la moindre parole,
Mais voilà qu’il a fallu,
Que j’interrompe mon monologue,
Que je pensais engagé pour une durée illimitée,
Sans pour autant prétendre à l’éternité,
Et voilà que les archéologues
Veuillent à tout prix que je quitte
La douce gangue du temps,
Les eaux aux accents caressants,
Où depuis si longtemps j’habite.
 
S’il faut que je m’en éloigne
Et que je sois placé au sec…
S’il faut que je parle au nom des Grecs
On s’attend à ce que je témoigne,
Que je délivre des messages,
Exposé, comme un personnage de foire,
Sans même me permettre de m’asseoir
N’ayant comme entourage,
Que des objets ébrêchés,
Placés dans des vitrines,
Sentant presque la naphtaline,
- donc, plutôt des déchets.
 
 
Cette parole que l’on attend,
Comment pourrais-je avec mon grand âge,
Interpréter ces nouveaux langages,
Même en ouvrant les oreilles en grand ?
Pour moi-même, tant d’années de silence ,
M’ont amené à la réserve,
Et ont soudé mes lèvres,
( Plutôt comme une délivrance ) :
On ne peut pas faire des discours,
Même les plus savants,
En les dispersant au vent,
Car ce qui fut dit, est sans retour….
Re Chab
***
17/
10 04 15 Arrivée au Musée d’Aquitaine(Bordeaux)
Rencontre entre immortels
 
Passé le seuil océanique,
Dont le souvenir s’estompe déjà
Dans les voies de garage
Indignes d’un voyageur du passé
 Me voilà jeté à la face de la terre.
Je suis désormais ce prisonnier
Dans le temps foudroyé
D’une mémoire où la nuit est reine.
 
Vais-je enfin retrouver le silence
Dans ces lieux où les pas
Epousent le moelleux du sol
Tandis que mes geôliers éphémères
Se reflètent dans les vitrines
Où semble s’écrire l’Histoire ?
 
Posé dans un coin, sans égard
 Pour mon âge vénérable
Je reste là à déchiffrer l’abandon
 Et les mystères de la nuit noire…
 
Quand
Soudain s’anime une vie
Jusque-là invisible
Au commun des mortels.
Un carnaval de sagaies
Une danse d’ossements,
Un parfum de jarres aux huiles précieuses
Autour d’un foyer et d’ombres mouvantes.
Des paires d’yeux en pointillé
Reprennent leur dialogue
 Dans le musée  en révolution.
 
Jupiter me guide en maître des flammes
Tandis qu’Hercule se souvient…
Lui qui connaît les villas gallo-romaines
Baignées de soleil, au bord de l’estuaire
Lui qui, autrefois,
Buvait à la coupe des dieux, la douce ambroisie
Et le  précieux nectar venu sur les premiers ceps.
Quelle est cette prière qui monte de l’orante
Aux accents royaux de pierre et de gascon
De notre chère Aliénor d’Aquitaine
Venue en voisine de son palais de L’Ombrière
Tandis que le temps et l’espace abolis
Font discourir Montaigne et Montesquieu.
Vénus est  prête à enfanter
 Dans les vapeurs des outre-mers
 Des vents de sucre caramélisé et de rhum
Au pied de la goélette  au mouillage
Voiles déployées, lourdes chaînes cliquetantes.
Le lion aux deux langues, rôde solitaire
Et respire la nuit comme un enchantement…
Maïté L